Read Ebook: Correspondance diplomatique de Bertrand de Salignac de La Mothe Fénélon tome premier Ambassadeur de France en Angleterre de 1568 à 1575 by Salignac Bertrand De Seigneur De La Mothe F Nelon Active Th Century
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ur si d?cl?r?s ennemys d'elle et de son estat, qu'elle ne se pouvoit assurer, voyant qu'ilz avoient grand authorit? tant aux armes que au conseil en France, mesmes qu'il estoit eschapp? ? quelcung de votre conseil de dire, qu'apr?s que vous auriez appays? et remis les choses de la relligion en votre royaulme, vous entendriez incontinent faire le mesmes en Angleterre, et qu'elle aymoit mieulx pr?venir qu'estre pr?venue. De quoy, Sire, je luy toucheray ung mot en ma premi?re audiance, qu'elle m'a accord?e ? mercredy prochain, et luy remonstreray doulxemant que le debvoir de votre mutuelle amyti? l'oblige de s'adjoindre ? voz pr?sentes intantions, sans mectre en aulcung compte ny l'amyti? ny la ayne qu'elle pourroit avoir ? aulcungs de voz subjectz, mesmes que vous n'avez pr?tendu ny pr?tandiez rien de particulier en ceste guerre pour eulx, ny autre chose quelconque, que de recouvrer l'ob?yssance de voz subjectz, et de m?tre votre estat en repos: dont ce qu'elle me respondra et autres occurrances, je vous donray advis par mes premi?res, aydant le Cr?ateur, au quel je supplie, apr?s avoir, etc.
Le dict ambassadeur d'Espaigne escript ? don Franc?s cest office, qu'il a faict pour Votre Magest? envers ceste Royne, et la response de la dicte Dame, de quoy, Sire, le porriez gratiffier de quelque bonne parolle de mercyement quant le dict don Franc?s vous en parlera.
A LA ROYNE.
Madame, ce que j'ay ? dire ? Votre Magest?, oultre le contenu en la lettre du Roy, est que ne faudray d'ob?yr ? ce que me command?s par la v?tre, du Ve du pr?sent, de faire instance que je soys semond aux obs?ques qui se feront, icy, pour la Royne, votre fille, de quoy n'y a encores gui?res grand commancemant d'aprest. Et, en ce qui concerne les affaires de la Royne d'Escoce, vous s?avez, Madame, combien j'ay toujours estim? inporter ? la grandeur du Roy, et V?tre, et ? la r?putation de votre couronne, qu'elle ne soit abbandonn?e de Voz Magestez en ceste sienne fortune, dont j'ay mis peyne, despuis que suys icy, de recouvrer touz les adviz, que j'ay peu, concernant la dicte Dame, pour les communiquer ? ses depputez, et continueray, avec toute affection et diligence, de m'employer en ses dictes affaires, comme Voz Magestez me le commandent, et ainsi que ses depputez m'en advertiront. J'entendz qu'il survient, tous les jours, nouvelles difficultez en son faict, ? cause que les commissaires ne s'accordent bien de ce que s'i doibt faire, et n'y a encores rien d'ordonn? sur ce que ses dictz depputez ont requis qu'elle viengne tretter en personne ses dictes affaires avec ceste Royne, comme avecques sa bonne soeur. Car, encores qu'aulcungs de ses commissaires en soyent d'advis, les autres y contredisent le plus du monde, et se dict que le comte de Mora aura, cependant, cong? d'aller en Escoce, laissant icy milhor de Morthon, Ledinthon et quelques autres, pour continuer la v?riffication de ce qu'ilz ont propos?. Les depputez de la dicte Dame ne sont encore bien r?soluz s'ilz doibvent aussi demander leur cong?, et rompre, pour leur regard, ceste conf?rance. J'entendz que le chateau de Donbertran a est? tenu quelques jours fort ? l'estroit, tant du cost? de la mer que de la terre, par ceulx du party du comte de Mora, de sorte que, par faulte de vivres, il sera pour se rendre bien tost, si le comte d'Arguil et les Ameltons, qu'on dict estre desj? en campaigne, ne le secourrent, dont s'estime qu'il y aura bientost quelque rencontre par del? sur l'occasion de lever le si?ge de ce chateau. Ung personnaige de bonne qualit? m'a adverty que ceulx, qui sont icy de la part du prince de Cond?, du comte Palatin, du duc de Deux Ponts et du prince d'Orange, pourchassent d'estre accomodez, par le cr?dit de ceste Royne, de certain payemant de Jocondalles, en Allemaigne, sur les polices des marchans italiens qui sont en ceste ville. Je suis apr?s d'en descouvrir la v?rit? pour vous en donner, par mes premi?res, plus grand certitude, et sur ce, etc.
AU ROY.
