Read Ebook: L'Illustration No. 3246 13 Mai 1905 by Various
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L'Illustration, No. 3246, 13 Mai 1905
Suppl?ments de ce Num?ro: 1? L'ILLUSTRATION TH??TRALE contenant LE DUEL 2? Un hors texte en couleurs: T?TE DE FEMME, par HENNER.
LA REVUE COMIQUE, par Henriot.
Suppl?ments de ce num?ro: 1? L'ILLUSTRATION TH??TRALE avec le texte complet du DUEL; 2? Une reproduction en couleurs d'un tableau de HENNER.
Courrier de Paris
JOURNAL D'UNE ?TRANG?RE
N'importe! Que Paris les acclame ou fasse semblant de les ignorer,--qu'ils y viennent en triomphateurs ou en touristes, l'essentiel ?tait pour eux d'y venir; et tous, ou presque tous, en ont pris le chemin l'un apr?s l'autre. Presque tous... car il y en a deux que leur grand ?ge retient < la maison>>; et un troisi?me, que d'autres raisons emp?chent d'?tre notre h?te... Celui-l? s'en console comme il peut--en venant tout pr?s, le plus pr?s possible de la fronti?re, de temps en temps, passer une revue, ou saluer des tombes--et se dit que Gravelotte est bien loin de Longchamps. A qui la faute?
Et pour la premi?re fois de sa vie, sans doute, l'empereur allemand se sent un peu jaloux du roi d'Espagne...
Les d?ners acad?miques! Il para?t qu'il s'en donne beaucoup en ce moment. A l'Acad?mie fran?aise, ? l'Acad?mie des Beaux-Arts, aux <
Serait-ce dans le m?me esprit que certains ?crivains ambitionnent d'entrer ? l'Acad?mie? On les accuserait de jalousie, s'ils disaient du mal d'elle, n'en ?tant pas. Afin d'?tre ? leur aise pour se moquer de ceux qui en sont, ils sollicitent la faveur d'en ?tre...
Car il leur faut solliciter eux-m?mes cette faveur-l?. Ce fut nagu?re un de mes grands ?tonnements. On m'avait parl?, dans mon pays, d'une sorte d'ar?opage o? se trouvaient assembl?s les quarante personnages reconnus les plus illustres de France, ou les plus notoirement estimables dans l'art de parler ou d'?crire. On m'expliquait que l'Acad?mie ?lisait ses membres, et je supposais que ces choix ?taient librement faits par elle, sans qu'aucune comp?tition y interv?nt. J'imaginais une assembl?e de grands hommes d?lib?rant ainsi; <
Ils doivent pourtant subir cette petite avanie; et c'est la condition de leur succ?s. Il leur faut affronter de g?nantes rencontres, des rebuffades, et, parfois m?me, l'aveu poli de l'antipathie qu'ils inspirent. Ils ne conna?tront la fiert? d'?tre acad?miciens que s'ils consentent ? s'abaisser un peu pour le devenir. N'est-ce pas une coutume peu ?l?gante, et dont on devrait ?pargner l'ennui ? des hommes si consid?rables?...
D'autant que certains d'entre eux savent ?tre illustres avec tant de modestie! T?moin Me Rousse: Demain samedi, il y aura vingt-cinq ans que Me Rousse appartient ? l'Acad?mie fran?aise. Il y rempla?a Jules Favre, et c'est aujourd'hui un vieillard de quatre-vingt-huit ans; un vieillard m?lancolique et frileux, que les Parisiens ont presque oubli?. L'occasion ?tait bonne de leur rappeler que M. Rousse existe; et ses coll?gues avaient form? le projet d'organiser, ? l'occasion de ce demi-jubil? acad?mique, une petite f?te, tr?s intime, autour de leur doyen. Il les a pri?s de rester tranquilles. M. Rousse pense probablement qu'il est prudent, quand on a eu la chance d'?tre <
C'est le geste de Fontenelle, acad?micien nonag?naire, qui faisait signe aux gens de parler tout bas, quand ils le f?licitaient de son grand ?ge.
