Read Ebook: Histoire de la civilisation égyptienne des origines à la conquête d'Alexandre by J Quier Gustave
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Note de transcription:
Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e. Voir la note plus d?taill?e ? la fin de ce livre.
HISTOIRE
DE LA
CIVILISATION ?GYPTIENNE
DU M?ME AUTEUR
GUSTAVE JEQUIER
PROFESSEUR D'?GYPTOLOGIE A L'UNIVERSIT? DE NEUCHATEL CORRESPONDANT DE L'ACAD?MIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
HISTOIRE
DE LA CIVILISATION
?GYPTIENNE
DES ORIGINES A LA CONQU?TE D'ALEXANDRE
Ouvrage orn? de 265 gravures Nouvelle ?dition revue
PAYOT, PARIS
Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation r?serv?s pour tous pays.
Copyright 1913, by Payot & Cie.
CHAPITRE PREMIER
LES SOURCES DE L'HISTOIRE D'?GYPTE
Isol?e comme est l'Egypte par la mer et les d?serts, son d?veloppement devait ?tre original. Ce pays favoris? par la nature, avec son climat chaud et son sol d'une fertilit? exceptionnelle, toujours renouvel? par les inondations du Nil et livrant g?n?reusement ? l'homme tout ce qui peut lui ?tre n?cessaire pour vivre, ?tait destin? ? devenir un des berceaux de la civilisation; ici l'homme n'avait pas besoin, comme ailleurs, d'efforts r?p?t?s et incessants pour s'assurer une maigre subsistance et une existence pr?caire: il n'avait qu'? se laisser vivre et il lui suffisait d'un l?ger travail pour r?aliser un s?rieux progr?s de bien-?tre. D?fendue naturellement de trois c?t?s, par la M?diterran?e et les d?serts arabique et lybique, l'Egypte n'avait que peu de chose ? craindre du c?t? de ses voisins plus ou moins turbulents et, ? l'origine tout au moins, elle n'eut pas, semble-t-il, ? subir de ces bouleversements qui arr?tent parfois pour longtemps une civilisation naissante. Ce n'est pas la lutte pour la vie qui est la cause du d?veloppement intellectuel et industriel des premiers Egyptiens, mais le besoin instinctif d'augmenter le bien-?tre dont la nature avait d?j? largement pourvu les habitants de ce pays privil?gi?.
Il ne faut pas songer ? ?tablir combien de si?cles ou de milliers d'ann?es dura cette p?riode de travail latent, de d?veloppement progressif, ? laquelle nous appliquons le terme peu pr?cis de pr?historique. Toujours est-il que vers 4.000 avant J.-C, ? une ?poque o? la barbarie la plus absolue r?gnait sur le reste du monde et o? seule la Babylonie, autre berceau de la civilisation, et peut-?tre aussi la Chine, pourraient montrer un ?tat analogue, nous trouvons en Egypte un royaume constitu? r?guli?rement et solidement, une race poss?dant une langue qui pr?sente d?j? certains caract?res de d?cadence et une ?criture compliqu?e mais parfaite en son genre, un peuple sachant utiliser tous les mat?riaux pour la construction de monuments importants, et d?j? tr?s avanc? dans la connaissance et l'exercice des arts, un peuple industriel en possession des m?taux et pour lequel l'agriculture et l'?levage du b?tail n'ont plus de secrets. Une force pareille ne pouvait rester confin?e dans un petit pays comme l'Egypte et devait n?cessairement rayonner au dehors, les d?fenses naturelles, mer et d?serts, ne pouvant entraver une expansion toute pacifique, et peu ? peu le commerce s'?tablissait, vers le Soudan d'abord, sans doute, puis vers la Palestine et les pays situ?s plus au nord. Les fouilles r?centes pratiqu?es en Cr?te montrent l'influence consid?rable qu'exer?a l'Egypte sur les civilisations naissantes de la Gr?ce et de l'Archipel et cela d?s l'Ancien Empire, donc pendant le quatri?me mill?naire avant J.-C. aussi bien que pendant la p?riode myc?nienne; ainsi se confirment les l?gendes o? les Grecs reconnaissaient eux-m?mes le r?le qu'avait jou? vis-?-vis de leurs anc?tres directs ce peuple paisible, industrieux, artiste et commer?ant.
Cette rapide ?num?ration des principaux auteurs grecs et latins qui ont parl? de l'Egypte suffira pour qu'on puisse se rendre compte de la valeur tr?s r?elle et en m?me temps de l'insuffisance de ces documents au point de vue de la connaissance du peuple qui habitait la vall?e du Nil dans l'antiquit?; quant aux nombreuses et tr?s pr?cieuses donn?es que renferment les livres de l'Ancien Testament sur le s?jour des H?breux en Egypte et les relations des rois de Juda et d'Isra?l avec les Pharaons, elles sont trop connues pour qu'il soit n?cessaire d'y revenir ici.
