Read Ebook: Correspondance diplomatique de Bertrand de Salignac de La Mothe Fénélon tome premier Ambassadeur de France en Angleterre de 1568 à 1575 by Salignac Bertrand De Seigneur De La Mothe F Nelon Active Th Century
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CE QUE L'?VESQUE DE ROS A COMPRINS, de la response de la Royne d'Angleterre, sur sa protestation baill?e en langaige escou?ois, et traduict en fran?ois, comme l'on a peu.
Le sommaire de la response faicte par la Majest? de la Royne d'Angleterre ? l'?vesque de Ros, lord Boyd, lord Heris et l'abb? de Kylindin, en la pr?sence de Mr. le garde du grand scel, le duc de Norfoc, le marquis de Norhampton, le comte de Suesex, Bethford et Lestre, le Sr. Clinton admiral, et le lord Havard chamberlan, Sr. Guillaume Cecile chevalier, premier secr?taire, Sr. Raff Sadelle chevalier, chancelier de la duch? de Lenclastre, et Sr. Vualter Videlmar chevalier, chancelier de l'eschiquier, a est? que la requeste, par nous pr?sent?e ? Sa Majest?, tendoit ? deux points:
Le premier, qu'il fust permis ? la Royne, notre Maitresse, venir, en personne, en pr?sence de la Majest? de la Royne pour, l?, pouvoir respondre ? toutes et telles choses qui pourroient ?tre object?es ? l'encontre d'elle;
Le segond, que, s'il ne luy estoit permis ce faire, qu'il ne fust point permis d'entrer en plus grande conf?rance sur ce faict.
La Majest? de la Royne fit, adonc et d?lors, response qu'elle pensoit plus convenable de r?prouver les subjectz de la Royne pour leurs t?m?raires et audacieuses accusations faictes allencontre de leur Royne souverayne, chose qui ne conciste qu'en termes g?n?raulx, que de faire venir la dicte Royne par de?? pour respondre en personne. Ce faict, la Majest? de la Royne commanda aux commissaires appeler par devers eulx le comte de Mora et sa compagnie, et les reprendre, bien et aigrement, de leurs audacieuses proc?dures, comme estans d?loyaus et contraires au debvoir de bons et loyaux subjects, et que cella ne debvoit demeurer inpugny. Sur quoy, le dict comte et ses compaignons estans ainsi accusez a faict responce que, luy, ny aucung de sa compagnie, n'ont jamais rien procur? contre l'honneur de leur Royne, mais que bien eulx estans notoiremant charg?s par leurs adversaires de si grands et ?normes crimes, ilz n'ont peu et ne pouvoient moings f?re, sans estre condempn?s et trouv?s coupables injustement, suivant la protestation par eulx cy-devant faicte et exib?e pour la descharge de leurs personnes, et estre purg?s des crimes ? eulx inpos?s, ayans est? contraints contre leur voulont? pour leur juste deffense que de faire ce qu'ilz ont faict. Et pour approbation du faict, ilz ont produict ausdicts commissaires de Sa Majest? des choses grandes, et de grande apparance, et conformes aulx pr?somptions et argumant du commung bruyt et rapport desdicts crimes inpos?s ? ladicte Royne. Desquelles choses la Majest? de la Royne, en ayant est? advertie par ses commissaires, les a en grande admiration ? son tr?s grand regr?t, ne pensant jamais ouyr telles choses, et en si grand nombre allencontre d'elle. Et partant doncques, consid?rant qu'ilz estoient venuz pour avoir plus oultre responce, Sa Majest? a dict qu'ilz auroient une response r?solutive en ceste sorte, que Sa Majest? estoit contante que le discours de la mati?re fust d?batue pardevant elle, si elle vouloit accorder y faire directe responce, parceque Sa Majest? pensoit que ce fust le plus honeste et seur moyen, et desiroit aussi que cela pe?t estre suffisant pour sa descharge. Et, pour ce faire, dict-elle, je vous proposeray trois moyens: le premier, est qu'elle envoy?t pour elle quelque f?al et suffisant personnage, ou plus, estans de ce authorisez, avec sa response: l'autre, qu'elle baill?t sa dicte responce ? quelques nobles personnaiges, tels qu'il luy plaira, si ainsy luy plait, pour luy envoyer: et le dernier, qu'elle ordonne et authorise soit les derniers commissaires, ou autres, pour respondre devant les commissaires de Sa Majest?. Mais que de venir en sa pr?sance, consid?rant que, quant