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Read Ebook: The Philippines: Past and Present (Volume 2 of 2) by Worcester Dean C Dean Conant

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Ebook has 2210 lines and 158806 words, and 45 pages

L'ILLUSTRATION

Prix du Num?ro: 75 centimes. SAMEDI 7 F?VRIER 1891 49e Ann?e.--N? 2502

HEUREUX ceux qui sont ? Nice et respirent l'air de la mer! Non pas que notre Paris soit triste, il y fait un temps ti?de, on y joue des pi?ces nouvelles quand la Commune veut bien le permettre et l'on s'y pr?pare en famille aux f?tes du carnaval.

Dans les coll?ges, on f?tera ce carnaval en jouant des pi?ces de com?die au b?n?fice des pauvres. C'est ?tonnant, ce d?bordement du th??tre sur la vie de tous les jours. Je connais un ?tablissement d'?ducation o?, sous le p?ristyle, sont affich?s ces deux avis:

D'un c?t?:

Et de l'autre:

Les ?l?ves de l'institution r?p?tent en sortant de l'office. Et les pauvres y gagnent, ces pauvres pauvres qui ont pass? un si rude hiver.

Mais il s'agit bien de f?tes! Que de morts, et de morts glorieux! Janvier a fini sur ces deux nouvelles, dont l'une ?tait triste et l'autre joyeuse, la mort de Meissonier et la d?mission de Crispi. Ainsi il est tomb?, M. Crispi, brusquement, alors qu'on semblait ne s'y attendre gu?re. L'?v?nement est gros de cons?quences; mais il faut laisser aux politiciens le soin d'?piloguer l?-dessus. Les pertes de l'art fran?ais, Meissonier, Chaplin, rentrent plus directement dans l'ordre de nos causeries.

Chaplin! le peintre des roses et des lis. Un Fragonard fin de si?cle. Anglais d'origine aussi, avec quelques tubes de la couleur de Gainsborough sur sa palette. Il savait donner ? la chair f?minine une transparence, un charme exquis. Et quand on pense qu'il avait d?but? par des paysanneries! Avec des paysannes en robes de bure et des rouliers ou des bergers en limousines ray?es! Sans compter les cochons. Chaplin voulait, en sa jeunesse, se faire le peintre des cochons. Il leur donnait aussi de doux et jolis petits tons roses comme Charles Jacques.

Quand on lui reprochait de faire joli, Chaplin r?pondait, avec son ?l?gance de gentleman:

--Ribot a bien le droit de voir noir. Je r?clame le droit de voir rose. Le rose est dans la nature!

Et il avait raison, l'?l?gant et puissant artiste, car il y a souvent plus de puissance dans le go?t que dans la brutalit?. Je n'adresse pas ce dernier mot ? M. Ribot qui est un grand peintre.

J'ai d?j? lu que Meissonier, lui, n'?tait pas un grand peintre. Parce que ses tableaux sont petits, on lui d?nie le premier rang. Mais telle petite toile de Meissonier durera plus que bien des ambitieuses machines. Il est des tableaux de Meissonier qu'on admirera encore dans des si?cles, comme les Flamands.

Un jour, quelqu'un lui dit:

Et bon, et na?f, et d?sint?ress?!

Ne voyez l? que l'accent de sinc?rit? et, disons-le, de v?rit?.

D?sint?ress?, ah! certes! En ces derni?res ann?es o? il passait pour vendre tout ce qu'il voulait, pour gagner des sommes folles, il gardait chez lui des toiles inachev?es dont on lui offrait des prix consid?rables et qu'il ne voulait point livrer parce qu'il n'en ?tait pas satisfait. Et cependant les prix offerts eussent ?t? les bienvenus.

--Je ne vends pas, disait-il, je travaille beaucoup, je cherche, je commence plusieurs tableaux, j'en ach?ve quelques-uns, mais, au total, je ne vends pas!

Et c'?tait vrai. Ce laborieux ?tait inaccessible ? toute pens?e de sp?culation. Sans doute il avait des fiert?s lorsqu'il apprenait que ses tableaux atteignaient des prix quasi-fabuleux et il souriait alors en se souvenant qu'il avait jadis, pour Curmer, fait des dessins sur bois ? vingt francs le dessin, et des chefs-d'oeuvre!