SONIA.
UNE OEUVRE DE HENNER
Combien, parmi les visiteurs du Salon, en qu?te des envois de leurs ma?tres favoris, ont cherch? bien vite au catalogue le nom de M. Henner et, ne l'y ayant point trouv?, sont partis, leur promenade achev?e, d??us, et pensant, ? part eux, qu'? cette exposition de 1905 il manquait quelque chose pour que leur joie f?t tout ? fait compl?te.
Le critique le plus exigeant ne saurait, quoi qu'il en ait, demeurer insensible ? ce m?tier savoureux, conquis au prix, sans doute, de combien de recherches ?pres et pers?v?rantes, et dont l'aisance, ? pr?sent, la tranquille s?ret? ?merveillent et d?concertent. Ceux-l? m?me qui furent le plus s?v?res ? M. Henner ne pouvaient se d?fendre d'admirer la fluidit?, le <
Aux devantures des grands marchands de tableaux, au milieu d'une exposition, dans une salle de mus?e, on reconna?t un Henner entre vingt, entre cent autres toiles, et personne, sans doute, dans l'histoire de l'art, n'a jamais imprim? ? ses productions une empreinte plus personnelle que n'a fait M. Henner. Toute signature, ici, est superflue et c'est, en v?rit?, une sorte de coquetterie de la part de l'artiste que de l'?crire, en capitales h?sitantes, sur le fond sombre des tableaux sortis de ses mains. Ces chairs nacr?es, ros?es ? peine, parfois laiss?es volontairement d'une blancheur transparente d'alb?tre, ces lourdes toisons fauves ou brunes, ces yeux profonds qui ne refl?tent nulle lumi?re du dehors, mais qu'?claire ardemment la flamme int?rieure, ces yeux meurtris, tout baign?s de m?lancolie, tout charg?s de r?ves sans fin, et laissant errer sur le monde des regards d?senchant?s ou repentants, ces yeux qui font parfois songer au Vinci et ? ses anges ?nigmatiques, tout cela n'est qu'? M. Henner.
On a voulu lui faire grief de ses qualit?s m?mes, lui reprocher ce qu'on a appel? la monotonie de sa mani?re. En fait, s'il lui est quelquefois arriv? de s'?vertuer ? r?pondre--et avec bonheur--? ces reproches en s'aventurant ? de plus grandes compositions, il a surtout affectionn? deux notes, pas plus. Mais avec quelle perfection il les a chant?es!
L'une, c'est le paysage d'aube ou de cr?puscule, prairie de sombre velours, baign?e de vapeurs l?g?res, ferm?e, au fond, de noirs cypr?s, ciel d'un bleu d?faillant, d'un bleu de turquoise morte,--le bleu Henner!--se refl?tant parfois dans une flaque limpide, et, dans ce d?cor de Champs-Elys?es ou d'Arcadie, une femme ? demi drap?e, ou sans autres voiles que sa mouvante chevelure, r?vant ou lisant.
A reproduire fid?lement cette oeuvre de grande valeur, cette toile magistrale, des artisans habiles se sont appliqu?s avec un respect, une conscience de vrais artistes, s'attachant ? traduire et les dext?rit?s de la brosse, et la qualit? de la p?te g?n?reuse. Ils y sont parvenus avec un rare bonheur, et ce nous est un r?el plaisir que d'offrir ? nos lecteurs cette planche o? le talent, o? la pens?e d'un ma?tre aim? ont ?t? traduits avec cette perfection, sans d?faillance, sans trahison. G. B.
LA MISSION ALLEMANDE AUPRES DU SULTAN DU MAROC
LE D?PART POUR FEZ
DE LA MISSION ALLEMANDE
Les affaires marocaines occupent une place importante dans les soucis de notre politique ext?rieure, surtout en raison de l'intervention personnelle de l'empereur d'Allemagne et de la campagne men?e depuis quelque temps par la presse d'outre-Rhin. A la suite de son voyage sensationnel ? Tanger, Guillaume II a, on le sait, d?cid? d'envoyer son repr?sentant au Maroc, le comte Tattenbach, en ambassade extraordinaire aupr?s de la cour ch?rifienne.
