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Read Ebook: L'Illustration No. 3696 27 Décembre 1913 by Various

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Ebook has 148 lines and 17128 words, and 3 pages

L'?lectricit? apporte ? l'automobile le premier bienfait d'un ?clairage quasi parfait. Je ne vanterai pas longuement les avantages de l'?clairage radieux. Un coup de pouce, et l'on a de la lumi?re, de la lumi?re au point pr?cis o? on la d?sire! Un coup de pouce, et tout retombe dans les t?n?bres! Plus d'allumettes, plus de flamme et de fum?e, plus de liquides sales, plus de pr?paratifs, et par contre, vraiment, on a le soleil la nuit!

Mais ici vous m'arr?tez. Pourquoi n'?claire-t-on pas les automobiles au moyen de piles? Les piles sont connues du public et de maniement assez simple.

Certes. Mais elles sont fragiles, encombrantes, pesantes, et surtout elles sont extr?mement on?reuses. La plupart, et les moins mauvaises, sont des appareils dans lesquels on dissout peu ? peu du m?tal, ? la fa?on du sucre dans de l'eau, et un m?tal tr?s cher, le zinc. Laissons donc les piles aux timides sonneries d'appartements.

Alors, pourquoi n'?claire-t-on pas les automobiles au moyen d'accumulateurs? Nous allons voir qu'en effet la batterie d'accumulateurs s'impose ? notre cas. Mais, si on voulait lui confier la totalit? du service d'?clairage, il faudrait lui donner un volume ?norme dont le poids et l'encombrement seraient prohibitifs. Et puis, leur nom indique leur d?faut: ils ne cr?ent pas du courant, ils ne peuvent que garder en r?serve l'?nergie dont on les a gav?s. Or, loin de toute usine ?lectrique, priv?s des sp?cialistes qui savent r?ussir la d?licate op?ration, comment seraient-ils soumis ? une recharge? Il est donc n?cessaire que l'automobile fabrique elle-m?me, de par son moteur, l'?lectricit? dont elle a besoin; qu'elle ait ? son bord, en r?duction, une petite usine ?lectrique, usine non seulement analogue aux plus puissantes, mais encore aggrav?e de complications inconnues ? un secteur de lumi?re. Ces complications tiennent d'abord aux changements d'allures si variables d'un moteur d'automobile qui. ? tout moment et selon les difficult?s de la route, ralentit ou acc?l?re, et d?termine ainsi dans la source du courant des variations de d?bit qui vont depuis le rougeo?ment des lampes jusqu'? leur grillade instantan?e! Elles tiennent ensuite aux arr?ts m?mes de ce moteur: quand la voiture attend le soir la sortie d'un th??tre, ou lorsqu'elle est en panne dans la rase campagne, la nuit, il est indispensable qu'elle ne soit pas plong?e dans les t?n?bres bien que le moteur, g?n?rateur de son courant, demeure inanim?. Une batterie d'accumulateurs, mais petite et trapue, nous est donc indispensable, puisqu'il y a des heures o? d'elle seule nous pouvons attendre du courant. Elle ne fait alors que nous restituer l'?nergie confi?e ? elle par notre moteur.

Ainsi pourvus d'une source importante de magn?tisme, livrons-nous ? une petite exp?rience qui va nous r?v?ler un autre ph?nom?ne d'importance extr?me puisque, s'il n'existait pas, aucune des applications industrielles de l'?lectricit? ne serait elle-m?me r?alis?e.

Prenons un fil de cuivre recouvert de coton . Faisons de ce fil une boucle que nous tenons entre le pouce et l'index, et attachons ses deux bouts ? un galvanom?tre, appareil qui nous dira ce qui va se passer dans ce fil.

Si peu de travail s'est mu? en courant. Quelle abondance d'?lectricit? n'obtiendrons-nous pas quand nous demanderons au moteur de notre voiture de se substituer ? nous pour d?placer la spire dans le champ magn?tique!

