Read Ebook: L'Illustration No. 3247 20 Mai 1905 by Various
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Ebook has 162 lines and 14222 words, and 4 pages
Groupe de concurrents et d'organisateurs.
LA COURSE DE CANOTS AUTOMOBILES ALGER-TOULON
LA F?TE DES ARCHERS A COMPI?GNE
Dimanche dernier, ? Compi?gne, a eu lieu, suivant la vieille coutume des compagnies d'arc de l'Ile-de-France et de la Picardie, la c?r?monie annuelle si populaire du <
La premi?re compagnie d'arc avait re?u le bouquet l'an dernier de celle d'Ourscamp et le rendait ? celle de Longueil-Annet.
Cette petite f?te, ? laquelle assistaient deux cent quarante soci?t?s d'archers fran?aises et ?trang?res, marquait l'ouverture d'un grand concours de tir ? l'arc, qui va durer trois mois, et au cours duquel sera disput? le championnat de France, dot? d'un prix du pr?sident de la R?publique.
LES GREVES DE LIMOGES
Un des plus tristes incidents de cette longue gr?ve de Limoges: apr?s plusieurs jours de blocus dans l'usine o? onze personnes, dont quatre enfants, se trouvaient enferm?es et dans l'impossibilit? de communiquer avec le dehors, le jeune Betoulle essaya de sortir pour aller chercher du lait destin? ? ses petits fr?res; il fut frapp? par les gr?vistes si brutalement qu'il eut deux c?tes fractur?es et il fallut ensuite l'intervention du maire pour que les assi?geants permissent ? un m?decin d'aller visiter l'enfant. M. Beaulieu, pour aller ? l'h?tel de ville conf?rer avec les d?l?gu?s des ouvriers, ne put d'ailleurs s'y rendre qu'en landau, sous la protection de la gendarmerie. Et ce n'est ?galement que sous une escorte de gendarmes que les camions de marchandises ont pu, durant plusieurs jours, circuler entre l'usine assi?g?e et la gare.
LE PASSAGE DE L'ESCADRE DE ROJESTVENSKY DANS LA BAIE D'ANPASSANDAVA, A NOSSI-B?
AU PAYS DE DON QUICHOTTE
Voici d'abord les deux h?ros de la burlesque ?pop?e:
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Voici la cour de la venta o? don Quichotte fit la veill?e d'armes, avant d'?tre arm? chevalier. <
Puis, les moulins, les c?l?bres moulins de la plaine de Montiel: <<...En ce moment ils d?couvrirent trente ou quarante moulins ? vent qu'il y a dans cette campagne. En les voyant, don Quichotte dit aussit?t ? son ?cuyer: < Regarde, ami Sancho, voil? devant nous au moins trente d?mesur?s g?ants auxquels je pense livrer bataille.>> On sait la fin de l'aventure: < Entrons dans cette auberge au portail encombr? d'?nes et de mules: c'est l? que le chevalier, rou? de coups par un muletier, jaloux de Malitorne, retrouva le secret du baume de Fier-?-Bras, dont il avait grand besoin. C'est l? aussi que fut bern?, par des marchands de S?ville, l'inoffensif Sancho Pan?a. < Ainsi clamait le chevalier en pensant ? Aldonza Lorenzo, < Nous donnons encore la photographie de la princesse Dulcin?e et de ses deux suivantes venant rendre visite ? don Quichotte. <<... Sancho vit venir vers lui, du Toboso, trois paysannes mont?es sur trois ?nes ou trois ?nesses, car l'auteur ne s'explique pas ? ce sujet: mais il est permis de croire que c'?taient plut?t trois bourriques, puisque c'est la monture ordinaire des femmes de la campagne.