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Read Ebook: L'Illustration No. 0008 22 Avril 1843 by Various

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Ebook has 284 lines and 32111 words, and 6 pages

Cependant les Tuileries verdoient et sont en fleurs, et les petits enfants s'?battent au soleil avec insouciance, se roulant sur le sable, ?gayant l'air de leurs cris joyeux, ou venant se jeter avec un gai sourire dans les bras de la m?re attentive qui les provoque de loin, ou les guette et les surprend au passage.

LES Danseurs espagnols.

Tribunaux.

COUR D'ASSISES DU BRADANT.--PROC?S SIREY.

La cour d'assises du Brabant vient de prononcer son arr?t dans la d?plorable affaire qui appelait devant un tribunal ?tranger M. Caumartin, avocat, membre du barreau de Paris, sous la pr?vention d'homicide volontaire commis ? Bruxelles sur la personne de M. Aim? Sirey, dans l'appartement de mademoiselle Catinka Heinefetter. M. Caumartin a ?t? acquitt?.

Nous n'avons pas le d?sir de reproduire ici les d?tails de ce proc?s scandaleux; il y a l? cependant un enseignement grave qu'il importe au moins de constater. On se rappelle les faits.

Une jeune femme, cantatrice assez estim?e, avait accueilli ? Paris les soins assidus de M. Caumartin, qui avait con?u pour elle une passion violente. Mademoiselle Heinefetter quitte Paris, se rend ? Bruxelles, d'o? elle ?crit des lettres pleines de tendresse ? M. Caumartin, pendant qu'elle accepte les soins et l'amour de M. Sirey, homme mari?, p?re de famille. M. Caumartin va rejoindre ? Bruxelles mademoiselle Heinefetter; il arrive chez elle au moment o?, sortant du concert, mademoiselle Heinefetter allait se mettre ? table avec M. Sirey et plusieurs amis. Une querelle violente, grossi?re, brutale, s'engage entre les deux rivaux; des soufflets, des coups de canne, sont de part et d'autre donn?s et re?us. M. Caumartin, porteur d'une canne ? dard, s'en arme pour sa d?fense, et en se pr?cipitant contre son adversaire, M. Sirey s'enferre lui-m?me et meurt instantan?ment.

Il est sans doute plus consolant de croire, ainsi que l'a jug? la cour d'assises du Brabant, que cet homicide a ?t? involontaire; que, suivant l'expression du d?fenseur de M. Caumartin, il n'y a pas eu de meurtrier dans cette affaire, et que <> mais puisque l'on a invoqu? le nom de Dieu, ne serait-ce pas aussi qu'il a voulu donner une grande le?on ? notre jeune g?n?ration et lui rappeler les devoirs que l'?tat, actuel de nos institutions lui impose?

Nos deux R?volutions ont plac? la bourgeoisie fran?aise ? la t?te du grand mouvement social dont la France est le centre; les classes ouvri?res, trait?es en mineures, sont jusqu'? ce jour exclues de toute participation aux droits politiques, aux affaires publiques. Nous ne critiquons pas ici cet ?tat de choses, nous le constatons, et nous demandons si c'est ainsi que les jeunes hommes ?clair?s, les h?ritiers de grandes fortunes, comprennent les devoirs de leur position. Nous demandons si c'est avec de si scandaleux exemples que la bourgeoisie peut pr?tendre ? diriger et ? moraliser les classes laborieuses et pauvres de la soci?t?.

Et qu'on ne nous accuse pas de g?n?raliser un fait isol?. Ce n'est pas seulement la mort de M. Sirey et le proc?s de M. Caumartin qui nous pr?occupent ici; mais les tendances g?n?rales se manifestent toujours par des faits de ce genre. Depuis le fameux proc?s Gisquet, combien de fois la classe bourgeoise est-elle venue d?poser publiquement en face de nos tribunaux des petites passions et de;'?go?sme qui la d?consid?rent aux yeux du peuple et rendent son influence nulle ou pernicieuse!