elle arriva en ce royaume, Sa Majest? ne le pe?t avoir lors pour agr?able, pour son honneur, elle estant adonc diffam?e seulemant par le commung bruyt, tant icy que en la plus grande partie de la chr?tient?; beaucoup moings peult elle penser estre honorable de venir maintenant en sa pr?sance, consid?rant le grand nombre de mati?res et pr?sumptions de nagui?res produictes allencontre d'elle, voir et telles qu'il fait mal ? Sa Majest? y penser. Et pour ce, Sa Majest? les requiert vouloir accepter sa pr?sente responce, et luy en faire le r?cit, en la luy envoyant, estimant estre vrayment toujour n?cessaire pour elle de faire responce; car autrement quiconques luy donneroit autre conseil que de faire responce, ayant tant de moyens pour ce faire, seulemant parce qu'il ne luy est point permis venir en pr?sence de Sa Majest?, encores qu'ilz aparussent estre ses bons serviteurs, seuremant il serait plut?t ? juger, pour quelques respectz, de la trahir. Et sur cela, Sa Majest? les a requis, comme ses serviteurs, ? ce qu'elle a dict, car cella ne pourroit estre jamais prins en ce monde pour excuse raysonnable, si elle est innocente, comme Sa Majest? la desire estre trouv?e, de s'offrir estre estim?e coulpable de telz horribles crimes, seulemant par faulte de ne pouvoir venir en sa pr?sance, et ne se purger autremant devant le monde, par autre mani?re de raison; et si, ne pourroit penser commant la Royne pourroit plus promptement procurer sa condempnation, que de refuser ? faire responces. Et ainsi, avec plusieurs et semblables paroles par elle prononc?es ? loysir, et dont il ne leur peult du tout souvenir, il aparoissoit que le grand desir de la Royne , estoit que la Royne se pe?t descharger et acquitter par le moyen de quelque responce raysonnable. Et est la fin.
--du IIe de janvier 1569.--
Nouveaux succ?s remport?s sur les protestants.--Nouvelles d'Allemagne.--Menaces de repr?sailles pour les prises faites par les Bretons.--Cartels propos?s relativement au meurtre du roi d'?cosse.
AU ROY.
A quoy la dicte Dame a respondu qu'elle oyoit, de fort bon cueur, ces bonnes nouvelles, qui monstroient le bon acheminemant de vos affaires, et qu'elle desiroit que vos bonnes fortunes allassent toujours en augmantant, ? la gloire de Dieu. Ayant faict part des mesmes nouvelles ? aulcungs seigneurs que je s?ay n'estre marris de votre prosp?rit?, ilz ont monstr? estre bien ayses que j'eusse de quoy convaincre beaucoup de mansonges, qu'on publioit icy ordinairement des choses de France. Tant y a que l'ung d'eux m'a mand? que l'on tenoit pour certain que le prince d'Orange avoit faict monstre et pay? ses gens pour trois mois, et qu'il d?lib?roit temporiser l? o? il estoit, jusques au printemps, pour attandre la venue des autres Allemans qui se pr?paroient de descendre en France, et qu'il n'y avoit plus que deux mois d'yver jusque l?, qui seroient tantost coul?s. L'on m'a dict aussi qu'il y avoit lettres d'Allemaigne et de Flandres ? ceste Royne, par lesquelles l'on luy mandoit que le duc de Vuelgan faisoit grand dilligence de lever les reystres et lansquenetz, qu'il vouloit mener au secours du prince de Cond?, et que la monstre s'en debvoit bientost f?re en Alsatie; mais ne se mandoit le jour, ny le lieu, sinon que d'Alsatie il prendroit le chemin de la Franche-Comt? pour entrer en France.
Je vous ay mand?, touchant les lettres de marque que les Michelz de Plemmue avoient pourchass?es, qu'elles ont est? r?voqu?es et arrest?es, et, ? la v?rit?, il ne se trouve, au registre de l'audmiraut? de ceste ville, qu'elles ayent pass? outre. Mais en lieu de ce, j'ay advertissement qu'on a donn? une secr?te commission d'arrester toutz les navires fran?ois, qui aborderont ez portz et h?vres de de??, jusques ? la valleur et concurrance de certaines prinses, qu'aucungs Anglois et Irlandois se plaignent que ceulx de Croisy et autres Bretons leur ont faictes, dont ilz n'ont peu avoir justice en France; de quoy je remets au premier jour d'en f?re quelque bonne instance ? ceste Royne, ainsy que Vos Majestez me le commanderont.