Voici donc constitu?e, par un ?lectro-aimant et par un induit qui tourne entre ses masses polaires, une dynamo. Mais tout aussit?t les difficult?s d'application commencent.

La seconde difficult? est celle-ci: les accumulateurs cherchent ? jouer un vilain tour ? la dynamo. A force de s'emmagasiner dans la batterie, le fluide ?lectrique prend en quelque sorte du ressort, de la tension, et, au fur et ? mesure que la dynamo envoie aux accumulateurs du courant, ils cherchent ? s'en d?faire, c'est-?-dire ? le d?charger en elle! Tant que leur tension demeure inf?rieure ? celle de la dynamo, tout demeure normal, car, de deux courants directement oppos?s, c'est ?videmment le plus fort qui d?termine le sens de courant g?n?ral Mais si les accumulateurs l'emportent, m?me momentan?ment , ils ce d?chargent, sans c?r?monie, dans la dynamo, laquelle est ainsi mise ? mal.

Troisi?me difficult?. Les accumulateurs sont susceptibles d'acqu?rir un maximum de tension connu, qu'ils ne d?passeront jamais, sous peine d'en ?tre tout d?sorganis?s. Il est donc indispensable que la dynamo se conforme ? ce maximum et ne soit pas capable d'envoyer aux lampes un courant plus ?lev? que celui qui peut ?tre fourni par les accumulateurs. La r?sistance des lampes est par cons?quent d?termin?e par le nombre d'accumulateurs qui forment la batterie, et non par la puissance de la dynamo. Or, comme la dynamo donne un courant de tension d'autant plus grande qu'elle tourne plus vite, et que le moteur qui l'entra?ne peut parfois l'entra?ner ? de folles allures, il est indispensable qu'elle soit assagie, qu'elle comporte un r?gulateur qui calme soit sa vitesse soit son excitation, qui la mette <> et prot?ge ainsi les lampes contre des variations de tension d?sagr?ables ? la vue, ou contre des exag?rations de courant qui les br?leraient sur-le-champ. Comment cette r?gulation peut-elle ?tre faite? Je me bornerai ? r?pondre que c'est l? un des points encore o? la bataille des constructeurs est le plus acharn?e: sept ou huit proc?d?s sont en pr?sence.

Le probl?me de l'?clairage ?lectrique des automobiles pr?sente donc de singuli?res difficult?s, on le comprend. Il est probablement superflu que je d?clare n'avoir fait ici que l'effleurer ? peine.

Maintenant, pour nous consoler de tant de peines, veut-on bien que nous fassions une derni?re exp?rience qui, elle, va nous donner une surprise heureuse?

Supposons que la dynamo que nous venons de construire soit d?tach?e du moteur qui l'entra?ne pour produire du courant, et qu'elle soit arr?t?e. Relions ses deux balais aux deux bornes de la batterie d'accumulateurs au moyen de fils: voici tout ? coup notre induit qui se met ? tourner follement sur lui-m?me entre les branches de l'aimant! Il est devenu moteur.

Ces observations faites, r?capitulons, si vous le voulez bien, les moyens que l'?lectricit? met ainsi ? notre disposition dans une automobile moderne. Nous avons:

Tels sont donc les principaux ?l?ments d'une installation d'?lectricit? dans une automobile de 1914. Quel est maintenant l'avenir?

L'avenir est h?riss? de plus de difficult?s que je n'en ai ?num?r? encore! Car il s'agit aujourd'hui de simplifier, donc de serrer de plus pr?s la perfection. La premi?re victime, semble-t-il, sera la petite magn?to, si fid?le, si timide... Elle allume le moteur: sa soeur la dynamo ne le fera-t-elle pas aussi bien qu'elle?

