Read Ebook: L'Illustration No. 3735 3 Octobre 1914 by Various
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Ebook has 160 lines and 12504 words, and 4 pages
Je venais de quitter un Paris silencieux, contenu, courageux, actif--un beau Paris conscient de son devoir, dispos? ? tous les sacrifices, assur? qu'apr?s le dernier ?claterait l'aurore de la victoire; j'?tais en route pour la Belgique ensanglant?e et je me persuadais que je retrouverais la m?me atmosph?re, plus ?pre peut-?tre, car la lutte ?tait commenc?e... Ah! bien oui!... En approchant de Bruxelles, on ne pouvait plus douter qu'il s'agissait d'une kermesse, et ? Bruxelles, vraiment, c'?tait une kermesse! On criait des ?ditions sp?ciales, on vendait des cocardes, les caf?s regorgeaient de clients, les maisons ?taient pavois?es, les tramways ?taient bond?s, les automobiles et les voitures ne circulaient qu'avec peine, et, dans cette foule m?ridionale, il y avait des gardes civiques en armes, <
La Belgique h?ro?que ?tait pourtant tout pr?s, ? quelques pas elle ?tait ici m?me, un peu trop joyeuse, me semblait-il, mais vibrante, pr?te aux sacrifices, elle aussi, bien qu'il ne lui par?t pas qu'on d?t lui en demander de nouveaux.
Or, dans la matin?e du mercredi 19 ao?t, des r?fugi?s de la r?gion de Tirlemont apparurent, le regard perdu et comme ?tonn?s de se retrouver vivants apr?s un cauchemar. Ils arrivaient par la gare et par les routes, dans tous les ?quipages.
Je d?cidai, aussit?t, de partir pour Louvain: je fus arr?t? avant d'y entrer par une patrouille de dragons allemands. Un peu plus tard, ? l'instant o? je fus autoris? ? me retirer, j'aper?us une longue bande grise qui ondulait ? la cr?te d'un repli de terrain. C'?tait un r?giment d'infanterie--d'infanterie allemande--qui se dirigeait sur Louvain.
Lorsque, d?s mon retour ? Bruxelles, je fis part de la rencontre que j'avais faite, on me r?pondit qu'il ne s'agissait que de petites infiltrations d'ennemis et qu'au surplus on prenait les pr?cautions que la situation commandait.
En effet, depuis le matin, les gardes civiques faisaient des tranch?es et posaient des ronces artificielles aux portes de la ville. Le pont du canal de Charleroi ?tait barr? par deux lignes de tombereaux. Tous les <
A 9 heures du soir, on travaillait encore.
Les caf?s devaient fermer ? minuit; on y commentait l'affiche du bourgmestre invitant les possesseurs d'armes ? les d?poser sans retard dans les bureaux de police de leur quartier.
A 10 heures du soir, un coup de clairon ?clata place de la Bourse. Les gardes civiques accoururent, form?rent les rangs, se mirent en route.... On ne devait plus les revoir. A minuit on dirigeait le premier ban sur Gand et l'on d?sarmait le deuxi?me, qui ?tait renvoy? dans ses foyers.
A 6 heures du matin, un Taube se promenait au-dessus de la ville, tandis que, tr?s loin, le canon tonnait vers le Nord-Ouest; ? 8 heures, on me signalait que des Allemands avaient ?t? rencontr?s ? 5 kilom?tres de Bruxelles. Cependant, les journaux paraissent: ils affirmaient qu'il n'y avait rien ? craindre, que les ennemis ne p?n?treraient pas de si t?t dans les faubourgs, que des <
Je songeai aux petits terrassements qu'avaient ex?cut?s, avec tant de coeur, les gardes civiques, et je me repr?sentai une division se heurtant ? ces taupini?res... Je d?cidai donc de regagner Paris, pour ne pas risquer d'?tre inutilement enferm? dans Bruxelles.
A 11 heures, mon train s'?branla; ? une heure et demie, il me ramenait ? mon point de d?part.
A 2 h. 10 minutes, une berline grise d?barquait deux officiers ? l'h?tel de ville!
Je la reverrai toute ma vie, cette automobile, comme, toute ma vie, je reverrai le spectacle qui suivit!
La place de l'H?tel-de-Ville avait ?t? vid?e. Les petites rues adjacentes ?taient barr?es par les agents de police. La vie ?tait comme suspendue; il r?gnait un silence d'ex?cution capitale.
Combien de temps avons-nous attendu l??... Je me souviens qu'? ce moment des hommes se sont montr?s sous le porche de l'h?tel de ville, que du regard ils ont inspect? la place et les fa?ades des maisons, puis ils ont disparu.
Soudain, des pas de chevaux r?sonn?rent sur les pav?s, du c?t? de la rue de la Colline... Trois cavaliers allemands apparurent; puis la t?te d'un r?giment d'infanterie d?boucha, derri?re eux. Aussit?t, une ?p?e sortit du fourreau, un commandement ?clata, rauque, inhumain, pareil ? un cri de menace ou de terreur qui s'?trangle dans la gorge et... des fifres et des tambours entam?rent une marche lente, si lente qu'on aurait cru ? une marche fun?bre et si durement scand?e qu'elle paraissait jou?e par un mauvais orgue de Barbarie.
Derri?re eux, aussit?t, la compagnie se mit au pas de parade; les bottes frapp?rent lourdement le pav? en mesure, la place r?sonna et, de la foule qui se pressait dans la rue du March?-aux-Herbes s'?leva une sorte de rumeur intraduisible, un <Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page