Read Ebook: A travers Paris by Crafty
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Ebook has 133 lines and 7329 words, and 3 pages
A travers PARIS
TEXTE ET DESSINS
par Crafty
LIBRAIRIE PLON
E. PLON, NOURRIT ET Cie, IMPRIMEURS-?DITEURS, RUE GARANCI?RE, 10, PARIS
--Et l'on dit qu'une population, qu'un incident de cette importance suffit ? distraire, est difficile ? diriger!!!
Depuis quelques ann?es plusieurs agences se sont fond?es, qui, pour une r?tribution modeste, transportent les ?trangers ? travers Paris et leur font conna?tre ses monuments, ses particularit?s, ses beaut?s et ses laideurs. Nous voudrions, dans cet album, atteindre le m?me but, non plus en plein air, mais au coin du feu, dans un bon fauteuil, ?vitant ainsi ? notre lecteur les cahotements de moyens de locomotion m?diocres et les inconv?nients des intemp?ries.
On revient du Bois comme chaque jour ? la queue leu leu... Tout ? coup, sans qu'on sache quelle mouche l'a piqu?, un des chevaux du cort?ge a subitement pris une allure d?sordonn?e que les efforts combin?s de son cocher et de son camarade de timon ne sont pas parvenus ? mod?rer. Il ne galope pas, il vole, semant la crainte dans les ?mes timor?es, excitant les plus nobles vell?it?s de d?vouement chez les natures g?n?reuses. Le sentiment g?n?ral est l'effroi de ce qui va r?sulter.--Seuls quelques sceptiques demeurent imperturbables; tous les autres spectateurs sont courb?s comme autant de points d'interrogation???.....
Le choc attendu s'est produit. Un fiacre n?gligemment conduit, cela s'est vu, d?bouchant de la rue de Presbourg, n'a pas eu le temps d'?viter l'avalanche ? quatre roues qui roulait vers lui. La roue de derri?re du char emport? a heurt? la sienne de telle sorte que les deux v?hicules se sont trouv?s instantan?ment arr?t?s. Le fiacre, plus l?ger, a ?t? pr?cipit? sur le c?t?, pendant que son cocher a ?t? lanc? sur la contre-all?e. Des ?mes charitables s'occupent d'extirper des flancs de la bo?te endommag?e ses infortun?s habitants.--Un m?decin, il s'en trouve toujours dans ces cas-l?, prodigue ses soins ? la propri?taire de la victoria, qu'on a transport?e sur une chaise Tronchon. Pendant ce temps son compagnon cherche ? ?garer la religion du repr?sentant de l'autorit? en lui faisant de l'accident un r?cit singuli?rement inexact, tendant ? rejeter sur le cocher du fiacre, rendu muet par de nombreuses contusions, toute la responsabilit? de la rencontre et de ses suites.
Un portier impressionnable a vu de la fum?e dans son escalier.--Dans son z?le, il est all? casser les vitres de tous les avertisseurs du quartier, et de tous les points de l'horizon les pompiers accourent sur le lieu du sinistre, un peu incertains de sa situation exacte. Tous les gamins rencontr?s au passage les escortent ? grandes enjamb?es, tandis que les sergents de ville interrompent la circulation, sous le fallacieux pr?texte de l'assurer.
On a d?couvert l'immeuble menac?, et, avec quelques seaux d'eau, on s'est rendu ma?tre du <
C'est un cercle en plein air, sans cotisation, et avec cet avantage que les femmes y sont admises. C'est sans doute pour ce motif qu'on y voit des habitu?s qui, bien que munis de num?ros, ne se d?cident jamais ? prendre place dans les v?hicules qui se succ?dent cependant sans interruption.
A peine les chevaux commen?aient ? s'habituer aux tramways ? vapeur, ? leur fum?e et ? leurs sifflets, qu'on a jug? ? propos d'employer l'?lectricit?.--C'?tait sans doute dans une bonne intention, puisque ces nouveaux v?hicules circulent sans bruit et sans fum?e. N'emp?che qu'ils causent ? la cavalerie parisienne une terreur invincible.--Les animaux, qui ne sont qu'? moiti? b?tes, se m?fient toujours de ce qu'ils ne s'expliquent pas, et la vue de cette voiture que rien d'apparent ne met en mouvement, et qui remue cependant, leur inspire une m?fiance qui ne me para?t pas compl?tement inintelligente.
