bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Les Rythmes souverains: Poèmes by Verhaeren Emile

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 211 lines and 28901 words, and 5 pages

?MILE VERHAEREN

LES RYTHMES SOUVERAINS

PARIS

MERCURE DE FRANGE

MCMX

LES AUBES, drame lyrique en actes DEUX DRAMES

? ANDR? GIDE

/$ LE PARADIS

Des buissons lumineux fusaient comme des gerbes; Mille insectes, tels des prismes, vibraient dans l'air; Le vent jouait avec l'ombre des lilas clairs, Sur le tissu des eaux et les nappes de l'herbe. Un lion se couchait sous des branches en fleurs; Le daim flexible errait l?-bas, pr?s des panth?res; Et les paons d?ployaient des faisceaux de lueurs Parmi les phlox en feu et les lys de lumi?re. Dieu seul r?gnait sur terre et seul r?gnait aux cieux. Adam vivait, captif en des cha?nes divines; Eve ?coutait le chant menu des sources fines, Le sourire du monde habitait ses beaux yeux; Un archange tranquille et pur veillait sur elle Et, chaque soir, quand se dardaient,l?-haut, les ors, Pour que la nuit f?t douce au repos de son corps, L'archange endormait Eve au creux de sa grande aile.

Avec de la ros?e au vallon de ses seins, Elle se r?veillait, candidement, dans l'aube; Et l'archange s?chait aux clart?s de sa robe Les longs cheveux dont Eve avait empli sa main. L'ombre se d?liait de l'?treinte des roses Qui sommeillaient encore et s'inclinaient l?-bas; Et le couple montait vers les apoth?oses Que le jardin sacr? dressait devant ses pas. Comme hier, comme toujours, les b?tes famili?res Avec le frais soleil dormaient sur les gazons; Les insectes brillaient ? la pointe des pierres Et les paons lumineux rouaient aux horizons; Les tigres clairs,aupr?s des fleurs simples et douces, Sans les blesser jamais, posaient leurs mufles roux; Et les bonds des chevreuils,dans l'herbe et sur la mousse, S'entrem?laient sous le regard des lions doux; Rien n'avait d?rang? les splendeurs de la veille: C'?tait le m?me rythme unique et glorieux, Le m?me ordre lucide et la m?me merveille Et la m?me pr?sence immuable de Dieu.

Pourtant, apr?s des ans et puis des ans, un jour, Eve sentit son ?me impatiente et lasse D'?tre ? jamais la fleur sans s?ve et sans amour D'un torride bonheur, monotone et tenace; Aux cieux; planait encor l'orageuse menace Quand le d?sir lui vint d'en ?prouver l'?clair. Un large et doux frisson glissa d?s lors sur elle Et, pour le ressentir jusqu'au fond de sa chair, Eve, contre son coeur, serrait ses deux mains fr?les. L'archange, avec angoisse, interrogeait, la nuit, Le brusque et violent r?veil de la dormeuse Et les gestes ?pars de son ?trange ennui, Mais Eve demeurait close et silencieuse. Il consultait en vain les fleurs et les oiseaux Qui vivaient avec elle au bord des sources nues, Et le miroir fid?le et souterrain des eaux D'o? peut-?tre sourdait sa pens?e inconnue. Un soir, qu'il se penchait, avec des doigts pieux, Doucement, lentement, pour lui fermer les yeux, Eve bondit soudain hors de son aile immense. Oh! l'heureuse, subite et f?conde d?mence, Que l'ange, avec son coeur trop pur, ne comprit pas. Elle ?tait loin qu'il lui tendait encor les bras Tandis qu'elle levait d?j? son corps sans voiles Eperd?ment, l?-bas, vers des brasiers d'?toiles.

Adam la vit ainsi et tout son coeur trembla.