--Le jour j'allais ? la Biblioth?que pour chercher des documents, la nuit je ne dormais pas, je travaillais et je tombais de fatigue, le matin. Mais le dessin ?tait fait, et Curmer ?tait content.

--Il m'en a lu des fragments un soir, me dit M. T..., et rien n'est plus touchant que l'histoire de ses d?buts racont?e par lui, sa visite aux fr?res Johannot, Alfred et Tony, qui lui mirent le pied ? l'?trier.

Meissonier ?crivain! M. A. T... assure que ces pages du peintre sont tout ? fait de premier ordre. On devrait les publier.

Elie Berthet ?tait un petit homme au profil aigu et fin, portant lunettes, un brave et digne homme s'il en fut, un litt?rateur de la vieille roche, pur comme l'eau qui en sort.

Il disait des romanciers d?collet?s de ce temps-ci:

--Ce sont des gens qui gagnent leur partie avec des cartes grasses et biseaut?es!

Jadis, il lui ?tait arriv? une aventure des plus ironiques, cont?e en quelque endroit par le marquis de Belloy.

En pleine vogue de succ?s, Elie Berthet visitait Brest, il y a fort longtemps. Les officiers de marine l'avaient fort bien re?u et quelques-uns m?me lui avaient offert un banquet.

On avait bien mang?, caus?, le tout avec bonne humeur, lorsqu'au dessert, brusquement, un coup de canon retentit du c?t? de la rade.

Elie Berthet rougit un peu, remercia, dit:

--C'est trop! Vraiment, messieurs, je vous suis reconnaissant, mais c'est trop!

C'?tait le coup de canon qui annon?ait la rentr?e des for?ats, et le romancier le prenait pour lui.

Grand p?cheur ? la ligne, Elie Berthet allait autrefois, avant de se mettre au travail litt?raire, taquiner le goujon sur une des berges de la Seine. Un jour, las de sa place habituelle, il choisit un autre poste, et il y ?tait install?, sa ligne ? la main, quand un autre p?cheur se pr?senta et lui dit:

--Pardon, monsieur, mais c'est l? que je p?che d'habitude!

--Je n'avais vu personne, dit Elie Berthet, j'avais cru...

--Oh! il n'y a pas grand mal, fait le monsieur, mais, sans vous conna?tre, je parie que vous ?tes r?publicain.

--Oui, dit Elie Berthet, je suis r?publicain. Mais pourquoi votre gageure?

--Eh! monsieur, fait l'autre, tout simplement parce que vous voulez me prendre ma place!

C'?tait un mot, mais ce n'?tait qu'un mot. Elie Berthet apprit depuis que son interlocuteur ?tait M. de Cormenin, si c?l?bre ? son heure sous le pseudonyme de Timon.

R?publicain, Elie Berthet l'avait ?t? toute sa vie. Quand il ?tait tout jeune, il y avait dans sa ville un vieux grognard du nom de Fissou qui, ne pouvant exprimer tout haut ses sentiments lib?raux et napol?oniens n'avait qu'une joie, une joie malicieuse, qui consistait ? appeler par son nom le jeune homme quand il le rencontrait dans la rue.

Fissou criait:

Et il le criait d'autant plus fort qu'il apercevait quelque agent de l'autorit?.

L'agent se retournait, venait droit au p?re Fissou, vieil officier de chasseurs de l'empire.

--Qu'est-ce que vous dites?

--Je ne dis rien.

--En pleine rue. C'est un d?lit.

--Allons donc! J'appelle ce jeune homme, l?-bas, qui se prom?ne: Elie Berthet!

--Elie Berthet?

--Oui. Elie Berthet, viens donc, mon gar?on, j'ai quelque chose ? te dire.

Elie Berthet s'avan?ait, l'agent s'inclinait, un peu ahuri. Et voil? comment on s'amuse avec le pouvoir quand on n'a contre lui que la plaisanterie pour arme.

Je ne parlerai pas de la pauvre Rosine Bloch, ne voulant d?cid?ment pas donner ? cette causerie le ton d'un glas. Trop de n?crologie en v?rit?! La saison est mauvaise et le d?gel me semble plus pernicieux que le froid. On s'invite d'ailleurs, on danse, on se r?unit, la vie de Paris est brillante et la chute de Crispi fait, entre la poire et le fromage, prononcer autant de paroles qu'elle fait verser d'encre aux journalistes.

--Lui fera-t-elle m?me du bien?

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