Read Ebook: Histoire anecdotique de l'Ancien Théâtre en France Tome Premier Théâtre-Français Opéra Opéra-Comique Théâtre-Italien Vaudeville Théâtres forains etc... by Du Casse Albert
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Ebook has 570 lines and 94520 words, and 12 pages
Une Moralit? jou?e d?s le commencement du seizi?me si?cle, nous offre une nouveaut? dont les auteurs modernes du boulevart abusent bien souvent: le prologue. L'auteur de la diablerie dont il est ici question, fait conna?tre de la mani?re suivante, ? son public, le but de sa pi?ce:--Un jour, dit-il, j'?tais couch? seul dans ma chambre, je me sentis tout ? coup transport? aux portes de l'enfer. J'entendis Satan causant avec Lucifer. Il lui racontait les moyens qu'il employait pour tenter les chr?tiens. Quant aux h?r?tiques, ajoutait-il, et aux infid?les, comme ils me sont acquis, je ne m'en inqui?te gu?re. Le diable, pr?tendait plaisamment l'auteur, croyant n'?tre entendu de personne, d?couvrait ? son ma?tre toutes ses ruses, sans r?ticence, sans d?guisement; aussi, lorsque je fus de retour chez moi, je m'empressai de prendre la plume et d'?crire tout ce que j'avais entendu ou du moins tout ce que j'avais pu retenir, afin de faire conna?tre aux chr?tiens les principaux tours de Satan. Ils pourront ainsi les pr?venir et les ?viter.>>
JEAN ALLAIS, ma?tre et chef des joueurs de Moralit?s et de Farces, et qui mourut vers la fin du seizi?me si?cle apr?s avoir fait repr?senter quelques pi?ces.
Cette incartade valut six mois de prison ? Pont-Allais.
Cette circonstance prouve que vers le seizi?me si?cle, Paris n'?tait plus seul en possession d'un th??tre, et que le go?t des repr?sentations dramatiques avait gagn? la province.
Dans cette grande repr?sentation ou mise en sc?ne de l'entr?e de la reine Isabeau ? Paris, on peut donc retrouver la trace, peut-?tre m?me l'origine, du drame proprement dit, du drame avec musique ou op?ra, du drame avec mise en sc?ne, machines, trucs ou pi?ce f?erique. C'est ? cette ?poque qu'il est permis de reporter les premiers essais de l'art de l'?quilibriste.
Telle fut la fili?re par laquelle les repr?sentations th??trales et le genre dramatique pass?rent en France, depuis leur origine jusqu'? l'ann?e 1548.
Les Confr?res de la Passion avaient fait des gains consid?rables pendant les cent quarante-six ans qu'ils avaient exerc? de p?re en fils, leur profession lucrative. La soci?t? ?tant fort riche, acheta l'ancien h?tel des ducs de Bourgogne, tomb? alors en ruine. Elle ?leva des constructions fort belles, et pendant quarante ans encore , elle continua ? donner des repr?sentations. Elle ?tait assez d?sappoint?e, du reste, d'?tre oblig?e de renoncer aux Myst?res et d'aborder des pi?ces profanes, elle dont les membres faisaient profession de pi?t?.
Voil? donc trois trag?dies, sortant du genre des Myst?res, qui font leur apparition sur le th??tre avant l'?dit de 1548.
Elles semblent l'aurore d'un nouveau jour pour la litt?rature dramatique. C'est qu'en effet, depuis 1402, le go?t s'?tait ?tendu et ?pur?; l'imprimerie avait ?t? invent?e; les lettres avaient eu leur renaissance sous Fran?ois Ier; les livres, devenus moins rares, ramenaient les id?es vers le th??tre des anciens. On pensa donc d'abord ? traduire les auteurs grecs et romains, puis ? les imiter, puis enfin, on s'enhardit jusqu'? cr?er des pi?ces ? sujets non encore trait?s.
