Read Ebook: Mémoires de Madame la Duchesse de Tourzel tome second Gouvernante des enfants de France pendant les années 1789 à 1795 by Tourzel Louise Elisabeth Duchesse De Des Cars Fran Ois Joseph De P Russe Duc Editor
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Ebook has 684 lines and 86338 words, and 14 pages
Editor: Fran?ois-Joseph Des Cars
Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e.
THE FRENCH REVOLUTION RESEARCH COLLECTION
LES ARCHIVES DE LA REVOLUTION FRAN?AISE
PERGAMON PRESS Headington Hill Hall, Oxford OX3 0BW, UK
M?MOIRES
DE MADAME
LA DUCHESSE DE TOURZEL
L'auteur et les ?diteurs d?clarent r?server leurs droits de traduction et de reproduction ? l'?tranger.
Ce volume a ?t? d?pos? au minist?re de l'int?rieur en mai 1883.
PARIS. TYPOGRAPHIE DE E. PLON ET Cie, RUE GARANCI?RE, 8.
M?MOIRES
DE MADAME
LA DUCHESSE DE TOURZEL
GOUVERNANTE DES ENFANTS DE FRANCE
PENDANT LES ANN?ES
PUBLI?S PAR
LE DUC DES CARS
TOME SECOND
PARIS
E. PLON ET Cie, IMPRIMEURS-?DITEURS 10, RUE GARANCI?RE
M?MOIRES
MADAME LA DUCHESSE DE TOURZEL
ANN?E 1791
ASSEMBL?E L?GISLATIVE
Discussion sur la formule de prestation du serment et sur la mani?re de recevoir le Roi.--Arriv?e et discours de ce prince ? l'Assembl?e.--Continuation des troubles et commencement de ceux de la Vend?e.--Demande du Roi aux commandants de la marine de ne pas abandonner leurs postes.--M?me demande aux officiers de la part de M. du Portail, ministre de la guerre.--Proclamation de M. de Lessart, ministre de l'int?rieur, pour engager les ?migr?s ? rentrer en France.--Lettre ?crite par le Roi aux ministres ?trangers pour notifier aux puissances l'acceptation de la Constitution, et leur r?ponse ? cette notification.--Changement dans le minist?re.--Troubles d'Avignon.
On d?lib?ra ensuite sur la mani?re de recevoir le Roi, lorsqu'il viendrait ? l'Assembl?e, s'il ne serait pas ? propos de supprimer, en lui parlant, le titre de Majest?, et de se borner ? celui de Roi des Fran?ais; et l'on se permit ? ce sujet des r?flexions peu respectueuses pour l'autorit? royale. On finit cependant par conserver le titre usit?, en rapportant le d?cret qui avait d?j? ?t? prononc?, vu le mauvais effet qu'il produisait dans le public, en d?clarant toutefois que toute la sup?riorit? serait reconnue appartenir ? l'Assembl?e, et que le fauteuil du Roi serait ? la droite de celui du pr?sident et lui serait parfaitement conforme. On convint ensuite que l'on ne se l?verait que pour le moment de l'arriv?e du Roi, et que l'on ne se d?couvrirait que lorsqu'il se serait d?couvert lui-m?me.
On fut promptement ? m?me d'observer ce c?r?monial. Le Roi arriva ? l'Assembl?e, et repr?senta la n?cessit? de donner ? l'administration toute la force et l'autorit? n?cessaires pour maintenir la paix dans le royaume; de s'occuper s?rieusement des finances et des moyens d'assurer la r?partition et le recouvrement de l'imp?t, pour procurer la lib?ration de l'?tat et le soulagement du peuple. Il fit sentir la n?cessit? de simplifier les proc?dures, de s'occuper de l'?ducation publique, d'encourager le commerce et l'industrie, de prot?ger la libert? de croyance de chacun et les propri?t?s, afin d'?ter par l? tout pr?texte de quitter un pays o? les lois seraient mises en vigueur, et dans lequel on saurait respecter les lois et les propri?t?s.
Il promit, de son c?t?, de ne rien n?gliger pour le r?tablissement de la discipline militaire et de la marine, si n?cessaire pour prot?ger le commerce et les colonies; il ajouta que les mesures qu'il avait prises pour entretenir la paix et l'harmonie entre les puissances ?trang?res lui donnaient tout lieu d'esp?rer que sa tranquillit? ne serait pas troubl?e.
M. Pastoret, pr?sident de l'Assembl?e, r?pondit ? ce discours par un ?loge pompeux de la Constitution, qui, loin d'?branler la puissance royale, lui donnait des bases plus solides et rendait le Roi le plus grand monarque de l'univers, et il l'assura que son union avec l'Assembl?e pour la pleine et enti?re ex?cution de la Constitution remplissait le voeu des Fran?ais, dont les b?n?dictions en seraient le fruit.
L'acceptation de la Constitution ne ramena pas la paix en France, et il y eut m?me peu de temps apr?s un commencement de troubles dans la Vend?e, au sujet des pers?cutions religieuses. On y envoya des commissaires, entre autres Goupilleau de Fontenay, qui, connaissant bien le pays, engagea l'Assembl?e ? prendre des moyens de douceur vis-?-vis d'un peuple qui ne demandait que la libert? de sa croyance, en se chargeant des frais de son culte, lequel peuple ?tait d'ailleurs simple, soumis aux lois, et d'un naturel docile.
