Read Ebook: Curiosités historiques sur Louis XIII Louis XIV Louis XV Mme de Maintenon Mme de Pompadour Mme du Barry etc. by Le Roi J A Joseph Adrien
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Ebook has 1024 lines and 107386 words, and 21 pages
Voyons dans le r?cit pr?c?dent ce qui se rapporte aux appartements du ch?teau.
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Charles Bernard ajoute de son c?t?: <
LA NAISSANCE DU DUC DE BOURGOGNE.
Une premi?re pens?e dut se pr?senter ? lui dans une conjoncture aussi grave: ? qui remettrait-on le soin d'accomplir cette op?ration importante? ? un accoucheur ou ? une sage-femme?
L'accoucheur choisi, il fallait s'occuper de prendre une nourrice. Celles-ci ne manqu?rent point; et il en vint s'offrir de tous c?t?s. On ?tait dans l'usage de les choisir vers le septi?me mois de la grossesse.
Peut-?tre para?tra-t-il curieux de conna?tre les conditions exig?es alors pour ?tre la nourrice d'un prince.--Elle devait ?tre ?g?e de vingt-deux ? trente ans,--avoir un lait de trois mois,--avoir d?j? fait une nourriture ?trang?re,--?tre d'un temp?rament sanguin,--avoir les cheveux noirs ou d'un ch?tain brun,--avoir une constitution forte et robuste,--?tre assez grasse,--avoir bon app?tit,--et n'?tre d?licate ni sur le boire, ni sur le manger,--?tre gaie et de bonne humeur,--avoir toujours le mot pour rire,--n'?tre sujette ? aucune incommodit?,--ne sentir mauvais ni de la bouche, ni des aisselles, ni des pieds,--n'avoir point de dents g?t?es et les avoir toutes,--avoir la peau blanche et nette,--enfin avoir tous les signes d'une bonne sant?.--Il fallait de plus qu'elle f?t assez jolie,--gracieuse dans son parler,--bien faite dans sa taille,--ni trop grande, ni trop petite, ni bossue, ni boiteuse, et qu'elle n'e?t aucun accent prononc?.--Mais ce qu'on exigeait surtout, c'?tait que la gorge f?t bien faite et cont?nt suffisamment de lait.--Quant au lait, on n'avait pas alors les moyens que l'on poss?de actuellement pour juger de sa bont?, et l'on s'en rapportait ? son aspect et ? son go?t.
La cons?quence ? tirer de cette histoire, c'est que, malgr? tous les certificats, on peut encore ?tre tromp?; car, si le hasard n'avait pas fait conna?tre ? l'accoucheuse de la reine l'?tat ant?rieur du mari de cette femme, elle aurait ?t? parfaitement accept?e pour nourrice de la fille du roi. Ainsi donc, s'il est bon, en tout ?tat de choses, de t?cher d'avoir les meilleurs renseignements sur la vie ant?rieure d'une nourrice, il faut cependant, sous ce rapport, s'en remettre un peu ? la gr?ce de Dieu.
L'accouchement tant d?sir? de la Dauphine eut lieu au mois d'ao?t 1682. Le roi venait de fixer depuis quelques mois son s?jour ? Versailles, et cette ville pr?senta alors le plus curieux spectacle.
Depuis pr?s d'un mois, Cl?ment ?tait ?tabli dans les appartements du ch?teau, lorsque le mardi 4, dans la soir?e, la Dauphine ressentit les premi?res douleurs. Depuis ce moment jusqu'au jeudi 6, jour de la d?livrance, l'accoucheur ne quitta plus la princesse. Aussit?t les premi?res douleurs, la Dauphine fit pr?venir la reine et la pria de n'en rien dire, pour ?viter dans ces premiers moments le trouble que cette nouvelle allait jeter parmi tout le monde. Le Dauphin vint aussi et ne quitta pas la chambre de la nuit. Cependant, comme elle souffrait de plus en plus, vers une heure du matin le bruit s'en r?pandit dans tout le ch?teau.
Lorsque les reines accouchaient, on pr?parait pr?s de leur chambre ordinaire une autre chambre o? devait se terminer l'accouchement, et dans laquelle se tenaient toutes les personnes ayant le droit d'y assister. C'?tait dans cette derni?re chambre qu'?taient le lit o? elles restaient apr?s l'accouchement et le lit de travail. Celui-ci ?tait plac? dans une esp?ce de petite tente pour la reine, le roi, l'accoucheuse et les aides. Cette tente ?tait entour?e d'une autre, beaucoup plus grande, pour les assistants. Ce c?r?monial ne fut pas suivi pour la Dauphine, et l'accouchement se fit dans sa chambre ? coucher.