Ce n'est pas comme une menace, c'est au nom des sentiments pacifiques qui sont aujourd'hui dans les plus nobles coeurs, que nous ?voquons ce souvenir. Le temps des r?volutions politiques est pass?, nous l'esp?rons; la sagesse du peuple en fait foi; mais c'est ? la condition que ceux qui exercent le pouvoir seront meilleurs, plus forts et plus moraux que les autres. C'est donc un devoir pour la presse de rappeler ? la v?ritable intelligence de sa mission, de ses propres int?r?ts, cette bourgeoisie si fi?re de son pouvoir, de ses lumi?res et de ses richesses; mais qui jusqu'ici, dans l'exercice de la direction supr?me qu'elle exerce sur les destin?es du pays, n'a su s'environner d'aucun prestige de g?n?rosit? et de grandeur.

C'est surtout dans ce sens que les d?tails si p?nibles du proc?s qui vient de se d?nouer devant la cour d'assises du Brabant ont produit en France une impression f?cheuse. Il peut ?tre ? craindre qu'aux yeux du peuple, ce n'ait ?t? la jeunesse bourgeoise tout enti?re qui posait sur la sellette d'un tribunal ?tranger et se fl?trissait au contact de femmes perdues. Et pourquoi non? Ne disait-on point qu'il y avait solidarit? entre tous les ouvriers de nos villes industrielles, alors que l'insurrection de quelques-uns y mettait l'ordre public en p?ril? Que nos jeunes bourgeois y songent, eux qui ont tous les avantages de notre ?tat social; s'ils veulent ?tre un corps politique, s'ils veulent gouverner et administrer la soci?t?, i! faut qu'ils pensent ? conserver autre chose que leur fortune, leurs honneurs, leurs droits personnels; il faut surtout qu'ils usent noblement, g?n?reusement de leurs avantages; il faut qu'au lieu de se donner en spectacle ? la classe ouvri?re et de s'attirer son m?pris ou sa haine, ils se rapprochent d'elle, et pr?parent par de sages mesures son ?mancipation.

<>

Puisse ce juste reproche d'un magistrat ?tranger ?tre profitable aux jeunes h?ritiers de notre bourgeoisie!

Si le proc?s Sirey n'a point fait honneur ? nos moeurs, il a ?t? l'occasion d'un nouveau triomphe pour notre barreau.

L'?loquente et chaleureuse plaidoirie de M. Chaix-d'Est-Ange n'a pas peu contribu? ? l'acquittement de M. Caumartin. Nous croyons ?tre agr?ables ? nos lecteurs en ajoutant aux r?flexions qui pr?c?dent le portrait et la biographie de l'honorable b?tonnier du barreau de Paris.

M. Chaix-d'Est-Ange, b?tonnier ?le l'ordre des avocats ? la cour Royale de Paris, est n? ? Reims le 11 avril 1800. Sa r?putation a devanc? les ann?es; et, par ses habitudes, la nature de son talent, la vivacit? de son esprit, il est le repr?sentant fid?le du barreau tel que nous le voyons actuellement.

Orphelin ? dix-neuf ans, ayant six cents francs pour tout patrimoine, M. Chaix-d'Est-Ange allait trouver dans son dipl?me de licenci? en droit, ce parchemin le plus souvent si st?rile, le principe de sa fortune. Un an apr?s il d?butait ? la Cour des Pairs, et portait la parole avec succ?s dans l'affaire des ?v?nements de juin 1820, dans celle de la conspiration du 19 ao?t de la m?me ann?e, et dans le proc?s de La Rochelle. La bienveillance des nobles pairs l'accueillit et sut l'encourager, M. de S?mouville, en le prenant, ? son esprit caustique, pour quelqu'un de sa famille, lui offrit son assistance. Le jeune avocat n'en fit pas usage et garda cependant la plus vive reconnaissance pour les proc?d?s dont il ?tait l'objet.