L'Evesque de Ros avoit eu cong? d'aller vers la Royne d'Escosse, sa Maitresse, pour luy notiffier tout ce que jusques icy s'estoit pass? en ses affaires; mais, ainsy qu'il prenoit la poste en ceste ville, il a est? contremand? s'en retourner ? Antoncourt, o?, ? ce que j'entends, l'on est entr? en nouvelles propositions et en nouveaulx trett?s, qui semblent incliner au bien de la dicte Dame. Et j'esp?re que ce que j'ai dict et remonstr? icy, de la part de Vos Majestez, pour elle, lui servira grandemant; dont je remets vous donner plus ample notice de cella, et de toutes autres choses de de??, par mes premi?res; pryant Dieu, etc.
De Londres ce IIe de janvier 1569.
A LA ROYNE.
Le faict de la Royne d'Escoce semble prendre autre acheminement que ses adversaires ne cuydoient, lesquelz commancent, ? ceste heure, d'envoyer cartels de combats parce qu'on les charge de trahison, de rebellion, et encores du mesmes meurtre du feu roy d'Escoce, dont ilz accusoient leur Royne. L'?vesque de Ros a est? contremand? ? Antoncourt pour cest effect, lequel m'a mand? qu'il m'advertira de tout ce que luy sera propos?, affin d'en avoir mon advis; dont je remetz, Madame, vous mander, par mes premi?res, ce qu'en cella, et en autres choses, sera succ?d?; et je prieray Dieu, etc.
De Londres ce IIe de janvier 1569.
Xe D?PESCHE
--du VIe de janvier 1569.--
N?gociation relative ? la saisie faite sur les Espagnols.--Grand nombre de pirates qui se mettent en mer.--Crainte d'une entreprise sur Calais.--Accusation port?e par Marie Stuart contre ceux qui se sont d?clar?s ses d?nonciateurs.--Retour ? Londres d'une partie de la flotte de Bordeaux.
AU ROY.
Je ne veoy, ? la v?rit?, que ceulx cy facent encores nulz aprestz pour aucune entreprinse que l'on puisse juger estre d'importance, tant y a que je ne veulx diff?rer vous mander, comme l'on m'a fort express?ment adverty qu'ilz en ont une sur Callais; de quoy je mectray peyne d'en descouvrir plus avant les particularitez, affin de les vous mander par mes premi?res: et cependant Votre Majest? pourra renforcer la garnyson du dict Callais et y f?re prendre garde, comme aussi j'en ay faict advertir, en passant, monsieur de Gourdan. Car encores, Sire, que ceste princesse se soit mal trouv?e de l'entreprinse de l'H?vre de Gr?ce, si peult elle, par les solliciteurs qu'elle a icy, tant sciens que estrangiers, de la nouvelle religion, estre de rechef bien ays?ment persuad?e de faire une seconde entreprinse pour ravoir le dict Callais, veu l'affection qu'elle y a, et le desir de ses subjectz, qui vouldroient bien se pr?valoir en cella de la pr?sente occasion de nos troubles, estimans que le Roi d'Espaigne ne leur pourroit estre contraire en la dicte entreprinse, ayant ceste place est? perdue ? son occasion; et aussi que la dicte Dame cuyderoit attaicher si bien les promesses et trettez qu'elle feroit maintenant avec ceulx de la religion, pour y avoir des princes d'Allemaigne mesl?s, qu'il ne luy en pourrait mal succ?der, comme feit l'autre foys, et qu'au moins elle recouvrerait tousjours les frays de la guerre, si elle pouvoit occuper quelque place.
Par le trait? de Hamptoncourt, du 20 septembre 1562, les protestants avaient livr? le Havre de Gr?ce aux Anglais; mais, apr?s la pacification d'Amboise , ils se r?unirent aux catholiques pour faire le si?ge de cette place, qui capitula le 28 juillet. Le comte de Warwick rendit la ville, le 31, au mar?chal de Brissac.