La mission diplomatique allemande a quitt? Tanger le 2 mai, escort?e d'une trentaine de cavaliers indig?nes, sous la conduite d'un ca?d, pour se rendre ? Fez, effectuant compl?tement le trajet par terre. Le comte Tattenbach, porteur d'une lettre autographe de l'empereur Guillaume pour le sultan, est accompagn? de la comtesse, du g?n?ral Schenk, r?cemment promu, du commandant Sender et du capitaine Kleist.
L'ENTREVUE DE VENISE
M. Tittoni, ministre des affaires ?trang?res italien, et le comte Goluchowski, ministre des affaires ?trang?res autrichien, se sont rencontr?s ? Venise, le 29 avril. Ils y pass?rent une journ?e ensemble, visit?rent l'Exposition internationale d'Art, eurent des entretiens cordiaux, en pr?sence du duc d'Avara, ambassadeur d'Italie ? Vienne et du comte L?tzow, ambassadeur d'Autriche-Hongrie ? Rome; enfin M. Tittoni offrit, en l'honneur du comte Goluchowski, un d?ner de vingt-deux couverts, o? des toasts non moins cordiaux furent ?chang?s.
Le ministre de Victor-Emmanuel avait fait, en avril 1904, ? Abbazia, une visite au ministre de Fran?ois Joseph; son ?minent coll?gue la lui rendait: rien de plus naturel. Mais peut-on jamais consid?rer l'entrevue de deux hommes d'?tat, de deux hauts diplomates, comme un simple acte de courtoisie? Le but r?el de celle-ci, assurent les gens bien inform?s, ?tait de dissiper des malentendus entre les deux puissances.
Notre correspondant, qui a pu visiter les h?pitaux japonais o? sont soign?s les bless?s des deux arm?es, ?vacu?s de Mandchourie, a photographi? de nombreuses vitrines semblables. Nous n'en reproduisons qu'une: elle contient pourtant ? elle seule une vari?t? d?j? grande des projectiles que les chirurgiens nippons ont retir?s des membres confi?s ? leurs soins. Ces informes morceaux de m?tal, soigneusement ?tiquet?s, ne sont pas tr?s effrayants ? premi?re vue: mais que l'on songe aux affreuses blessures que chacun d'eux a faites, ? la somme de souffrances qu'ils repr?sentent, et l'on ne pourra plus les regarder sans un frisson d'horreur.
LA PROCHAINE BATAILLE NAVALE: FORCE COMPAR?E DES DEUX FLOTTES
Le moyen le plus pratique pour comparer deux flottes de guerre, de composition aussi h?t?rog?ne que le sont les escadres de Rodjestvensky et de Togo, consiste ? examiner tous les navires qui en font partie, et ? d?composer chacun d'eux en chacun des quatre principaux ?l?ments de force qu'il contient: 1? le tonnage, autrement dit les dimensions du navire qui permettent l'endurance ? la mer et l'embarquement de plus ou moins grandes quantit?s de charbon; 2? la puissance des machines qui permet les grandes vitesses et le rayon d'action ?tendu; 3? l'armement offensif, c'est-?-dire la puissance des canons; 4? l'armement d?fensif ou cuirasse. Si l'on totalise s?par?ment ces diverses donn?es, on obtient les chiffres suivants:
FLOTTE JAPONAISE
Chaque millim?tre de hauteur de l'h?lice repr?sente 10,000 chevaux-vapeur.
Chaque cube repr?sente une tonne.
Une masse d'acier longue de 90 m?tres, large de 10 m?tres, ?paisse de 5 m?tres, figurerait la quantit? de blindage que porte la flotte japonaise. Evaluation de ce cuirassement: 4.495 m?tres cubes.
FLOTTE RUSSE
La Vitesse de la flotte russe en puissance des machines au tirage forc?: 540.000 chevaux-vapeur.
