bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Le chanteur parisien Recueil des chansons de L.A. Pitou by Pitou Louis Ange

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 417 lines and 24931 words, and 9 pages

LES PATENTES.

Ce vaudeville, compos? au mois d'octobre 1796, a ?t? une des causes principales de ma d?portation. Comme il m'arrivait de porter souvent ma main ? ma poche, on pr?tendit que je faisais des gestes ind?cents et contre-r?volutionnaires, d?lit pr?vu par la loi du 27 germinal, emportant peine de mort. L'application m'en fut r?ellement faite le premier novembre 1797. La peine de mort fut commu?e en d?portation perp?tuelle, et, le 8 septembre 1803, je re?us ma grace et ma libert? de sa majest? l'Empereur et Roi.

R?publicains, aristocrates, Terroristes, buveurs de sang, Vous serez parfaits d?mocrates, Si vous nous comptez votre argent. Et comme la crise est urgente, Il faut vous conformer au temps, Et prendre tous une patente, Pour devenir honn?tes gens.

Mon dieu, que la patrie est ch?re A qui la porte au fond du coeur! Tous les ?tats sont ? l'ench?re, Hors celui de l?gislateur. La raison en est ?vidente, C'est qu'aucun des repr?sentants Ne pourrait payer la patente Qu'il doit ? tous ses commettants.

Un jacobin, nomm? Scrupule, En s'approchant du receveur, Retourne sa poche et sp?cule, Qu'il n'a plus rien que son honneur. Oh! que cela ne te tourmente, Dit le receveur avis?, Ton dos a le droit de patente, Commerce donc en libert?.

Une vierge du haut parage, Impos?e ? quatre cents francs, Dit en descendant d'?quipage, Bon dieu! vous moquez-vous des gens? Mais, monsieur, je vis d'industrie; Le financier, le directeur, Vous diront que pour ma patrie J'ai vendu jusqu'? mon honneur.

Un gros procureur, honn?te homme, Cousin de tous les fins Normands, Murmure de payer tout comme Les malheureux honn?tes gens. Oh! cette injustice est criante, On se pendrait d'un pareil coup! Faire payer une patente A ce grand ma?tre grippe-sou.

Sous ce d?guisement cynique, Remets-tu ce fameux voleur? Fournisseur de la r?publique, Autrefois simple d?crotteur. Depuis qu'on parle de patentes, Monsieur dit qu'il n'a plus d'?tats, Que la r?publique indulgente Le classe parmi les for?ats.

Combien paierai-je de patente, Dit certain faiseur de journal? Si tu devais un sou de rente A tous ceux dont tu dis du mal, Je crois bien qu'au bout de l'ann?e, Sans compter tous tes revenus, Ta dette serait augment?e De trois ou quatre mille ?cus.

Un vieux m?decin se pr?sente, H? quoi! dit un des assistants, Peut-on payer une patente Pour avoir droit de tuer les gens? Non, dit un auteur dramatique, Il vaut bien mieux les ?gayer; Et mais, r?pond certain critique, Nous vous payons bien pour b?iller.

En fredonnant un air gothique, Arrive un chanteur ?clopp?. Si pour chanter la r?publique Il faut que je sois patent?, Je ferai, dit-il, sans contrainte, Cette offrande ? la libert?, Si d?sormais je puis sans crainte Chanter par-tout la v?rit?.

LES CONTRADICTIONS.

Ah! qu'on a bien raison de dire Qu'amour est un ?trange enfant; Plus il nous cause de martyre, Et plus il nous para?t charmant. Dans son inconcevable empire, Tout comme en r?volution, Chacun de nous veut se conduire Toujours par contradiction.

Quand Fanchette fut moins cruelle Je songeais ? peine ? l'aimer; Aujourd'hui qu'elle est infid?le, Fanchette a tout pour me charmer. Et dans mon aveugle d?lire, Tout comme en r?volution, Fanchette, tu vas me conduire Toujours par contradiction.

On se recherche, l'on s'?vite, On s'ennuie de r?sister; Pour ?tre pris, l'un court moins v?te; L'autre aussit?t va s'arr?ter. A Cyth?re on fait comme en France, Pour l'amour ou pour la raison, Quand l'un recule, l'autre avance, Toujours par contradiction.

