bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: L'Illustration No. 3735 3 Octobre 1914 by Various

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 160 lines and 12504 words, and 4 pages

Ce num?ro contient un portrait hors texte en couleurs du g?n?ral Joffre

L'ILLUSTRATION

LE G?N?RAL JOFFRE

<>

L'homme qui, moins d'un an avant le formidable conflit, s'exprimait ainsi, parlant ? coeur ouvert ? des camarades, ? une assembl?e de polytechniciens--une ?lite--?tait celui-l? m?me ? qui incombait la lourde t?che de pr?parer une guerre que sa sagesse, son discernement, croyaient, savaient in?luctable: le chef d'?tat-major g?n?ral de l'arm?e fran?aise, le g?n?ral Joffre. Et ainsi l'on peut se tenir pour bien assur?s que, pour ce qui d?pendait de lui, aucune des mesures de d?fense et de salut qu'avait pr?vues son lucide esprit ne fut oubli?e ni n?glig?e.

Or, cet organisateur, le voici maintenant face ? face avec la gigantesque t?che, la t?che quasi surhumaine qu'il avait depuis longtemps envisag?e, pour laquelle il a m?nag? toutes ses ressources intellectuelles et veill? ? conserver toute sa vigueur physique: le voici g?n?ral en chef des arm?es fran?aises, en pr?sence du plus redoutable des ennemis, ?galement fort, ?galement pr?par? pour la lutte implacable,--si s?r de lui qu'il l'a d?cha?n?e.

D'autres diront avec autorit? les qualit?s ?minentes qu'il fallut au g?n?ral Joffre d?ployer dans la premi?re partie de la campagne, dans cette savante retraite qui amena l'ennemi jusqu'aux bords t?moins de ses premiers revers et du changement de front de l'?quitable Fortune. Jusque-l?, on a admir? son sang-froid, sa pond?ration, sa constance,--des vertus militaires qui ?voquaient, dans les m?moires fid?les aux vieux souvenirs classiques, la figure du sagace et froid adversaire d'Annibal, de Fabius le Temporiseur.

L'heure enfin sonne o? il tient l'avantage. Il va prendre l'offensive. Alors, soudainement il se dresse dans une attitude o? le retrouvent mieux, plus ressemblant ? lui-m?me, ses amis, ses fid?les, ceux qui le connaissent et l'admirent de longue date. Avant l'action, il parle ? ses soldats. Il leur dicte le devoir qui, d?sormais, va s'imposer ? eux jusqu'? l'accomplissement de la supr?me besogne, jusqu'au succ?s d?cisif:

<>

Oui, voil? le vrai Joffre: croyons-en fermement ce t?moin de toute sa vie.

D'ailleurs, observez bien, dans la nerveuse esquisse peinte que nous reproduisons, ce menton volontaire, ?nergique, et cet oeil, surtout, cet oeil calme, mais r?solu, et non d?pourvu de malice, cet oeil p?n?trant derri?re lequel semble se pr?parer un bon tour... Attendre, sans doute, s'il est n?cessaire,--guetter son heure; reculer, mais, comme dit le peuple, pour mieux sauter. Et puis, rappelez-vous, d'autre part, le pass?, qu'on semble avoir un peu trop oubli?, de cet homme, toute sa vie d'action ardente, les Pescadores avec Courbet; le Soudan et les travaux du chemin de fer de Kayes au Niger; puis la marche vers Tombouctou, au secours des d?bris de la colonne Bonnier, l'occupation et l'organisation de la Ville Myst?rieuse; Madagascar, enfin... tant d'oeuvres, tant de postes o? se r?v?la le chef de grande race abondant en ressources.

Mais quel champ inou?, effrayant aussi, s'ouvre aujourd'hui devant cette activit?, devant cette intelligence! Et quelles responsabilit?s, en pr?sence desquelles une ?me de trempe moyenne se sentirait d?faillir!

Des millions d'hommes aux prises, de part et d'autres, assaillants et d?fenseurs; une bataille engag?e sur des lieues et des lieues, et qu'il faut suivre heure par heure,--suivre et conduire, renfor?ant tel point faible, d?garnissant cet autre d'un contingent superflu, d?terminant ici ou l? une pouss?e d?cisive qui emportera la position ch?rement conquise;... cela et tant de pr?occupations encore, ravitaillement en munitions et en vivres, haute direction de tous les convois... tant de d?tails, enfin, qui ne viennent pas m?me ? l'esprit du profane. Non, jamais nous n'imaginerons la fi?vre qui doit r?gner, d'une aube ? l'autre, dans le bureau improvis? d'o? se manoeuvrent les pi?ces vivantes du formidable ?chiquier, ni l'?crasant labeur, ni la lucidit? d'esprit, ni les ressources d'?nergie intellectuelle et physique que peut bien exiger de celui qui l'assume un si lourd et si glorieux r?le. Il nous suffit de savoir que le g?n?ral Joffre n'en est point accabl? d'esprit ni de corps.