Comme on le voit, le prologue est tout un programme. C'est l'acte de rupture de l'ancien th??tre avec le nouveau. C'est le go?t cherchant ? supplanter le ridicule.
Les principaux ?crivains qui travaill?rent en France pour le th??tre, de 1548 ? 1588, ?poque de transition, sont:
GUERSENS, avocat au Parlement de Bretagne, puis s?n?chal de Rennes, lequel composa, vers 1583, quelques pastorales.
RODOMONT.
Je veux avoir de vous, ce que la loi de Mars Me permet de ravir, seule loi des soudars.
ISABELLE.
Un plaisir si l?ger vous sera peu durable.
RODOMONT.
Nul plaisir n'est l?ger, qui nous est secourable.
ISABELLE.
Est-ce bien que forcer une simple femelle?
RODOMONT.
Oui bien, quand on ne peut vivre sans jouir d'elle.
Il est juste de dire, comme nous l'avons prouv? pr?c?demment, qu'il eut un pr?d?cesseur, Lazare Ba?f.
Jodelle eut le grand m?rite de comprendre ce que valaient les anciens, assez de force de volont? pour suivre leurs traces, assez de talent pour faire quelques pas dans la m?me carri?re. Il y avait une sorte d'?l?vation dans sa pens?e; et si la langue lui e?t pr?t? plus de charmes peut-?tre e?t-il ?t? un grand po?te dramatique? Nul, avant lui, ? son ?poque, et longtemps encore apr?s lui, ne comprit aussi bien la vraie marche du po?me destin? au th??tre. Il est permis de dire: que c'?tait un habile architecte r?duit ? construire avec de mauvais mat?riaux.
JEAN DE LA RIVEY, qui a laiss? plusieurs com?dies au th??tre, vivait vers le milieu du seizi?me si?cle. Il est le premier qui ait os? composer des pi?ces de pure invention et des com?dies en prose.
Un essai en prose avait eu lieu d?j? quelques ann?es avant l'apparition des pi?ces de La Rivey, ainsi que nous l'avons fait remarquer.
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TROISI?ME P?RIODE DRAMATIQUE.
DE 1588 A 1630.
La premi?re p?riode de l'art th??tral en France peut ?tre consid?r?e comme embrassant l'espace qui s'?coule de la fin du quatorzi?me si?cle au milieu du seizi?me; la seconde p?riode, les quarante ann?es de 1548 ? 1588. De 1402 ? 1548, le th??tre, dans l'enfance, se tra?ne p?niblement sans faire de progr?s; pendant la seconde ?poque, quelques hommes de go?t, amis de la litt?rature ancienne, le font sortir de ses langes; secouant les vieilles coutumes re?ues, admises sur la sc?ne par un public ignorant, ils arrivent ? un commencement de pi?ces dramatiques et litt?raires qui doivent aboutir aux grandes ?coles de Corneille, de Racine et de Moli?re.
Nous avons dit que les Confr?res de la Passion voyaient avec peine les Myst?res et les Moralit?s remplac?s peu ? peu, sur leur th??tre, par des drames profanes, ainsi que le voulait l'?dit de 1548. Ils ne pouvaient se faire ? l'id?e du P?re ?ternel, de son Fils, de la Sainte Vierge et du diable, c?dant le pas ? Priam, ? Cl?op?tre, ? Didon, ? Marc-Antoine et autres personnages des histoires grecque ou romaine. Leur d?couragement devint tel, qu'apr?s avoir exploit?, avec d'assez bons profits toutefois, leur th??tre de l'h?tel de Bourgogne, pendant quarante ann?es, ils le c?d?rent ou plut?t le lou?rent ? une troupe de com?diens qui se constitua ? Paris, avec l'autorisation du roi. Cette troupe peut ?tre consid?r?e, en quelque sorte, comme formant la souche de celle de la Com?die-Fran?aise, bien que la fondation du Th??tre-Fran?ais tel qu'il est encore de nos jours, date du 21 octobre 1680, seulement sept ans apr?s la mort de Moli?re.