Voil? donc ? quoi se r?duisait, il y a un si?cle, le bagage scientifique dont on pouvait disposer en ce qui concerne l'Egypte; quelques voyageurs, il est vrai, comme Chardin, Pockoke et d'autres, apr?s avoir parcouru le pays, en avaient publi? des descriptions, et parfois m?me copi? les monuments anciens encore visibles, mais les reproductions qu'ils en donnent n'en sont que de grossi?res caricatures et ne peuvent donner qu'une id?e parfaitement fausse de l'art et de l'?criture de l'Egypte antique. Quant aux essais d'interpr?tation d'hi?roglyphes, comme ceux du savant j?suite le P. Kircher, ce sont des ouvrages de fantaisie pure, fruit d'une imagination trop mystique, et qui, d?nu?s de toute base scientifique s?rieuse, ne peuvent plus aujourd'hui qu'attirer la curiosit? de quelque bibliophile.
Malgr? leur nombre, les documents r?unis par la Commission d'Egypte ?taient tr?s insuffisants, et Champollion, apr?s avoir visit? quelques collections publiques ou particuli?res d'objets rapport?s d'Egypte, reconnut qu'il ?tait absolument n?cessaire d'aller sur place ? la recherche de mat?riaux nouveaux, car il se sentait capable de faire un choix judicieux des monuments les plus importants et de les copier avec exactitude. Ses voeux furent exauc?s et il put encore diriger lui-m?me l'exp?dition franco-toscane qui, gr?ce aux connaissances nouvelles qu'il avait acquises, devait devenir un vrai voyage de d?couvertes, et lui fournir une ample moisson de mat?riaux inconnus auparavant. La premi?re publication s?rieuse de textes ?gyptiens originaux ne put ?tre faite qu'apr?s la mort de Champollion.
En 1842, sous les auspices cette fois du gouvernement prussien, une nouvelle exp?dition, dirig?e par Lepsius, partait pour l'Egypte ? la recherche de textes historiques; cette mission fit un s?jour de pr?s de trois ans dans le pays et en rapporta une r?colte encore plus abondante que celle de Champollion. Malgr? le format monumental des douze volumes donnant les r?sultats de ces travaux, on pourrait appeler cet ouvrage, maintenant encore, le livre de chevet de tout ?gyptologue.
A cette ?poque, on ne faisait pas encore de recherches s?rieuses dans le sol m?me de la vall?e du Nil; seuls quelques particuliers, d?sireux d'enrichir leurs collections de bibelots ?gyptiens, pillaient sans merci un certain nombre de tombeaux et de sites antiques, sans profit r?el pour la science. Les fouilles m?thodiques ne commenc?rent qu'en 1850 par la d?couverte retentissante que fit un jeune savant fran?ais, Aug. Mariette, d'un des sanctuaires ?gyptiens les plus connus et les plus v?n?r?s des anciens, le S?rap?um de Memphis, le tombeau souterrain des boeufs Apis. Encourag? par ce succ?s qui avait fait de lui une c?l?brit?, Mariette se voua aux recherches dans le sol m?me de l'Egypte; il obtint du kh?dive l'autorisation de cr?er un Service des Antiquit?s et un mus?e d'antiquit?s ?gyptiennes, et d?s lors ses fouilles continu?rent sans interruption d'une extr?mit? ? l'autre de l'ancien royaume des Pharaons, alternant avec le d?blaiement des temples enfouis. Des milliers de monuments nouveaux surgirent du sol et celui qui les d?couvrit cherchait en m?me temps ? les mettre le plus vite possible ? la disposition du monde savant par de grandes publications qui rendirent des services inappr?ciables. Peu ? peu, les gouvernements ?trangers voulurent aussi avoir leur part ? ces travaux si fructueux et entreprirent eux-m?mes des fouilles; des soci?t?s scientifiques se cr??rent dans le m?me but, et depuis quarante ans environ l'exploration du sol de l'Egypte est pouss?e avec une activit? f?brile, et presque toujours le succ?s est venu couronner ces efforts.
En plus des donn?es des historiens anciens sur l'Egypte nous avons donc maintenant des documents qui proviennent du pays lui-m?me, documents innombrables mais de valeur tr?s diverse, pouvant se classer en deux s?ries qu'on pourrait appeler, faute de meilleurs mots, les documents r?trospectifs et les documents contemporains.
Tandis que ces derniers ont une valeur plut?t sp?ciale et ne se rapportent qu'? l'?poque ou m?me au r?gne d'o? ils ?manent, les premiers, peu nombreux il est vrai, mais d'autant plus pr?cieux, sont de vrais r?sum?s d'histoire, datant d'?poques tr?s diverses. Ce sont d'abord les listes monumentales, tableaux provenant de temples ou de tombeaux, o? l'on voit un roi adresser son hommage ? toute la s?rie de ses anc?tres, repr?sent?s en g?n?ral par leur nom seulement, par leur cartouche royal, et rang?s dans l'ordre chronologique; ou bien c'est un pr?tre donnant la liste des rois au culte fun?raire desquels il ?tait commis: telles les deux listes d'Abydos dont l'une est encore en place, l'autre au Mus?e Britannique, la liste de Saqqarah au Mus?e du Caire, et la Chambre des Anc?tres de Karnak ? la Biblioth?que Nationale de Paris.