Sire, entendant la saysie qu'on a faicte, ces jours passez, aux portz de de??, de cinq navyres biscayns, qui portoient bon nombre de r?ales d'Espaigne, en Envers, et le d?sembarquement des r?ales, nonobstant qu'on he?t desj? d?livr? passeport, ? l'ambassadeur d'Espaigne, pour les f?re passer en Flandres, et voyant d'ailleurs les grandes sollicitations que faisoient ? ceste Royne ceulx, qui sont icy pour les quatre princes, que je vous ay plusieurs fois nommez, et qu'elle assambloit souvant son conseil pour leur respondre, creignant qu'en fin ilz la pressassent de se joindre ? l'entreprinse de leurs Maitres, ou de faire quelque d?monstration en leur faveur, qui fust pr?judiciable au bien de voz affaires, je l'allay visiter, mercredy dernier, sur l'occasion de luy compter de la retraite du prince d'Orange ce que m'en avez mand? par les v?tres, du cinqui?me du pr?sent. Et apr?s luy avoir fait voir le bon succez que Dieu vous avoit donn? contre le dict prince, et comme, ? ceste heure, vous d?lib?riez marcher droict ? l'autre, et reprendre votre chemin vers votre camp, y menant le renfort que vous aviez pr?par? contre cestuy cy, avec esp?rance que Dieu vous feroit avoir bien tost la raison de ceulx qui, sans rayson, s'estoient eslevez en votre royaulme, je la suppliay qu'elle ne voul?t participer ? une si mauvaise entreprinse, et si contraire ? l'authorit? des Roys, comme estoient celles qu'ilz poursuyvoient, luy remonstrant assez rondemant, sans exc?der toutes foys la forme des gracieulx et privez propos, qu'il luy plaisoit me tenir, que, si elle condescendoit ? leur bailler quelque apparant secours, ny mesmes leur prester aulcung support, que, oultre la contrevention qu'elle feroit aulx trettez de paix, elle seroit en danger d'estre par tous les roys chrestiens estim?e une Royne alli?e de ceulx qu'ilz repputent d?sob?issans ? leur Roy, et vous feroit, Sire, qui estes son amy, devenir, possible, son ennemy. Dont m'assurant qu'elle voudroit esviter l'ung et l'autre, je la supplioys, de rechef, de ne prendre aucunemant le party de ceulx cy, et qu'encores feroit elle mieulx, si elle vouloit prendre le v?tre, qui esti?s son alli? et conf?d?r?, contre ceulx qui n'eurent oncques ny alliance ny conf?d?ration avecques elle, ny n'en pouvoient avoir, de pays ? pays, car ilz n'avoient point de pays, ny de personne ? personne, car sa grandeur estoit assez diff?rante de leur qualit?, l? o? elle avoit desj? l'ung avecques vous; et adjouxtay qu'elle y pouvoit encores avoir l'autre avecques ce, qu'elle commanceroit par l? une loy, avec ung tel alli? comme vous luy estes, qui pourroit, ung jour, tourner plus ? son dommage qu'au v?tre, si jamais les troubles advenoient en son royaulme.
Elle me respondit que, pour le regard du prince d'Orange, Dieu l'avoit justement puny, car il n'avoit aucung raisonnable tiltre, de son chef, d'entrer, ? main arm?e, en France, n'estant point Fran?ois; et puys qu'il s'en estoit retourn? en Allemaigne, que jamais n'i peult il pour semblable occasion revenir, me demandant assez curieusement si aviez dress? nouvelle arm?e contre luy, ou si avez est? contraint de faire approcher celle de Monsieur, fr?re de Votre Magest?, et que cependant le prince de Cond? en eust est? d'autant soulag?; aussi par quelles forces vous avez faict combatre le dict prince d'Orange, qu'il en eust est? contraint d'ainsi s'en aller; ? quoy luy ayant satisfaict, comme je le pouvois entendre, elle continua me dire que, quant ? prendre le party de leur entreprinse, qu'elle n'avoit rien en si grand horreur, en ce monde, que de voir ung corps s'esmouvoir contre sa teste; et qu'elle n'avoit garde de s'adjoindre ? ung tel monstre, me pryant de vous escripre, et ? la Royne, que vous la trouveriez ferme en la bonne amyti? et conf?d?ration qu'elle avoit avecques Voz Magestez, et qu'elle ne se d?claireroit, ny ne se montreroit contraire ? rien qu'elle cogn?t torner au pr?judice de voz intantions. Bien vous vouloit advertir que l? o? elle entendroit se faire quelque partye contre la relligion de la quelle elle est, qu'elle estoit d?j? d?clair?e pour la deffence d'icelle, et de pr?venir, par toutz les moyens que Dieu luy avoit donnez, le danger, qu'elle et ses subjectz en pourroient encourir.
Je luy reppliquay qu'on luy pourroit, possible, persuader l? dessus beaucoup de choses, pour le regard de la France, sur l'inpression qu'elle avoit desj? d'aulcungs particuliers, ainsi que l'ambassadeur d'Espaigne me l'avoit dict, l'ayant ainsi comprins en la derni?re audience, qu'elle luy avoit donn?e, o? elle luy avoit faict mencion de messieurs de Guyse comme de ses ennemys, et de ceulx de Chatillon comme de ses amys: sur quoy je luy voulois bien dire qu'elle ne debvoit consid?rer les ungs ny les autres, que comme voz subjectz, et que l? o? il estoit question de l'entret?nemant des trett?s d'entre Voz Magestez, elle ne debvoit mettre en aulcung compte, ny leur amyti?, ny leur ayne, et se fier tant en votre amytiez, que vous garderiez toutjour que nul de voz subjectz ne l'offenceroit; et quant il le feroit, et qu'elle vous en fist demander justice, que vous seriez toujour prest de la luy rendre, et que, si ces seigneurs avoient quelque querelle entre eulx, vous seul, Sire, en debviez demeurer l'arbitre, estant leur Maitre et leur Roy, sans qu'ilz recourussent ? nul autre prince, ny que nul autre prince les de?t recepvoir, et que vous ne pr?tendiez, par ceste guerre, rien de particulier pour les ungs, ny rien contre les autres, ny autre chose quelconque que de recouvrer l'ob?yssance de voz subjectz, et rem?tre votre royaulme en repos.