Bient?t toute la cour fut en mouvement. Les princes et les princesses du sang se rendirent aussit?t chez la Dauphine. Les cours, les places, le chemin de Versailles ? Paris, furent ?clair?s presque comme en plein jour par la grande quantit? de torches et de lumi?res de toute esp?ce des allants et des venants.
Les antichambres de l'appartement de la Dauphine et la galerie qui y menait ne tard?rent pas ? ?tre encombr?es par tous les habitants du ch?teau et de ses environs. Cet appartement ?tait situ? ? l'extr?mit? de l'aile du sud, vis-?-vis la pi?ce d'eau des Suisses, dans le pavillon de la surintendante de la maison de la reine.
Malgr? tout ce mouvement, on n'avait pas encore jug? n?cessaire d'?veiller le roi. Cependant, sur les cinq heures du matin, on vint lui apprendre l'?tat de la princesse. Il se leva aussit?t, et apr?s l'assurance que rien ne pressait encore, il ordonna d'adresser des pri?res au ciel, et entendit imm?diatement la messe. Vers six heures, il se rendit chez la Dauphine, afin de savoir par lui-m?me o? tout en ?tait.
La cour grossissait ? tout moment. Les moins diligents se rendaient de toutes parts aux environs de l'appartement de la jeune malade, d'o? l'on ne pouvait approcher, tandis que le reste du ch?teau paraissait d?sert.
Vers neuf heures, le roi, voyant diminuer les douleurs de sa belle-fille, sortit de chez cette princesse pour aller au conseil; et la plupart des princes et princesses, ayant veill? toute la nuit, profit?rent de ce moment pour prendre quelques heures de repos.
La reine passa toute cette matin?e en pri?re ou aupr?s de la princesse. Le roi y revint encore aussit?t que le conseil fut termin?. Il la trouva assez calme, y demeura quelque temps, voulut qu'elle mange?t pendant qu'il ?tait l? et sortit ensuite avec la reine, chez laquelle il vint d?ner accompagn? de tous les princes. Vers la fin du d?ner, on lui annon?a que la Dauphine reposait. Jugeant alors sa pr?sence inutile, il laissa la reine dans son appartement, et alla, selon sa coutume, travailler dans son cabinet.
L'un des premiers soins de ce prince avait ?t? d'ordonner des pri?res dans toutes les ?glises de Paris et de Versailles, et de faire distribuer des aum?nes consid?rables dans ces deux villes.
Les douleurs de la Dauphine la reprirent avec force vers l'apr?s-din?e; le roi revint imm?diatement aupr?s d'elle.
Pendant tout ce temps, la plupart des ambassadeurs, des envoy?s et des r?sidents des princes ?trangers se rendirent ? Versailles, afin d'?tre pr?ts ? faire partir des courriers ? leurs cours aussit?t apr?s l'accouchement.
Les femmes de la Dauphine entr?rent alors, arrang?rent ses cheveux, et lui mirent sur la t?te de grosses cornettes, comme c'?tait l'usage, pour qu'elle n'attrap?t point de froid.
Toute la nuit du 5 au 6 se passa encore dans des douleurs de plus en plus vives et prolong?es, surtout vers le matin.
Les soins et les pri?res de la reine redoubl?rent. Tous les services qu'une femme est si heureuse de recevoir dans cet instant solennel furent rendus ? la Dauphine avec empressement par la reine et les princesses du sang.
Le roi lui-m?me cherchait ? l'encourager et ?tait rempli d'attentions pleines de bont?. A plusieurs reprises, aid? du Dauphin, il la soutint pendant qu'elle se promenait dans sa chambre, et comme les douleurs ne discontinu?rent plus, il y passa la nuit sans vouloir prendre un moment de repos.
Les douleurs devenant de plus en plus vives et prolong?es, Cl?ment jugea n?cessaire de faire pratiquer une saign?e, et les m?decins furent tous de cet avis.
Cl?ment, jugeant que l'instant de la d?livrance approchait, en pr?vint le roi. La Dauphine fut plac?e sur le lit de travail, et le roi ordonna de faire entrer toutes les personnes qui devaient assister ? cet acte solennel.
Alors se trouvaient dans la chambre le roi, la reine, le Dauphin, Monsieur, Madame, Mademoiselle d'Orl?ans, et les princes et princesses du sang, qu'on avait mand?s ? cause du droit que leur donnait leur naissance d'?tre pr?sents ? l'accouchement. Il y avait en outre celles des dames dont les charges leur donnaient le privil?ge d'y assister, ou dont le service ?tait n?cessaire ? la princesse; c'?taient: madame de Montespan, surintendante de la maison de la reine; la duchesse de Cr?qui et la comtesse de B?thune, dames d'honneur de la Dauphine; la mar?chale de Rochefort et madame de Maintenon, dames d'atour; la duchesse d'Uz?s; la duchesse d'Aumont, femme du premier gentilhomme de la chambre en ann?e; la duchesse de Beauvilliers, femme du premier gentilhomme de la chambre; madame de Venelle, premi?re sous-gouvernante; madame de Montchevreuil, gouvernante des filles d'honneur de la Dauphine; madame Pelard, premi?re femme de chambre du nouveau-n?; madame Moreau, premi?re femme de chambre de la Dauphine; et les femmes de chambre de jour.