Le papyrus royal de Turin, ?crit au commencement du Nouvel Empire, avait une importance bien plus consid?rable encore: il donnait non seulement la liste compl?te de tous les rois ayant r?gn? sur l'Egypte, y compris les dynasties divines, mais encore le nombre d'ann?es de chaque r?gne et souvent l'?ge du roi ? sa mort; en plusieurs endroits il y avait en outre, en guise de r?capitulation, la somme totale des ann?es que dura une dynastie. C'est une chronologie compl?te embrassant deux mille ans d'histoire, et qui devait ?tre absolument intacte et enti?re au moment de sa d?couverte, mais dans ce temps l?, il y a pr?s de cent ans, on ne prenait pas les m?mes soins qu'aujourd'hui des objets d?couverts au cours des fouilles; l'on dit que Drovetti, grand collectionneur d'antiquit?s, ayant trouv? ce papyrus dans des travaux qu'il faisait ex?cuter dans les tombeaux de Th?bes, et ne pouvant naturellement en soup?onner la valeur, le prit aussit?t sorti de terre, le mit dans un flacon ? large col qui se trouvait dans la sacoche de sa selle, et rentra chez lui au galop. Le manuscrit ne put r?sister ? un traitement aussi violent, et ? l'arriv?e il ne restait plus dans le flacon qu'un tas de fragments de papyrus, plus petits les uns que les autres; c'est dans cet ?tat qu'ils parvinrent, en m?me temps que le reste de la collection Drovetti, au mus?e de Turin, o? Champollion, qui les retrouva au fond d'une bo?te, fut le premier ? en signaler l'importance. Gr?ce ? une n?faste n?gligence, ce monument de tout premier ordre avait perdu beaucoup de sa valeur; n?anmoins les fragments qui ont pu ?tre rassembl?s et r?tablis dans leur ordre primitif donnent, malgr? les immenses lacunes provenant de morceaux disparus, des renseignements si importants que le papyrus royal de Turin peut ? juste titre ?tre consid?r? comme la base de toute ?tude chronologique sur l'Egypte depuis son origine jusqu'? l'?poque troubl?e des Hyksos, entre 2.000 et 1.500 avant notre ?re.
A c?t? des monuments royaux, ceux des simples particuliers, grands seigneurs ou fonctionnaires, donnent souvent des g?n?alogies qui permettent de contr?ler l'histoire; ils fournissent m?me parfois, quand il s'agit d'un homme ayant jou? un r?le important ? la cour, dans l'administration ou dans l'arm?e, de v?ritables biographies qui, comme celles d'Ouna, de Herkhouf, d'Ahm?s ou d'Anna, sont parmi les documents les plus pr?cieux que nous ait l?gu?s l'Egypte antique.
Cette ?num?ration, forc?ment incompl?te, permet de se rendre compte du genre de documents que nous avons ? notre disposition; quelque nombreux qu'ils soient, ces monuments ne nous donnent pas sans doute la possibilit? de reconstituer l'histoire d'Egypte comme on l'a fait pour la Gr?ce et pour Rome. Ces peuples sont, il est vrai, plus rapproch?s de nous dans le temps, et en outre ils ont l'immense avantage d'avoir eu des historiens. En Egypte rien de semblable, et il ne para?t pas que jamais un Egyptien ait song? ? faire la description des ?v?nements qui se passaient de son temps et sous ses yeux, ? les ?tudier et ? les appr?cier par lui-m?me; comme dans beaucoup de pays d'Orient, l'esprit de l'histoire n'existait pas dans l'Egypte ancienne.
