Read Ebook: L'Illustration No. 3265 23 Septembre 1905 by Various
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L'Illustration, No. 3265, 23 Septembre 1905
NOS SUPPL?MENTS DE TH??TRE
LE MASQUE D'AMOUR pi?ce en cinq actes et neuf tableaux, qui va ?tre le d?but, au th??tre, d'un des romanciers ayant obtenu, en ces derni?res ann?es, les plus retentissants succ?s: DANIEL LESUEUR.
Nous publierons ensuite, au fur et ? mesure de leur repr?sentation sur les grandes sc?nes parisiennes, les pi?ces nouvelles des ma?tres du th??tre contemporain:
BERTRADE par JULES LEMAITRE, de l'Acad?mie fran?aise, qui sera jou?e ? la Renaissance;
LE GOUT DU VICE par HENRI LAVEDAN, de l'Acad?mie fran?aise, qui sera jou? au Gymnase;
LE R?VEIL par PAUL HERVIEU, de l'Acad?mie fran?aise, qui sera jou? ? la Com?die-Fran?aise;
PARAITRE par MAURICE DONNAY, qui sera jou? ? la Com?die-Fran?aise;
PAQUERETTE ou LES ?TRENNES ?galement par MAURICE DONNAY, qui sera jou?e au th??tre Antoine.
COURRIER DE PARIS
JOURNAL D'UNE ?TRANG?RE
Huit jours ont pass?, depuis l'aventure tragique o? p?rit un honn?te et distingu? gar?on ? qui la vie souriait et que soudain, dans la minute o? il allait rejoindre, pour d?ner gaiement avec eux, quelques amis, le choc stupide d'une automobile envoyait rouler au trottoir, la t?te fracass?e. Et nous continuons, depuis huit jours, de nous entretenir de cet accident, comme s'il ?tait d'hier. <
Sentiment tr?s humain et que se sont charg?s de nous expliquer les psychologues. Nous ne souffrons jamais beaucoup des malheurs qui ne nous menacent point. Or, des carnages en Mandchourie, des ?gorgements et des incendies ? Bakou, la brisure de cro?te terrestre o? s'engloutit un village calabrais, la chute m?me d'un sous-marin au fond de l'eau ou d'une automobile dans un ravin, sont des catastrophes qu'un citadin casanier n'a gu?re ? redouter pour lui-m?me. Si nous compatissons ? distance aux mis?res des victimes, c'est d'une ?me ? la fois terrifi?e et tranquille. La vue de ces drames lointains--ou qui s'accomplissent hors du domaine de notre vie et de nos risques personnels--agit sur nos sensibilit?s un peu comme le spectacle d'une course de taureaux sur les nerfs de certaines Fran?aises. On s'?vanouit d'horreur, mais ? l'angoisse de la syncope se m?le l'intime satisfaction d'?tre ? l'abri des coups. On est fr?missante, mais rassur?e.
Et si le tragique accident de l'avenue Marigny nous a si fortement boulevers?s qu'au bout d'une semaine il est encore le sujet des conversations de tout Paris, c'est que chacun de nous s'est senti, cette fois, menac?. Il nous a sembl? que la catastrophe nous effleurait; nous en avons, comme on dit, senti le vent. Nous nous sommes rappel? que, nous aussi, nous avions l'autre jour, en fiacre, travers? les Champs-Elys?es paisiblement; que des automobiles avaient fr?l? notre voiture; nous pensons que le m?me malheur e?t pu nous atteindre...
Les journaux nous rassurent, nous affirment qu'une automobile, bien conduite, est le v?hicule le moins dangereux qui soit; il suffirait, disent-ils, pour ?viter tout risque, que cochers et chauffeurs prissent l'habitude d'observer certaines r?gles de marche tr?s simples; de se tenir dans la rue ? la place o? ils doivent ?tre.
Mais c'est l? justement une habitude que les Parisiens semblent avoir toutes les peines du monde ? pratiquer. Il n'y a pas, je crois, de population qui ait moins que celle-ci le sentiment de ce qu'on pourrait appeler la discipline de la rue. Un pi?ton parisien traverse la chauss?e en lisant son journal et c'est miracle qu'un plus grand nombre de ces fl?neurs ne soient pas ?cras?s tous les jours; le cocher qui devrait ?tre ? droite est ? gauche; le bicycliste oublie tant?t d'allumer sa lanterne, tant?t d'attacher ? son guidon la trompe ou le grelot dont les appels sont la sauvegarde du passant. Il est des carrefours dont la travers?e, ? la nuit tombante, est une aventure pleine de p?rils; des coins de boulevard o? l'on a l'impression d'?tre ?gar? dans une bagarre de fous. Mais emp?chera-t-on que ces choses ne soient, et change-t-on, par ordonnance de police, l'?me d'une ville?