>> Pour terminer, voici dans son ?tat actuel l'entr?e de la caverne de Montesinos, qui doit n'avoir gu?re chang? depuis 1600. On n'a pas oubli? que don Quichotte s'y fit descendre au bout d'une corde: le bon chevalier y eut une longue entrevue avec des enchanteurs et vit des < UNE PREMIERE ASCENSION DANS LA VALL?E DE ZERMATT L'EDELSPITZE Les deux vall?es de Zermatt et de Saas viennent du sud se r?unir ? Stalden pour descendre ensemble et rejoindre le Rh?ne ? Vi?ge. La formidable arm?e des Mischabel, toute h?riss?e de piques et de pointes aigu?s, campe entre elles deux, en gardienne sauvage. Par ses glaciers et ses for?ts elle r?gle la circulation g?ante de l'eau nourrici?re dans les puissantes art?res du pays, et elle veille sur lui. Elle a d?tach? sur son front nord une sentinelle perdue, retranch?e dans un ch?teau fort de Titan, fruste et rude, ?trange et superbe. Sa plus haute tour commande les deux vall?es et, perch?e tout pr?s du ciel, semble pos?e l? comme un d?fi. On la voit depuis Vi?ge, on la voit en remontant la vall?e, entre Vi?ge et Stalden, on la voit de la vall?e de Saas, on la voit mieux encore dans la vall?e de Zermatt, du petit village de Saint-Nicolas, qu'elle domine ? gauche. Et il semble bien que la forteresse ait ?t? construite avec une perfection rare, car elle a r?sist? ? toutes les tentatives dirig?es contre elle. Il n'y eut, en effet, pas moins d'une trentaine de tentatives, et parmi leurs auteurs figurent les noms des grimpeurs les plus connus. J'appris, ? la fin de l'?t? dernier, que la derni?re pointe vierge un peu importante de la Suisse se, trouvait aux environs de Zermatt, au-dessus de Saint-Nicolas. Les d?tails que l'on donnait enflamm?rent tellement mon imagination que je voulus partir sur-le-champ pour essayer l'ascension ? mon tour. Mais la r?putation de la montagne ?tait telle que le seul guide qui voulut bien venir avec moi, Fridolin Truffer, de Randa, mit ? son acceptation la condition que nous ferions seulement une reconnaissance, et pas autre chose. Cependant il est certain qu'il n'existe pas de montagne impossible ? vaincre, mais seulement des montagnes mal attaqu?es. Le r?sultat de cette belle persuasion fut qu'? peine en pr?sence du sommet terminal, il me sembla voir le moyen de l'atteindre. Mais je ne pus faire partager ma conviction ? mon guide, qui se demandait charitablement en vertu de quelle aberration d'esprit j'en arrivais ? concevoir d'aussi folles id?es. Je dus me r?signer ? voir mon plan rester sur le papier et, apr?s l'avoir compl?t? en d?tail, me r?soudre ? partir. La r?alisation de mon d?sir dut attendre un an, car personne ne voulait venir. Mon ami J.-E. Kern, de Gen?ve, m'avouait franchement que mon projet ne lui souriait en rien, mais il acceptait tout de m?me, par amicale complaisance. Cependant, une fois ? Zermatt, ?chauff? par une belle course, et inquiet ? la nouvelle qu'un des grimpeurs suisses les plus connus pr?parait une exp?dition de ce c?t?, il partagea ma fi?vre. Ce fut bien pis encore lorsqu'il s'agit de trouver un troisi?me. D'amis, point; les porteurs refusaient, purement et simplement; les guides se moquaient. Ils nous r?pondaient tous, avec une bonhomie narquoise, qu'ils y avaient tous ?t?, qu'ils y avaient tous ?chou? et que d?s lors ils trouvaient inutile de recommencer ? perdre leur temps l?-haut. L'un d'eux ponctua m?me ses avis d'une interrogation ?videmment sans r?plique: < Notre ?nervement ?tait ? l'?tat aigu lorsque, enfin, Ferdinand Furrer, entrepris ? nouveau, c?da. Furrer venait de montrer beaucoup de hardiesse en faisant, seul avec nous, l'ascension du Cervin par l'ar?te de Z'Mutt, et les heures si belles pass?es ensemble nous avaient li?s. Nous ne lui demandions plus de nous conduire, puisque, pas plus que ses coll?gues, il ne pensait la victoire possible; nous le priions simplement de mettre sa meilleure volont? ? notre disposition. Pour qui conna?t l'amour-propre des guides, il fallut ? Furrer