A cella la dicte Dame me respondit qu'elle n'avoit nomm? ny ceulx de Guyse, ny ceulx de Chatillon, ? l'ambassadeur d'Espaigne, mais que, possible, il l'avoit ainsi comprins de son dire, et me r?cita au long les propos qu'ilz avoient heu ensemble: puis, continua me dire qu'elle ne craignoit les ungs ny n'esp?roit aulx autres, bien qu'elle s?avoit les diff?rentes volontez qu'ilz avoient envers elle, et puys que Votre Magest? ne cherchoit par ceste guerre que de ravoir l'ob?yssance de voz subjectz, elle prioyt Dieu de vous donner tout bon et heureulx succez en votre entreprinse, estimant qu'elle feroit contre sa conscience de vous y nuyre, et que Dieu la pourroit justement punyr par l? o? elle auroit offenc?.
Or, Sire, le docteur Junyus, qui estoit icy pour le comte Palatin, et les messaigers du duc de Deux Pontz et du prince d'Orange, s'en sont retournez, et je pr?sume qu'ilz ont rapport? une semblable r?solution que j'ay heue ? ceste audiance; c'est que ceste Royne ne se d?clarera ouvertemant contre Votre Magest?, ny contre le Roi d'Espaigne, mais que s'il se faict ligue contre sa relligion, elle entrera volontiers ? la deffence d'icelle. Tant y a que ce n'a est? peu, ? eulx et au conseiller Cavaignes, d'avoir peu persuader ? la dite Dame d'ozer mettre la main sur ces r?ales d'Espaigne, car la somme, ? ce que j'entendz, est de plus de 450,000 ducatz, et l'ambassadeur d'Espaigne s'en va demain, pour ceste occasion, ? Antoncourt; remettant, Sire, ? ce gentilhomme, pr?sent pourteur, vous faire entendre toutes autres particularitez concernans icy votre service, et je prieray Dieu, etc.
J'ay est? en peyne de s?avoir de quoy ceulx cy avoient est? fach?s despuis cinq jours, et cuydois qu'ilz heussent heu nouvelles de quelque autre deffaicte de ceulx de leur relligion en France, mais j'ay sceu, ce mattin, que c'estoit pour ung navyre qui, sur le cr?dit de ceste Royne, avoit est? naguy?res charg? d'ung grand nombre de pouldres et de corseletz, en Anvers, pour le conduyre, comme on m'a dict, ? la Rochelle, et qu'il est venu fondre en certains sables, qui sont ? trois lieues de Douvres, d'o? l'on n'a peu rien retirer que quelque tonneau de corseletz, et toutes les poudres ont est? gast?es et perdues.
A LA ROYNE.
Puis, pour la fin de mon audiance, je luy recommanday, de la part de Voz Magestez, la personne et les affaires de la Royne d'Escoce avec quelque mercyement de la peyne qu'elle avoyt prins d'y faire vacquer toutz ces jours son conseil, et y vacquer elle mesme, adjouxtant davantaige, ainsi que l'?vesque de Ros m'avoit pry? de faire, que Voz Magestez la supply?s de luy donner bien tost le secours qu'elle luy avoit promis, pour la remettre en son estat, et que, quant vous verriez que celuy l? luy deffaudroit, qu'encores parmy les grandz affaires o? vous estes, Voz Magestez s'efforceront de luy en bailler. Elle m'a respondu qu'elle avoit advis? de faire entendre ? la dicte Dame tout ce qui avoit est? faict en ses affaires jusques icy, et ce que les seigneurs d'Escoce avoient propos? contre elle, et attandre l? dessus sa responce pour faire, puys apr?s, tout ce qu'elle pourroit en bonne consciance au bien et proffit de la dicte Dame, et qu'il n'y avoit personne, souz le ciel, qui heust tant de soing de la personne, de l'estat et de la r?putation d'elle, qu'elle avoit, estant de son sang et sa niepce, et qu'elle avoit de bon cueur obly? toutes les querelles, qui avoient est? entre elles, n'ayant garde de s'en venger maintenant qu'elle estoit venue ? recours en son royaulme, et feroit plus pour elle que si elle estoit ailleurs, et donroit ordre qu'elle n'auroit besoing d'autre secours que du sien, et que toute la proc?dure seroit communiqu?e ? Voz Magestez, et autres princes chr?tiens, et esp?roit qu'elle seroit approuv?e de toutz. Je vous envoye ce que j'ay pu recouvrer de la dicte proc?dure, et entendr?s, s'il vous plait, plus amplement de ce faict et autres particularitez de de?? par ce gentilhomme, pr?sent pourteur, qu'? cest effect j'envoye expr?s devers Votre Majest?, ? la quelle, etc.
LETTRE SECR?TE.