La troisi?me p?riode th??trale s'?tend de 1588 ? 1630, ?poque o? Corneille commen?a ? se produire. Sans avoir encore une grande valeur litt?raire et dramatique, sans briller surtout par un go?t bien pur, les pi?ces donn?es ? la sc?ne pendant ces quarante-deux ann?es sont sup?rieures, en tout point, ? ce qui avait ?t? ?crit jusqu'alors.
En 1600, l'affluence du public ?tait devenue telle aux repr?sentations, qu'un seul th??tre parut insuffisant. La troupe de l'h?tel de Bourgogne se scinda. Une partie forma une nouvelle soci?t?, qui fut s'?tablir au Marais et l'autre conserva son ancien emplacement: il y eut donc alors deux sc?nes fran?aises ? Paris. Cinquante ans apr?s, ainsi que nous l'expliquerons plus loin, Moli?re forma une troisi?me troupe.
L'auteur qui occupe en premi?re ligne la p?riode th??trale de 1588 ? 1630 est ALEXANDRE HARDY. Il m?rite d'?tre ?tudi?; mais avant de parler de lui, disons un mot de ROBERT GARNIER, qui parut apr?s Jodelle et fut comme le trait d'union entre ces deux po?tes dramatiques.
N? ? la Fert?-Bernard en 1534, et mort en 1590, Robert Garnier occupa des charges importantes, mais son go?t le portant vers l'?tude des anciens, il travailla pour le th??tre, s'effor?ant surtout d'imiter S?n?que.
Nous ne nous astreindrons pas ? citer toutes les pi?ces connues d'Alexandre Hardy, la liste en est trop longue; nous dirons un mot seulement de deux d'entre elles, parce que cela donnera l'id?e des licences auxquelles cet auteur n'h?sitait pas ? se livrer.
Aux premiers temps des th??tres, les salles, qui ?taient plus vastes et plus commodes peut-?tre, mais bien moins orn?es que celles actuelles, ?taient ferm?es le soir. Les repr?sentations avaient lieu le jour. En 1609, ?poque de la plus grande vogue d'Alexandre Hardy, une ordonnance de police enjoignit aux com?diens de l'h?tel de Bourgogne et ? ceux du Marais d'ouvrir leurs portes ? une heure apr?s midi, et de commencer ? deux heures pr?cises leurs repr?sentations, pour que leur jeu f?t fini avant quatre heures et demie. Ce r?glement avait lieu depuis la Saint-Martin jusqu'au 15 f?vrier. C'?tait chose prudente. On d?nait alors ? midi; il n'y avait point de lanternes dans Paris, peu de carrosses, beaucoup de boue et encore plus de voleurs.
On comprend combien les repr?sentations devaient ?tre press?es et combien les entr'actes ?taient courts, ce qui ne laissait pas que d'avoir un certain charme; car de nos jours l'ennui que l'on ?prouve dans l'intervalle qui s'?coule entre les diff?rentes pi?ces ou entre les actes d'une m?me pi?ce, ?te bien souvent une grande partie de l'agr?ment qu'on ?prouve. Il est juste de dire que dans les premiers temps de l'art dramatique et m?me pendant des si?cles encore, il n'y avait ni changement de d?cors au th??tre, ni changement de costume pour les acteurs. Comme cependant on voulait laisser ? ces derniers le temps de reprendre haleine, il fallait des entr'actes. Afin que le public ne pr?t point trop d'ennui, des choeurs, ? l'imitation des anciens, chantaient pendant cet intervalle. Introduits au th??tre par Jodelle, ils furent scrupuleusement conserv?s par les auteurs dramatiques qui vinrent apr?s lui, jusqu'? l'ann?e 1630. Ces choeurs r?citaient habituellement des strophes morales ayant rapport ? la pi?ce qu'on repr?sentait. Ils n'avaient aucun accompagnement, attendu que la musique instrumentale n'?tait pas encore en usage ? la com?die. Cela dura jusqu'en 1630. Alors eut lieu une modification dans cette partie des repr?sentations th??trales. Les choeurs causant trop d'embarras et de d?penses, on les rempla?a par des joueurs d'instruments que l'on pla?a d'abord sur les c?t?s de la salle. Avant que la pi?ce ne commen??t et ainsi que cela a lieu encore de nos jours, l'orchestre ex?cutait quelques morceaux. Il en ?tait de m?me pendant les entr'actes, ce qui n'est plus dans les usages actuels, et c'est peut-?tre un tort. Les musiciens, install?s sur les ailes du th??tre, furent rel?gu?s ensuite tout au fond, derri?re les troisi?mes loges, puis derri?re les secondes, et enfin on leur m?nagea un certain espace entre la sc?ne et le parterre. C'est celui qu'ils occupent encore aujourd'hui.