Malgr? les donn?es tr?s pr?cises de Man?thon et des fragments du papyrus de Turin, la chronologie ?gyptienne ne peut encore ?tre ?tablie de fa?on certaine, et cela pour deux raisons principales: la premi?re est le fait que dans les ?poques de trouble il y eut souvent, non pas un seul souverain gouvernant tout le pays, mais deux ou m?me plusieurs rois r?gnant chacun sur une partie plus ou moins grande de l'Egypte; les chronographes ?num?rent ces dynasties les unes ? la suite des autres sans indiquer laquelle aurait d? l?gitimement occuper le tr?ne des Pharaons, sans m?me dire qu'il s'agit de dynasties collat?rales. Une cause d'erreurs plus grande encore c'est que les Egyptiens ont toujours v?cu au jour le jour, qu'ils n'avaient pas d'?re ni de division normale du temps: les ann?es se comptent ? nouveau pour chaque r?gne ? partir de l'av?nement du roi; aucun lien chronologique n'existe donc entre les divers souverains, de sorte que non seulement la longueur des r?gnes, mais m?me l'ordre de succession reste souvent probl?matique. L'ann?e ?gyptienne ?tant de 365 jours, se trouvait tous les quatre ans en retard d'un jour; pour rem?dier ? cet inconv?nient, on imagina l'institution des p?riodes sothiaques, p?riodes de 1.460 ann?es ordinaires correspondant ? 1.461 ann?es r?elles, au bout desquelles l'ordre r?gulier des saisons se trouvait r?tabli. Nous ne savons du reste pas de quelle ?poque date cette r?forme purement scientifique qui n'a jamais servi ? l'?tablissement d'une ?re, ni si elle est, comme beaucoup le pr?tendent, fort ancienne, car les astronomes ?gyptiens observ?rent toujours avec beaucoup d'exactitude le lever h?liaque de l'?toile Sothis, ou Sirius; pour nous cette r?forme pr?te ? des calculs fort compliqu?s sur la correspondance entre l'ann?e vague et l'ann?e r?elle, calculs qui paraissent le plus souvent arbitraires. Il semble plus normal d'admettre, comme certains auteurs modernes, que les Egyptiens, voyant leurs mois et leurs saisons se d?placer peu ? peu, les r?tablissaient de temps ? autre, artificiellement et sans r?gle fixe. Cette question tr?s complexe est, comme on le voit, loin d'?tre ?lucid?e: les p?riodes sothiaques, au lieu de simplifier les calculs chronologiques, n'ont d'autre r?sultat pour nous que d'y introduire une nouvelle inconnue et peut-?tre une nouvelle chance d'erreur.
L'Egypte a pour nous une importance bien plus consid?rable qu'on ne le suppose d'habitude, car c'est l? qu'en somme nous devons chercher le berceau de notre civilisation: c'est en effet de la vall?e du Nil qu'est sorti le germe qui, dans des contr?es moins favoris?es de la nature et sous un climat plus rude, devait se d?velopper de fa?on inattendue, se transformer enti?rement et prendre un essor incomparable, tandis que dans son pays d'origine il se modifiait ? peine, son d?veloppement restant toujours normal et progressif, mais tr?s lent; de l? vient cette l?gende, bien difficile ? d?raciner aujourd'hui, d'une Egypte immuable comme les pyramides, n'ayant subi aucune variation pendant toute la dur?e du r?gne des Pharaons, l?gende qui repose sur une apparence seulement. Les besoins de l'homme, dans un pays aussi privil?gi? que l'Egypte, se r?duisent ? peu de chose; l'habitant des pays chauds est moins actif que celui des contr?es o? le climat est plus rigoureux, et une fois qu'il a trouv?, sans grandes difficult?s, le n?cessaire et m?me un peu de superflu, il est naturel qu'il se laisse aller ? son indolence native et qu'il ne tende pas son ?nergie ? chercher des perfectionnements de bien-?tre dont le besoin absolu ne se fait pas sentir. Il y a progr?s n?anmoins, et progr?s tr?s appr?ciable, dans des pays comme l'Egypte surtout, o? nous pouvons maintenant comparer entre eux une si grande quantit? de monuments d'?poques tr?s diverses. Nous constatons que chez ce peuple la civilisation, une fois sa voie trac?e, la suit sans jamais s'en ?carter; les bouleversements politiques n'arrivent m?me pas ? la faire sortir du chemin montant en pente douce sur lequel elle s'est engag?e. Ces grandes crises historiques nous permettent cependant de marquer dans l'histoire de la civilisation un certain nombre d'?tapes et de discerner mieux, en les groupant par ?poques, les progr?s r?alis?s au cours des si?cles; nous sommes en effet assez document?s maintenant pour pouvoir appr?cier de fa?on certaine et suivre pas ? pas ces progr?s qui ne sont pas apparents ? premi?re vue, mais qui sont beaucoup plus sensibles qu'on ne pouvait se l'imaginer il y a trente ans encore.
Les fouilles ont mis ? jour une grande quantit? d'objets de toute esp?ce qui, pour les p?riodes tr?s anciennes, suppl?ent ? l'absence des repr?sentations figur?es et, pour les autres ?poques, les compl?tent. Ce sont des armes de toute sorte, depuis les lames de silex taill? jusqu'au poignard enrichi d'orf?vrerie, des outils d'agriculteurs, d'ouvriers, de gens de m?tier, puis des bijoux, des v?tements, des meubles, des vases, des instruments de musique, des ustensiles de m?nage, bref tout ce qui ?tait n?cessaire ? la vie, le tout conserv? de la fa?on la plus merveilleuse dans un sol parfaitement ? l'abri de l'humidit?. Les outils pr?historiques se trouvent le plus souvent ? la surface m?me du sol, ? la lisi?re du d?sert, tandis que les autres objets, qui appartiennent aux ?poques historiques, proviennent soit des ruines des villes antiques, soit le plus souvent du fond des tombeaux, o? ils avaient ?t? d?pos?s aupr?s du mort, toujours dans le but de placer autour de celui-ci ce qui pouvait lui ?tre n?cessaire pour sa vie d'outre-tombe. A certaines ?poques, on se contentait de peindre sur les parois de son sarcophage les divers objets qui devaient faire partie du mobilier fun?raire, la repr?sentation figur?e pouvant remplacer l'objet lui-m?me.