Madame, encor que ceste lettre soyt ung peu longue et mal escripte, je vous suplye n?anmoins la lire enti?rement, et ? part, estimant qu'il suffira que Votre Magest? voye ce qui y est contenu, et que, sur ce que je demande avoir advis, vous seule me le donniez. L'ambassadeur d'Espaigne, qui est icy, m'a dict avoir eu lettres de Vienne, de Mr. de Chantonay, d'assez vieille datte, par les quelles il luy mande que l'Empereur avoit gracieusement licenci? le Sr. de Montmoryn, avec d?monstration d'avoir bien prins, et receu ? bien grand honneur, ce que le Roy luy avoit faict entendre de son bon desir envers sa fille aisn?e, pour l'avoir en mariage, et de vouloir ? cest effect luy envoyer ses ambassadeurs pour la demande. A quoy toutes fois il n'avoit faict enti?re responce, ains avoit remis au Roy Catholique, et ? son fr?re l'archiduc Carlos, qui l'alloit trouver, de la f?re, et de r?souldre en Espaigne ceste affaire, quant ilz seroient ensemble. Et adjouxtoit le dict Sr. Chantonnay que le dict Sr. Empereur n'estimoit rien moings que d'avoir donn? ses deux filz aisn?s, et encores plus express?ment sa fille aisn?e, au dict Roy Catholique, pour en ordonner ? son plaisir, et qu'il tenoit comme assur? que ses dicts deux filz espouseront les deux infantes d'Espaigne, dont ceste grande succession seroit pour leur advenir quelque fois; et disoit aussi que le mariage de l'archiduc Carlos avecques la princesse de Portugal se feroit pour demeurer toutz deux gouverneurs en Espaigne, pendant que le Roy Catholique viendroit en Flandres establir ses aff?res, et effectuer les autres mariages, et qu'il estoit le plus ? propos du monde que le Roy espous?t la segonde de l'Empereur, estant les ?ges bien convenables, affin que l'alliance et bonne intelligence de ces trois grands princes se continu?t au bien de la chr?tiennet?, voulant, ? mon advis, inf?rer que l'aisn?e estoit desdy?e ailleurs. J'ay r?pondu que je ne s?avois quelle charge avoit eu le Sr. de Monmorin devers l'Empereur, mais que si le Roy avoit demand? la fille aisn?e en mariage, l'on pouvoit penser que ce n'avoit est?, sans qu'il y he?t quelque affection, et qu'il estoit bien mal ays? de la luy faire changer.
Environ cinq ou six jours apr?s, l'ambassadeur de Portugal me vint visiter, et, entre ses autres propos, il me dit que le Roy don Philippe, et la Royne de Portugal sa tante, avoient trouv? moyen de faire escripre un brief au cardinal de Portugal, par le quel le pape luy mandoit qu'il e?t ? se d?porter de l'administration du royaume de Portugal, et laysser ces choses s?culi?res aux s?culiers pour s'astreindre et vacquer ? celles de son ?vesch?, et aux charges spirituelles du royaume, ce qu'il avoit faict pour l'esloigner du Roy, son petit nepveu, qui l'aymoit et honoroit grandement, affin de disposer, puys apr?s, de luy et de son estat ? leur volont?, et principalement pour le marier ? leur poste, s'estant le cardinal toujours oppos? au party que la grand m?re, la m?re et le dict Roy Catholique luy avoient pourchass? de la segonde de l'Empereur, pour entendre ? celluy de Madame, et avoit tir? l'affection de tous les subjectz ? son opinion, et que, pendant que le cardinal estoit encores ? se r?souldre s'il se debvoit retirer ou non, parce que les estatz du pa?s estoient sur le point d'envoyer suplier le pape de luy perm?tre la dicte administration jusques ? ce que le Roy, son nepveu, soyt en ?ge de l'exercer par luy mesmes, me remonstroit le dict ambassadeur que, si Votre Magest? vouloit effectuer ce party de son Maitre pour Madame, comme il en avoit desj? parl?, qu'il estoit temps que le propos s'en rem?t sus, et qu'il fust poursuyvy ung peu chaudemant; car, si l'occasion pr?sente de l'authorit? et bonne affection du cardinal se passoit, et que ce prince rev?nt ez mains de la grand m?re, il estoit danger de ne s'effectuer jamais, et que sur ce je vous voulusse faire promptement une d?pesche. Je luy r?pondis, apr?s le mercyement de sa bonne voulont?, que Votre Magest? avoit toujour beaucoup estim? le party du Roy son Maitre, mais qu'il s?avoit bien que l'advantaige estoit deu aux dames de n'aller point requ?rir, ains qu'on v?nt devers elles pour estre requises, par ainsi failloit que cecy commen??t de leur cost?. Il me reppliqua qu'ilz avoient d?j? parl?, et, s'ilz estoient assurez de votre volont?, qu'il avoit opynion qu'on continueroit, et que si je luy en pouvois faire entendre quelque mot avant son retour, il en solliciteroit sur le lieu si vivement les aff?res que bien tost vous en orriez des nouvelles, et que, pour ceste occasion, il laisseroit aller ceste premi?re flotte de navyres, o? il avoit d?lib?r? s'embarquer, pour temporiser la responce de ce n?goce, jusques ? la my janvier que les navyres v?nitiens partiroient. Je luy promis que je vous en escriprois, mais, s'il n'en avoit sit?t responce comme il desiroit, qu'il vous excus?t sur voz autres pr?sans et plus urgens empeschemans, ? quoy il ne se peut tenir qu'il n'adjouxt?t que, sur une telle mati?re et en telle conjonction comme se retrouvoit ? pr?sent le Roy, son Maitre, et son royaulme, l'on ne debvoit uzer de d?lay. Car le temps pouvoit si bien enpourter l'occasion qu'elle ne reviendroit, possible, jamais plus.