Jadis, quand, au soir descendant, ses courses De marcheur solitaire erraient par l?, Joueuse, il l'avait vue au bord des sources Vouloir, en ses deux mains, saisir Les bulles d'eau fugaces

Que les sables du fond lan?aient vers la surface; Il l'avait vue encor ardente au seul plaisir De ployer vers le sol, avec des doigts agiles. Les brins d'herbe l?gers Et d'y regarder luire et tout ? coup bouger Les insectes fragiles; Eve n'?tait alors qu'un bel enfant distrait Quand lui, l'homme, cherchait d?j? quelqu'autre vie Non asservie L?-bas, au loin, parmi les monts et les for?ts.

Eve voulait aimer, Adam voulait conna?tre; Et de la voir ainsi, vers l'ombre et la splendeur, Tendue, il devina soudain quel nouvel ?tre Eve, ? son tour, sentait na?tre et battre en son coeur.

Il s'approcha, ardent et gauche, avec la crainte D'effaroucher ces yeux dans leur songe perdus; Des grappes de parfums tombaient des t?r?binthes Et le sol ?tait chaud de parfums r?pandus.

Il h?sitait et s'attardait quand la belle Eve, Avec un geste fier, s'empara de ses mains, Les baisa longuement, lentement, comme en r?ve, Et doucement glissa leur douceur sur ses seins.

Jusqu'au fond de sa chair s'?tendit leur br?lure. Sa bouche avait trouv? la bouche o? s'embraser. Et ses doigts ?pandaient sa grande chevelure Sur la nombreuse ardeur de leurs premiers baisers.

Ils s'?taient tous les deux couch?s pr?s des fontaines O? comme seuls t?moins ne luisaient que leurs yeux. Adam sentait sa force inconnue et soudaine Cro?tre, sous un ?moi brusque et d?licieux.

Le corps d'Eve cachait de profondes retraites Douces comme la mousse au vent ti?de du jour; Et les gazons foul?s et les gerbes d?faites Se laissaient ?craser sous leur mouvant amour.

Et quand le spasme enfin sauta de leur poitrine Et les retint broy?s entre leurs bras raidis, Toute la grande nuit amoureuse et f?line Fit plus douce sa brise au coeur du paradis.

Soudain Un nuage d'abord lointain, Mais dont se d?cha?nait le tournoyant vertige Au point de n'?tre plus que terreur et prodige, Bondit de l'horizon au travers de la nuit. Adam releva Eve et serra contre lui Le p?le et doux effroi de sa chair frissonnante. Le nuage approchait, livide et sulfureux, Il ?tait d?bordant de menaces tonnantes Et tout ? coup, au ras du sol, devant leurs yeux, A l'endroit m?me o? les herbes sauvages Etaient chaudes encor D'avoir ?t? la couche o? s'aim?rent leurs corps, Toute la rage Du formidable et t?n?breux nuage Mordit.

Et dans l'ombre la voix du Seigneur s'entendit. Des feux sortaient des fleurs et des buissons nocturnes; Au d?tour des sentiers profonds et taciturnes, L'?p?e entre leurs mains, les anges flamboyaient; On entendait rugir des lions vers les astres; Des cris d'aigle h?laient la mort et ses d?sastres; Tous les palmiers g?ants, au bord des lacs, ployaient Sous le m?me vent dur de col?re et de haine, Qui s'acharnait sur Eve et sur Adam, l?-bas, Et dans l'immense nuit pr?cipitait leurs pas Vers les mondes nouveaux de la ferveur humaine.

L'ordre divin et primitif n'existait plus. Tout un autre univers se d?gageait de l'ombre O? des rythmes nouveaux encore irr?solus Entrem?laient leur force et leurs ondes sans nombre. Vous les sentiez courir en vous, grands bois vermeils, Tumultueux de vent ou calmes de ros?e, Et toi, montagne, et vous, neiges cristallis?es, L?-haut, en des palais de gel et de soleil Et toi, sol bienveillant aux fruits, aux fleurs, aux graines, Et toi, clart? chantante et douce des fontaines, Et vous, min?raux froids, subtils et t?n?breux, Et vous, astres m?l?s au tournoiement des cieux, Et toi, fleuve jet? aux flots oc?aniques, Et toi, le temps, et vous, l'espace et l'infini, Et vous enfin, cerveaux d'Eve et d'Adam, unis Pour la vie innombrable et pour la mort unique.