Toutes ces donn?es d'ordre si divers nous permettent de nous rendre un compte assez exact de ce qu'?tait la civilisation ?gyptienne: elles s'encha?nent naturellement avec les donn?es historiques, et ainsi nous pouvons d?s maintenant tracer pour chacune des grandes ?poques un tableau d'ensemble qui doit correspondre de bien pr?s ? la r?alit?, et reconstituer le d?veloppement chronologique de la civilisation ?gyptienne.
CHAPITRE II
L'?GYPTE L?GENDAIRE
A l'origine de l'histoire on a donc, ici comme partout, la l?gende, mais une l?gende dont le d?veloppement est loin d'avoir ?t? aussi brillant que dans tant d'autres pays, une l?gende qui est rest?e la propri?t? des pr?tres et des savants, non celle du peuple ?gyptien lui-m?me. N'ayant rien de po?tique, cette tradition a pu se conserver plus pure et plus pr?cise, mais on peut se demander si nous devons nous en f?liciter, car entre les mains des pr?tres, elle allait fatalement tomber dans le domaine th?ologique et symbolique, et le mythe religieux devait finir par absorber presque compl?tement le mythe historique, au point qu'il est le plus souvent difficile de d?limiter les deux domaines. C'est dans un fatras de r?cits tr?s plats et ennuyeux, souvent d'un mysticisme fantastique, que nous arrivons ? grand'peine ? distinguer les traits g?n?raux de l'histoire primitive de l'Egypte.
A. LES DYNASTIES DIVINES
Les premiers rois furent, au dire de la l?gende, les grands dieux d'Egypte, suivant le cycle qui avait ?t? ?tabli dans le sanctuaire d'H?liopolis, une des plus anciennes m?tropoles religieuses du pays. Ce cycle se composait d'une enn?ade, c'est-?-dire d'un groupe de neuf dieux et d?esses, et fut adopt? d?s l'Ancien Empire par tous les autres centres religieux de la vall?e du Nil, qui se content?rent de mettre ? sa t?te leur dieu local. La liste que nous donne Man?thon, et qui doit ?tre d'origine memphite, place donc au premier rang des rois-dieux H?phaistos, Ptah, le grand dieu de Memphis, le d?miurge, celui qui forma l'homme du limon de la terre, qui le modela ? la main, de m?me qu'? l'autre bout de l'Egypte, c'?tait Khnoum d'El?phantine qui l'avait fa?onn? sur le tour du potier. Cette mention du dieu cr?ateur comme premier roi d'Egypte est une indication tr?s pr?cise du fait que les habitants de la vall?e du Nil se consid?raient comme autochtones et croyaient que le premier homme avait ?t? cr?? dans le pays m?me. Au papyrus de Turin, le premier nom royal a disparu.
Nous ne savons rien de ce r?gne de Ptah, qui probablement, sit?t son oeuvre cr?atrice termin?e, c?da la place ? son successeur R?, le Soleil, le grand dieu d'H?liopolis et de la plupart des villes d'Egypte, charg? d'assurer l'existence et le d?veloppement de cette humanit? primitive. Celui-ci, pendant son long r?gne, parcourait journellement ses domaines pour les constituer, les organiser et r?pandre sur ses sujets ses dons et ses bienfaits, mais tous ses efforts ne r?ussirent pas ? lui attirer la reconnaissance de ces ?tres primitifs, encore plus qu'? demi sauvages, ni m?me celle de ses descendants directs, les dieux, qui commen?aient ? se multiplier autour de lui. Ce roi-dieu ?tait en une certaine mesure un homme, son grand ?ge l'avait consid?rablement affaibli, et, suivant les expressions pittoresques d'un texte ?gyptien, ses os ?taient maintenant en argent, ses chairs en or, ses cheveux en lapis-lazuli; sa bouche tremblait, sa bave ruisselait vers la terre, sa salive d?gouttait sur le sol. Profitant de cette d?cr?pitude s?nile, Isis, d?esse de rang inf?rieur, employa les moyens les plus d?loyaux pour lui arracher le talisman le plus pr?cieux qui lui rest?t, le secret de son nom magique, gr?ce auquel elle comptait acqu?rir une puissance sup?rieure ? celle des autres dieux. Les hommes eux-m?mes s'?tant mis ? conspirer contre leur d?bonnaire souverain, R? se d?cida ? faire un exemple, et apr?s avoir consult? le conseil de famille, l'assembl?e des dieux, il d?p?cha Sekhet, la d?esse ? t?te de lionne, avec ordre de les massacrer sans piti?, ce dont elle s'acquitta consciencieusement. La nuit seule l'arr?ta dans sa course meurtri?re, et R?, contemplant le r?sultat obtenu, fut pris de piti? et r?solut d'?pargner le reste des humains; pour apaiser la d?esse ivre de carnage, il fit m?langer de la bi?re et du suc de mandragores au sang des hommes et r?pandre ? terre autour d'elle une quantit? consid?rable de ce liquide. A son r?veil, Sekhet aper?ut ce breuvage, le but, s'adoucit, s'enivra et oublia ses victimes. R? avait pardonn? aux hommes qui se repentaient, mais, fatigu? de r?gner, il abdiqua et choisit une retraite inaccessible sur le corps de la vache Nou?t, d?esse du ciel, sa fille; depuis lors, chaque jour, la barque qui le porte navigue sur les flancs de l'animal c?leste pour se perdre ? la nuit dans son corps m?me et repara?tre le lendemain: le roi-dieu est devenu d?finitivement le dieu-soleil.