Aux pieds de la reine de Gnide, Tous les dieux se sont r?unis; Elle vole o? son coeur la guide, Et c'est dans les bras d'Adonis. De ce choix qu'elle vient de faire, L'amour murmure avec raison; Mais en France, comme ? Cyth?re, Tout va par contradiction.

Quand Lucas aime sa voisine, Avec sa peau de maroquin, Pluton ?pouse Proserpine, Et V?nus ?pouse Vulcain; Mais dans leur aveugle d?lire, Tout comme en r?volution, Les objets peuvent les s?duire, Toujours par contradiction.

Quand nous pourrons couper les ailes De ce petit fripon d'amour, Nos dames seront plus fid?les, Et nous les paierons de retour; Quand les trois pouvoirs en cadence Peuvent chanter ? l'unisson, Nous voyons que tout dans la France; Marche sans contradiction.

Si on crie ? l'invraisemblance sur ce go?t d?prav?, on se souviendra qu'Horace est mon garant. Il dit que l'amour est si bizarre qu'il a vu un galant baiser avec transport le polype de sa ma?tresse.

LES COLLETS NOIRS.

Je composai ce vaudeville au mois de juillet 1797, au moment o? l'on se faisait la guerre ? Paris pour un ruban, un collet rouge ou noir; pour des souliers pointus ou carr?s, et sur-tout pour les nattes. J. J. Rousseau, en ?crivant sa lettre contre la musique fran?aise, dit que la querelle qui s'anima au sujet de cette futilit? fut si grande, qu'on oublia de grands int?r?ts et des d?m?l?s plus s?rieux pour celui-l?. Pour moi, je voulais voir les deux partis s'amuser de leurs ridicules, et on m'arr?ta lorsque je chantai cette chanson pour la quatri?me fois.

Faut-il pour un collet noir, Pour une perruque blonde, Pour une toque, un mouchoir, Bouleverser tout le monde. Les frondeurs de cette mode, Comme moi dans un boudoir, N'ont rien vu de plus commode, Qu'un collet bord? de noir.

Dans l'olympe radieux, Quand V?nus sortant de l'onde, Fut admise au rang des dieux On dira qu'elle ?tait blonde. Pour lui donner l'art de plaire, L'amour fit apercevoir, Pr?s du temple du myst?re, Son collet bord? de noir.

A la m?re de l'amour Chaque dieu fit son offrande; Mais Mars eut, avant son tour, Le premier droit de pr?bende. Oh! ma plus belle parure, Lui dit-elle, c'est d'avoir Au-dessous de ma ceinture, Ton collet bord? de noir.

D'un d?chireur de collet, Pour punir l'audace extr?me, L'amour juge du m?fait, Sut s'en venger par lui-m?me. Le galant, par aventure, Chez Thisb? montant le soir, Trouve au bas de sa ceinture, Collet rouge, et blanc, et noir.

Si d'un pantalon crasseux, D'une robe rouge ou grise, Aristide est amoureux, Qu'il se v?tisse ? sa guise; Si le bonnet et la pique Peuvent flatter son espoir, Qu'il les prenne sans r?plique, Moi je veux un collet noir.

On peut, sans ?tre malin, Vous dire avec assurance Que c'est l'habit d'Arlequin Qui sied le mieux ? la France. Car le d?mon de la mode, Chez nous du matin au soir, Fait, d?fait et raccommode, Collet rouge, et blanc et noir.

LE P?RE HILARION

AUX FRAN?AIS.

Parall?le des abus du clo?tre avec les abus de 1793, 94, 95 et 96.

Peuple fran?ais, peuple de fr?res, Souffrez que p?re Hilarion, Turlupin? dans vos parterres, Vous fasse ici sa motion . Il vient sans fiel et sans critique, Et sans fanatiques desseins, Comparer tous les capucins Aux fr?res de la r?publique.

Nous renon?ons ? la richesse Par la loi de notre couvent, Votre code, plein de sagesse, Vous en fait faire tout autant. Comme dans l'ordre s?raphique, Ne faut-il pas, en v?rit?, Faire le voeu de pauvret?, Pour vivre dans la r?publique.

On nous d?fend luxe et parure, Et vos fr?res les jacobins Avaient la crasseuse figure De nos plus sales capucins. Notre chaussure est sympathique; Souvent sans bas et sans souliers, On voit par-tout des va-nu-pieds, Capucins de la r?publique.