L'homme sentit bient?t comme un multiple aimant Solliciter sa force et la m?ler aux choses; Il devinait les buts, il soup?onnait les causes Et les mots s'exaltaient sur ses l?vres d'amant; Son coeur na?f, sans le vouloir, aima la terre Et l'eau ob?issante et l'arbre autoritaire Et les feux jaillissants des cailloux fracass?s. Les fruits tentaient sa bouche avec leurs ors placides Et les raisins broy?s des grappes translucides Illuminaient sa soif avant de l'apaiser. Et la chasse et la lutte et les b?tes hurlantes Eveill?rent l'adresse endormie en ses mains, Et l'orgueil le dota de forces violentes Pour que lui-m?me, un jour, b?tit seul son destin.

Et la femme, plus belle encor depuis que l'homme Avait ?mu sa chair du frisson merveilleux, Vivait dans les bois d'or baign?s d'aube et d'ar?mes Avec tout l'avenir dans les pleurs de ses yeux. C'est en elle que s'?veilla la premi?re ?me Faite de force douce et de trouble inconnu, A l'heure o? tout son coeur se r?pandait en flammes Sur le germe d'enfant que serrait son flanc nu. Le soir, lorsque le jour dans la gloire s'ach?ve Et que luisent les pieds des troncs dans les for?ts, Elle ?tendait son corps d?j? plein de son r?ve Sur les pentes des rocs que le couchant dorait; Ses beaux seins soulev?s faisaient deux ombres rondes Sur sa peau fr?missante et claire ainsi que l'eau, Et le soleil fr?lant toute sa chair f?conde Semblait m?rir ainsi tout le monde nouveau. Elle songeait, vaillante et grave, ardente et lente, Au sort humain multipli? par son amour, A la volont? belle, ?norme et violente Qui dompterait la terre et ses forces un jour. Vous lui apparaissiez, vous, les douleurs sacr?es, Et vous, les d?sespoirs, et vous, les maux profonds, Et d'avance la grande Eve transfigur?e Prit vos mains en ses mains et vous baisa le front; Mais vous aussi, grandeur, folie, audace humaines, Vous exaltiez son coeur pour en chasser le deuil, Et vos transports naissants et vos ardeurs soudaines Lui pr?dirent quels bonds soul?veraient l'orgueil; Elle esp?rait en vous, recherches et pens?es, Acharnement de vivre et de vouloir le mieux Dans la peine vaillante et la joie angoiss?e, Si bien que, s'en allant un soir sous le ciel bleu, Libre et belle, par un chemin de mousses vertes, Elle aper?ut le seuil du paradis, l?-bas: L'ange ?tait accueillant, la porte ?tait ouverte; Mais, d?tournant la t?te, elle n'y rentra pas.

HERCULE

Que faire d?sormais pour se grandir encore?

H?las! depuis quels temps Avait-il fatigu? les soirs et les aurores. H?las! depuis quels temps, Depuis quels temps de tumulte et d'effroi Avait-il fatigu? les marais et les bois, Les monts silencieux et les gr?ves sonores Du bruit terrible et persistant De ses exploits?

Bien que son coeur br?l?t comme autrefois son torse, Parfois il lui semblait que s'?teignait sa force; Tant de h?ros plus prompts et plus jeunes que lui Avaient de leurs travaux illumin? la nuit.

Et jour ? jour, ses pas sonnaient plus solitaires M?me en retentissant jusqu'au bout de la terre.

Lentement le soleil vers le Z?nith monta, Et, depuis cet instant jusques au cr?puscule, L'OEta Put voir, marcher et s'arr?ter sans but, Hercule. Il h?sitait Devant les routes, Allait et revenait et s'emportait Pour tout ? coup se recueillir comme aux ?coutes; Son esprit s'embrouillait ? voir trop de chemins Trouer les bois, couper les plaines; La col?re mauvaise enflamma son haleine, L'impatience entra dans ses doigts et ses mains, Et, brusquement, courant vers la for?t prochaine, Avec des rauquements sauvages dans la voix, Il renversa comme autrefois Les ch?nes. Son geste fut si prompt qu'il ne le comprit pas.