M. Thevenard, ministre de la marine, ayant donn? sa d?mission, fut remplac? par M. Bertrand. Le profond attachement de ce dernier pour le Roi, et un caract?re bien prononc?, ?taient des motifs suffisants pour lui attirer la haine d'une Assembl?e dont il ne voulait pas ?tre le vil flatteur. Aussi encourut-il promptement sa disgr?ce, malgr? son extr?me attention ? ?viter tout ce qui pouvait blesser l'orgueil de ses membres, et ? faire ex?cuter ponctuellement tous les articles de la Constitution.
Par le conseil de ce ministre, le Roi ?crivit de sa main aux commandants de la marine une lettre, contre-sign?e Bertrand, pour les engager, par les motifs les plus sacr?s, ? ne pas abandonner leur poste, et ? sentir ce qu'ils devaient ? leur pays et ? leur roi dans les circonstances difficiles o? l'on se trouvait. Mais, pour que leur pr?sence f?t utile, il e?t fallu supprimer cet esprit d'insubordination soutenu par l'Assembl?e, qui mettait les officiers dans l'impossibilit? de se faire ob?ir, et par cons?quent d'op?rer aucun bien.
M. du Portail voulut imiter la conduite de M. Bertrand vis-?-vis des officiers de l'arm?e de terre, malgr? le peu de confiance qu'il pouvait inspirer, ce ministre ?tant regard? comme le moteur de l'insurrection, par sa demande d'admission des soldats dans tous les clubs du royaume.
M. de Lessart fit aussi, de son c?t?, une proclamation pour engager les ?migr?s ? rentrer en France, les assurant que le Roi ne regarderait comme de v?ritables amis que ceux qui reviendraient dans leur pays, o? leur pr?sence ?tait si n?cessaire, leur repr?sentant, de plus, que si leur attachement pour sa personne les avait fait h?siter de pr?ter un serment qu'ils consid?raient comme incompatible avec leurs devoirs, la conduite de Sa Majest? leur ?tait tout pr?texte de s'y refuser.
Mais la conduite de l'Assembl?e n'?tait rien moins que propre ? appuyer la demande du Roi, et ? persuader les ?migr?s de l'utilit? de leur retour. Aussi cette proclamation fut-elle loin de produire l'effet qu'en avait esp?r? M. de Lessart.
L'Assembl?e profita d'une erreur qui avait retard? la mise en libert? de quatre soldats accus?s d'insubordination, pour d?clamer contre les ministres. Une p?tition de sc?l?rats d?tenus dans les prisons donna occasion aux injures les plus violentes contre leurs personnes. On voulut qu'ils se pr?sentassent continuellement ? la barre pour rendre compte de leur conduite, et tout annon?a, d?s le commencement de la s?ance, l'impossibilit? o? ils se trouveraient d'exercer les fonctions de leur minist?re. Le but de l'Assembl?e ?tait d'en d?go?ter les v?ritables serviteurs du Roi, en leur ?tant tout moyen de le servir, et de forcer ce prince ? les remplacer par leurs amis et leurs cr?atures.
M. de Montmorin, ne pouvant plus soutenir la mani?re imp?rieuse dont l'Assembl?e traitait les ministres, et les insultes journali?res qu'elle leur faisait ?prouver, demanda et obtint sa d?mission. M. de Lessart, ministre de l'int?rieur, fut charg? du portefeuille, en attendant la nomination de son successeur. Le Roi en fit part ? l'Assembl?e, ainsi que de la nomination de MM. Geoffroy, de Bonnaire de Forges, Boucaut, Gilbert des Molli?res et Desjobert pour commissaires de la tr?sorerie.
M. Tarb? les avait indiqu?s ? Sa Majest?, qui les avait accept?s sans balancer. Ce ministre ?tait sinc?rement attach? au Roi; j'eus occasion de le voir, et il me parla de ce prince de la mani?re la plus touchante. Il ?tait persuad? de la n?cessit? de faire respecter son autorit?, sans compromettre sa personne, et, pour y parvenir, de n'accorder des places qu'? des gens instruits et capables de les bien remplir, de mani?re que le public p?t faire la diff?rence des choix du Roi avec ceux de l'Assembl?e. Mais la pers?cution que cette derni?re faisait souffrir ? ceux qui ne partageaient pas son d?lire rendit souvent inutile cette sage pr?caution.
Le Roi fit ?galement annoncer ? l'Assembl?e le choix qu'il avait fait de MM. de Brissac d'Hervilly et de Pont-l'Abb? pour commander sa garde constitutionnelle: le premier pour la commander en chef, le second pour ?tre ? la t?te de la cavalerie, et le troisi?me ? celle de l'infanterie. La conduite franche, loyale et pleine d'honneur du duc de Brissac lui avait acquis l'estime g?n?rale, et ceux qui ne partageaient pas ses opinions ne pouvaient s'emp?cher de le respecter. Les deux autres ?taient d'excellents officiers, et dont la r?putation ne laissait rien ? d?sirer; aussi ces choix furent-ils g?n?ralement approuv?s. J'ai peu connu M. de Pont-l'Abb?, mais beaucoup M. d'Hervilly, dont le d?vouement au Roi ?tait sans bornes, et duquel j'aurai occasion de parler dans la suite de ces m?moires.