Dans l'affaire Latonci?re, M. Chaix-d'Est-Ange r?siste seul ? la dialectique pressante de M. Odilon-Barrot et aux accents pleins d'?motion de M Betryer. Son client est cependant condamn?, et le proc?s est perdu, mais non ?clairci. Dans l'affaire Benoit, M. Chaix-d'Est-Ange; obtient un triomphe inou? dans les fastes judiciaires. Comme avocat de la partie civile, il arrache ? un mis?rable parricide l'aveu de son crime. Vaincu par la parole accusatrice de l'avocat, qui renouvelle pour lui les tortures de la question, le coupable confesse, au milieu du bruit, du tonnerre et des ?clairs qui sillonnent la cour d'assises, le crime qui a failli mener un innocent ? l'?chafaud. Le Palais garde souvenir d'un grand nombre d'autres affaires, telles que les affaires Ardisson, Fouch?res, du proc?s tout r?cent du Gymnase-Dramatique contre la soci?t? des gens de lettres, qui furent plaid?es par il. Chaix-d'Est-Ange avec un grand ?clat. Il est aussi l'avocat n?cessaire des s?parations de corps.

Une pens?e pr?occupe les amis de M. Chaix-d'Est-Ange: dans la voie qu'il s'est trac?e, il n'a plus rien ? acqu?rir. Ce que l'esprit peut inspirer de plus vif, l'imagination de plus impr?vu et de plus ?clatant, l'ironie de plus acerbe et de plus incisif, le path?tique de plus puissant, M. Chaix-d'Est-Ange l'a rencontr?. Il lui resterait peut-?tre, pour se montrer sous une autre face, ? entrer hardiment dans une voie plus grave, o? la m?ditation, o? l'?tude attentive, viendraient temp?rer la fougue et l'impr?vu de ses inspirations. Il a eu lui la puissance de cette transformation, voudra-t-il l'accomplir?

M. Chaix-d'Est-Ange a longtemps fait partie de la Chambre des D?put?s. Un des premiers il usait du b?n?fice des nouvelles lois d'?ligibilit?, et la ville de Reims, alors qu'il n'avait que trente ans, lui donnait la mission de la repr?senter. Les R?mois ont depuis remplac? l'avocat par un chimiste.

Mariage de la princesse Cl?mentine.

Le mariage de la princesse Cl?mentine d'Orl?ans avec le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha a ?t? c?l?br? dans la soir?e de jeudi dernier, 20 avril, au palais de Saint-Cloud, dans la grande galerie attenante ? la chapelle.

Les ministres secr?taires d'?tat, les mar?chaux de France, le chancelier, le pr?sident, les vice-pr?sidents et secr?taires de la Chambre des Pairs; le pr?sident, les vice-pr?sidents et secr?taires de la Chambre des D?put?s; les officiers de la maison du Roi et des Princes; les dames de la Reine et des Princesses, s'?taient r?unis, vers huit heures, dans les salons du Roi.

La galerie d'Apollon avait ?t? dispos?e pour le mariage civil, que notre gravure repr?sente, et on s'y rendit, ? neuf heures, dans l'ordre suivant:

Le Roi donnait le bras ? madame la princesse Cl?mentine, la Reine ?tait conduite par S. A. S. le prince Auguste.

Venaient ensuite le roi des Belges, la reine douairi?re d'Espagne, le duc Ferdinand de Saxe-Cobourg, p?re du fianc?, et la reine des Belges; le duc et madame la duchesse de Nemours, M. le duc de Montpensier et madame la princesse Adelaide, le duc Alexandre de Wurtemberg et la princesse h?r?ditaire de Saxe-Cobourg-Gotha, le prince h?r?ditaire et le prince L?opold de Saxe-Cobourg.

Le prince de Joinville et le duc d'Aumale, absents pour le service du roi, manquaient ? cette c?r?monie. On remarquait ?galement l'absence de madame la duchesse d'Orl?ans, qui, depuis le commencement de son deuil, persiste ? se tenir renferm?e, avec ses deux fils, dans ses appartements des Tuileries.

Les t?moins ?taient:

Pour S. A. S. le prince Auguste, M. le baron de Koenneritz, ministre pl?nipotentiaire du roi de Saxe, et M. le marquis de Rumigny, ambassadeur du roi ? la cour de Belgique.

Pour S. A. R. madame la princesse Cl?mentine, M. le baron S?guier, premier vice-pr?sident de la Chambre des Pairs; M. Sauzet, pr?sident de la Chambre des D?put?s; M. le mar?chal comte G?rard et M. le mar?chal comte S?bastiani.