L'?vesque de Ros m'a escript d'Anthoncourt, que ceste Royne l'a faict interroger devant elle, et devant ceulx de son conseil, s'il vouloit accuser les adversaires du mesmes crime, qu'ilz imposoient ? la Royne d'Escosse, sa Maitresse. A quoy il a respondu qu'il avoit lettres et commandement de la dicte Dame, qu'en deffendant son innocence, il d?clairast ardiment devant la dicte Royne d'Angleterre, et devant la noblesse de son pays, qu'elle estoit faulcement accus?e par ceulx qui estoient les principaulx autheurs, inventeurs, et aulcuns d'eulx les propres ex?cuteurs du mesme crime qu'ilz luy imposoient, et qu'il ne lui seroit mal ays? de le prouver, par bons et ?vidants arguments, dans un terme et d?lay compectant, s'il luy estoit permis de pouvoir venir en personne devers la dicte Royne d'Angleterre: et qu'il avoit prononc? cella hault et ferme devant l'assambl?e, dont despuys l'on avoit travaill? de mectre quelque accord entre les parties, et en avoient est? propos?s aucuns moyens, par interpos?es personnes, dont le dict ?vesque comman?oit esp?rer mieulx de l'yssue des affaires de sa Maistresse, qu'il n'avoit faict jusques icy. Et sur ce, apr?s avoir, etc.
De Londres ce VIe de janvier 1569.
A LA ROYNE.
Madame, il me reste ? pr?sent bien fort peu que vous escripre oultre le contenu en la lettre du Roy, parce que la Royne d'Angleterre et ceulx de son conseil n'ont gui?res entendu, durant ces festes, en mati?res d'affaires, s'estans la plus part des seigneurs retirez ou en leurs maisons, ou bien en ceste ville, pour les passer. Seulement, j'adjouxteray, Madame, qu'il semble qu'on soit icy en grand suspens pour ceste saysie des deniers d'Espaigne, ne saichantz commant le duc d'Alve le prendra, tant y a qu'on a layss? de despescher, depuys deux jours, quatre grandes navyres de ceste ville, chargez de draps, en Envers, ayans les marchans premi?rement vollu s?avoir de ceulx de ce conseil s'ilz les pouvoient seurement envoyer. Au surplus, Madame, il est revenu quatorze navyres de la flotte, que ceulx-cy avoient envoy? pour le vin ? Bourdeaulx, et les maistres d'iceulx rapportent qu'on leur a faict tout bon trettement par dell?, si n'est qu'on leur a demand? double coustume, l'une au dict Bourdeaulx pour le Roy, laquelle ilz ont pay?e, et l'autre ? Blaye pour le prince de Cond?, o? ils ont laiss? gaige pour icelle, et que au dict Blaye l'on avoit ras? toutes les maisons hors du fort, et qu'on y fortiffioit la place, n'ayant au reste trouv? aucun empeschement ? leur retour, ny n'ont sceu novelles de tous ces navyres, qui sont partys sur la fin du moys pass?, sinon qu'ilz ont entendu que Me Ouynter avoit travers? vers la Rochelle, et que Chatellier Pourtault se tenoit toutjour sur la coste de de??, pr?s de Plemmue, et sur ce, je prieray Dieu, etc.
De Londres ce VIe de janvier 1569.
--du Xe de Janvier 1569.--
AU ROY.
Sire, encor qu'il n'y ayt gui?res que je vous ay amplement escript ce qui se offroit de de??, je ne veulx pourtant diff?rer de vous f?re encores maintenant, sur l'occasion de ce qui s'est nagui?res pass?, en Envers, touchant les Anglois, qui se rescent grandement jusques icy, un bien peu de mots par le Sr. de La Croix, pr?sent pourteur, qui vous va repr?senter l'esmotion et alt?ration, o?, despuys trois jours, s'en retrouve tout ce royaume; auquel me remectant et de cella, et de toutes les aultres choses de ce lieu, sans vous en faire, pour le pr?sent, et ? cause aussi de sa suffizance, plus long discours, et vous suppliant seulement le croyre et luy donner lieu qu'il puysse de ma part tr?s humblement bayser les mains de Votre Majest?, je supplieray, au reste, le Cr?ateur qu'il vous doinct, etc.
De Londres ce Xe de janvier 1569.
A LA ROYNE.