Chaque cube repr?sente une tonne.
Y compris les navires de la flotte volontaire et les anciens paquebots allemands convertis en croiseurs.
Une masse d'acier de m?mes largeur et ?paisseur, mais longue de 81 m?tres seulement, figurerait la quantit? de blindage que porte la flotte russe. Evaluation de ce cuirassement: 4.071 m?tres cubes.
La flotte La flotte japonaise vaut: russe vaut: Tonnage 20 18 Puissance de la machinerie. 18 20 Canons 20 18,5 Cuirassement 20 18 Bases navales 10 ) 6.5) ) 20 ) 14,5 Commandement et ?quipages. 10 ) 8 )
J. DELAPORTE.
LES TROUBLES EN RUSSIE
L'effervescence ? laquelle, depuis de longs mois, la Russie est en proie ne semble pas pr?s de se calmer. Troubles agraires, r?voltes soudaines de paysans, pillages, incendies de propri?t?s, d'une part; gr?ves, r?bellions, attentats par les bombes, attaques dirig?es contre les usines, d'autre part, se renouvellent de place en place ? des intervalles assez fr?quents, et le d?sarroi certain o? la guerre a jet? les autorit?s, leur impuissance ou m?me leur indiff?rence ? conjurer le p?ril quand cela, parfois, serait possible laissent le champ assez libre ? toutes ces manifestations de la violence. C'est la r?gion sud-ouest de l'empire, celle qui avoisine la Pologne, et la Pologne elle-m?me, qui ont subi les effets les plus terribles de la rancune populaire.
Les troubles agraires les plus inqui?tants qu'on ait signal?s ont eu pour th??tre les gouvernements de Vitebsk, d'Orel, de Koursk et de Tchernigof. La capitale du premier n'est gu?re qu'? 500 kilom?tres de Saint-P?tersbourg; Orel est ? 400 kilom?tres de Moscou.
Quand on lit les d?tails qu'ont pu recueillir sur place les correspondants, on a l'impression de se trouver en pr?sence d'une v?ritable jacquerie, avec tous ses exc?s, toutes ses fureurs.
Dans quelques cas on y mettait, si l'on peut dire, des formes: on adressait aux victimes d?sign?es une sorte d'ultimatum; une dizaine de d?l?gu?s passaient dans une m?tairie et signifiaient au personnel que, quelques heures plus tard, on viendrait chercher le bl?, le seigle, l'orge et l'avoine amoncel?s dans les greniers; puis ils repartaient. Et, avec les ombres du soir, on voyait arriver en caravane des centaines de tra?neaux accourus des villages des alentours et mont?s par une foule nombreuse de paysans qui se mettaient aussit?t ? la besogne, d?m?nageaient les sacs de grains et, aussi vite que possible, de peur d'?tre d?rang?s, les entassaient sur leurs v?hicules, puis repartaient au galop.
Le plus souvent, c'est aux c?r?ales seulement qu'on s'en prenait. Mais dans nombre de cas, quand se pr?sent?rent des usines, des sucreries, par exemple, on les pilla aussi; parfois on emportait les meubles des maisons un peu ais?es ou des ch?teaux, le b?tail des fermes; et toujours, l? o? se trouvait de l'alcool, on se livrait ? d'abominables orgies. Enfin, sur quelques points, le pillage termin?, on a mis plus d'une fois le feu aux maisons ou aux fabriques qu'on venait de vider de tout ce qu'elles contenaient de transportable ou seulement de buvable.
Nulle part on ne r?sista s?rieusement ? ces tentatives. La plupart du temps, les propri?taires, d?ment avertis, ou sentant venir l'orage ? des signes pr?curseurs, abandonnaient leurs propri?t?s et reprenaient le chemin de la ville. Les intendants, abandonn?s ? eux-m?mes, sans d?fense, suivaient g?n?ralement cet exemple de prudence, et c'est sans doute ? cette seule circonstance que l'on doit de n'avoir pas eu ? d?plorer des meurtres.
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