Tout ce monde ?tait sans mouvement et paraissait attendre avec anxi?t? le dernier moment. Bient?t les derni?res et ?nergiques douleurs se succ?d?rent et se rapproch?rent, et la Dauphine accoucha ? dix heures vingt minutes du matin.
Tout ce qui se passa alors dans la chambre o? ce prince venait de na?tre peut ? peine se d?crire.
Le roi, dans le premier moment de sa joie, embrassa la reine et la Dauphine; puis on ouvrit deux portes ? la fois, afin de faire conna?tre la grande nouvelle ? ceux du dehors. Le roi annon?a lui-m?me aux princesses et aux dames du premier rang la naissance d'un prince, et la dame d'honneur aux hommes r?unis dans la pi?ce ? c?t?. Il se produisit alors un mouvement incroyable. Les uns t?chaient de percer la foule pour aller publier ce qu'ils venaient d'apprendre, et les autres, sans bien savoir o? ils allaient ni ce qu'ils faisaient, forc?rent la porte de la chambre de la Dauphine. Tout le monde paraissait dans l'ivresse de la joie. Il y eut un tel p?le-m?le dans ce premier moment, que les domestiques se trouv?rent dans l'antichambre au milieu des princes et des dames de la premi?re qualit?. Le roi d?fendit qu'on renvoy?t personne et voulut que chacun p?t exprimer librement sa joie.
Quelques instants apr?s sa naissance, le duc de Bourgogne fut ondoy? dans la chambre de la Dauphine par le cardinal de Bouillon, grand aum?nier de France, rev?tu de l'?tole, en camail et en rochet. La c?r?monie se fit en pr?sence du cur? de la paroisse de Versailles; et sit?t qu'elle fut faite, on alla bercer le prince dans le cabinet de la Dauphine, d'o? on le rapporta un peu apr?s pour le montrer ? cette princesse. Puis la mar?chale de la Mothe ?tant entr?e dans une chaise ? porteurs, on le mit sur ses genoux, et il fut ainsi port? jusque dans l'appartement qu'on lui avait pr?par?. A peine y fut-il entr?, le marquis de Seignelay, secr?taire d'?tat et tr?sorier de l'ordre du Saint-Esprit, lui mit au cou, de la part du roi, la croix de cet ordre, que les fils de France portaient d?s leur naissance.
Enfin, apr?s deux jours et deux nuits d'inqui?tudes et de fatigues, il ?tait temps de laisser reposer la Dauphine; mais ici une nouvelle sc?ne allait commencer pour le roi.
Quant au Dauphin, ce qu'il avait vu souffrir ? la Dauphine, et les choses tendres qu'elle lui avait dites pendant cette longue attente, l'avaient jet? dans une sorte de stup?faction. Aussi, quand il fallut passer de la tristesse ? la joie, il eut peine ? se soutenir. Il semblait sortir d'un long r?ve, et sa premi?re action fut d'embrasser non-seulement la Dauphine, mais toutes les dames qui se trouvaient dans la chambre.
Le roi fit, d?s le soir m?me, donner de fortes sommes d'argent pour d?livrer des prisonniers.
La joie manifest?e si vivement dans le ch?teau ? la nouvelle de cet heureux ?v?nement ne fut pas moins vive au dehors et dans tout Versailles.
Un garde du roi dormait sur une paillasse pendant l'accouchement de la Dauphine: r?veill? en sursaut par le bruit extraordinaire que la joie venait de produire dans l'int?rieur du palais, et comprenant, quoique encore ? moiti? endormi, qu'il venait de na?tre un prince, il prit sa paillasse sur son dos, et sans rien dire a personne, courut le plus vite possible jusqu'? la premi?re cour, et mit le feu ? cette paillasse. Il semblait que chacun n'attend?t que ce signal, car on vit presque au m?me instant un nombre infini d'autres feux s'allumer comme par enchantement. Les uns allaient chercher du bois; d'autres prirent tout ce qu'ils trouv?rent, bancs, tables, meubles de toute nature, et jet?rent au feu tout ce qui pouvait l'alimenter. Il se forma des danses o? se trouv?rent m?l?s ensemble peuple, officiers et grands seigneurs. A peine ces manifestations de la joie publique eurent-elles commenc?, qu'on vit couler des fontaines de vin de chaque c?t? de la premi?re grille du ch?teau, ainsi que de l'int?rieur des cours.