M?thodiquement il y fait face, soumis par sa volont? ? une s?v?re hygi?ne morale et corporelle. Debout ? l'aube, le g?n?ralissime reprend d?s six heures la rude t?che. A dix heures chaque soir, par raison encore, il se met au lit, et ceux qui l'approchent, ceux qui le servent avec un d?vouement dont l'affection et l'enthousiasme centuplent l'?nergie, affirment que le grand Cond? m?me, ? la veille de Rocroy, ne reposa pas plus paisiblement qu'il ne fait chaque nuit.

Et ils admirent, autant qu'ils l'aiment, cette grande force ?quilibr?e, disciplin?e, cette force indomptable ? laquelle la Patrie confiante a remis la sauvegarde de ses destin?es.

GUSTAVE BABIN.

LES GRANDES HEURES

LA PATIENCE

Comme il est de vieille coutume, au fond des clo?tres et des chartreuses d'inscrire dans chaque pi?ce, sur l'aust?re tableau du mur, au-dessus de la porte, des pr?ceptes et des devises ayant pour but, en peu de mots, d'imposer une r?gle de conduite immuable et de droite rigueur, ainsi nous ferions bien, pendant ces jours continuellement tourment?s, de tracer partout, en belles lettres liturgiques, pour le rendre visible ? chacun de nos regards, in?vitable ? chacun de nos pas, ce seul mot: PATIENCE, et qu'il devienne aussit?t la r?gle m?me et la consigne militaire de notre existence troubl?e.

La patience doit ?tre notre mot d'ordre, notre loi.

Les plus imp?rieuses raisons nous somment de la pratiquer.

C'est une vertu. Une des plus grandes, sinon la plus consid?rable, et vertu d'action, vertu mouvement?e, f?conde, sous son apparence passive. Nos amis les Anglais qui l'exercent avec une r?solution sup?rieure, en savent l'hygi?ne morale et le b?n?fice, ils en ont une s?culaire exp?rience couronn?e de loyaux succ?s.

Pour bien observer, jusque dans les plus tragiques circonstances de la vie, cette vertu de t?nacit? sp?ciale, il ne suffit pas d'?tre un brave et d'avoir du coeur, il faut ?tre une ?me ayant une foi. De ceux qui la courtisent, la sereine et pure patience exige une volont? de source religieuse. Sans cela elle rebute, elle fait semblant d'?tre surhumaine et l'on se souvient avec effroi que le privil?ge n'en est attribu? qu'aux anges: patience ang?lique.

Au d?but des hostilit?s nous avons commis la faute, g?n?reuse et bien naturelle, d'?tre trop impatients. Quatre fois par jour au moins nous pr?tendions ? de bonnes nouvelles. Une victoire le matin au r?veil, pour nous mettre en joie, une ? midi, une ? quatre heures, une derni?re le soir avant de nous coucher. A chaque courrier nous voulions des lettres de nos combattants, de nos parents, de nos amis, et longues, nourries de d?tails... Nous voulions des communiqu?s fr?quents et pr?cis de notre ?tat-major, ne nous dissimulant rien de ses pens?es, de ses intentions, de son but. Nous voulions tout le temps des prisonniers, des drapeaux, des canons... Que ne voulions-nous pas? Apr?s que cette fougue un peu pr?somptueuse e?t re?u quelques justes et ch?res r?compenses, nous avons d? nous plier ? une acceptation plus dure et plus serr?e de la r?alit?, mettre au pas nos grands d?sirs et discipliner nos espoirs. Et nous nous sommes enr?giment?s dans la patience.

Or, voici qu'au bout de trois semaines de la rude ?cole nous commen?ons ? en ressentir les bienfaits lib?rateurs. Tout ce que nous avons m?rit? davantage en cessant de le demander avec une h?te intempestive, le destin, providentiel et munificent, nous l'apporte et nous le distribue dans une r?partition croissante. La chance, captiv?e, gagn?e ? notre vaillante sagesse, tourne comme un brusque vent, nous avan?ons, l'ennemi recule, et notre coeur bat plus fort et plus vite dans nos poitrines qui se d?gagent... Victoires pr?cieuses, laborieuses, pr?par?es, tiss?es fil ? fil, sur le prudent canevas de la retenue, de la r?flexion, sur la solide trame de la d?fensive... en attendant les victoires futures et d?brid?es qui seront le couronnement des co?teuses contraintes. Gloire donc ? la patience! Nous la souhaitons ? tous.