La province <
Je suis all?e ? Saint-Dizier. Des amis, en vacances dans les environs, m'avaient dit: <
Je n'ai jamais trouv? que des ministres fassent des personnages int?ressants ? observer; mais leurs auditoires m'amusent. J'ai lu quelque part que Gavarni, recevant la visite d'un apprenti dessinateur, lui demanda:
--Que faites-vous de vos dimanches?
--Je vais au Louvre, dit le d?butant.
--Bon, cela. Et, au Louvre, qu'est-ce que vous faites?
--Je regarde les tableaux.
Gavarni fit une grimace.
--Mon enfant, dit-il, quand on va au Louvre il ne faut pas regarder les tableaux. Il faut regarder les gens qui regardent.
C'est bien l? ce qui me rend si pr?cieux le spectacle de certaines f?tes officielles: regarder les gens qui regardent... Je me suis, il y a cinq jours, offert ce plaisir ? Saint-Dizier; et j'en reviens extr?mement int?ress?e et surprise par ce que j'y ai vu.
J'y ai constat? que Paris s'obstine ? nous d?crire une province qui n'existe plus,--ou qui est en train de dispara?tre. Paris ne se contente point de se d?nigrer lui-m?me; il lui pla?t de caricaturer sa province aussi. Il trouve spirituel de nous la montrer <
J'assistais dimanche, d'un coin de la place d'Armes de Saint-Dizier, au d?fil? des d?l?gations qui entraient ? la mairie pour y saluer les repr?sentants du gouvernement. Il y avait l? toute la ville, ou ? peu pr?s; car il faut ?tre aujourd'hui bien n?gligent, bien misanthrope ou bien discr?dit? pour n'?tre pas <
J'imagine que cette petite ?volution est n?e de plusieurs causes: une ?ducation g?n?rale am?lior?e; la curiosit? de se comparer les uns aux autres; un peu plus de coquetterie, en m?me temps que plus de bien-?tre; la facilit? de sortir de chez soi, de se m?ler de plus en plus, gr?ce au progr?s des moyens de circulation, ? la vie des autres hommes. Peut-?tre aussi le service militaire g?n?ralis? a-t-il contribu? ? cette fusion bienfaisante des groupes sociaux et excit? chez l'habitant de la sous-pr?fecture, du village m?me, l'ambition tr?s naturelle de n'?tre point distanc? trop par celui de la grande ville... Mais ni nos auteurs dramatiques, ni nos caricaturistes ne font attention ? cela; et, pendant des ann?es encore, ils continueront de nous donner de la province fran?aise, avec infiniment d'esprit, une image tr?s mensong?re. Ils se moquent de la province parce qu'elle <
SONIA.
SAVORGNAN DE BRAZZA
<
Depuis dix ans, bient?t, qu'un caprice de la politique, un v?ritable m?fait, l'avait mis ? la retraite, on avait--et l'on n'ose l'avouer sans en rougir--? peu pr?s oubli? M. de Brazza. Qu'il ne souffr?t pas de cette indiff?rence qui r?compensait l'oeuvre grandiose accomplie par lui, on ne saurait en jurer. Du moins ne s'en plaignait-il pas. Car il fit preuve dans la disgr?ce d'un sto?cisme ?gal ? la vaillance qu'il avait d?ploy?e dans l'action, ? la simplicit? qu'il montra toujours jusqu'au fa?te des honneurs. Peut-?tre fut-il tout surpris quand, au commencement de cette ann?e, ? la nouvelle des sanglants exploits dont s'?taient rendus coupables, au Congo, deux de nos fonctionnaires, le ministre des Colonies lui demanda d'aller conduire, l?-bas, l'enqu?te n?cessaire; et les termes m?mes de la lettre de service qui lui ?tait remise--la premi?re qu'il re?ut depuis celle qui, en 1897, le relevait brutalement, sans aucunes formes, de ses fonctions--purent lui donner l'impression qu'il r?vait.