Despuys, est venu le susdict ambassadeur d'Espaigne traitter avecques moy de ce qui pouvoit concerner, icy, le service commung de noz maitres, et m'a mis en avant deux choses, les quelles il estime bien importantes, et quasi n?cessaires ? la chr?tiennet?: l'une est que, ne cognoissant, ? ce qu'il dict, aucung plus grand h?r?tique, en ce monde, ny plus adversaire de la relligion catholique qu'est Me. Cecile, qu'il est besoing que, de mon cost?, au nom de Voz Magestez Tr?s Chr?tiennes, comme aussi, luy du sien, au nom du Roy Catholique, travaillions de luy faire perdre ce lieu, ceste faveur et cr?dit, qu'il a aupr?s de la Royne, sa m?tresse. A quoy j'ay r?pondu que je seray toujour prest de servir ? la cause de la religion catholique, en tout ce qu'il me sera possible, et que failloit regarder par o? l'on commanceroit ceste besoigne; car la dicte Dame avoit uniquement commis tous ses aff?res au dit Cecile, et que difficilement ung prince vouloit changer d'ung tel priv? ministre, quant il s'en trouvoit bien. Il m'a r?pliqu? que d?j? il avoit comanc? d'y donner une bonne main, ayant procur? qu'une partie de ses affaires s'exp?die par autre secr?taire que par luy, et que je n'obliasse de frapper mon coup, quant j'en verray la comodit?.
La segonde particularit? est, que, si Voz Magestez Tr?s Chrestiennes et Catholique vous accord?s de remonstrer vivemant ? ceste Royne une conjoincte r?solution d'interdire ? ses subjectz tout traficque et commerce en France, Flandres et Espaigne, s'ilz ne reviennent ? la religion catholique et ? l'ob?yssance de l'?glise romayne, la dicte Dame sera contrainte d'y r?duire elle et son royaume, d'autant que toutz les deniers de son estat sont prins sur les entr?es, et yssues des marchandises de ce royaume, et le principal revenu des seigneurs et gentilshommes est en choses qui se transportent dehors, et celle du peuple en manifactures et trafficqs, quoy cessant, sera impossible ? ses subjectz de se maintenir, dont estant les catholiques encores en plus grand nombre dans le pays que les autres, ilz contraindront, par la force de cette n?cessit?, tout le royaume de retourner ? la religion catholique, et que d?j? il en avoit escript bien chaudement au Roy Catholique, son Maitre, du quel il esp?roit avoir responce du premier jour, et ne seroit, ? son advis, sans qu'il vous f?t quelque instance de me commander d'intervenir, et me joindre avecques luy, son ambassadeur, pour en faire conjoinctement la d?claration requise ? ceste Royne, m'adjouxtant que, mesmes, il faudra que je parle le premier, d'environ huict jours, devant luy, affin qu'il soyt veu traitter ung peu moins rudement que moy ceste princesse, ? cause de la plus estroicte alliance que son Maistre a avecques elle; mais qu'il viendra apr?s confirmer de telle sorte la besoigne qu'elle sera contrainte d'ob?yr. Je luy ay r?pondu que je l'escriprois ? Voz Magestez affin d'avoir sur ce votre commandement, et que d'autres personnes de bon entendement m'en avoient d?j? parl?, comme ? la v?rit?, Madame, aucungs Italiens m'ont faict une si expresse d?monstration l? dessus qu'il semble n'estre sans apparant fondement.
Votre Magest? consid?rera ces quatre choses, dont les deux premi?res qui concernent les mariages, du Roy et de Madame, vous atouchent de si prez que je desire que la conclusion vous en demeure toujours en la main, sans permettre que nul autre prince s'en empare tant qu'il le puysse manyer ? sa discr?tion; car pouvez penser que nul, si non vous, la mesnagera, sans y consid?rer son proffit, et sans y observer ses heures, et ses momentz, pour s'en authoriser, luy et ses aff?res, au monde, sans se soucyer beaucoup comant les v?tres, et ceulx du Roy, et de Messeigneurs voz enfans, aillent; et, possible, en vous attendant d'effectuer ung party, vous perdr?s les deux, dont sera bon d'en avoir si certaynes et pressantes ares qu'on ne vous y puisse plus uzer de desfaictes et remises.
Touchant ? Me. Cecile, l'on dict, ? la v?rit?, qu'il est fort passion? pour la nouvelle religion, et qu'il seroit bon qu'ung plus mod?r? t?nt ce lieu prez de sa Maitresse; mais je ne voy pas qu'il soyt ais? de l'en oster, avec ce, qu'on m'a dict, qu'il dissuade la guerre de France ? sa Maitresse, et est bien fort uny avec le comte de Leyster, qui faict profession de vous estre tout serviteur.
Quant ? deffendre aux Anglois le traficque en France, il semble qu'il sera bon que le Roy Catholique face ceste ouverture de le leur interdire, premi?rement, en Flandres et en Espaigne, parce qu'ilz ont l? leur plus grand commerce, et, si l'on void que cella serve ? remettre la religion catholique en ce royaulme, Voz Magestez en feroient, incontinent apr?s, faire leur d?claration; car, de commancer en votre nom, cela pourroit divertir tout le traficque, que ceulx cy ont en votre royaulme, pour le transporter ailleurs, qui est, ? ce que j'entendz, de plus de deux millions d'or de proffit, touz les ans, et si, n'auriez, possible, rien advanc? pour la relligion catholique. Encores sera il bon de regarder si conjointement vous en debvez faire la dicte d?claration avec le Roy Catholique; car il y a si estroicte alliance de ceste princesse avecques lui, et entre leurs pays, qu'ilz s'accorderont toujours ays?emant, et le Roy demeureroit, possible, seul int?ress?. Mais Votre Magest? me commandera son intention sur le tout, et je m?tray peyne de la suyvre si exactement qu'elle cognoistra que je n'ay rien en la mienne qu'ung parfaict desir de trez humblement vous ob?yr.
Ce gentilhomme, pr?sent pourteur, est certain et fidelle et si secr?t que luy pouvez commettre tout ce qu'il vous plaira, mesmes ce que j'auray ? dire ? l'ambassadeur de Portugal, qui me presse de respondre. Sur ce je prye Dieu, etc.