une v?ritable amiti? pour dire oui. Les pr?paratifs furent aussit?t vivement men?s. Nous pr?mes des vivres pour deux jours, une couverture chacun, quatre cordes de Manille d'une trentaine de m?tres, et environ deux cents m?tres de cordelette solide, de trois ? quatre millim?tres de diam?tre. Puis, le jeudi 11 ao?t au matin, nous quittions Zermatt, poursuivis par les sourires, les rires, les moqueries et les quolibets... Nous descendons en chemin de fer le vallon encaiss? de Saint-Nicolas, au fond duquel gronde en bouillonnements imp?tueux la Mattervisp. Vers huit heures et demie du matin nous d?barquons ? Saint-Nicolas . En face, sur la rive droite, s'?l?vent d'?normes contreforts mamelonn?s, surmont?s d'une cr?te de rochers gris. Derri?re eux est nich? le petit vallon secondaire de Ried, qui d?bouche ? notre gauche un peu plus bas que Saint-Nicolas. Au del? du vallon est notre pointe. Nous la d?couvrons tr?s loin et tr?s haut, se d?tachant en silhouette curieuse sur un ciel ?clatant, toute nimb?e d'or par les rayons du soleil levant. La premi?re partie de la mont?e est une promenade enchanteresse, mais rendue un peu fatigante par nos sacs tr?s lourds. Le chemin zigzague dans des prairies inclin?es portant ?? et l? de pittoresques fenils et coup?es de mille petits ruisselets trottinant menu, tr?s press?s de se rendre ? leur travail. Nous les quittons bient?t pour gagner la rive gauche du Riedbach, que nous devons remonter jusqu'? son glacier. Les tons trop durs des frais p?turages s'att?nuent peu ? peu et font place aux teintes graves et ? l'ombre douce d'une for?t de sapins. En elle est une vie recueillie qui r?pand dans l'air un parfum discret d'intimit? calme et profonde. Nous la respirons avec la senteur p?n?trante des jolies aiguilles chauff?es par le soleil. L'apr?s-midi est d?j? entam? lorsque nous atteignons la moraine du glacier de Ried. Vers 2.100 m?tres nous apercevons le Schallbett, petit refuge de berger o? bivouaquaient d'ordinaire nos pr?d?cesseurs; bien que l'un de nous se r?cri?t sur ses nombreuses perfections, nous nous engageons vite sur le glacier pour traverser sa langue terminale. A notre droite commence un monde chatoyant de blancheurs fascinantes, tout le cirque du glacier de Ried, couronn? de tr?s hauts sommets. Devant nous est le chemin qui m?ne au ciel, mais combien dur! La chaleur est accablante. Les pentes que nous abordons au sortir du glacier sont dispos?es en espaliers tr?s raides et ? peine recouvertes d'une herbe br?l?e. Nous nous sommes charg?s bien ? tort de nombreuses chevilles de fer, dont aucune ne devait servir, et nous nous hissons p?niblement. Les bosses du terrain cachent tout de suite l'Edelspitze et ?teignent notre ardeur par leur renaissance continue. Puis le maigre gazon cesse et c'est alors la fournaise d'un pierrier interminable, cuit comme les murs d'un four. Les blocs deviennent ?normes; on lutte au milieu de presse-papier gros comme de petites maisons; les heures sont longues. Nous voudrions pouvoir gagner la cr?te assez t?t pour engager l'action tout de suite; mais le ciel se couvre, un orage cr?ve et nous emprisonne pour longtemps sous une pierre tra?tresse, qui n'intercepte les gouttes d'eau que pour mieux les conduire en filets glac?s dans nos cous. Vers cinq heures seulement nous touchons la cr?te h?riss?e de la grande ar?te des Mischabel. Nous sommes saisis... Nul n'a jamais rien r?v? de pareil... C'est un chaos indescriptible de gros blocs entass?s comme ? plaisir, un oc?an de pierre en furie, avec l'?cume toute blanche de quelques fins n?v?s