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Read Ebook: Le Bossu: Aventures de Cape et d'Épée. Volume 6 by F Val Paul

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Ebook has 1934 lines and 43618 words, and 39 pages

Madame la princesse de Gonzague r?pondit ? ses illustres conseils que M. le r?gent s'?tait enquis des circonstances de son mariage, et de ce qui l'avait pr?c?d?. Elle ajouta que M. le r?gent lui avait promis de faire parler ce Lagard?re, fall?t-il employer la question!

On se rejeta sur ce Lagard?re avec le secret espoir que la lumi?re viendrait par lui, car chacun savait ou se doutait bien que ce Lagard?re avait ?t? m?l? ? la sc?ne nocturne qui, vingt ans auparavant, avait ouvert cette interminable trag?die.

M. de Machault promit ses alguazils, M. de Tresmes ses gardes, les pr?sidents leurs l?vriers de palais. Nous ne savons pas ce qu'un cardinal peut promettre en cette circonstance, mais enfin, Son ?minence offrit ce qu'elle avait.

Il ne restait plus ? ce Lagard?re qu'? bien se tenir!

Vers cinq heures du soir, Madeleine Giraud vint trouver sa ma?tresse qui ?tait seule et lui remit un billet du lieutenant de police. Ce magistrat annon?ait ? la princesse que M. de Lagard?re avait ?t? assassin? la nuit pr?c?dente au sortir du Palais-Royal.

La lettre se terminait par ces mots qui devenaient sacramentels:

--<>

Madame la princesse passa le reste de cette soir?e dans les larmes et la pri?re.

Entre neuf et dix heures, Madeleine Giraud revint avec un nouveau billet.

Celui-ci ?tait d'une ?criture inconnue. Il rappelait ? madame la princesse que le d?lai de vingt-quatre heures accord? ? M. de Lagard?re par le r?gent expirait cette nuit ? quatre heures. Il informait madame la princesse que M. de Lagard?re serait ? cette heure dans le pavillon qui servait de maison de plaisance ? M. de Gonzague.

Lagard?re chez Gonzague! pourquoi? comment?

Et cette lettre du lieutenant de police qui annon?ait sa mort!

La princesse ordonna d'atteler. Elle monta dans son carrosse et se fit mener rue Pav?e-Saint-Antoine ? l'h?tel de Lamoignon.

Une heure apr?s, vingt gardes fran?aises, command?s par un capitaine, et quatre exempts du Ch?telet bivaquaient dans la cour de l'h?tel Lamoignon.

Nous n'avons pas oubli? que la f?te donn?e par M. le prince de Gonzague ? sa petite maison derri?re Saint-Magloire avait pour pr?texte un mariage: le mariage du marquis de Chaverny avec une jeune inconnue ? qui le prince constituait une dot de cinquante mille ?cus.

Le fianc? avait accept? et nous savons que M. de Gonzague croyait avoir ses raisons pour ne point redouter le refus de l'?pous?e.

Il est donc naturel que M. le prince e?t pris d'avance toutes ses mesures pour que rien ne retard?t l'union projet?e. Le notaire royal, un vrai notaire royal, avait ?t? convoqu?.

Bien plus, le pr?tre, un vrai pr?tre, attendait ? la sacristie de Saint-Magloire.

Il ne s'agissait point d'un simulacre de noces. C'?tait un mariage valable qu'il fallait ? M. de Gonzague, un mariage qui donnait droit sur l'?pouse ? l'?poux.

De telle sorte que la volont? de l'?poux p?t rendre ind?fini l'exil de l'?pouse.

Gonzague avait dit vrai: il n'aimait pas le sang. Seulement quand les autres moyens faisaient d?faut, le sang ne for?ait jamais Gonzague ? reculer.

Un instant, l'aventure de cette nuit avait mal tourn?. Tant pis pour Chaverny! mais depuis que le bossu s'?tait mis en avant, les choses prenaient une physionomie nouvelle et meilleure.

Le bossu ?tait ?videmment de ces hommes ? qui on peut tout demander.

Gonzague l'avait jug? d'un coup d'oeil. C'?tait un de ces ?tres qui font volontiers payer ? l'humanit? l'enjeu de leur propre mis?re et qui gardent rancune aux hommes de la croix que Dieu a mise comme un fardeau trop lourd sur leurs ?paules.