Il s'agit d'un grave probl?me.--Le tarif de nuit est-il applicable quand on arrive ? domicile apr?s minuit et demi, ou bien est-il n?cessaire que le cocher ait ?t? pris apr?s cette heure pour avoir le droit d'en r?clamer le prix? Dans la circonstance actuelle, le cocher pr?tend le contraire, le bourgeois affirme qu'il ne doit que la course ordinaire, les agents sont dans une extr?me perplexit?, et la partie f?minine du chargement du fiacre se morfond en attendant la solution du conflit.
Quand on habite Paris, rien n'est difficile comme de rester chez soi.--La ville contient tant de spectacles all?chants, de distractions payantes ou gratuites, que la tentation devient bien souvent la plus forte et qu'on abandonne son foyer, attir? qu'on est par le charme de la rue.--On ne sait pas ce qu'on va voir, mais on est s?r qu'on verra quelque chose, et que ce quelque chose sera du nouveau.--La curiosit? est si forte ? Paris que les arbres eux-m?mes la subissent et se mettent en mouvement.--Le fait certain, c'est qu'on les rencontre, et pour quel autre motif se d?placeraient-ils?
Il est midi. C'est l'heure des d?jeuners, et, comme la R?clame sait que ventre affam? n'a pas plus d'yeux que d'oreilles, elle se repose. Les v?hicules enlumin?s stationnent align?s au bas des trottoirs, pendant que leurs attelages ?tirent leurs membres fatigu?s et allument la r?confortante cigarette.--Pour ?tre immobiles, ces v?hicules n'en conservent pas moins leur aspect h?t?roclite pour tous, terrifiant pour les quadrup?des, et comme leur station quotidienne co?ncide avec la rentr?e des man?ges, elle met au d?sespoir les ?cuyers charg?s de veiller sur les premiers pas des jeunes amazones, dont les montures constern?es manifestent de diverses mani?res leur invincible r?pugnance.
C'est certainement le pas le plus important qui ait ?t? fait vers les r?formes sociales depuis l'?re nouvelle.--Le refuge ajoute aux droits de l'homme celui de n'?tre ?cras? que lorsqu'il le veut bien, quand il manque de patience, ou que sa physionomie est antipathique au gardien de la paix charg? d'interrompre le mouvement des appareils ? broyer les membres du pauvre peuple.--Car l? encore le favoritisme fait des siennes: le d?tenteur du pouvoir laisse se morfondre ind?finiment les figures qui n'ont pas l'heur de lui plaire, mais intervient imm?diatement d?s qu'un minois qui lui sourit manifeste le d?sir de quitter l'?lot protecteur pour gagner la terre ferme.
Ici, c'est le rendez-vous des gourmets de l'intelligence, qui pr?f?rent ? la satisfaction de la vulgaire gourmandise le r?gal de l'esprit. Pas d'indigestions ? redouter si le hasard du titre vous a induit en erreur; les produits les plus lourds n'ont jamais eu de plus graves effets que d'amener un sommeil parfois anticip?, mais toujours calme et souvent profond. Le grand avantage de ce genre de cadeaux est pour le donateur qu'on ne le force pas d'y go?ter; le danger est de donner, sans l'avoir lu, un livre qui d?molit les tendances politiques, religieuses et sociales du personnage important auquel il l'offre dans le seul but de s'en faire un protecteur aussi d?vou? que pers?v?rant.
Le cycliste est g?n?ralement audacieux--cela tient ? son ?ge, ? la confiance qu'il a dans son adresse, au peu d'espace qui lui est n?cessaire pour ?voluer, ? la vitesse qu'il peut obtenir.--Il en r?sulte qu'il se lance de toutes ses forces, et que, s'il rencontre un obstacle impr?vu, il fait la culbute.--Tant qu'elle ne se produit pas sous les omnibus, il n'y a que demi-mal.--Dans ce cas extr?me, il n'est pas encore dit qu'il ne s'en tirera pas indemne.--Le frein Binger est si puissant!
Le pav? de bois est parfois glissant,--c'est souvent le r?sultat de l'humidit? naturelle;--plus fr?quemment encore, cet ?tat dangereux des chauss?es provient d'un arrosage insuffisant qui n'enl?ve aucune des ordures sur lesquelles patinent les chevaux.--Ces jours-l?, on compte autant d'animaux couch?s que debout, et, sans l'esprit de fraternit? qui porte nos concitoyens ? s'entr'aider, la circulation deviendrait d?cid?ment impraticable.
L'averse, si impatiemment attendue pendant certains ?t?s, se multiplie parfois de telle fa?on que ce cataclysme devient l'?v?nement quotidien.--Malgr? cette r?gularit?, le ph?nom?ne varie tellement les heures de son apparition, et se produit avec une telle instantan?it?, qu'il parvient chaque fois ? surprendre et ? inonder un nombre satisfaisant de promeneurs, qui avaient cru pouvoir profiter d'une fallacieuse ?claircie.