M?MOIRE BAILL? AU DICT Sr. DE VASSAL.
Pl?ra ? Leurs Magestez entendre du cost? d'Angleterre;
Que le Sr. de La Mothe a mis toute la peyne et dilligence qu'il a peu de s?avoir si ceste Royne se d?clareroit pour le prince de Cond?, ou qu'est ce qu'elle feroit en sa faveur, mais il n'a peu, encores, descouvrir qu'elle, ny ceulx de son conseil, ayent intantion de se d?clarer, pour ceste heure, ouvertement contre le Roy; car elle fait semblant, en toutes ses parolles et d?monstrations, de vouloir fermemant pers?v?rer en la paix qu'elle a avecques Sa Magest?;
Que le comte de Lestre, s'estant tenu pour fort honor? de ce que le Roy et la Royne luy ont envoy? de leurs lettres, a assur? au dit Sr. de La Mothe que sa Maitresse estoit fort bien dispos?e ? l'entret?nement de la dicte paix, et qu'il mettroit toute la peyne qu'il pourrait de l'y continuer, comme, ? la v?rit?, luy, et ceulx qui gouvernent, ne la veulent mettre en guerre, et, d'elle mesmes, elle est bien fort timide, et refuyt toute occasion d'ennuy et de despence;
Mestre Cecile a dict au Sr. de La Mothe, que le Roy ne debvoit trouver mauvais si la Royne, sa Maitresse, recepvoit ceulx qui fuyoient d'ailleurs persecut?s pour la mesme relligion, dont elle, et tout son royaume, faisoit profession, et, qu'au reste, elle ne feroit rien de quoy le Roy peult estre offenc?;
Aulcungs des plus grands de ce royaume ont dict qu'ilz avoient pens? qu'en ceste g?n?rale convocation de la noblesse du pays, l'on leur proposeroit quelque chose de la guerre de France; mais il ne leur en a est? faict aucune mencion, et semble que le desir qu'ilz ont du repos, et le peu de moyens d'entreprendre la guerre, les fera pers?v?rer en la paix, dont ne s'y faict autre pr?paratif, que ce qui a est? mand? ? Leurs Majest?s;
Tant y a qu'estans, les trois principaulx qui manyent les affaires de ce royaume, de la nouvelle relligion, il se void clairemant qu'ilz persuadent la dicte Dame de porter toute la faveur et support que, sans se d?clairer, elle peult ? l'entreprise du dict prince;
Ensemble qu'ilz ayent tant faict, avec l'ayde du cardinal de Chatillon, que le conseiller Cavagnies, et le docteur Junyus, et les d?put?s du duc de Deux Ponts, et du prince d'Orange, ayent enfin obtenu une secr?te d?claration de la dicte Dame, qu'elle sera en ligue avec Leurs Majest?s pour la commune deffence de la dicte relligion, tant en France, Flandres, que ailleurs, et n'est sans apparence qu'elle y soit aussi pour la deffence de la Basse Germanie de l'oppression qu'ilz disent que les Espaignolz y font.
Il s'entend, n?anmoins, qu'elle n'interviendra point plus apertemant qu'elle est ? ceste heure, en la dicte ligue, sinon qu'il se descouvr?t ligue contraire, patante et d?clair?e, des princes catholiques, contre leur dicte relligion, auquel cas, l'on employera lors, ouvertement, son nom en ceste cy.
Et cepandant ont obtenu, pour ne laysser succomber lesdictz princes, et affin qu'ilz puyssent maintenir ceste guerre, laquelle ilz disent estre contre leur relligion, quoy qu'on luy veuille donner autre tiltre, que la dicte Dame leur prestera la faveur et support de son pays et de ses ports, sans violer toutesfois la paix de France et d'Espaigne.
Ainsi, ont d?j? procur? que, par son visadmiral Me. Oynter, elle ayt envoy? au prince de Cond? les six canons, dont le Roy est adverty, et ung nombre de poudres, pics, pailes et autres munitions de guerre, en baillant touteffois caution de rendre lesdictz canons et de payer le demeurant;
Ainsi, qu'ilz ont permis ? Chatellier Portault d'uzer ? son plaisir des prinses qu'il avoit faictes. Et fraischemant, ? ung pirate anglois, nomm? Aman, et ? des Fran?ois qui estoient avecques luy, a est? permis le semblable d'ung grand navyre de Marseille, charg? de beaucoup de riches marchandises, apartenant aux sujets du Roy Catholique, qu'ilz ont prins, en venant d'Anvers, et men? ? Anthonne: la dicte Dame, ? la requ?te du dict Sr. de La Mothe et de l'ambassadeur d'Espaigne, avoit escript aux officiers de la justice, qui l'avoient desj? arrest?, de le faire rendre ? ceulx ? qui il apartenoit, mais secr?tement il a est? mand? de laisser aller le pirate, avec le navyre et marchandises, pour l'aller d?biter ailleurs.
Ils ont aussi procur? de faire faire la saysie de cinq navyres biscayns, qui pourtoient d'Espaigne en Flandres environ cinq cent cinquante mille ducats de r?ales, et ont regr?t qu'autres trois navyres, qui estoient venuz de mesme compaignie, et avoient aussi abord? parde?? n'ont est? arrest?s, qui pourtoient autre somme d'envyron trois cent mille ducats de r?ales, et sont apr?s ? v?riffier que lesdicts deniers viennent par voye de marchands, affin que la dicte Dame les puysse prendre pour ses affaires, en payant l'int?rest.