Madame, entendans ceulx de ce royaulme les d?portements dont le duc d'Alve a uz?, puis peu de jours, en l'endroict de leurs merchants et marchandises en Envers, ilz ont commanc? de faire aussi quelque d?monstration de ressentiment sur les marchantz et marchandises des Pays Bas, qui sont par de??, non sans qu'on y voye une assez notable alt?ration et changement digne de vous estre repr?sent? par personnaige expr?s, avec d'aultres particularitez qui ne seroient si bonnes escriptes que dictes; lesquelles je vous supplie entendre par le Sr. de La Croix, pr?sent pourteur: auquel me remectant, et vous suppliant luy donner enti?rement foy et bonne audience, je supplierai le Cr?ateur, apr?s avoir, etc.
De Londres ce Xe de janvier 1569.
Le seigneur de La Croix yra trouver Leurs Majestez, et leur repr?sentera l'alt?ration et changement advenu, despuys quatre jours, en ce royaume ? cause de la saysie que le duc d'Alve a faicte de tous les biens, navyres et marchandises des Angloys, en Flandres, et qu'il a faict arrester les marchants et mectre deux cens Hespaignolz de garde ? l'entour de leur mayson, o? ilz logent en Envers, sans permectre que nul y entre ny sorte.
En 1543.
Et, parce que la dicte Dame a est?, comme l'on dict, principallement sollicit?e par ceulx de la novelle religion de saysir les dictes r?alles contre l'opinion des catholiques, et au grand regrect des plus notables marchans de Londres, qui luy ont remonstr? et pr?dict ce qui en est depuis succ?d?, il se cognoit cl?rement qu'il y a de l'alt?ration beaucoup et de la contradiction entre les ungs et les aultres, disantz les aucuns que c'est le fruict de la venue du cardinal de Chatillon par de??, et aucuns aultres des principaulx se tiennent ? part, et font les mallades, pour ne se trouver aux conseilz et dellib?rations qui se font l? dessus, parce qu'ilz n'en ont jamais aprouv? les commencemens.
L'on a desj? arrest? ung pacquet de l'ambassadeur d'Espaigne, o? y avoit une lettre du Sr. de La Mothe au Sr. de Malras, et ont envoy? de tous cost?s serrer les passaiges et saysir les navyres, biens et personnes des subjects du Roy d'Espaigne, et ont faict clorre et sceller les boutiques et contouers de tous les Flamans et Bourguinhons, qui sont en ceste ville de Londres; et l'on a contremand? en grande dilligence quatre navyres qui estoient ces jours pass?s partis de ceste ville pour Envers, charg?s de grand quantit? de draps; et en toutes sortes ilz font semblant de se tenir fort offanc?s de cest acte du duc d'Alve, rem?morantz davantaige ung escorne qui fut nagui?res fait en Espaigne ? ung leur ambassadeur. Tant y a que la dicte Dame d?lib?re envoyer personnaige expr?s devers le Roy Catholique, pour tretter cest aff?re avecques luy, et cependant n'attempter aucun exploict de guerre contre ses pays et subjectz, comme son intention en est mieulx d?clar?e par la proclamation sur ce faicte; dont semble que Leurs Majestez Tr?s Chr?tiennes ne se doibvent haster de f?re aucune rigoreuse d?monstration envers cette princesse: car ne fault doubter qu'elle ne se remecte bientost en bons termes de paix avecques le Roy d'Espaigne, et cependant se pourra faire quelque bon office en cella de la part de Leurs Majestez Tr?s Chr?tiennes, par leurs ambassadeurs, qui sont en Espaigne et en Angleterre, digne de leur grandeur de s'entremettre de r?concilier tels princes leurs ally?s.
Dans les premiers mois de 1568, Philippe II avait rel?gu? Mann, ambassadeur d'Angleterre, dans un village nomm? Bannias, pr?s de Madrid, sur le motif qu'il aurait parl? du pape avec peu de respect.
Il se dict que despuys deux moys l'on a toutjour tenu, icy, ung nombre d'hommes toutz pretz, ? qui l'on bailloit un gros le jour ? chacun, et que maintenant l'on leur a faict nouveau commandement de s'aprester pour aller, du premier jour, aux navyres; dont semble qu'il se verra bien tost comme quelque armement et appareil de mer par de??, si le faict des dictes saysies ne se mod?re. Mais le dict Sr. de La Mothe aura, ? toute heure, l'oeil sur ce que s'entreprendra affin d'en advertir Leurs Majestez.