On discerne sans peine dans cette l?gende le souvenir d'un des cataclysmes qui boulevers?rent toute une partie du monde, comme ce d?luge dont parlent les textes chald?ens aussi bien que la Bible, qui d?vasta la M?sopotamie et les contr?es avoisinantes tout au moins. Il ?tait fort naturel que des d?sastres de cette nature fussent consid?r?s comme le ch?timent d'une humanit? mauvaise et que, les dieux une fois apais?s, ils pardonnassent aux survivants et fissent avec eux un nouveau pacte, permettant ? ces derniers de racheter leurs fautes par des sacrifices au lieu d'avoir ? les expier par la mort des coupables. De m?me que Jahveh avait exig? de No? un holocauste, R? de m?me avant de monter au ciel, avait institu? la coutume du sacrifice, premi?re base du culte que les hommes devaient rendre aux dieux.
Nous ne savons que bien peu de chose du r?gne des deux successeurs imm?diats de R?; il y a d'abord son fils Shou, l'atmosph?re, le soutien du ciel, qui finit sa carri?re de roi en remontant au s?jour des dieux pendant une temp?te terrible, puis son petit-fils Qeb, le dieu-terre, sur lequel nous n'avons que des mythes obscurs et d'un int?r?t des plus m?diocres. Ces deux rois-dieux, dont le r?le est tr?s effac?, semblent repr?senter une p?riode de transition pendant laquelle l'humanit? se reconstitue apr?s un bouleversement comme celui par lequel elle avait pass?. C'?tait au troisi?me successeur de R?, mont? sur le tr?ne apr?s que Qeb fut rentr? dans son palais pour devenir dieu ? son tour, c'?tait ? Osiris que devait appartenir la t?che glorieuse de faire passer le genre humain de l'?tat barbare et sauvage ? un ?tat de stabilit? relative, de faire franchir, non seulement ? l'Egypte, mais m?me au monde entier, la premi?re grande ?tape de la civilisation.
Fils a?n? de Queb, le dieu-terre, et de Nou?t la d?esse-ciel Osiris personnifie en m?me temps la v?g?tation, la nature fertile de l'Egypte et l'eau vivificatrice du Nil. De m?me que le fleuve r?pand continuellement la richesse sur l'Egypte, Osiris, ? peine sur le tr?ne, met tous ses efforts ? am?liorer la condition des hommes; ces sauvages qui vivaient isol?s, en lutte perp?tuelle les uns avec les autres, il les groupe, forme des tribus, des ?tats, fonde des villes; ? ces hommes qui trouvaient p?niblement une maigre subsistance dans la chasse et les produits naturels du sol, il enseigne l'agriculture, il leur donne les instruments de labour, il leur montre la mani?re de cultiver les c?r?ales et la vigne, bref il les fixe au sol et leur fournit les moyens, non seulement d'y vivre, mais de s'y d?velopper. A c?t? de lui, sa soeur Isis, qui est en m?me temps sa femme, le seconde admirablement dans son oeuvre, et m?rite que son nom soit rest? ins?parable de celui de son mari: pendant que celui-ci ?tablit l'?tat et la cit?, elle constitue la famille, en instituant les liens du mariage; elle d?shabitue les hommes de l'anthropophagie et leur apprend ? moudre le grain entre deux pierres et ? en faire du pain; elle leur donne, avec le m?tier ? tisser, les moyens de se v?tir, et emploie pour soulager leurs maux la m?decine et la magie. Osiris institua encore le culte des dieux, r?gla les c?r?monies et les liturgies, puis voyant le r?sultat obtenu par toutes ses innovations, il r?solut de r?pandre ailleurs qu'en Egypte les bienfaits de la civilisation; il remit la r?gence ? Isis et partit ? la conqu?te du monde, conqu?te toute pacifique o? il se soumettait les hommes par la persuasion et la douceur, voyage triomphal semblable ? celui du Dionysos grec, ? la suite duquel l'ordre et la richesse s'?tablissaient dans tous les pays.