La consigne qui veut que les voitures traversent au pas cette oasis destin?e aux r?cr?ations des enfants et des nourrices est parfaitement l?gitime, et nous trouvons tout naturel qu'on cherche ? pr?server de tout accident les g?n?rations de l'avenir. Mais ne serait-il pas de toute justice qu'on exige?t une certaine r?ciprocit? pour la s?curit? des attelages qui s'y aventurent, et qu'on interd?t ? ces jeunes gens, si paternellement prot?g?s par les arr?t?s municipaux, de lancer au nez des chevaux une aussi grande vari?t? de projectiles?
Tr?s sympathiques aux m?nag?res du quartier qui les soutiennent envers et contre tous, ils sont les ma?tres de la chauss?e, et les plus lourds v?hicules sont oblig?s de leur c?der le pas.--Si un malheureux cocher a l'audace de marcher au plus petit trot, ou la maladresse de passer trop pr?s d'un client install? au bon milieu de la rue, il est en proie ? un vocabulaire qui r?v?le le voisinage des halles.
Chacun, apr?s une laborieuse journ?e, a h?te de trouver la fra?cheur d'un jardin plus ou moins vaste, mais o? l'on a la libert? de se mettre en bras de chemise.--C'est l'heure o? les comestibles suppl?mentaires abondent dans les filets des wagons, et o? les melons combinent leurs parfums avec ceux du marolles et les ?manations des cigares chers ou bon march?, mais ?galement naus?abonds, de nos manufactures nationales.
Il a fait une chaleur s?n?galienne pendant tout l'apr?s-midi. Pas une place n'est inoccup?e. C'est d'ailleurs le moment o? l'?toile appara?t en sc?ne, et, m?me les jours o? le temps est ex?crable, ses nombreux fid?les font ? cette heure psychologique une apparition plus ou moins longue.--Elle n'a pas encore ouvert la bouche, mais elle est apparue, et il n'en faut pas davantage pour que toutes les physionomies respirent la b?atitude compl?te.
Le cas se pr?sente quelquefois que l'un d'entre eux prend un poisson,--petit g?n?ralement;--la physionomie des coll?gues exprime imm?diatement toutes les nuances de l'?tonnement bien plus que les sympt?mes de la jalousie,--ce qui tendrait ? prouver qu'aucune illusion ne les soutient pendant leurs longues stations, et que, bien loin de convoiter des fritures imaginaires, ils savent ? quoi s'en tenir sur les r?sultats probables de leur platonique passion.
L'esquif touche au ponton, et l'employ? qui pr?side au contr?le de ces omnibus aquatiques se pr?pare ? donner le signal du d?part. Cependant toute une famille ?chelonn?e sur le quai se h?te lourdement,--le p?re est d?j? sur le ponton et encourage les siens de la voix et du geste,--la fille atteint la passerelle, mais la m?re ? bout de souffle est encore sur la terre ferme, et ses chances d'embarquement paraissent singuli?rement compromises.
On y conduit peu de chevaux dans le seul but de les d?salt?rer, mais le nombre des jarrets fatigu?s qu'on esp?re raffermir par le s?jour dans l'eau froide est assez consid?rable pour que l'abreuvoir soit suffisamment peupl?, et l'espoir de voir tomber ? l'eau quelque palefrenier maladroit maintient sur les parapets une certaine quantit? d'amateurs de spectacles gratuits.
Une crue un peu forte s'est produite pendant la nuit, et le fleuve a recueilli un certain nombre d'objets imprudemment d?pos?s trop pr?s de ses rives, poutres, futailles vides, et autres mat?riaux susceptibles de flotter. Sur une de ces ?paves un chat miaule d?plorablement, et tous les coeurs sensibles, affili?s ou non ? la Soci?t? protectrice des animaux, se demandent avec angoisse quel courageux sauveteur se portera au secours de l'infortun? f?lin.
Toute aux bicyclettes.--L'accumulation de ces m?caniques donne ? l'?l?gant carrefour l'aspect d'une gare de marchandises ou d'une exposition de machines agricoles,--les gens qui viennent en voiture en ont tout un chargement, et les cavaliers qui persistent ? monter ? cheval font aux gens qui sont <
Tandis qu'? la Potini?re on admire les velocemen et velocewomen en possession de tous les secrets de l'art, on ne rencontre ici que les retardataires en train d'?tudier sous l'oeil des professionnels. On assure que les gens ordinairement dou?s sont, apr?s une dizaine de le?ons, en ?tat de se diriger convenablement. Mais de m?me que certains ?tudiants mettent ? faire leur droit un temps qui d?passe de beaucoup les ann?es r?glementaires, de m?me on rencontre certains temp?raments r?fractaires ? l'?quilibre qui persistent ? chavirer ? chaque tour de roue au del? de toute pr?vision.