La famille royale et les t?moins se rang?rent, dans la galerie, autour d'une table circulaire sur laquelle avaient ?t? d?pos?s les registres de l'?tat-civil. Les deux fianc?s ?taient au milieu; ? la droite de la princesse Cl?mentine, le roi Louis-Philippe, la reine, la duchesse de Nemours et la reine des Belges; ? gauche du prince Auguste, le duc Ferdinand, son p?re, le roi des Belges, M. le duc de Nemours, le prince h?r?ditaire et le plus jeune des princes de Saxe-Cobourg; des deux c?t?s, et formant le cercle, les princes, les princesses, puis les t?moins. En face des futurs ?poux se tenait M. le baron Pasquier, chancelier de France, ayant ? sa droite M. le pr?sident du conseil des ministres et M. le garde-des-sceaux, entour? des autres magistrats, et ? sa gauche, le M. duc Decazes, grand-r?f?rendaire, M. Cauchy, garde des archives de la Chambre des Pairs.

M. le chancelier, qui remplissait les fonctions d'officier de l'?tat-civil, apr?s avoir pris les ordres du roi, donna lecture du projet d'acte de mariage. Il re?ut ensuite des deux fianc?s la d?claration exig?e par l'art. 73 du Code civil, et pronon?a que le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha et la princesse Cl?mentine d'Orl?ans ?taient unis en mariage.

Les nouveaux ?poux, LL. MM. les princes, les princesses et les t?moins, sign?rent alors l'acte de mariage, qui fut clos par M. le pr?sident du conseil des ministres, par M. le garde-des-sceaux, par M. le chancelier et M. le ministre des affaires ?trang?res, et M. le grand-r?f?rendaire de la Chambre des Pairs.

Cela fait, on descendit dans la chapelle du ch?teau, o? M. l'?v?que de Versailles c?l?bra le mariage religieux.

Le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha est ?g? de vingt-quatre ans environ. C'est un grand jeune homme, tr?s-blond, qui ressemble beaucoup ? madame la duchesse de Nemours, sa soeur cadette. Il ?tait derni?rement encore major dans les arm?es d'Autriche; mais il vient de quitter le service de cette puissance.

La maison de Saxe-Cobourg tient un haut rang parmi les maisons princi?res de l'Europe. Le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg, p?re de l'?poux de madame la princesse Cl?mentine, est peu m?l?, il est vrai, aux affaires politiques. Retir? ? Vienne, il y d?pense assez tranquillement, assez bourgeoisement, si l'on veut, ses immenses revenus. Cependant, il est le fr?re du roi des Belges, du duc r?gnant de Saxe-Cobourg-Gotha et de la duchesse de Kent, m?re de la reine Victoria d'Angleterre.

De ses trois fils, l'un est mari? ? la reine de Portugal; le second vient d'?pouser la princesse Cl?mentine, et le troisi?me, le prince L?opold de Saxe-Cobourg, qui est venu, ainsi que nous l'avons dit, assister au mariage, n'a pas plus de dix-sept ? dix-huit ans.

Le nouvel ?poux de la princesse Cl?mentine est donc fr?re a?n? de madame la duchesse de Nemours, neveu du roi des Belges et du duc r?gnant de Saxe-Cobourg, fr?re du roi de Portugal et cousin de la reine d'Angleterre.

Le prince Auguste est, dit-on, un jeune homme studieux, aim? et consid?r? en Allemagne.

Quant ? la princesse Cl?mentine, tout ce que nous savons d'elle, c'est qu'elle a ?t? ?lev?e par madame Angelet, femme tr?s-distingu?e, soeur de deux officiers morts ? Waterloo. Depuis la mort de l'infortun?e princesse Marie, madame la princesse Cl?mentine s'est vou?e ? l'?ducation de son neveu, le petit duc de Wurtemberg. Elle a exprim? le d?sir de continuer, apr?s son mariage, les m?mes soins au fils de sa soeur. La princesse Cl?mentine compte un an de plus que son ?poux.

Le contrat de mariage constitue ? madame la princesse Cl?mentine un revenu annuel de 500,000 fr. et 100,000 fr. au prince Auguste. On a dispos? avec beaucoup de luxe les appartements que les jeunes ?poux doivent occuper au palais de Saint-Cloud jusqu'au mois de juillet. Ils iront, ? cette ?poque, faire un voyage en Allemagne et en Belgique, et reviendront ensuite s'?tablir ? Paris, ? l'?lys?e-Bourbon.