Mais quand sa rage, enfin calm?e et assouvie, Lui permit de revoir en un ?clair sa vie Et sa terrible enfance et ses puissants ?bats, Alors qu'il arrachait, par simple jeu, des arbres, Ses bras devinrent lourds comme des bras de marbre Tandis qu'il lui semblait Entendre autour de lui mille rires bruire Et les ?chos cruels et saccad?s lui dire Qu'il se recommen?ait.

Une sueur de honte inonda son front bl?me Et le d?sir lui vint de s'outrager soi-m?me En s'ent?tant, Stupidement, Comme un enfant, Dans sa folie; Et devant le soleil dont la gloire accomplie De cime en cime, ? cette heure, se retirait, On vit le large Hercule envahir les for?ts, En saccager le sol, en arracher les ch?nes Et les rouler et les jeter du haut des monts Dans un fracas confus et de heurts et de bonds Jusques aux plaines.

L'amas des arbres morts emplit tout le vallon; Hercule en regardait les f?ts saignants et sombres Faire ? leur tour comme une montagne dans l'ombre, Et les oiseaux dont il avait broy? les nids Voler ?perd?ment en criant dans la nuit.

L'heure de cendre et d'or o? l'immensit? noire Allume au firmament ses astres et ses gloires Survint tranquillement Sans que sa large paix calm?t l'esprit d?ment Et les rages d'Hercule; Ses yeux restaient hagards et ses pas somnambules.

Soudain il jalousa le ciel et ses flambeaux; L'extravagance folle entra dans sa pens?e, Si bien qu'il s'arr?ta ? cette oeuvre insens?e D'allumer troncs, ?corce, aubier, feuilles, rameaux Dont l'?norme splendeur trouant la nuit stellaire Irait dire l?-haut Qu'Hercule avait cr?? un astre sur la terre.

Rapidement Sur l'innombrable entassement Comme un vol sur la mer d'?cumes et de lames Passent les flammes; Une lourde fum?e enfle ses noirs remous; Et les mousses et les ?corces Et l'emm?lement noir des brindilles retorses Craquent ici, l?-bas, plus loin, partout. Le feu monte, grandit, se d?chev?le, ondule, Rugit et se propage et s'?tire si fort Qu'il fr?le, avec ses langues d'or, Hercule. Le h?ros se raidit, sentant sa chair br?ler. Il se vainc, se retrouve et ne veut reculer; M?me pour ?touffer la b?te dans son antre, Comme au temps qu'il ?tait l'?pre justicier, Il s'enfonce dans le brasier Jusques au centre. Son coeur est ferme et clair et ses pas sont l?gers; D'un bond, il est l?-haut et domine les flammes. Il est rapide et fort: il confronte son ?me Avec le plus urgent et le plus fol danger Et tandis que les feux battent ? grands coups d'aile Autour de son torse velu Lui, le h?ros, comprend qu'il ne lui reste plus, Pour entreprendre enfin une lutte nouvelle, Qu'? conqu?rir sur un b?cher brasillant d'or Sa mort.

Et sa voix chante: <

La gloire autour de moi vibra comme enflamm?e: J'ai, dans mon sang, le sang du Lion de N?m?e; L'Hydre, fl?au d'Argos que Typhon engendra, A laiss? sa souplesse et sa rage en mes bras; Je cours de plaine en gr?ve ? larges pas sonores Ayant rythm? mes sauts sur les bonds des centaures; J'ai d?plac? des monts et chang? les contours Que les fleuves d'Ellis tra?aient avec leur cours; A coups de front but? contre sa large t?te Un taureau recula devant ma force, en Cr?te; Stymphale a vu ma fl?che ensanglanter ses eaux Du tr?pas noir et monstrueux de ses oiseaux; J'ai ramen? vivant du fond des for?ts mornes Le cerf dont l'or et dont l'airain formaient les cornes; Pour lui voler ses boeufs et tuer G?ryon J'ai battu les pays jusqu'au Septentrion; J'assujettis sous les coups sourds de mon poing raide Les chevaux carnassiers du sombre Diom?de; Pendant qu'Atlas s'en fut voler les fruits divins Le monde entier, sans les ployer, chargea mes reins, Ceinture ardente et plus belle qu'une couronne, Je t'ai conquise aux flancs guerriers de l'Amazone Et j'ai forc? Cerb?re et ses t?tes en feu A lever les regards vers l'azur nu des Dieux.>>

