Read Ebook: Le Bossu: Aventures de Cape et d'Épée. Volume 3 by F Val Paul
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Ebook has 329 lines and 9393 words, and 7 pages
Dona Cruz sortait de la chambre d'Aurore en disant:
--Il faudra bien que je trouve une liti?re!... le diable galant n'a donc pas song? ? cela!
Derri?re elle, le bossu referma la porte.
La salle basse fut plong?e dans une compl?te obscurit?.
Dona Cruz s'arr?ta interdite. Elle entendait des mouvements dans l'ombre.
--Aurore! dit-elle d'une voix d?j? mal assur?e; ouvre-moi... ?claire-moi!
Faut-il l'avouer? cette charmante dona Cruz n'avait pas peur des hommes. C'?tait vers le d?mon que l'obscurit? tournait ses terreurs. On venait d'?voquer le diable en riant: dona Cruz croyait d?j? sentir ses cornes dans les t?n?bres.
Comme elle revenait vers la porte d'Aurore pour l'ouvrir, elle rencontra deux mains rudes et velues qui saisirent les siennes. Ces mains appartenaient ? Cocardasse junior. Dona Cruz essaya de crier. Sa gorge, convulsivement serr?e par l'?pouvante, ?trangla sa voix au passage.
Aurore, qui se tournait et se retournait devant son miroir; car la parure la faisait coquette; Aurore ne l'entendit point, ?tourdie qu'elle ?tait par les murmures de la foule, mass?e sous ses fen?tres.
On venait d'annoncer que le carrosse de M. Law, qui venait de l'h?tel d'Angoul?me, ?tait ? la hauteur de la Croix du Trahoir.
--Il vient! il vient! criait-on de toutes parts.
Et la cohue de s'agiter follement.
--Mademoiselle, dit Cocardasse en dessinant un profond salut, qui fut perdu faute de quinquet, permettez-moi de vous offrir...
Dona Cruz ?tait d?j? ? l'autre bout de la chambre.
L?, elle rencontra deux autres mains, moins poilues, mais plus calleuses, qui ?taient la propri?t? de fr?re Amable Passepoil. Cette fois, elle r?ussit ? pousser un grand cri.
--Le voici! le voici! disait la foule.
Le cri de la pauvre dona Cruz fut perdu comme le salut de Cocardasse.
Elle ?chappa ? cette seconde ?treinte, mais Cocardasse la serrait de pr?s. Passepoil et lui s'arrangeaient pour lui fermer toute autre issue que la porte du perron. Quand elle arriva aupr?s de cette porte, les deux battants s'ouvrirent. La lueur des r?verb?res ?claira son visage. Cocardasse ne put retenir un mouvement de surprise.
Un homme qui se tenait sur le seuil, en dehors, jeta une mante sur la t?te de dona Cruz. On la saisit demi-folle d'effroi et on la poussa dans la chaise, dont la porti?re se referma aussit?t.
--A la petite maison derri?re Saint-Magloire! ordonna Cocardasse.
La chaise partit. Passepoil rentra, fr?tillant comme un goujon sur l'herbe. Il avait touch? de la soie! Cocardasse ?tait tout pensif.
--Elle est mignonne! dit le Normand, mignonne! mignonne!... Oh! le Gonzague!
--Cap?d?bious! s'?cria Cocardasse en homme qui veut chasser une pens?e importune, j'esp?re que voil? une affaire men?e adroitement...
--Quelle petite main satin?e!
--Les cinquante pistoles sont ? nous!... Je te l'ai dit: du moment qu'il n'y a pas de Lagard?re dans une aventure...
Il regarda tout autour de lui, comme s'il n'e?t point ?t? parfaitement convaincu de ce qu'il avan?ait.
--Et la taille! fit Passepoil;--je n'envie ? Gonzague ni ses titres, ni son or... mais...
--Allons! interrompit Cocardasse, en route!
--Elle m'emp?chera longtemps de dormir!
Cocardasse le saisit au collet et l'entra?na; puis se ravisant:
--La charit? nous oblige ? d?livrer la vieille et son petit, dit-il.
--Ne trouves-tu pas que la vieille est bien conserv?e? demanda fr?re Passepoil.
Il eut un ma?tre coup de poing dans le dos. Cocardasse fit tourner la clef dans la serrure. Avant qu'il e?t ouvert, la voix du bossu qu'ils avaient presque oubli? se fit entendre du c?t? de l'escalier.
--Je suis assez content de vous, mes braves, dit-il,--mais votre besogne n'est pas finie... laissez cela!
--Il a le verbe haut, le petit homme! grommela Cocardasse.
--Maintenant qu'on ne le voit plus, ajouta Passepoil,--sa voix me fait un dr?le d'effet... on dirait que je l'ai entendue quelque part, autrefois...
Un bruit sec et r?p?t? annon?a que le bossu battait le briquet.--La lampe se ralluma.
--Qu'avez-vous donc ? faire, s'il vous pla?t, ma?tre ?sope? demanda le Gascon; c'est ainsi qu'on vous nomme, je crois?
--?sope... Jonas... et d'autres noms encore, repartit le petit homme; attention ? ce que je vais vous ordonner!
--Salue Son Excellence, Passepoil..., ordonner!... Peste!...
Il mit la main au chapeau. Passepoil l'imita, en ajoutant d'un accent railleur:
--Nous attendons les ordres de Son Excellence!
--Et bien vous faites! pronon?a s?chement le bossu.
Nos deux estafiers ?chang?rent un regard. Passepoil perdit son air de moquerie et murmura:
--Cette voix-l?... bien s?r que je l'ai entendue!
Le bossu prit derri?re l'escalier deux de ces lanternes ? manche qu'on portait au devant des chaises, la nuit. Il les alluma.
--Prenez ceci, dit-il.
--Eh donc! fit Cocardasse avec mauvaise humeur,--croyez-vous que nous pourrons rattraper la chaise?...
--Elle est loin, si elle court toujours! ajouta Passepoil.
--Prenez ceci.
Ce bossu ?tait ent?t?,--nos deux braves prirent chacun une des lanternes.
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