Et puis pourquoi la dynamo, ? son tour, ne subirait-elle pas une transformation heureuse? Elle est pesante; or, un organe du moteur ? explosions doit n?cessairement ?tre pesant: le volant. Pourquoi la <> ne serait-elle pas mu?e en volant? Les services ?lectriques d'une automobile seraient ainsi <> en un unique organe.

Mais une for?t de probl?mes enchev?tr?s s?pare encore de cette lueur lointaine les inventeurs... les inventeurs aux bottes de sept lieues.

L. BAUDRY DE SAUNIER.

CE QU'IL FAUT VOIR

PETIT GUIDE DE L'?TRANGER A PARIS

Les petites baraques ont surgi du sol. C'est la floraison miraculeuse dont, chaque hiver, quatre ou cinq jours avant No?l, Paris donne le spectacle ? ses habitants. Un beau soir, on a quitt? le boulevard, sans se douter de rien; on y revient le lendemain: stupeur! De la Madeleine ? la Bastille, deux alignements presque ininterrompus de maisonnettes en planches grises couvrent les trottoirs. Cela s'est ?difi? soudainement, en une nuit, sans d?sordre, comme un <> d'articles de Paris que des mains invisibles auraient pos?s sur les deux planches inf?rieures de quelque interminable ?tag?re... Je dis qu'elles sont en planches grises. On ne s'en aper?oit pas partout. La R?clame, l'envahissante et omnipotente R?clame, ne pouvait pas n?gliger plus longtemps les <> que lui offraient les dos et les flancs des petites baraques. Elle s'y est donc abattue sans piti?. Et ces bariolages, cette polychromie d'affiches ach?vent de rendre effarant, vertigineux, l'encombrement de la Rue!

Les vieux Parisiens d?testent cet encombrement. Les vieux Parisiens fuiront ces jours-ci le Boulevard et les petites baraques. Je ne saurais trop recommander aux ?trangers de ne pas suivre un tel exemple. Il faut voir, m?me en jouant des coudes et en souffrant que, de temps ? autre, un passant vous marche sur les pieds, il faut voir les baraques du Jour de l'An; et aussi la foule ing?nue qui les regarde. Je l'ai dit bien souvent; rien n'est plus propre ? nous renseigner sur l'?tat d'?me et sur les go?ts d'une foule que son attitude devant les spectacles de la rue. En observant, sur les boulevards, autour de quels ?talages elle s'arr?te de pr?f?rence, vous remarquerez que nous n'avons pas cess? d'aimer l'?loquence, et que le marchand qu'on entoure est, d'abord, le marchand qui p?rore. Le Parisien adore le boniment, et pour peu que de la bonne humeur et un brin d'esprit assaisonnent ce bavardage en plein vent--si rude que puisse ?tre la temp?rature--il s'arr?te; il ?coute; il est conquis.

Ses <> pr?f?r?s? Toujours les m?mes. Le jouet nouveau, qui fait rire et qu'actionne quelque myst?rieuse m?canique. Car il convient qu'? l'attrait du comique s'ajoute celui du myst?re; et la joie du spectateur est compl?te si ? cette double s?duction se surajoute celle de l'actualit?. A c?t? du jouet m?canique--a?roplane ou pantin--il y a les ustensiles ou les produits--quels qu'ils soient--dont l'emploi n?cessite un peu d'adresse manuelle et provoque chez le spectateur une surprise. Car nous aimons l'adresse et nous adorons d'?tre surpris. Le moule d'o? sort une gaufre instantan?ment fabriqu?e est de forme jolie, le pot ? colle gr?ce auquel une assiette cass?e sous nos yeux est reconstitu?e en trente secondes, <>, le taille-crayon nouveau mod?le, le stylographe inversable <>, la carte de visite et le bonbon qu'on voit na?tre, et tomber, tout fait, de la machine portative qui les produit,--voil? du plaisir, et de quoi retenir, ravis et transis, autour des petites baraques, des milliers de braves gens!