Et aussi, ce qu'il aura ? dire ? la dicte Dame de plusieurs particuliers de ce royaume, qui se mectent en mer avec des vaysseaulx ?quipp?s en guerre, qui ne peult estre qu'elle ne le saiche; et de ce, aussi, qu'elle souffre en ses portz Chatellier Pourtault, lequel l'on intitulle visamyral du prince de Cond?, et ses complices, qui ne font, les ungs et les autres, que toutz exploitz de pirates.
Au surplus, ce que le dict Sr. de La Mothe a peu entendre de particullier touchant l'entreprinse, qu'on luy a dict que ceulx cy avoient sur Callais, est que l'ambassadeur d'Angleterre, r?sidant en France, a escript qu'il avoit eu communicquation avec certain personnaige de del?, qui offroit de f?re prendre Callais dans quatorze jours, toutes les foys que la Royne d'Angleterre le vouldroit entreprendre, et qu'il se constitueroit prisonnier ez mains de la dicte Dame jusques apr?s l'ex?cution; ce que ayant est? mis en d?lib?ration icy, l'on a arrest? qu'on feroit venir l'homme, et semble que le susdict ambassadeur luy ayt desj? advanc? quelque argent. Despuys, l'ung des principaulx personnaiges de ce conseil a dict ? certains gentilhommes, qui estoient en conversation un jour avecques luy, qu'il y avoit une belle entreprinse toute preste pour ce prochain printemps, et qu'on verroit qui auroit le cueur en bon lieu; et au mesmes propos fut entendu qu'on disoit que Callais estoit mal pourveu de gens, et qu'il n'y avoit ordinairement gu?res plus de trois cens hommes de guerre dedans. D'ailleurs, l'on a adverty le dict Sr. de La Mothe que ces princes d'Allemaigne, qui sont en armes, offrent ? ceste Royne, affin de la f?re plus voluntiers entrer en leur ligue, et luy f?re fornir deniers, qu'ilz s'employ?rent ? la dicte entreprinse de Callays jusques ? exp?ciffier que, quant le duc de Deux Pontz et le prince d'Orange seront joinctz, qu'ilz viendront le long de la Picardye et du pays d'Artoys pour assi?ger le dict Callais, et pour ex?cuter, aussi, une semblable entreprinse qu'avoit commanc? feu Mr. de Termes au Pays Bas, avec la faveur que leur fera ceste Royne par mer.
L'on actend icy, dans cinq ou six jours, le docteur Junyus, revenant de trouver le comte Pallatin, son maistre, vers lequel il est nagui?res all? partant d'icy, et s'estime qu'il aura est? devers le duc de Deux Ponts et devers le prince d'Orange, dont sera bon d'advertir Messieurs de Gordan et de Caillac que, si, d'avanture, il vient prendre le passaige ? Callais o? ? Bouloigne, ilz le facent arrester jusques ? ce que Leurs Majestez l'auront examin? sur l'occasion de son dict voyage.
Aussi s'entend qu'un personnaige anglois, nomm? Colnerel, doibt bien tost passer en France avec lettres de ceste Royne adressantes au prince de Cond?, et qu'il yra ? Bourdeaux soubz couleur du traffic qu'il y m?ne ordinairement, estant marchant, et n'a pas plus grandes capacitez que d'estre fort passionn? pour la nouvelle religion, et qu'il parle fort bien fran?oys, dont sera bon aussi de l'arrester.
Et, de tant que difficillement l'on peult avoir icy nouvelles du dict prince de Cond?, sinon par la voye de la mer, qui est incertaine, semble q'un jeune homme fran?oys, qu'on dict avoir est? tailleur de feu madame de Laval, ayt entreprins d'aller et venir par terre jusques au camp du dict Sr. prince, dont fauldra prendre garde ? Dieppe ou ? Callais s'il y passera.
L'on veoyt ceulx de la nouvelle religion, qui sont icy, sercher toutes inventions pour estendre ceste guerre, et monstrent ne leur deffaillir moyens de la pouvoir encores maintenir, mais ne se faisoit semblant, avant ceste alt?ration de saysies, qu'il y eust gui?res de desseing sur les Pays Bas, ains que tout l'effect yroit sur la France, dont les bons serviteurs du Roy, qui sont icy, estiment qu'il sera toutjour bon de haster la fin de ceste guerre par tous les moyens qu'on pourra, parce que la longueur n'y adm?nera que multiplication de difficultez et diverses ouvertures de nouvelles entreprinses sur le royaume, avec grand d?bauchement et ruyne d'icelluy.