Le dieu Set, auquel les Grecs ont donn? le nom de Typhon, le propre fr?re d'Osiris, forme avec lui le contraste le plus absolu; on peut m?me dire qu'il en est l'exacte contre-partie: il repr?sente non plus la terre fertile, mais le d?sert aride et br?lant, l'esprit barbare et sauvage ? c?t? du g?nie bienfaisant, la r?action brutale cherchant ? renverser les progr?s de la civilisation. T?t ou tard la guerre devait ?clater entre deux ?tres aussi dissemblables; en effet Set le rouge, jaloux de la gloire bien m?rit?e que s'?tait acquise son fr?re jumeau, sans se r?volter ouvertement contre lui, combina avec grand soin un pi?ge perfide dans lequel Osiris tomba sans d?fiance: il l'enferma dans un coffre de bois et le jeta ? la mer o? il fut d?vor? par les poissons, morceau par morceau, puis le meurtrier s'assit sur le tr?ne de son fr?re, sans que personne songe?t, au premier moment, ? lui faire opposition.
Accompagn?e de quelques dieux qui lui ?taient rest?s fid?les, Thot et Anubis en particulier, Isis s'enfuit et se r?fugia dans les ?les mar?cageuses situ?es ? l'extr?me nord du Delta, puis elle entreprit de longues et patientes recherches pour retrouver les restes de son mari qu'elle esp?rait, en magicienne experte, faire revenir ? la vie. Peu ? peu elle finit par en rassembler tous les morceaux, sauf un, qui avait ?t? d?vor? par le poisson oxyrhinque, et r?ussit ? reconstituer son corps; malgr? tous ses efforts, elle ne put le rappeler ? la vie, mais elle obtint au moins une compensation, celle d'?tre f?cond?e par lui et de mettre au monde un fils, qui devait devenir le vengeur de son p?re et le continuateur de l'oeuvre interrompue par le crime de Set. Le petit Horus grandit, soigneusement cach? par Isis dans ses marais imp?n?trables, et son premier soin, d?s qu'il eut d?pass? l'?ge de l'enfance, fut de rendre ? son p?re les derniers devoirs; aid? d'Anubis, il embauma le corps dont il fit la premi?re momie, et institua les rites fun?raires qui devaient assurer au mort la vie d'outre-tombe.
Osiris ?tait le premier roi qui e?t ?t? atteint par la mort, tandis que ses pr?d?cesseurs ?taient devenus dieux, de rois qu'ils ?taient, sans cette brutale transition; gr?ce ? la momification et surtout aux c?r?monies qu'Horus lui consacra, il put enfin ?tre d?ifi? ? son tour et jouir d'une vie nouvelle dans le s?jour des morts o? il ?tait descendu; comme il avait ?t? roi sur la terre il devint roi dans les enfers qu'il r?ussit ? transformer, de m?me qu'il avait transform? le monde des vivants; son domaine particulier, les champs d'Ialou et les champs d'Hotpou, devint par ses soins un pays fertile et bien arros?, au lieu d'?tre une sombre caverne, o? le soleil de nuit vient ? peine jeter pendant de fugitifs instants quelques rayons de lumi?re; c'est dans ce quartier privil?gi? de l'autre monde qu'Osiris re?oit ses f?aux, les morts, qui viennent se pr?senter devant son tribunal, pr?munis contre la damnation ?ternelle par les rites institu?s par Horus, et qui peuvent d?s lors jouir d'une vie nouvelle, ? peu pr?s semblable ? celle de la terre.
Tandis qu'il grandissait dans sa retraite, Horus se pr?parait ? la lutte ? outrance contre l'usurpateur: d?s qu'il se sentit en force, il fondit sur lui avec imp?tuosit?, escort? de ses fid?les, et fut tout de suite favoris? par le succ?s. Set, battu ? plusieurs reprises, eut beau chercher ? se sauver en se transformant, ainsi que ses compagnons, en monstres de toute sorte, tels qu'hippopotames ou crocodiles, il allait ?tre an?anti d?finitivement, quand l'attitude ?quivoque d'Isis vint lui apporter un secours inesp?r?. La d?esse, prise de piti? au dernier moment pour son ennemi et se souvenant qu'il ?tait son fr?re, s'opposa ? son ?crasement, si bien qu'Horus, furieux contre sa m?re, lui trancha la t?te, ce ? quoi, du reste, Thot rem?dia imm?diatement en la rempla?ant par une t?te de vache. Tout e?t ?t? ? recommencer entre les deux rivaux si Thot, s'instituant arbitre de la question, n'e?t partag? le royaume en deux moiti?s, dont il donna l'une ? Horus, l'autre ? Set.