Une id?e spirituelle: celle d'employer le bassin d'un cirque ? une exposition et ? un concours d'engins de sauvetage.

C'est le Nouveau-Cirque qui a eu cette id?e-l?. Le concours s'est ouvert ces jours-ci. Il sera clos d?s les premiers jours de janvier. Mais voici venir la bourrasque de fin d'ann?e, les journ?es terribles qu'absorbe l'unique souci de recevoir des ?trennes quand on est jeune, et d'en distribuer, quand on ne l'est plus. Qui de nous aura le temps, durant de telles journ?es, d'aller voir une Exposition, quelle qu'elle soit? Veuillard en fait une, chez Bernheim, qui a beaucoup de succ?s; les <> en font une aussi, chez Reitlinger; nous l'avons signal?e, en m?me temps que deux ou trois autres, ? qui l'?ch?ance du Nouvel an va faire un tort immense, pendant une semaine au moins. <>, en ce moment? Des ?talages...

UN PARISIEN.

AGENDA .

Expositions.--Galerie Georges Petit : la Com?die humaine. --Soci?t? internationale de peinture et sculpture. --Galerie des Artistes modernes : exposition de l'Eclectique.--Salons de l'Etoile : oeuvres de Mme Magdeleine Popelin.--Galerie La Bo?tie : exposition des peintres du Paris moderne .--Galerie Marcel Bernheim : exposition de l'<>.

LES LIVRES et LES ?CRIVAINS

LE VILLAGE DE L'ONCLE HANSI

Un dessinateur alsacien, ?galement c?l?bre mais in?galement go?t? en Allemagne et en France, pr?sidait, il y a quinze jours, au grand d?ner officiel de litt?rateurs fran?ais. C'?tait au lendemain des incidents de Saverne. Dans l'hommage rendu par la Soci?t? des Gens de lettres ? l'<>, alors pr?cis?ment qu'on discutait au Reichstag les d?finitions du mot <>, il n'y avait pas une co?ncidence voulue. Mais la co?ncidence existait tout de m?me et elle parut ? ce point ?mouvante que, lorsque cet Alsacien, si compl?tement de sa race, dressa avec quelque gaucherie sa puissante silhouette--la silhouette de l'ami Fritz--pour nous parler de l'Alsace, un frisson passa dans la salle du banquet o? s'?tait fait aussit?t un silence de cath?drale. Hansi, cependant, nous parlait avec la bonhomie de son accent guttural, tra?nant et appuy?. Il nous disait, en souriant, que nous ?tions, ce soir-l?, pr?sid?s par un wackes et m?me par un <> comme on l'appelait l?-bas. Mais l'esprit de Hansi est un de ces vieux vins de France qui r?chauffent l'?me en mouillant les yeux. Et quand il parle, quand il ?crit ou quand il dessine, le rude et simple et fin bonhomme de Colmar reste le m?me, doux et redoutable, avec cet humour grave qui vous donne une envie de pleurer...

Le village de l'oncle Hansi se trouve <>. Vous vous arr?tez ? quelque petite station fleurie. Devant vous, au bout d'un ?troit chemin bord? d'arbres fruitiers, un vieux clocher pointu s'?lance au-dessus des bl?s o? perce la dentelle des houblons. Et voici des toits qui fument, une petite place o? l'arbre de la libert? verdit encore, une maison d'?cole avec son nid de cigogne et son beffroi... Voici des fillettes avec leurs petites jupes gaies, rouges ou bleues, des jeunes filles <>. Voici de grands jeunes gens au v?tement s?v?re relev? par la vive note rouge du gilet, et voici des vieux avec, encore, l'ample redingote et le tricorne. Voici les fianc?s qui se prom?nent, mains unies, les anciens qui causent sur leur porte. L'air est plein de chants d'oiseaux et de chansons d'enfants. Ne vous semble-t-il pas que vivre en ce joli village serait tout le bonheur humain? Oui,... oh! oui... si, tout en haut, au bout de la rue, n'apparaissait la silhouette pesante et casqu?e du gendarme...