et un petit glacier qui descend all?grement un versant rapide. Deux ou trois ar?tes secondaires se d?tachent de la n?tre et s'abaissent avec lui vers Saas. Elles ne sont qu'une succession de tours fantastiques et tourment?es, et elles finissent toutes, brusquement, par un pignon solitaire scrutant la vall?e. Ce sont les ruines s?v?res d'une construction g?ante, dont l'architecture nouvelle et sauvage, aux contours impr?vus et heurt?s, ?voque ? nos yeux ?tonn?s l'image d'un ?pre combat. Nous dominons un champ de bataille; ? nos pieds, en un monceau colossal, gisent des vaincus bris?s, tous les soldats de l'arm?e des Mischabel que la lutte a tu?s. Et de m?me que la vie laisse dispara?tre les faibles pour ne conserver que les forts, de m?me ici, ? c?t? des malheureux qui succomb?rent, se dressent les puissants, pleins d'?nergie et de fiert?. Vifs, nerveux, ?lanc?s, par?s de couleurs voyantes o? fr?missent la s?ve et la force, leur vue fait tressaillir tout l'?tre: dans l'atmosph?re qu'ils respirent passe un souffle de guerre. Nous sommes pos?s sur un petit col de l'ar?te des Mischabel; ? notre droite elle monte vers le groupe du Balfrinhorn; ? gauche elle s'avance vers un immense pr?cipice qui occupe tout le front nord, mais, avant d'y plonger, elle gonfle l'?chine pour prendre de l'?lan, puis se d?tend brusquement, saute et bondit... C'est l'Edelspitze. Une ?minence rocheuse se laisse b?n?volement gravir et nous am?ne au pied d'une premi?re pointe, tour carr?e trapue dont le temps a coutur? de mille blessures la t?te grise. De son pied part une sorte de cr?te aigu? et d?chiquet?e, cheminant ? peu pr?s de niveau et form?e d'?normes rochers surplombant un vide qui se creuse. Puis soudain jaillit une grande pointe, haute, droite, d'une envol?e magnifique. Apr?s elle, l'ab?me. Autour d'elle, l'ab?me. Elle baigne dans le pr?cipice comme un phare dans la mer profonde et ne tient ? la terre que par ce mur cyclop?en d?mantel? et crevass? qui la relie ? la tour carr?e. Elle est un prisme droit ? pans coup?s, d'un jet unique, h?l? d'une chaude patine rouge, et dont le grain serr? ne pr?sente pas une ride, pas une tissure. Noble et fi?re, la vierge nue sent que sa beaut? superbe fait ? elle seule toute sa force: ses flancs si parfaits, ses contours si nets, d?licats et fins comme ceux d'un cristal, suffisent ? sauvegarder sa puret?. La pluie l'a ?clabouss?e et fait briller ses formes sous la lumi?re changeante qui tombe du ciel d?mont?; quelques rayons de soleil ?chapp?s d'entre deux nuages viennent aviver ses belles couleurs et, en se jouant capricieusement sur sa face, l'?clairent d'un sourire myst?rieux. De grosses brumes, lourdes d'humidit?, roulent partout leurs volutes grises et mettent autour de nous l'immensit? ouat?e d'une mer houleuse et sans bords... Il est inutile de rien tenter aujourd'hui, la journ?e est finie et, un peu d??us, nous nous mettons ? la recherche d'un g?te... Au bout d'une petite heure Furrer d?niche un trou o? nous pourrons dormir. Mais quel trou I A quelques m?tres en dessous de la petite pointe, dans la d?gringolade des blocs qui se pr?cipitent en se bousculant vers le fond de la vall?e de Saas, il a avis? un pan de paroi assez raide supportant une ?norme table de gneiss. Celle-ci est tomb?e ? l'endroit o? la pente pr?sente comme deux gradins, de sorte qu'elle recouvre le di?dre droit qu'ils forment ? eux deux. Le r?sultat est un trou triangulaire, sorte de boyau horizontal tr?s ?troit et dont le sol est capitonn? de moellons.
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