Ayant les depputez de la Royne d'Escosse, en deschargeant leur Maitresse, dit ouvertement, en plusieurs lieux, que ses accusateurs se trouveroient ? la fin charg?s du mesme murtre du feu Roy d'Escosse, qu'ilz luy imposoient, le comte de Mora et les sciens semblent en avoir est? estonnez, et Millord Lendsay, qui est des principaulx de sa suite, envoya, il y a cinq ou six jours, ung cartel de d?mantye ? millord Herriz, au cas qu'il le volust charger du dict murtre: ? quoy le dict Herriz a respondu qu'il n'en chargeoit particulli?rement le dict Lendsay, mais qu'il y avoit aucuns, du party qu'il suyvoit, qui en estoient coulpables, et, quant il seroit temps, l'on les cotheroit et nommeroit, et s'il vouloit lors entreprendre la deffence de ceulx l?, le dict Herriz seroit prest de le combattre.
Despuys, estant l'?vesque de Ros publicquement interrog? s'il vouloit accuser les adversaires de la Royne d'Escosse du mesme crime qu'ilz luy imposent, il a respondu en la fa?on que j'ay mand? par mes pr?c?dentes; du VIe du pr?sent, dont maintenant l'on est apr?s ? mectre accord entre les parties, et desj? certains moyens en ont est? mis en avant par interpos?es personnes, dont le dict Sieur ?vesque commance esp?rer bien de l'yssue de cest affaire.
Il est vray que luy et les aultres depputez de la dicte Dame ne veulent entendre ? nul party que premi?rement la proc?dure, et toute la production, et all?gation des adversaires, n'ayt est? monstr?e ? leur Maistresse. A quoy s'accorde l'intention de la dicte Dame, ainsi que porte une lettre qu'elle a escripte au dict Sr. de La Mothe, du IIe de ce moys, la coppie de laquelle le dict Sr. de La Croix monstrera ? Leurs Majestez, et ? monsieur le Cardinal de Lorraine, et leur fera entendre tout l'estat des aff?res de la dicte Dame, affin qu'il leur playse mander quelque bon adviz et conseil l? dessus au dict Sr. de La Mothe; car il crainct que ceste ouverture d'accord soit seulement ung entretennement pour prolonger la mati?re, bien qu'il semble que le temps commance se faire icy meilleur pour la dicte Dame.
La garde de la dicte Royne d'Escosse a est? commise au comte de Cherosbery, ? qui l'on en a baill? la commission par escript, portant de ne luy laisser trop de libert?, ce qu'il n'a vollu du commancement accepter; mais enfin il s'est condescendu de la prandre par l'adviz d'aucuns grandz de ce royaume, qui luy ont, par mesme moyen, conseill? de tretter la dicte Dame avec l'honneur, respect et gracieuset?, qu'il convient ? une telle princesse, nonobstant sa contraire commission: et ainsi semble que bien tost elle sera conduicte au chateau de Tytbery, o? l'on a faict ses provisions, et avoit le dict Sr. de La Mothe entendu que le dict comte de Cherosbery estoit catholique, mais c'est son feu p?re qui y a pers?v?r? jusques ? sa fin, l? o? despuis sa mort cestuy cy s'est miz de la nouvelle religion, et, au demeurant, il est fort modeste seigneur.
Qu'il semble que la Royne d'Angleterre et ceulx de son conseil soient bien fort aygriz contre le duc d'Alve, et qu'ilz veuillent f?re grand rescentiment contre luy, et contre l'ambassadeur d'Espaigne qui est icy, estimans qu'il a repr?sant? les responces de la dicte Dame autrement qu'elle ne les a faictes, et qu'il a pr?cippit? ceste saysie faicte en Flandres.
Dont dellib?rent envoyer expr?s quelque personnaige de qualit? en Espaigne, pour tretter cest aff?re avecques le Roy Catholique, et ne faict le Sr. de La Mothe aucun doubte qu'ilz ne demeurent d'accord, tant pour leur ancienne conf?d?ration, que pour contanter les subjectz, d'ung cost? et d'aultre, et qu'il y a aussi plusieurs notables personnaiges et principaulx d'Angleterre qui n'ont jamais aprouv? ceste dettention des deniers d'Espaigne, mais le jeu pourra durer encores quelques moys.
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