A l'?poque des Jodelle, des Garnier, des Hardy, les droits d'auteur n'?taient pas fort ?lev?s et ne pouvaient, comme actuellement, faire la fortune des po?tes dramatiques. Dans le principe, les pi?ces de th??tre appartenaient ? ceux qui les voulaient jouer; plus tard, les com?diens achet?rent les pi?ces en d?battant le prix avec les auteurs; puis enfin, ? la suite d'une circonstance assez singuli?re, vers la fin du dix-septi?me si?cle, on fixa les droits:
Les trente premi?res ann?es du dix-septi?me si?cle, ann?es de transition entre la fin de la vieille ?cole th??trale et la nouvelle inaugur?e par Pierre Corneille, produisit des auteurs dont les oeuvres dramatiques se rapprochaient ou s'?loignaient plus ou moins des pi?ces de la troisi?me p?riode. Dans les uns on trouvait encore le go?t des premi?res ?poques, tandis que les autres s'?levaient ? une certaine hauteur qui permettait d'entrevoir une nouvelle fa?on d'?crire pour le th??tre. Le public transformait peu ? peu son go?t, soit qu'il dirige?t les auteurs, soit qu'il se laiss?t diriger par eux. De temps ? autre, pendant ces trente ann?es, quelques trag?dies, quelques com?dies se produisirent sur la sc?ne, comme des ?claircies de beau temps ? travers un ciel encore nuageux.
Les auteurs qui remplissent cette p?riode transitoire, aussi bien que leurs oeuvres, sont curieux ? observer.
Malheureux est celui qui se fie ? sa femme.
Ce dernier vers semble la morale de la pi?ce.
Le respect pr?s des dames, Ne soulage jamais les amoureuses flammes; Et qui veut en amour tant soit peu s'avancer, Qu'il entreprenne tout, sans crainte d'offenser.
BRINON , conseiller au Parlement de Normandie, auteur vivant ? la m?me ?poque que les deux pr?c?dents, montra plus de go?t.
Par moi le peuple ob?irait aux rois, Les rois ? Dieu, si je faisais les lois.
Voil? de mes labeurs la belle r?compense! Et puis, suivez la cour, faites service aux grands, Donnez ? leur plaisir votre force et vos ans, Embrassez leurs desseins avec un z?le extr?me, M?prisez vos amis, m?prisez-vous vous-m?me; Courez mille hasards pour leur ambition, A la premi?re humeur, la moindre impression Qu'ils prendront contre vous, vous voil? hors de gr?ce, Et cela seulement tous vos bienfaits efface. Bienheureux celui-l? qui, loin du bruit des gens, Sans conna?tre au besoin, ni palais, ni sergents, Ni princes, ni seigneurs, d'une tranquille vie, Le bien de ses parents m?nage sans envie.
Durf?, n? ? Marseille eu 1567, mourut en 1625.
Philidor ?te le mouchoir d'?liante en lui disant:
Si de ce que j'ai dit, ta rigueur trop connue, Cherche la v?rit?, la voil? toute nue.
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