M. de Brazza partit, vaillant, joyeux, vers ce pays auquel, malgr? tout, malgr? les luttes pass?es, les fatigues de la conqu?te, les d?boires, il avait gard? en son coeur un tendre souvenir. Il avait accompli en conscience, on peut le croire, son oeuvre nouvelle. Sa mission termin?e, il ?tait en route pour la France quand la dysenterie, le terrassant, le for?a de rel?cher ? Dakar. Il y est mort, le 14 septembre, tomb? au champ d'honneur, sur son domaine.
Il n'?tait ?g? que de cinquante-trois ans. Il y avait si longtemps que le bruit de son nom avait empli le monde qu'on le croyait, en v?rit?, presque un vieillard. Mais il avait trente ans ? peine quand la gloire, la vraie et pure gloire, vierge de sang vers?,--lot rare et magnifique pour un conqu?rant!--lui avait souri d?j?. A trente et un ans, il ?tait commissaire g?n?ral de la R?publique au Gabon. Il avait jet? sur le continent africain les fondements d'un empire colonial trois fois grand comme la m?tropole elle-m?me, qu'il ajoutait au patrimoine de son pays d'adoption.
Quels beaux r?ves d'?nergie des adolescents qui sont depuis longtemps devenus des hommes ont faits, en ce temps-l?, devant cette photographie, alors populaire, que nous reproduisons ici, et ? laquelle on pourrait donner pour ?pigraphe la boutade haineuse de Stanley, le rival sanglant du pacifique Brazza au continent noir, cette phrase qui semble en ?tre la description litt?rale: <
C'est le 20 octobre 1875 que l'enseigne de vaisseau de Brazza avait d?barqu? au Gabon, ? la t?te d'une troupe de vingt personnes seulement. Cette premi?re exploration dura trois ans. Elle s'?tendit aux bassins de l'Ogou?, de la Licona et de l'Aima. On alla jusqu'? cinq journ?es de distance du Congo sans en entrevoir, sans en deviner l'existence. A son retour en Europe seulement, M. de Brazza apprit le raid heureux que Stanley, rentr? quelques mois avant lui, avait pouss? dans le bassin du fleuve g?ant. Il repartit pour compl?ter son oeuvre le 27 d?cembre 1879 et atteignait cette fois le Congo qu'il redescendait jusqu'au Stanley Pool. Ce fut au cours de ce second voyage, qui ne fut qu'un duel superbe entre l'explorateur fran?ais et son rival Stanley, qu'il signa le trait? de protectorat avec le roi Makoko et installa aussi, au poste qui devait plus tard devenir Brazzaville, la capitale actuelle du Congo, le brave sergent Malamine, celui qui, avec trois tirailleurs s?n?galais, tint un jour t?te ? Stanley et lui fit respecter le drapeau tricolore.
Rentr? ? Paris en 1882, accueilli avec enthousiasme, il se voyait confier, l'ann?e suivante, la mission d'organiser sa conqu?te; car on ne m?connut point tout d'abord la splendeur de ce pr?sent qu'il faisait ? la France. Quatorze ans s'?coul?rent avant qu'on oubli?t ses services insignes. Mais alors, on n'eut plus aucun m?nagement et, ? la suite d'un long conflit entre l'explorateur et la bureaucratie, celle-ci l'emporta: une simple lettre de service rappela M. de Brazza.
Il ne murmura pas, se laissa d?pouiller, v?cut obscur, entre sa femme, ni?ce du comte de Chambrun, et ses trois enfants, ? son foyer presque pauvre; car il avait dissip? dans ses audacieuses randonn?es tout l'h?ritage familial. Il fallut une circonstance fortuite pour que cette iniquit? f?t rappel?e et r?par?e; les Chambres, ? l'unanimit?, dans un ?lan d'enthousiasme, vot?rent ? M. de Brazza une pension ? titre de r?compense nationale.
Ce fut presque ? son corps d?fendant qu'il l'accepta, car jamais il n'avait permis ? ses amis les plus z?l?s de protester contre l'ingratitude dont il ?tait victime. Il avait l'?me d'un sage antique.
G. B
L'ENTENTE SU?DO-NORV?GIENNE
On a pu redouter, un moment, de voir les choses s'envenimer entre la Su?de et la Norv?ge, et il s'en est fallu de peu que les n?gociations conduites, ? Carlstad, entre les pl?nipotentiaires des deux pays ne fussent brusquement rompues.