Soudain un bref sursaut de feux rampants et bl?mes Jaillit du bois tass? sous les pieds du h?ros Et le br?la jusqu'en ses os, Mais Hercule chantait quand m?me: <>

Le b?cher tout entier br?la jusqu'? l'aurore; Des pans de feux tombaient et montaient tour ? tour, A l'orient du large OEta grandit le jour Et le h?ros chantait toujours, Chantait encore.

PERS?E

O plainte de la terre Frappant la nuit, frappant le jour, Frappant toujours Quelque roc inflexible en un lieu solitaire! Cri de douleur pouss? tout au bout de la mer, L? bas, dans l'?le o? nul vaisseau jamais n'acc?de, O l'antique tourment, d'?ge en ?ge souffert, O pauvre, et lasse, et triste, et fatale Androm?de!

Debout, En face de l'?cueil aux pointes ramass?es, Avec son front qui brille, avec son coeur qui bout, Voici Pers?e. Le soir se fait. Et le soleil, comme un t?moin, S'attarde, au bord des flots, sous un nuage sombre; Et le h?ros s'angoisse, et regarde de loin Le geste blanc d'un bras le supplier dans l'ombre.

Un ciel aux astres durs s'?claire peu ? peu. Une lueur grandit les falaises de l'?le Et rampe sur le sol vers l'antre phosphoreux, O? se tasse le corps ?caill? d'un reptile. L'eau est tonnerre, et gronde, et roule, et creuse, et mord Et rejaillit en torrents fous au long des bords; Des cailloux carri?s flanquent un promontoire; Des pointes de r?cifs coupent la vague noire; Un volcan fume et jette au loin son feu d'effroi, Tout est st?rile, aigu, m?chant, cach?, sournois; Qu'apparaisse une barque, et les vents et l'orage D'un seul ?clair la font sombrer en son naufrage.

Pourtant, Pas un instant, Malgr? la mort hurlante, et partout h?riss?e, Le d?sespoir n'entra dans l'?me de Pers?e. Le lendemain au jour levant Il vit un aigle aborder l'?le: Son large vol planait et ses ailes tranquilles Semblaient bercer l?-haut la lumi?re et le vent. Oh! s'?lancer, quitter le sol, gagner les nues! Armer ses bras mouvants de forces inconnues! Avec des pennes d'or, partir pour le soleil! Crier, ivre de joie, au coeur de l'air vermeil, Au-dessus des ?cueils creus?s de vagues noires! Pers?e ?tait heureux et triomphant d?j? Quand soudain tournoya Du fond de sa m?moire La chute et le tr?pas D'Icare.

L'antre s'ouvrait plus noir que le seuil du Tartare O? le dragon tra?nait son corps flasque et vitreux. Depuis les temps lointains il gardait Androm?de Et quelquefois son souffle envenim?, mais ti?de, Montait vers la splendeur du beau corps douloureux. Et le h?ros fr?mit d'une rage st?rile.

En vain rechercha-t-il sur le bord qu'il foulait Quelque pointe se dirigeant si pr?s de l'?le Et planant d'assez haut sur ses maigres galets, Pour que d'un bond immense il p?t franchir les vagues Il ne rencontra rien en ses errances vagues. Alors, Son corps Lui parut lourd comme une charge: Ses pieds nerveux, ses jarrets durs, ses cuisses larges Son dos, nourri de force et de clart? v?tu, Et sa hanche incurv?e et sa flexible ?chine, Et les muscles band?s de sa haute poitrine, Tout semblait morne et faible, et triste, et sans vertu O ses membres pesants qui l'accablaient lui-m?me, O leur rythme usuel qu'il lui fallait changer, Dites, par quel effort ou par quel stratag?me?

Add to tbrJar First Page Next Page

 

Back to top