Tout comme dans nos monast?res, Vous aviez vos fr?res qu?teurs, C'?taient vos braves commissaires Et vos benins r?quisiteurs. Par leur douceur ?vang?lique Et par leur sainte humanit?, Comme ils faisaient la charit? Aux pauvres de la r?publique!

On nous ordonne l'abstinence, Dedans notre institut pieux: N'observait-on pas dans la France Le je?ne le plus rigoureux? Dans votre car?me civique, Vous surpassiez le capucin; En vivant d'une once de pain, Vous je?niez pour la r?publique.

Par un vieux r?glement d'usage Nous faisons voeu de chastet?; Le sacrement de mariage Par vos fr?res est rejet?. Dans cette gaillarde pratique, Qu'il est beau de voir ? pr?sent, Pour une femme seulement, Vingt filles de la r?publique!

Nous avons notre discipline, Instrument de punition. Vous avez votre guillotine, Fraternelle correction. Ce ch?timent patriotique Est bien s?r de tous ses effets; Il n'en faut qu'un coup pour jamais Ne manquer ? la r?publique.

Demandant toujours des r?formes, Vous avez fait tout r?former; De toutes vos nouvelles formes, Quand je vous entends murmurer, Je vous dis, tr?ve de critique, Puisque vous l'avez fait cr?er, Il faut bien vous accoutumer, A supporter la r?publique.

Rien ne vous pla?t, tout vous ennuie, Vous voulez toujours innover; En abhorrant la monarchie, Vous ne pourrez vous en passer. Pour jouer nos capucinades, Notre clo?tre ?tait excellent; Faudrait qu'il f?t cent fois plus grand, Pour jouer vos arlequinades.

Agr?ez, mes chers camarades, Le salut de l'?galit?, Et recevez mes accolades, En signe de fraternit?; Mais respectez ma barbe antique, Lorsque je viens vous embrasser, Et ne la faites point passer Au rasoir de la r?publique.

Disette du pain, depuis le mois de d?cembre 1791, jusqu'en avril 1796.

Le mariage ? l'?glise fut d?fendu ? l'?poque de leur fermeture, en octobre 1793, jusqu'au mois de septembre 1795.

LA CHARENTE.

Ce vaudeville poissard est la relation fid?le du combat que nous sout?nmes depuis minuit jusqu'? six heures du matin, le 21 mars 1797, sur la fr?gate la Charente, qui sortit de la rade de Rochefort dans la nuit du 20 mars, pour nous d?porter ? Cayenne. Le lendemain, en avan?ant en haute mer, nous v?mes ? notre poursuite trois b?timents anglais, le Vieux Canada, de 74 canons, escort? des fr?gates la Pomone et la Flore, toutes deux de 42 pi?ces. Toute la journ?e nous tent?mes de gagner les c?tes de M?doc; mais la Flore nous rasait la terre: la Pomone gagnait au large, et le Vieux Canada fermait la marche. Dans la journ?e on jeta ? la mer toute la cargaison et une partie de nos effets pour d?lester le b?timent. La nuit vint, et nous nous perd?mes de vue; ? minuit la lune nous trahit et nous nous trouv?mes pr?s de l'?cueil du phare Cordouan. Les Anglais nous d?bouqu?rent; la mar?e montait; le combat s'engagea. On d?lesta de nouveau le b?timent, qui, d?m?t? par le canon, le gouvernail bris?, nous fit ?chouer sur les ruines de l'ancienne ville des Olives, pr?s la rade de Royan, ? dix-huit lieues de Bordeaux.

Ventrebleu qu'il est donc brutal, Ce carillon de germinal; J'crayons ma foi que c'te Charente, Au diable f.... l'?pouvante.

Voyant ces trois ch?tiaux flottants, J'avions largu? la voile aux vents; Avec tout nout ?chapatoire, Fallut nous casser la m?choire.

Par l? corbleu, monsieu Breuillac, N'est ma foi point un monsieu d'Crac, C'est f.... ben un pinc' sans rire, Que malgr? lui l'Anglais admire.

Not maison quand brutal ronflait, Sur le rocher se reposait. J'avions un pied dans l'onde noire, Et plus qu'nout saoul j'ons failli boire.

Au milieu de tout c't'embarras, Le grand marin qu'je n'voyons pas, Qui ben mieux qu'nous conna?t l'parage, A lui seul sauva l'?quipage.

LES LUNETTES

ET LA NOUVELLE B?QUILLE.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top