Quoique M. de Montmorin e?t quitt? le minist?re, il fut charg? par le Roi de donner communication ? l'Assembl?e de la notification qu'il avait donn?e aux puissances de l'Europe de son acceptation de la Constitution, et de la r?ponse de chacune d'elles. Elle ?tait dans le m?me sens que toutes les lettres que l'on avait fait ?crire au Roi depuis son retour de Varennes, et ses ministres dans les cours ?trang?res ?taient charg?s d'insister aupr?s des puissances sur la n?cessit? o? avait ?t? le Roi d'accepter une Constitution pour laquelle le voeu du peuple ?tait si fortement prononc?; que le Roi, qui n'avait en vue que le bonheur de ses sujets, serait au comble de ses voeux, si les restrictions mises ? son autorit? remplissaient le but que l'Assembl?e s'?tait propos?; que les imperfections que l'on pouvait remarquer dans la Constitution avaient ?t? pr?vues; et qu'il y avait tout lieu d'esp?rer qu'elles pourraient ?tre r?par?es sans livrer la France ? de nouvelles secousses.
Le roi d'Espagne r?pondit qu'il ?tait loin de vouloir troubler le repos de la France, mais qu'il ne pouvait croire ? la libre accession du Roi son cousin ? la Constitution, tant qu'il ne le verrait pas ?loign? de Paris et des personnes soup?onn?es de lui faire violence.
Le roi de Su?de d?clara avec sa franchise ordinaire que le roi de France n'?tant pas libre, il ne pouvait reconna?tre aucune mission de la part de la France.
Les autres puissances ne parl?rent que de leur d?sir de voir le bonheur du Roi ?tre le fruit de tous les sacrifices qu'il faisait ? celui de la France; mais, comme elles ne parlaient que tr?s-succinctement de la nation, elles furent loin de satisfaire l'Assembl?e, encore plus enivr?e de sa puissance que celle qui l'avait pr?c?d?e.
M. de Montmorin l'assura qu'elle n'avait rien ? craindre des puissances ?trang?res, et que c'?tait au Roi qu'on devait la tranquillit? de la France; mais que pour la maintenir il fallait mettre les lois en vigueur, et faire cesser l'abus des ?crits incendiaires qui y mettaient un obstacle journalier.
Goupilleau et Audrein se plaignirent de ce que M. de Montmorin ne rendit pas compte de l'?tat de la n?gociation avec la Suisse pour faire participer les d?serteurs de Ch?teauvieux ? l'amnistie accord?e aux d?serteurs fran?ais. <
Depuis un mois qu'elle avait ouvert ses s?ances, il y en avait eu bien peu qui n'eussent ?t? de nature ? affliger le coeur du Roi et ? lui d?montrer l'impossibilit? d'en esp?rer aucun bien. Sa conduite lors des massacres d'Avignon suffisait seule pour en ?ter tout espoir.
La ville d'Arles, menac?e par les brigands qui d?solaient le comtat d'Avignon, prit le parti de la r?sistance. Elle d?clara ? l'Assembl?e sa r?solution de se d?fendre plut?t que d'?tre victime de la rage de ces forcen?s. Les nouveaux troubles d'Avignon pouvaient l?gitimer cette r?sistance, m?me aux yeux de l'Assembl?e.
Les brigands, ayant ? leur t?te Antonelle, non contents de leurs premiers exc?s, voulurent encore s'approprier les d?pouilles des monast?res et des ?glises d'Avignon. Ils en pill?rent les objets pr?cieux et les vendirent ? des juifs, bris?rent les cloches, et finirent par s'emparer de l'argent qui ?tait au mont-de-pi?t?. La sortie de la ville de tant d'objets pr?cieux occasionna de grands murmures. L?cuyer, un des chefs de ces bandits, pensa qu'ils en pouvaient profiter pour exciter un mouvement, qu'ils attribueraient aux personnes oppos?es ? la r?union du Comtat ? la France. Ils parviendraient par ce moyen ? se d?barrasser de leurs ennemis et ? ?viter de rendre compte des effets pr?cieux dont ils s'?taient empar?s. Mais, tromp? dans son attente, il devint lui-m?me victime de sa perfidie.
Un grand nombre de m?contents, auxquels s'?tait jointe une troupe de femmes, se rassembla dans l'?glise des Cordeliers et somma L?cuyer et ses complices de s'y rendre sur-le-champ. L?cuyer n'osa s'y refuser. Press? par cette assembl?e de rendre compte des effets dont il s'?tait empar?, la frayeur s'empara de lui; il perdit la t?te et voulut s'enfuir. Il excita par l? la fureur des meneurs de cette assembl?e, qui se jet?rent sur lui et le mirent en pi?ces.
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