Nous voulons d'abord qu'elle n'abandonne jamais ceux qui l'ont eue bien avant nous, ? qui seuls nous la devons, dont elle est le grave soutien, c'est-?-dire nos chefs aim?s, b?nis, prodigieux. Que notre patience aide et secoure la leur! La n?tre est infime et la leur est sublime. Respectons au moins la splendide glace de leur conduite, collaborons au chef-d'oeuvre anonyme de leur renoncement. Que ces guides vigilants, impassibles, sacr?s, absents de tout ce qui n'est pas le salut de la patrie, se sentent soulev?s, oblig?s par notre docile et confiante ignorance de leurs secrets. Ne commettons pas le crime d'essayer de d?chiffrer ? tout prix les ?nigmes de leur silence, ne les injurions pas de nos doutes, ne cherchons pas ? les entamer de nos curiosit?s. Laissons-nous conduire par eux, aveugl?ment, comme les troupes dont ils sont l'?me lumineuse et ferm?e.

Et si les chefs ont cette patience de montagne et de pyramide, s'ils sont capables de la garder, comment les soldats ne l'auraient-ils pas ? leur tour, ne seraient-ils pas jaloux de la partager avec eux, de leur en all?ger le poids? Rien ne leur sera plus aguichant et plus ais?. Nul ne sait, pas m?me eux, les ressources de leur ?nergie. Patience donc au fantassin qui s'?nerve de la retraite, au cavalier qui piaffe, ? l'artilleur qui ne tire pas, ? tous ceux dont les bras et les jambes <>.

Patience ?galement aux choses elles-m?mes, aux choses vivantes de la guerre, aux armes pr?tes et d?cid?es qui se morfondent, patience ? la gueule des canons, aux fusils charg?s stup?faits de ne pas partir, patience ? la ba?onnette fain?ante, au fourreau qui vomit le sabre. Patience ? l'a?roplane exasp?r? de ne pas d?coller.

Patience au bless? bourru qui morig?ne sa plaie, trop press? de revenir se battre, au sortir du lit d'ambulance. Qu'il prenne le temps de gu?rir, de dig?rer les coups qu'il a re?us et ceux plus lourds qu'il a port?s!

Patience aux enfants, aux petits qui ne jouent plus, dont on s'occupe moins--ou davantage!--qui voient des larmes dans des yeux sans demander pourquoi, auxquels on ne parle de rien mais qui devinent tout... Patience! Ils crieront de nouveau dans la maison en f?te, ils grandiront, se souviendront... Ils oublieront...

Patience ? tous ceux qui ?crivent... qui ?crivent des lettres et n'en re?oivent pas! Patience des deux c?t?s, ici et l?-bas, sur tout <> de la famille disjointe et plus unie.

Patience aux civils m?contents, humili?s, ? tous ceux qui tiraill?s par des devoirs contraires et souvent ?gaux se sont r?sign?s au plus simple, ont accept? le moins voyant, ont fait avec humilit? le sacrifice de l'amour-propre belliqueux et de l'orgueil flatteur. A ceux-l? patience aussi. Leur tour viendra, plus tard, au train pacifique et terre-?-terre des ?preuves.

Et patience m?me aux empires en marche... qu'ils prennent bien leurs mesures!... Patience aux flottes, aux arm?es de la divine cause, portant ?crit sur leurs drapeaux, en paraphe de feu, l'inexorable arr?t du Souverain Juge. Ecoutez!... Ce grondement... les voil?!

HENRI LAVEDAN.

H. L.

LA GUERRE DE LA SOMME AUX KARPATHES.

La bataille s'est poursuivie, toute la semaine, de la Somme ? la Meuse, avec des accalmies tant?t sur un point, tant?t sur l'autre, des avanc?es ici, plus loin de l?gers reculs bient?t suivis de reprises de terrain. Au total, nous progressons, et notamment au Nord-Ouest, o? la lutte est la plus ardente.

Au commencement de la bataille de l'Aisne, les fronts des deux arm?es occupaient deux lignes parall?les entre elles, orient?es suivant la direction Soissons-Reims-Verdun. Actuellement, notre aile gauche, par une avance r?guli?re, a repouss?, vers le Nord-Est, l'aile droite allemande.

Ainsi, dans cette v?ritable lutte de si?ge engag?e depuis vingt jours par nos soldats infatigables contre un ennemi solidement retranch?; dans cette bataille ? propos de laquelle on a rappel? celle de Moukden--qu'elle passe d?j?, en longueur--nous avan?ons toujours.