Dans le village de l'oncle Hansi, il y a un beau pr? o? gar?onnets et fillettes jouent ? la guerre et r?guli?rement <>.

Dans le village de l'oncle Hansi, il y a deux ma?tres d'?cole: l'un, le p?re Vettei est un vieux d'avant la guerre, un vieux en tricorne et en l?vite. Tout le monde l'aime, il assiste ? tous les bapt?mes, ? tous les mariages et il continue--en cachette--d'apprendre le fran?ais aux petits enfants. L'autre ma?tre, son adjoint, est un jeune instituteur allemand en veston de drap vert, et qui a toujours ? la main une baguette impitoyable... Et devant l'?cole, il y a une place o? les petits ?l?ves tirent au sort, avec une plume dans un livre ferm?, les petits soldats de papier imprim?s ? Epinal. Quelle raillerie si, par malheur, on gagne un soldat prussien!...

Edition Fleury, 10 fr.

Dans le village de l'oncle Hansi, il vient des touristes allemands, en petit chapeau ? plumes et tout habill?s de vert, du vert moutarde au vert ?pinard, toutes les nuances du vert, sauf le vert esp?rance. Ils d?ballent, ? l'auberge, des saucisses, des marmelades, et r?clament une grande cruche de bi?re pour monsieur et une petite pour le reste de la famille... Et il y a aussi, parfois, des touristes fran?ais, vite entour?s, et qui devraient revenir plus souvent.

Dans le village de l'oncle Hansi, il y a trois v?t?rans de l'ancienne arm?e fran?aise. C'est d'abord le cuirassier Schimmel qui a charg? ? Morsbronn. <> Les deux autres sont l'ex-canonnier ? cheval Georges Becker et l'ancien sergent de voltigeurs Martin Spohr. Tous trois vont ensemble ? la messe avec leurs longues redingotes, pareilles comme un uniforme, sur lequel est ?pingle le ruban du souvenir, stri? de deuil et d'esp?rance. <>

Dans le village de l'oncle Hansi, il y a chaque ann?e deux f?tes: l'une, qui ne compte pas, la f?te de l'Empire; et l'autre qui est une grande joie, la f?te patronale, le <>. Ce jour-l?, c'est, partout, une active confection de tartes et de g?teaux d'Alsace. Ce jour-l?, le gendarme prussien inspecte la baraque aux pains d'?pice pour voir si on n'y expose pas de mirlitons tricolores... Ah! il y a une troisi?me f?te que j'oubliais, la f?te du 14 juillet. Celle-ci, il est vrai, on la c?l?bre hors du village, ? Nancy. Mais on y pense beaucoup au village et il y a toujours des gens de l'endroit, des heureux, des envi?s qui s'en vont assister ? la belle revue fran?aise de la <>.

Dans le village de l'oncle Hansi, il y a un veilleur de nuit, le p?re Spinner, un ancien artilleur de la garde qui, aujourd'hui encore, pour faire sa ronde, s'enveloppe dans le vieux manteau d'ordonnance . Il porte une vieille hallebarde, une grosse lanterne et une corne pour sonner les incendies. Autrefois, le p?re Spinner ?tait un homme tr?s sobre. Mais il a pris une singuli?re habitude: chaque fois qu'un gros Zeppelin a subi un de ces accidents ?normes qui ne co?tent la vie ? personne, le veilleur entre ? l'auberge et se fait servir un demi-litre de vin. Et c'est ainsi que le p?re Spinner est devenu ivrogne.