UN CHAPITRE IN?DIT Des M?moires de J?r?me Paturot.

UN SUCC?S CHEVELU.

Parmi les c?l?brit?s qui fr?quentaient ma maison, figurait ce que l'on se pla?t ? appeler un G?nie. Le mot a ?t? prodigu?, mais il a encore quelque valeur. C'est du reste un ?tat plein de charmes, quand on l'exerce en conscience et avec gravit?. Tout homme qui h?site et qui doute y est impropre; il faut croire en soi pour y exceller et ne pas broncher dans cette croyance. Alors on monte sur les sommets de l'art, on devient un G?nie qui a du m?tier, qui sait son affaire. C'est l'id?al de l'emploi.

Le G?nie qui daignait m'honorer de ses visites, et que je n'amoindrirai pas en employant son nom vulgaire, ce G?nie ?tait particuli?rement dou? de cette bonne opinion de lui-m?me, qu'il d?guisait sous une modestie parfaite. Il ?tait impossible de s'adorer avec plus d'humilit?, de poser avec plus de d?cence. Il ne tenait pas aux apparences de l'orgueil, et c'?tait de sa part une preuve d'esprit: en toutes choses il songeait aux r?alit?s, pierre de touche du vrai G?nie. J'ai peu vu d'amours-propres se d?guiser avec cet art, et s'envelopper d'une candeur plus habile. Du reste, c'?tait l? le moindre contraste qu'offrit mon G?nie; on e?t dit une antith?se vivante. Les instincts r?volutionnaires ?taient temp?r?s par des formes pleines de go?t et de dignit?; il n'avait du niveleur que la plume, et faisait du bouleversement litt?raire en gants Jouvin.

Le don ?minent de mon ami le G?nie ?tait de ne jamais s'abandonner. Il avait, sur la mani?re dont se forment les r?putations, des id?es qui t?moignaient une profonde connaissances du coeur humain; il ne croyait ? aucune des chim?res des ?mes adolescentes, par exemple, au succ?s naturel et spontan?, ? l'hommage que le public rend de lui-m?me au m?rite. Il n'avait vu des triomphes de ce genre se r?aliser que pour les morts, et encore la vanit? personnelle d'un vivant y ?tait-elle presque toujours int?ress?e. P?n?tr? de cette conviction, que les oeuvres sont ce qu'on les fait, et qu'une vogue ne rapporte qu'en raison des soins qu'elle co?te, il avait introduit ce principe dans sa pratique litt?raire, et s'?tait fray? des voies nouvelles dans la pr?paration de l'enthousiasme public. Avant lui personne n'avait manipul? l'opinion avec cette d?licatesse, excit? la curiosit? avec ce tact, ma?tris? la vogue avec cette puissance. N'e?t-il ?t? G?nie que par ce c?te, il l'?tait en d?pit de ses ennemis.

Le G?nie en avait, des ennemis: n'en a pas qui vent! Le premier il avait compris que les ennemis forment un ?l?ment essentiel de la gloire; qu ils r?chauffent l'attention, et qu'ils peuvent ?tre employ?s utilement dans ce travail de notori?t? que toute ouvre n?cessite pour devenir c?l?bre. Les ennemis seuls tiennent en haleine le z?le des partisans, ?veillent dans le public un sentiment passionn?, cr?ent la controverse, et poussent au scandale, cet apog?e de la tactique. Qu'en r?sulte-t-il? que le public se trouve saisi de la chose avant l'?v?nement, qu'il s'en occupe, prend parti pour ou contre, et livre, ? son sujet, des combats dans le vide. L'univers ne conna?t pas le premier mot du chef-d'oeuvre, et il est pr?t ? en venir aux mains pour l'attaquer ou pour le d?fendre.

Quand le G?nie vit que les journaux menaient naturellement leur petit bruit, il se tourna vers d'autres soins.

<>

Puis il se tourna vers le directeur du th??tre qu'il honorait de son oeuvre, et lui dit avec une modestie adorable:

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