Or, c'?tait une maxime d'un capitaine de chez eux, du grand Fr?d?ric, que <>.

Solidement appuy?es sur le camp retranch? d'Anvers, les troupes belges harc?lent sans rel?che l'ennemi et lui disputent ?nergiquement le terrain qu'il occupe. Les Allemands ont tent? une diversion sur Schooten, au Nord-Est d'Anvers; ils ont ?t? repouss?s avec des pertes s?rieuses. D'autre part, l'arm?e belge a remport? un gros avantage pr?s de Termonde. Enfin, elle a coup? sur plusieurs points le chemin de fer de Li?ge ? Hasselt, entre Tongres et Bilsen.

Les Allemands, pr?voyant la n?cessit? de se replier de France, se pr?parent ? la r?sistance en territoire belge et y ex?cutent d'importants travaux.

Nous devons mentionner ici plusieurs protestations qui nous arrivent de Hollande, au sujet d'une carte publi?e dans notre num?ro du 8 ao?t. Cette carte, o? ?taient trac?s les itin?raires de l'invasion allemande, tendait ? faire croire que les arm?es du kaiser avaient viol? le territoire n?erlandais. La v?h?mence avec laquelle nos correspondants--et m?me un communiqu? officiel--s'indignent qu'on ait pu supposer la Hollande assez complaisante pour avoir tol?r? le passage de nos ennemis nous touche profond?ment. Ils nous affirment de toute leur ?nergie que leur pays saurait d?fendre au besoin par les armes sa neutralit?, et nous le croyons. Nous esp?rons que la Hollande aura le m?me souci de garder la neutralit? commerciale et se fera scrupule d'?viter sur ce terrain jusqu'au soup?on.

En Galicie, nos alli?s russes ont obtenu d'importants avantages.

L'arm?e russe du Nord qui, sous le commandement du g?n?ral Rennenkampf, s'?tait avanc?e d'abord en Prusse orientale, obligeant l'Allemagne ? y remener une partie des forces qu'elle avait lanc?es contre nous, s'?tait ensuite repli?e, dans une retraite admirable, vers les r?gions de Kovno et de Grodno. Elle a repris l'offensive. Elle a arr?t? l'ennemi et le poursuit actuellement dans la for?t d'Augustov, ? la hauteur de Lyck. Une autre arm?e cerne progressivement Koenigsberg.

L'activit? des Serbes et des Mont?n?grins ne se ralentit pas non plus. Des combats aussi longs et aussi vifs que ceux que nous livrons nous-m?mes se sont d?roul?s sur le front Mitrovitza-Lovnitza-Zvornik-Lioubovia. La derni?re et la meilleure nouvelle qui nous parvient de Serbie est que les alli?s arrivent devant Sarajevo et occupent le massif de la Romania, qui domine la capitale de la Bosnie.

Dans l'Adriatique, la flotte franco-anglaise a occup? l'?le de Lissa et commenc? le bombardement de Cattaro.

La cueillette des colonies allemandes se poursuit m?thodiquement. Les soldats et marins de l'Angleterre et de la France collaborent ? l'occupation du Cameroun; Douala, le port le plus important de cette colonie, s'est rendu le 27. Nous avons repris la plus grande partie des territoires du Congo que nous avions c?d?s en 1911. Des forces britanniques ont occup? la Nouvelle-Guin?e. Enfin, les Japonais viennent d'?craser les Allemands ? 10 kilom?tres de Kiao-Tch?ou.

LE PORTAIL DE LA CATH?DRALE DE REIMS QUI A LE PLUS SOUFFERT

EN BELGIQUE ENVAHIE

Je venais de quitter un Paris silencieux, contenu, courageux, actif--un beau Paris conscient de son devoir, dispos? ? tous les sacrifices, assur? qu'apr?s le dernier ?claterait l'aurore de la victoire; j'?tais en route pour la Belgique ensanglant?e et je me persuadais que je retrouverais la m?me atmosph?re, plus ?pre peut-?tre, car la lutte ?tait commenc?e... Ah! bien oui!... En approchant de Bruxelles, on ne pouvait plus douter qu'il s'agissait d'une kermesse, et ? Bruxelles, vraiment, c'?tait une kermesse! On criait des ?ditions sp?ciales, on vendait des cocardes, les caf?s regorgeaient de clients, les maisons ?taient pavois?es, les tramways ?taient bond?s, les automobiles et les voitures ne circulaient qu'avec peine, et, dans cette foule m?ridionale, il y avait des gardes civiques en armes, <>, ceux des parades et des concours de tir.

Add to tbrJar First Page Next Page

 

Back to top