Les bossus sont m?chants; les bossus se vengent.

Les bossus ont souvent le coeur cruel, l'esprit robuste, parce qu'ils sont en ce monde comme en pays ennemi.

Les bossus n'ont point de piti?. On n'en eut point pour eux.

De bonne heure, la raillerie idiote frappa leur ?me de tant de coups, qu'un calus protecteur se fit autour de leur ?me.

Chaverny ne voulait rien pour la besogne indiqu?e. Chaverny n'?tait qu'un fou: le vin le faisait franc, g?n?reux et brave. Chaverny e?t ?t? capable d'aimer sa femme et de s'agenouiller devant elle apr?s l'avoir battue.

Le bossu, non. Le bossu ne devait mordre qu'un coup de dent.

Le bossu ?tait une v?ritable trouvaille!

Quand Gonzague demanda le notaire, chacun voulut faire du z?le. Oriol, Albret, Montaubert, Cidalise s'?lanc?rent vers la galerie, devan?ant Cocardasse et Passepoil.

Ceux-ci se trouv?rent seuls un instant sous le p?ristyle de marbre.

--Ma caillou, fit le Gascon, la nuit ne va pas finir sans qu'il pleuve...

--Des horions? interrompit Passepoil; la girouette est aux tapes.

--Apapur! la main me d?mange! et toi?

--Dame!... il y a d?j? longtemps qu'on n'a dans?, mon noble ami!...

Au lieu d'entrer dans les appartements du bas, ils ouvrirent la porte ext?rieure et descendirent dans le jardin. Il n'y avait plus trace de l'embuscade dress?e par Gonzague, au devant de la maison. Nos deux braves pass?rent jusqu'? la charmille o? M. de Peyrolles avait trouv?, la veille, les cadavres de Saldagne et de Fa?nza: personne dans la charmille.

Ce qui leur sembla plus ?trange, c'est que la poterne, perc?e sur la ruelle, ?tait grande ouverte.

Personne dans la ruelle. Nos deux braves se regard?rent:

--Ce n'est pourtant pas lou couquin qui a fait cela, murmura Cocardasse, puisqu'il est l?-haut depuis hier au soir!...

--Sait-on ce dont il est capable! riposta Passepoil.

Ils entendirent comme un bruit confus du c?t? de l'?glise.

--Reste l?, dit le Gascon; je vais aller voir.

Il se coula le long des murs du jardin, tandis que Passepoil faisait faction ? la poterne. Au bout du jardin ?tait le cimeti?re Saint-Magloire. Cocardasse vit le cimeti?re plein de gardes fran?aises.

--Eh donc! ma caillou, fit-il en revenant, si l'on danse, les violons ne manqueront pas!

Pendant cela, Oriol et ses compagnons faisaient irruption dans la chambre de Gonzague, o? ma?tre Griveau a?n?, notaire royal, dormait paisiblement sur un sofa, aupr?s d'un gu?ridon supportant les restes d'un excellent souper.

Je ne sais pas pourquoi notre si?cle s'est acharn? contre les notaires. Les notaires sont g?n?ralement des hommes propres, frais, bien nourris, de moeurs tr?s-douces, ayant le mot pour rire en famille et dou?s d'une rare s?ret? de coup d'oeil au whist. Ils se comportent bien ? table; la courtoisie chevaleresque s'est r?fugi?e chez eux; ils sont galants avec les vieilles dames riches, et certes peu de Fran?ais portent aussi bien qu'eux la cravate blanche, amie des lunettes d'or.

Le temps est proche o? la r?action se fera. Chacun sera bient?t forc? de convenir qu'un jeune notaire blond, grave et doux dans son maintien et dont le ventre naissant n'a pas encore acquis tout son d?veloppement, est une des plus jolies fleurs de notre civilisation.

Ma?tre Griveau a?n?, notaire-tabellion-garde-note royal et du Ch?telet avait l'honneur d'?tre en outre un serviteur d?vou? de M. le prince de Gonzague. C'?tait un bel homme de quarante ans, gras, frais et rose, souriant et qui faisait plaisir ? voir.

Oriol le prit par un bras, Cidalise par l'autre, et tous deux l'entra?n?rent au premier ?tage.

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