J'ai cru devoir ne donner qu'un rapide r?sum? de cette partie de la l?gende qui en r?alit?, est beaucoup plus compliqu?e, ?tant le r?sultat d'une combinaison plus ou moins heureuse de deux mythes tr?s diff?rents l'un de l'autre et qui sont sans doute originaires, l'un de la Haute Egypte, l'autre du Delta. Le fils d'Isis et d'Osiris n'est en effet pas le seul ? porter le nom d'Horus, et on trouve dans le panth?on ?gyptien une vingtaine d'Horus, sinon plus, d'origines tr?s diverses. Il s'?tait form? autour d'un des plus importants d'entre eux, l'Horus d'Edfou, Hor Behoudit, divinit? solaire, un mythe sp?cial qui raconte les p?rip?ties d'une lutte analogue engag?e avec un dieu du nord, nomm? ?galement Set. Nous avons donc, ? c?t? du r?cit presque mythologique de la lutte perp?tuelle du fleuve f?condant l'Egypte contre les empi?tements de l'?l?ment d?sertique qui peut ?tre vaincu, mais non d?sarm?, une tradition toute diff?rente qui a pour base les combats entre le sud et le nord, entre la population indig?ne et une tribu d'origine ?trang?re, mais de m?me race, qui cherchait ? se fixer dans le pays, ces combats qui dur?rent jusqu'au moment o? M?n?s r?unit sous son sceptre toute la vall?e du Nil. La conclusion m?me de l'histoire montre bien cette divergence d'origine, car si selon la l?gende osirienne, Thot donna ? Horus le royaume du nord et ? Set celui du sud, c'est justement le contraire que dit celle d'Edfou, o? Horus devient roi de la Haute-Egypte, et Set roi du Delta. Cela explique aussi que le dieu Set, r?sultat d'une combinaison tr?s ancienne de deux divinit?s absolument diff?rentes d'origine, ait ?t?, aux temps historiques, soit consid?r? comme un des grands dieux, plac? ? c?t? d'Horus et v?n?r? en cons?quence, soit ex?cr? comme un g?nie du mal, suivant qu'on le rattachait ? l'un ou ? l'autre des deux mythes.
Horus, le dieu ? t?te de faucon ou d'?pervier, est devenu aux ?poques historiques le protecteur tout sp?cial de la royaut? ?gyptienne; le Pharaon se consid?re comme son descendant direct, comme son rempla?ant sur la terre, et pour mieux affirmer cette relation intime avec le dieu, le roi fait toujours pr?c?der le premier de ses noms, dans son protocole officiel, par le nom m?me du dieu, devenu un titre. Pour s'expliquer cette conception du roi comme nouvel Horus, il faut se reporter ? l'organisation primitive de l'Egypte ? l'?poque pr?historique, ? sa division en tribus, qui sera ?tudi?e plus loin; pour le moment, il suffira de rappeler que le plus important de ces groupes ethniques, celui qui assura peu ? peu sa pr?pond?rance sur les autres, celui d'o? sortirent les premiers rois d'Egypte, ?tait pr?cis?ment celui qui avait pour embl?me le faucon, embl?me qui finit par se transformer en dieu Horus. Nous aurions alors simplement dans le mythe de l'Horus d'Edfou le r?cit l?gendaire de l'expansion progressive du clan du faucon, mythe qui plus tard se serait greff?, par suite de la similitude des noms, sur l'?pilogue de la l?gende osirienne.
La liste que donne Man?thon des rois-dieux, s'arr?te ? Horus fils d'Isis; il se borne ? ajouter que la dynastie continua jusqu'? Bidis, personnage qui nous est enti?rement inconnu, pendant une somme totale de 13.900 ans. Le papyrus de Turin ?tait plus explicite, il indiquait pour chaque roi les ann?es de son r?gne, et nous pouvons encore reconna?tre, sur les fragments conserv?s, que Set occupa le tr?ne pendant 200 ans, et Horus pendant 300 ans; puis venait Thot, qui r?gna 3.126 ans, et auquel succ?dait la d?esse Ma?t, puis un nouvel Horus, dont la fin du nom est perdue. Avec Thot, le dieu des sciences et des lettres, on ne sort pas du mythe osirien, puisque nous le connaissons comme un des plus fermes soutiens d'Osiris lui-m?me pendant son r?gne, comme son assesseur au tribunal des enfers et comme l'arbitre entre Horus et Set, ? la fin de la lutte. Ce r?gne de Thot n'a laiss? aucune trace, mais il est ? pr?sumer, ?tant donn? le caract?re m?me de ce dieu, qu'il eut ? continuer l'oeuvre de civilisation et surtout d'organisation et d'administration commenc?e par Osiris, interrompue par Set et r?tablie par Horus. Le nom seul de Ma?t, d?esse de la justice, par?dre de Thot, qui lui succ?de en qualit? de roi d'Egypte, montre clairement qu'il s'agissait toujours de cette oeuvre de perfectionnement, moral autant que mat?riel, de l'humanit?.
B. LES DYNASTIES DES DEMI-DIEUX ET DES MANES
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