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Read Ebook: Aimer quand même by La Br Te Jean De

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Ebook has 2126 lines and 47285 words, and 43 pages

AIMER QUAND M?ME

DU M?ME AUTEUR, A LA M?ME LIBRAIRIE

PARIS. TYP. PLON-NOURRIT ET Cie, 8, RUE GARANCI?RE--12647.

JEAN DE LA BR?TE

AIMER QUAND M?ME

PARIS

LIBRAIRIE PLON PLON-NOURRIT ET Cie, IMPRIMEURS-?DITEURS 8, RUE GARANCI?RE--6e

Tous droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous pays.

Published 2 July 1909.

Privilege of copyright in the United States reserved under the Act approved March 3d 1905 by Plon-Nourrit et Cie.

AIMER QUAND M?ME

Bernard C?bronne, fils d'un chirurgien qui avait eu ses heures de c?l?brit?, et lui-m?me m?decin ?minent, traversait un soir de mai le jardin du Luxembourg. Absorb? dans une r?verie, il regardait distraitement les vieux arbres, t?moins de tant de vieilles choses, les fleurs de printemps plant?es ? profusion dans les massifs, toutes les beaut?s nouvelles qui rajeunissaient les grandes all?es.

C'?tait un de ces soirs doux et paisibles, o? les promesses de la terre refleurie excitent les bons espoirs, calment les pens?es douloureuses, o? le bien semble ?maner de la nature enti?re, o? rien ne fait pr?voir le mal.

Quelques promeneurs remarquaient la haute taille de M. C?bronne, son visage intelligent aux traits accentu?s, et peut-?tre se demandaient-ils quel ?tait le sujet de sa m?ditation profonde.

La r?ponse leur e?t ?t? donn?e si, le voyant s'arr?ter devant des jacinthes magnifiques, ils l'avaient entendu murmurer: <>

Il s'assit sur un banc et s'absorba dans ses pens?es jusqu'au moment o? il se sentit frapp? sur l'?paule.

--Ah! c'est toi enfin, Henri! Il y a une demi-heure que je t'attends, dit-il au nouveau venu en lui serrant la main.

L'ami, qui venait de le rejoindre, contrastait avec lui de la fa?on la plus compl?te. De taille moyenne, ?l?gante, il n'avait pas cette apparence de force qui frappait chez M. C?bronne. Avec son visage fin, termin? par une barbe en pointe, il ressemblait, moins l'expression d'astuce et de libertinage, aux portraits d'hommes peints ? l'?poque des Valois.

De vieille famille parlementaire, avocat de talent, M. des Jonch?res ?tait li? depuis son enfance avec le docteur C?bronne.

--Quoi! c'est toi qui r?ves si profond?ment, Bernard?

--Je r?ve, oui! Cela t'?tonne chez un homme de travail et d'action.

--Non, rien ne m'?tonne d'une nature comme la tienne... Je soup?onne depuis longtemps que tu es amoureux, mais comme, ?videmment, tu d?sirais cacher tes sentiments, je n'ai pas questionn?... L'heure des confidences est-elle venue?

--Elle est venue... Voil? pourquoi je t'ai pri? de me rejoindre ici.

--Eh bien?

--Eh bien, dit M. C?bronne, passant son bras sous celui de son ami et marchant lentement avec lui, eh bien, dans une heure j'aurai demand? la main de Mlle Gertrude Depl?mont.

--Depl?mont? r?p?ta M. des Jonch?res, je ne vois pas ce nom dans tes relations.

--Non... ce ne sont pas des relations mondaines. Il y a cinq mois, Mme Depl?mont est tomb?e gravement malade, un de mes clients que je soigne depuis dix ans, parent de ces dames, m'a appel? aupr?s d'elles.

--Et alors?

--Alors, pendant des semaines, deux fois par jour, j'ai approch? Mlle Depl?mont. C'est une femme id?ale, dit-il en s'arr?tant tout ? coup.

--La femme qu'on aime est toujours id?ale, r?pliqua en riant M. des Jonch?res.

--Plus ou moins, Henri... et celle-ci a fait ses preuves dans le malheur.

--Dans le malheur... quel malheur?

--Ce sont des femmes du monde ruin?es. D'apr?s un mot de leur ami, M. Depl?mont ne valait pas cher.

--Elles sont de Paris?

--Non, de province. Il y a cinq ans qu'elles se sont install?es ici et travaillent pour vivre; elles n'ont, en effet, qu'une rente viag?re de quinze cents francs que leur a laiss?e une parente.

--Hum! ce sont de bien minces renseignements pour une d?marche aussi grave...

--Il suffit de les voir pour ?tre renseign?, et je sais par leur cousin tout le bien que l'on doit penser d'elles. Aujourd'hui m?me, je vais poser des questions directes sur leur situation et leur pass?. Elles ont certainement des souvenirs tr?s douloureux; lorsque, en causant avec Mlle Depl?mont, je lui ai parl? de son p?re, elle m'a r?pondu avec une ?motion telle que je m'en suis voulu d'avoir touch? ? un deuil qui remonte, je crois, ? quelques ann?es.

L'avocat fron?ait les sourcils d'un air m?content.

--Dr?le de mariage! Bien au-dessous de ta position.

--Si tu voyais mesdames Depl?mont, tu changerais d'avis.

--Elles peuvent ?tre charmantes, mais...

--Mais, interrompit le docteur C?bronne, je me suis mari? une premi?re fois d'apr?s toutes les convenances mondaines, et j'ai ?t? assez malheureux pour ne recommencer qu'? bon escient.

--A bon escient? Pr?cis?ment! je ne vois pas que ce soit le cas.

--Pourquoi?... Mme Depl?mont me dira la v?rit?, quelle qu'elle soit. Mais serai-je accept?? Quels sont les sentiments de Gertrude?

--Tu crois que des femmes, dans une situation aussi pr?caire, refuseront une pareille aubaine? s'?cria M. des Jonch?res.

--Une pareille aubaine! r?p?ta Bernard m?content. Ce n'est pas ? ce bas point de vue qu'elles envisageront ma demande. Nous n'avons pas affaire ? des femmes vulgaires.

--Une fille sans relations, dans une situation peut-?tre tr?s fausse si son p?re a fait quelque grosse sottise...

--Et apr?s?... Je n'ai ni p?re, ni m?re, ni soeur, ni fr?re que mon mariage puisse froisser. Ma position est tr?s ?tablie, et tu sais qu'une certaine sympathie...

--Si je le sais! interrompit M. des Jonch?res. Je sais aussi que la sympathie qui t'accueille partout n'a jamais ?t? plus m?rit?e; je sais que...

--Je ne te demande pas de compliments, dit C?bronne, secouant en riant le bras de son ami. Mais, pour conclure, cette position solide, ma fortune personnelle et mon travail me permettent de me marier comme je l'entends.

--C'est certain... et je ne te dis pas de penser ? un mariage vaniteux, mais entre cela et une union comme celle dont tu parles, il y a loin.

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