Il y a quelque secret advis qu'on a mand? aus ports et h?vres de de?? d'arrester tous les navyres et marchandises des Bretons et Normands, qui y aborderont, jusques ? la valleur et concurrance de certaines prinses, qu'aucungs Anglois et Irlandois se pleignent leur avoir est? faictes par ceulx de Croisy et autres Fran?ois, et dont ils n'ont peu avoir justice en France.
Et avoient aussy est? arrestez de de?? plusieurs navires fran?ois, plus de six sempmaines a, qui n'avoient que le seul lestaige, et alloient cercher affret, dont ceulx, qui estoient conduicts par gens de la nouvelle relligion, ont est? touts relach?s, mais ceulx des catholiques sont encores en arrest.
Est ? craindre que lesdicts Anglois proc?deront encores plus insolentemant sur mer, tant contre les subjects du Roy que contre ceulx du Roy d'Espaigne, apr?s que leurs deux flottes de Bourdeaux seront de retour, qui sont de LX ou LXX navyres chascune, dont est ? consid?rer s'il sera bon d'arrester lesdictes flottes par del? jusques ? ce qu'on aura prins plus grande seurt? d'iceulx Anglois, ou qu'on aura faict parler plus clairement leur Royne, sans touttefois leur porter aulcuns dommaiges, ny pillier rien du leur.
Il semble qu'on a est?, icy, assez en suspens de l'arm?e du duc d'Alve, tant qu'il l'a tenue en estat, despuis le partement du prince d'Orange, et se sont r?jouys qu'il l'ayt d?partye, dont semble que, si le dict duc tenoit quelque forme de camp, ou qu'il f?t semblant de le vouloir dresser, que cella contiendroit assez ceulx cy de ne se d?clairer si avant qu'ilz font.
Il est certain que la dicte Dame et ceulx de son conseil sentent quelque mouvemant dans l'affection d'une partie des subjectz de ce royaume pour le faict de la religion, et que les catholiques, dont y a grand nombre, mesmes de la noblesse, aspirent au recouvrement de la religion catholique, et semble que l'ambition poussera en avant l'entreprinse de tant que les principaux seigneurs, qui sont catholiques, supportent fort difficilement que tout le gouvernement soyt ez mains d'aucungs, qui sont assez nouveaulx et de petite qualit?, et toutz de la nouvelle relligion.
Et cecy se descouvre bien fort en la cause de la Royne d'Escoce, que les catholiques portent et favorisent tout ouvertement, autant qu'il leur est possible, et les autres monstrent estre ses contraires, dont en fin son faict va tumber en la division de la relligion.
Et de tant qu'on ouyoit les ungs et les autres en parler assez hault et bien fort librement en ceste ville, il a est? escript au maire d'advertir ceulx qui tiennent les principales tables, o? se faict la plus grande assambl?e de gens de qualit? en ceste ville, qu'ilz n'ayent ? y recepvoir aulcungs de qui ilz ne veuillent respondre, qu'ilz les repr?senteront pour estre examin?s sur les propos qu'ilz tiendront de la Royne et de ceulx de son conseil, soit d'Escoce, ou de la religion, ou autres mati?res d'importance.
Et, ? ce No?l, l'on est all? par les maisons semondre les gens d'aller au service et presches, qui se faisoient en leurs ?glizes, ce qui n'estoit acoustum? de faire.
L'on verra l'estat o? sont ? present les affaires de la Royne d'Escoce par la remonstrance que ses depputez ont pr?sent? ? ceste Royne, et par la response qu'elle leur a faicte; dont l'un et l'autre sont envoy?s par la pr?sente d?pesche.
Le faict de la dicte Dame iroit plus mal sans le support du duc de Norfoc et du comte d'Arondel, qui, oultre ce qu'ilz ont remonstr? vifvement les droicts de ceste princesse en ceste conf?rance, ilz ont encores repr?sent? ? la Royne, leur Maitresse, qu'en laissant opprimer ceste princesse ? ses subjects, elle pr?parait contre elle ung mauvais exemple aux siens.
La garde de la personne de la dicte Dame a est? reffus?e au comte de Hontinton, comme suspect ? elle, et a est? commise au comte de Cheirosbery, grand seigneur vers le nord et bon catholique, et ? qui aussy le chateau de Thitbery, o? l'on a ordonn? de la remuer, apartient en propre.
Tous les Escou?ois, qui sont ici, ont est? arrestez, mesmes le duc de Chatelleraut et le comte de Mora, jusques ? ce qu'on aura notiffi? ? la dicte Royne d'Escoce toute la proc?dure qui a est? faicte jusques icy, et qu'on aura heu sa responce, de quoy le comte de Mora monstre n'estre contant.
L'?vesque de Ross estime qu'il feroit grand bien ? la dicte Dame que Leurs Majestez escripvissent ? ceste Royne quelques bonnes lettres de recommandation et de mercyemant pour la peyne qu'elle a prins de vacquer et faire vacquer son conseil ? l'exp?dition des affaires de la dicte Dame, la pryant d'y mettre bient?t une bonne fin, de peur qu'il ne surviengne quelque inconv?niant ? la personne et ? l'estat de ceste princesse, se voyant si long temps d?tenue o? elle est, et si long temps absante de son royaulme, et que, quant le secours que la dicte Royne d'Angleterre luy a promis lui deffaudroit, que Leurs Majestez s'esforceront, parmy leurs grandes aff?res, de luy bailler le leur.