Le gagnant ?tait tout ? fait impr?vu. Ce qui fait que le total des mises est tomb? entre les mains de l'entra?neur qui savait une <
En voyant les proportions inusit?es de ces v?hicules, on comprend facilement qu'ils puissent contenir un nombre consid?rable de voyageurs; ce qu'on con?oit moins ais?ment, c'est que, si bond?s soient-ils, il reste pendant tout le parcours deux places ? la disposition des amateurs.
C'est le rendez-vous des connaisseurs ou soi-disant tels. On examine chacun des concurrents, et, d'apr?s son aspect, on se d?cide ? parier pour lui ou ? attendre une meilleure occasion. G?n?ralement cet examen, forc?ment superficiel, n'apprend rien aux spectateurs, mais la plupart d'entre eux demeurent convaincus qu'il est essentiel pour la sage confection de leurs paris.
C'est toujours au moment o? le d?fil? des voitures est le plus actif, o? les chevaux sont le plus anim?s, que l'autorit? sp?ciale intervient et exige qu'on les arr?te pour laisser passer le public de la Pelouse. Si les chevaux s'impatientent de fa?on ? rendre la station inqui?tante, s'ils pointent au point de faire craindre qu'ils se renversent sur les genoux de leurs conducteurs, on peut ?tre s?r que ladite autorit? abusera de son pouvoir discr?tionnaire pour faire d?filer une nouvelle escouade de pi?tons.
Depuis la porte du pesage de Longchamps jusqu'au sommet de l'avenue du Bois, c'est partout la m?me accumulation de voitures, de chevaux et de bicyclettes. Les files se suivent sans interruption, le nez des chevaux touchant la capote de la voiture pr?c?dente et les timons mena?ant les derri?res des valets de pied assis ? l'arri?re des pha?tons. Malgr? l'impatience de quelques-uns, la r?signation g?n?rale fait que, dans un temps relativement court, cette masse de spectateurs finit par s'?couler, ce qui, tout d'abord, paraissait ?tre absolument invraisemblable.
Le cheval de Don Quichotte, Rossinante elle-m?me, a galop? une fois en sa vie: les malheureuses haridelles dont on trafique sur le march? renouvellent plus souvent cet exploit miraculeux. Il est vrai qu'elles sont pouss?es ? ces efforts d?sesp?r?s par les stimulants les plus vari?s, et que les palefreniers qui assument la t?che de les pr?senter aux amateurs seraient capables de faire ex?cuter ? des paralytiques les exercices les plus compliqu?s de haute ?cole.
La foule est g?n?ralement sympathique aux mariages. L'heure ? laquelle ils s'accomplissent co?ncide g?n?ralement avec celle du d?jeuner des modistes et autres couturi?res du quartier, que leur manque de dot maintient ? l'?tat de c?libataires sans leur enlever le d?sir et l'esp?rance de monter en grade. Elles constituent le fonds des spectateurs, et leurs connaissances sp?ciales leur permettent d'estimer avec exactitude les ressources probables des nouveaux conjoints et de leur entourage.
--De tous les mari?s que j'ai conduits ? l'autel, c'est encore moi qui formais le plus joli couple...
--Travailler vingt ans ? faire une perle, et ?tre oblig? de donner cinq cent mille francs ? l'animal qui vous la prend!
--Elle ressemble trop au p?re, qui n'a pourtant jamais ?t? beau. J'avais r?v? mieux pour ?mile.
--J'ai bien peur que votre gendre ne soit aussi d?bile que l'?tait votre mari!!
--L'on me trouve encore assez d?coratif pour figurer comme t?moin...
--Et l'on a bien raison.
--Elle est charmante sous ce costume, mais je suis s?r qu'il vous irait encore mieux.
--Pas ? plaindre, ?mile!
--Vous n'avez pas vu comme moi, chez L?oty, le corset de la mari?e.
--?tant enfant, il a eu une coxalgie qui a donn? bien des inqui?tudes.
--Comment le beau-p?re a-t-il donc fait fortune? Il n'y a pas bien longtemps qu'il n'avait pas le sou.
--Tu as vu qu'Emmeline a eu le toupet d'assister ? la c?r?monie.
--Alors, c'est un parti pris?
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