La question des fortifications qui d?fendent la fronti?re norv?gienne contre une agression possible des voisins su?dois--et dont certaines, d?tail assez piquant, ont ?t? ?lev?es en 1900, en pleine union--cette question divisait fortement les n?gociateurs. La Su?de r?clamait le d?mant?lement des forts, ne voulant pas ?tre oblig?e, de son c?t?, d'en ?lever pour se prot?ger contre ces canons braqu?s sur elle, redoutant d'?tre entra?n?e ? des armements ruineux. La Norv?ge ne refusait pas formellement de d?molir, mais exigeait, au pr?alable, la signature, entre les deux nations, d'un trait? d'arbitrage. A quoi la Su?de r?pondait: <
La discussion, engag?e sur ce terrain, mena?ait de s'?terniser. Les dispositions conciliantes des pl?nipotentiaires de Carlstad ont triomph? d'une situation qui paraissait inextricable, et toute inqui?tude est aujourd'hui dissip?e: la Su?de a accept? le trait? d'arbitrage et la Norv?ge va d?molir toutes ses fortifications modernes, mais celles-l? seulement. Car elle tient comme ? des souvenirs historiques aux vieux ch?teaux forts, ?lev?s en certains points de sa fronti?re. Ces forteresses, dont celles de Frederiksten et de Kongsvinger, reproduites ici, donnent une id?e, sont d'ailleurs peu redoutables. R?duites qu'elles seront, comme d?fensive, ? leurs antiques murailles, elles peuvent subsister sans occasionner nulle inqui?tude, sans exciter nulle susceptibilit?.
Mais il est une autre question, d'une grande importance, qui int?resse la Norv?ge toute seule et qui n'est pas encore tranch?e. C'est celle du r?gime que va adopter la nation s?par?e. On se souvient qu'au moment de la rupture la Norv?ge, par d?f?rence pour le roi Oscar, son souverain de la veille, lui avait demand? de d?signer, pour occuper le tr?ne norv?gien, un de ses fils. Le roi n'a pas daign? r?pondre et l'on consid?re que ce silence ?quivaut ? un refus.
On a parl? de la possibilit? d'une r?publique. Dans ce cas, l'illustre explorateur Nansen, qui a jou?, dans tous ces ?v?nements, un r?le important, et dont l'ascendant sur ses compatriotes est consid?rable, aurait de fortes chances d'en ?tre ?lu pr?sident,--s'il y avait ? cette r?publique un pr?sident.
La solution qui semble actuellement la plus probable est l'offre de la couronne au prince Charles, second fils du prince h?ritier Fr?d?ric de Danemark.
Lorsque se produisit, il y a deux ans, la catastrophe de la station des Couronnes, on eut tendance ? attribuer aux conditions m?mes de la construction, en souterrain, du M?tropolitain parisien, la gravit? de la catastrophe. Ah! si la ligne avait ?t? a?rienne! Or, un accident vient de se produire sur 1'<
Le 12 septembre au matin--c'est d'hier, et, pourtant, l'?motion qu'on en ?prouva alors est bien att?nu?s, ce qui prouve ? quel point l'actualit? passe vite--un train, parti de la 59e rue et qui suivait ? une vitesse de 45 kilom?tres ? l'heure la 9e avenue, arrivait ? la hauteur de la 53e rue quand, par suite d'une erreur d'aiguillage, il s'engagea dans cette voie. L'aiguilleur s'aper?ut de sa faute comme le premier wagon venait de bifurquer sans accident. Il imprima ? son aiguille un mouvement machinal. Le second wagon, soudainement arr?t? dans sa course et s?par? du premier, fut lanc? le long de la voie directe de la 9e avenue. Il tomba dans la rue en se retournant sens dessus dessous, tandis que le troisi?me demeurait suspendu en l'air, au bord de la voie, heureusement ? port?e de la corniche d'une maison par laquelle les voyageurs purent s'?chapper. Mais le second wagon s'?tait ?cras? sur la chauss?e, o? les voyageurs furent pr?cipit?s la t?te la premi?re; l'un d'eux fut d?capit? par un morceau de fer et l'on retrouva sa t?te ? 20 m?tres plus loin. On releva onze morts et une trentaine de bless?s, dont huit mortellement.
LE SULTAN DU MAROC PHOTOGRAPHE
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