Devant chaque h?tel de ministre, l'on avait ?tabli des feux et des distributions de vin.
Ces r?jouissances dur?rent plusieurs jours avec les m?mes transports. C'?tait ? qui varierait chaque fois les illuminations et les artifices.
Tant que dur?rent les f?tes, la pompe fut magnifiquement illumin?e, et tous les feux dont brillaient Versailles, se refl?tant sur l'or couvrant le ch?teau, imprim?rent ? la ville une physionomie toute magique.
Pendant les deux ou trois premiers jours qui suivirent celui de la naissance du duc de Bourgogne, tout le chemin de Versailles fut couvert de peuple venant t?moigner sa joie par ses acclamations. Apr?s avoir vu le roi, on allait voir le nouveau-n?, et la mar?chale de la Mothe ?tait fr?quemment oblig?e de le montrer ? tout ce peuple accouru pour contempler un instant son visage.
Le roi ?tait assis sur son tr?ne d'argent, il avait aupr?s de lui d'un c?t? le duc de Bouillon, grand chambellan, le duc de Cr?qui et le prince de Marsillac; de l'autre, le duc d'Aumont, le duc de Saint-Aignan et le marquis de Gesvres. Une foule de courtisans les environnait. Le duc de Luxembourg, capitaine des gardes de quartier, allait recevoir les ambassadeurs ? la porte de la salle des gardes. Le roi ?couta leur compliment avec gravit?, et leur r?pondit avec une grande affabilit?. Ils all?rent ensuite chez le Dauphin, le duc de Bourgogne et Monsieur. Madame la mar?chale de la Mothe r?pondit pour le petit prince.
Toutes ces audiences dur?rent cinq heures, apr?s lesquelles ces messieurs furent reconduits avec les m?mes c?r?monies. Ils n'eurent audience de la reine et de Madame que l'apr?s-din?e, parce qu'elles n'en donnaient jamais le matin.
Tel est le r?cit de ce qui se passa dans Versailles ? la naissance du duc de Bourgogne. La joie de cette ville se r?pandit partout avec rapidit?, et l'on peut voir, dans la plupart des ?crits du temps, les d?tails des r?jouissances extraordinaires faites dans toute la France ? cette occasion.
R?CIT DE LA GRANDE OP?RATION
D?s que l'on sut le roi atteint de la fistule, il y eut encore un bien plus grand nombre de rem?des propos?s que quand il s'?tait agi d'une simple tumeur.
Une dame de la cour ayant racont? qu'all?e aux eaux de Bourbon pour une maladie particuli?re, elle s'?tait trouv?e gu?rie par leur usage d'une fistule qu'elle avait avant, on envoya ? Bourbon l'un des chirurgiens du roi, avec quatre autres malades; ils furent soumis aux m?mes exp?riences que ceux de Bar?ges, et en revinrent comme eux sans changement dans leur ?tat.
Mais l'essai des rem?des ne devait point s'arr?ter l?. Un religieux jacobin vint trouver Louvois et lui apporta une eau avec laquelle il gu?rissait, disait-il, toutes sortes de fistules. Un autre annon?ait poss?der un onguent qui n'en manquait aucune. D'autres proposaient aussi des rem?des avec lesquels ils avaient obtenu des cures merveilleuses. Le ministre, un peu embarrass? de toutes ces propositions, ne voulut cependant en rejeter aucune avant que l'exp?rience e?t d?montr? son inefficacit?. Pour juger en quelque sorte, par lui-m?me de leur valeur, il fit meubler plusieurs chambres de son h?tel de la surintendance, pour recevoir tous les malades atteints de fistule qui voulaient se soumettre ? ces diff?rents essais, et il les fit traiter, en pr?sence de F?lix, par les auteurs de ces rem?des.
Tous ces essais dur?rent un temps fort long, sans aboutir ? aucun r?sultat.
Mais quelle m?thode devait-on employer?
Mais F?lix n'?tait point un chirurgien ordinaire. Fils de Fran?ois F?lix de Tassy, homme d'un grand talent, et aussi premier chirurgien du m?me prince, il fut l'?l?ve de son p?re, qui, le destinant ? le remplacer aupr?s du monarque, ne n?gligea aucun des moyens qui pouvaient le rendre digne d'occuper un emploi aussi important. Exer?ant sa profession dans les h?pitaux civils, puis dans ceux des arm?es, il fut, fort jeune encore, compt? parmi les plus habiles chirurgiens de son temps; ses confr?res le nomm?rent chef du coll?ge de Saint-C?me, qui devint ensuite l'acad?mie de chirurgie; puis il succ?da ? son p?re dans la charge de premier chirurgien du roi, en 1676.
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