Le village de l'oncle Hansi est un joli village dont les maisons riantes cachent bien des souffrances. Il est l'image de l'Alsace enti?re et toute l'Alsace, comme un grand coeur, palpite dans les moindres d?tails de cette admirable page qui cl?t l'album:

<<... Mon village est endormi; les petits enfants reposent depuis longtemps et r?vent du prochain arbre de No?l, ou de la revue de Nancy. Le clocher tout noir se d?coupe sur le grand ciel ?toile; au loin s'?tend le champ de bataille immense et myst?rieux et les pierres blanches, sous lesquelles reposent tant de h?ros, y mettent quelques p?les lueurs. La grande rue est silencieuse; m?me l'aga?ant phonographe du gendarme prussien a cess? de moudre ses airs patriotiques. Un chien aboie. Un autre, plus loin, lui r?pond. Dans les jardinets qui bordent la route, les lucioles brillent et jouent <>. Au loin, un coup sourd ?clate dans l'air; c'est le canon de Bitche, o? d'incessantes manoeuvres nocturnes tiennent la garnison en ?veil... Quelquefois une d?tonation plus sourde, plus lointaine encore, lui fait ?cho; elle vient de l'autre c?t? de la fronti?re... D'une ruelle d?bouche une petite lumi?re vacillante et la voix f?l?e du veilleur de nuit ?gr?ne lentement son appel. Une seule fen?tre est ?clair?e: c'est celle du p?re Vetter. On lui a rapport? de Nancy quelques journaux, de ces journaux interdits en Alsace parce qu'ils feraient aimer la France. Autour de la lampe, quelques paysans sont r?unis, et le vieil instituteur traduit, explique. Il parle de l'arm?e fran?aise, des aviateurs, des peuples des Balkans qui ont enfin retrouv? leur patrie. Et, dans la nuit, sa lampe est la seule lumi?re qui brille dans mon village...>>

L'?me d'Erckmann et de Chatrian n'est point morte. Elle vit, ardente, irrit?e, rajeunie, dans la v?rit? expressive et tr?s artiste de ces pages d'album et dans la saveur simple de ce texte que fleuronnent symboliquement des petits soldats d'Epinal.

ALBERIC CAHUET.

LE V?LO TORPILLE

On conna?t la th?orie de l'entra?nement ? bicyclette. Elle repose sur ce fait qu'un objet en mouvement un peu rapide laisse derri?re lui un sillage, une zone o? la pression de l'air se trouve l?g?rement r?duite, pendant un instant tr?s court. Si un autre objet, marchant ? la m?me vitesse que le premier, se trouve dans le sillage en question, il n'?prouvera donc qu'une r?sistance r?duite et pourra maintenir sa vitesse au prix d'un travail sensiblement plus faible. Il r?sulte de l? qu'? travail ?gal un cycliste avec entra?neur marchera beaucoup plus vite qu'un cycliste sans entra?neur; c'est ainsi que le record de l'heure ? bicyclette avec entra?neur d?passe actuellement 100 kilom?tres tandis qu'il d?passe ? peine 43 kilom?tres sans entra?neur.

Ce coupe-vent n'a donn? au reste aucun r?sultat parce que, d'une part, il ?tait insuffisamment rigide, et se d?formait en marche et, d'autre part, il donnait naissance ? des remous arri?re enti?rement nuisibles.

Les fabricants de coupe-vent pour bicyclette firent donc rapidement faillite et le coupe-vent individuel fut enterr? pour une vingtaine d'ann?es.

La question n'?tait cependant pas insoluble et un jeune ing?nieur ? peine sorti du r?giment vient de la reprendre avec un succ?s complet.

Il lui a suffi de rem?dier aux deux inconv?nients signal?s en construisant un coupe-vent ind?formable derri?re lequel un prolongement convenablement trac? emp?che la formation de remous nuisibles. En fait, le coupe-vent de jadis est devenu une sorte de gros oeuf allong? dans lequel le cycliste est enferm? et qui marche le gros bout en avant.

Une pareille forme ?tonne au premier abord, et cependant c'est celle que le calcul et l'exp?rience s'accordent pour proclamer la meilleure.

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