PROPOSITION DE L'?VESQUE DE ROSS, et autres depputez de la Royne d'Escoce, baill?e, par escript, en langaige escou?ois, ? la Royne d'Angleterre, et traduicte, comme l'on a peu, en fran?ois.
Plaise ? Votre Majest? combien qu'en notre r?plique, faicte ? Yorc, contre la fainte et controuv?e responce du comte de Mora et ses adh?rans, ayans esgard ? la charit? et ? la cl?mance de laquelle la Royne, notre Maitresse, se d?lib?roit d'uzer envers eulx, nonobstant leur d?loyaut? et forfaicts, pensant en cela faire plaisir ? Votre Majest?, les voulant ? votre instance r?unir au corps et reppublique de laquelle notre Maitresse et souverayne est chef, duquel s'estans par leurs trop diligentes, et subtiles, et fauces inventions s?parez, ilz ne m?ritoient estre ouys ni receus; nous r?pliquasmes, froidemant et doulcement, mais v?ritablement, sans railler ou les provoquer ? injure quelconque, comme maintenant ils all?guent injustement et sans occasion. Apr?s cela il a pleu ? Votre Majest?, pour vous mieulx satisfaire ? vous mesmes, et ? celle fin que les causes de notre souveraine fussent mieulx entendues, de r?voquer la dicte conf?rance, icy, devant vous et tels de votre conseil priv? qu'il a pleu ? Votre Majest? depputer pour ce faict; en pr?sence de qui nous avons exib? une protestation par laquelle avons protest? qu'on n'eust ? toucher la couronne, estat, personne ny honneur de la Royne, notre Maitresse, et que n'entendions nullement proc?der judicialement: laquelle protestation a est? par eulx admise et trouv?e raysonable. Mais l'usurpation est si proffond?ment enracin?e dedans le cueur du dict conte de Mora et des siens, et leur malice est tant endurcye et si grande, que, contre le debvoir naturellement deu ? leur souverayne, par la lib?ralit? de qui ilz ont est? toutz advancez et faictz grandz, et aussy contre leur protestation et la vraye intention de ceulx qui ont procur? ceste conf?rance, ilz ont faucement advanc? contre l'honneur de la noble personne de la dicte Royne, leur souveraine, pensant p?ner le droict et dignit? de son estat et couronne, tendant jusques ? la ruyne de son corps, par quoy eulx ayant perversement de leur part viol?, rompu ceste conf?rance, et que la Royne notre Maitresse ne pourroit jamais cy apr?s uzer de cl?mance envers eulx, comme aussy leurs indignitez le requi?rent, nous, pour notre part, en consid?ration desdictes causes, avons juste occasion de rompre et dissoudre la dicte conf?rance. Et consid?r? leurs injures et fa?on de proc?der, qui est intoll?rable, semant cy devant secr?tement leurs fauces inventions et faulx scandalle contre l'honneur de notre Souverayne, et ? pr?sent publiquement et d?sesp?r?mant, ne pouvant autrement trouver moyen de couvrir leurs ex?crables trahisons et malheureux actes, nous ne pouvons tant oblyer le debvoir que devons, premi?rement, ? Dieu, et, apr?s, ? notre dicte Souveraine, que de laysser si l?g?rement passer leurs pernicieulx, d?testables faictz avecques silance. Mais d'autant que ceste cause touche de si pr?s ? l'honneur et estat de la Royne, notre Maitresse, joint que nous avons expr?s commandemant de Sa Majest? que, en cas qu'il soit propos?, icy, autre chose que ce qui a est? expos? ? Yorc, qui touche ? sa couronne, estat, personne et honneur, de demander que ce soyt votre plaisir que, d'autant que le dict comte de Mora et les autres rebelles ont d?j? obtenu pr?sence de Votre Majest? et ont est? admis devant voz commissaires pour calompnier son honneur, que le mesme soyt accord? ? Sa Majest?. Par quoy humblemant, et affectionn?ement, desirons qu'il soyt permis ? notre dicte Souveraine de venir, icy, en propre personne, pour, en votre pr?sence, devant toute votre noblesse, et aussy en pr?sence de toutz les ambassadeurs, r?sidans icy en votre royaulme, d?clairer son innocence, et aussi pour faire entendre ? Votre Majest? les faulxes inventions et calompnies de ses rebelles, pour la deffence de son honneur; ? celle fin que Votre Majest?, et tous autres princes, et bons subjects, ausquelz la cognoissance de ceste conf?rance pourroit parvenir, soient mieulx satisfaitz. Et nous ne dobtons que, par l'advis de votre plus honorable et plus sage conseil, Votre Majest? ne nous accorde notre demande, veu que toute ?quit? et raison requiert qu'il soit plus t?t permis ? Sa Majest? , de venir en pr?sence de Votre Majest? pour d?clarer son innocence, que d'avoir permis ? sesdicts rebelles de faucemant calompnier son honneur en son absance. Nous desirons aussi, au surplus, que, puisque des rebelles ont entreprins de faucement et t?m?rayremant accuser Sa Majest? contre le droict de Dieu et nature, elle estant leur Souveraine et Maitresse, que, par authorit? de Votre Majest?, ilz soient arrestez icy pour respondre aux crimes qui leur seront mis sus, et qu'il plaise ? Votre Majest? nous donner response, affin que, selon que notre devoir le commande, et que l'expr?s commandement de Sa Majest? le requiert, nous luy donnons advertissement de ce que nous sera respondu.
CE QUE L'?VESQUE DE ROS A COMPRINS, de la response de la Royne d'Angleterre, sur sa protestation baill?e en langaige escou?ois, et traduict en fran?ois, comme l'on a peu.
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