Read Ebook: Hymns of the Early Church being translations from the poetry of the Latin church arranged in the order of the Christian year by Brownlie John
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Ebook has 129 lines and 13187 words, and 3 pages
Editor: Prosper Paillottet
OEUVRES COMPL?TES
FR?D?RIC BASTIAT
LA M?ME ?DITION
Prix des 6 volume: 30 fr.
CORBEIL, typ. et st?r. de CR?T?.
OEUVRES COMPL?TES
FR?D?RIC BASTIAT
MISES EN ORDRE
REVUES ET ANNOT?ES D'APR?S LES MANUSCRITS DE L'AUTEUR
Deuxi?me ?dition.
TOME TROISI?ME
COBDEN ET LA LIGUE
L'AGITATION ANGLAISE POUR LA LIBERT? DES ?CHANGES.
PARIS
GUILLAUMIN ET Cie, LIBRAIRES
?diteurs du Journal des ?conomistes, de la Collection des principaux ?conomistes, du Dictionnaire de l'?conomie politique, du Dictionnaire universel du Commerce et de la Navigation, etc.
RUE RICHELIEU, 14
INTRODUCTION
L'agitation que vous annoncez se rattache-t-elle ? l'agitation irlandaise? Va-t-il y avoir des guerres, des batailles, du sang r?pandu? Peut-?tre alors notre curiosit? serait-elle ?veill?e, car nous aimons prodigieusement les jeux de la force brutale, et puis nous prenons tant d'int?r?t aux questions religieuses! nous sommes devenus si bons catholiques, si bons papistes, depuis quelque temps.
Cependant, et pr?cis?ment parce que je vais introduire le lecteur dans un monde qui lui est compl?tement ?tranger, il doit m'?tre permis de faire pr?c?der cette traduction de quelques consid?rations g?n?rales sur le r?gime ?conomique de la Grande-Bretagne, sur les causes qui ont donn? naissance ? la Ligue, sur l'esprit et la port?e de cette association, au point de vue social, moral et politique.
On a dit et on r?p?te souvent que l'?cole ?conomiste, qui confie ? leur naturelle gravitation les int?r?ts des diverses classes de la soci?t?, ?tait n?e en Angleterre; et on s'est h?t? d'en conclure, avec une surprenante l?g?ret?, que cet effrayant contraste d'opulence et de mis?re, qui caract?rise la Grande-Bretagne, ?tait le r?sultat de la doctrine proclam?e avec tant d'autorit? par Ad. Smith, expos?e avec tant de m?thode par J. B. Say. On semble croire que la libert? r?gne souverainement de l'autre c?t? de la Manche et qu'elle pr?side ? la mani?re in?gale dont s'y distribue la richesse.
Il n'entre pas dans notre sujet d'exposer la doctrine du libre-?change ni de combattre les nombreuses manifestations de ces ?coles qui, de nos jours, ont usurp? le nom de socialisme et qui n'ont entre elles de commun que cette usurpation.
Mais il importe d'?tablir ici que, bien loin que le r?gime ?conomique de la Grande-Bretagne soit fond? sur le principe de la libert?, bien loin que la richesse s'y distribue d'une mani?re naturelle, bien loin enfin que, selon l'heureuse expression de M. de Lamartine, chaque industrie s'y fasse par la libert? une justice qu'aucun syst?me arbitraire ne saurait lui faire, il n'y a pas de pays au monde, sauf ceux qu'afflige encore l'esclavage, o? la th?orie de Smith,--la doctrine du laissez-faire, laissez-passer,--soit moins pratiqu?e qu'en Angleterre, et o? l'homme soit devenu pour l'homme un objet d'exploitation plus syst?matique.
Et il ne faut pas croire, comme on pourrait nous l'objecter, que c'est pr?cis?ment la libre concurrence qui a amen?, ? la longue, l'asservissement de la main-d'oeuvre aux capitaux, de la classe laborieuse ? la classe oisive. Non, cette injuste domination ne saurait ?tre consid?r?e comme le r?sultat, ni m?me l'abus d'un principe qui ne dirigea jamais l'industrie britannique; et, pour en fixer l'origine, il faudrait remonter ? une ?poque qui n'est certes pas un temps de libert?, ? la conqu?te de l'Angleterre par les Normands.
Mais sans retracer ici l'histoire des deux races qui foulent le sol britannique et s'y sont livr?, sur la forme civile, politique, religieuse, tant de luttes sanglantes, il est ? propos de rappeler leur situation respective au point de vue ?conomique.
L'aristocratie anglaise, on le sait, est propri?taire de toute la surface du pays. De plus elle tient en ses mains la puissance l?gislative. Il ne s'agit que de savoir si elle a us? de cette puissance dans l'int?r?t de la communaut? ou dans son propre int?r?t.
Quand une race aristocratique a tout ? la fois le droit de faire la loi et la force de l'imposer, il est malheureusement trop vrai qu'elle la fait ? son profit. C'est l? une p?nible v?rit?. Elle contristera, je le sais, les ?mes bienveillantes qui comptent, pour la r?forme des abus, non sur la r?action de ceux qui les subissent, mais sur la libre et fraternelle initiative de ceux qui les exploitent. Nous voudrions bien qu'on p?t nous signaler dans l'histoire un tel exemple d'abn?gation. Mais il ne nous a jamais ?t? donn? ni par les castes dominantes de l'Inde, ni par ces Spartiates, ces Ath?niens et ces Romains qu'on offre sans cesse ? notre admiration, ni par les seigneurs f?odaux du moyen ?ge, ni par les planteurs des Antilles, et il est m?me fort douteux que ces oppresseurs de l'humanit? aient jamais consid?r? leur puissance comme injuste et ill?gitime.
Si l'on p?n?tre quelque peu dans les n?cessit?s, on peut dire fatales, des races aristocratiques, on s'aper?oit bient?t qu'elles sont consid?rablement modifi?es et aggrav?es par ce qu'on a nomm? le principe de la population.
Si les classes aristocratiques ?taient stationnaires de leur nature; si elles n'?taient pas, comme toutes les autres, dou?es de la facult? de multiplier, un certain degr? de bonheur et m?me d'?galit? serait peut-?tre compatible avec le r?gime de la conqu?te. Une fois les terres partag?es entre les familles nobles, chacune transmettrait ses domaines, de g?n?ration en g?n?ration, ? son unique repr?sentant, et l'on con?oit que, dans cet ordre de choses, il ne serait pas impossible ? une classe industrieuse de s'?lever et de prosp?rer paisiblement ? c?t? de la race conqu?rante.
L'aristocratie anglaise, quoique sous l'influence des m?mes instincts qui inspirent l'aristocratie malaie , s'est trouv?e, si je puis m'exprimer ainsi, dans un milieu plus favorable. Elle a eu, en face d'elle et au-dessous d'elle, la population la plus laborieuse, la plus active, la plus pers?v?rante, la plus ?nergique et en m?me temps la plus docile du globe; elle l'a m?thodiquement exploit?e.
Rien de plus fortement con?u, de plus ?nergiquement ex?cut? que cette exploitation. La possession du sol met aux mains de l'oligarchie anglaise la puissance l?gislative; par la l?gislation, elle ravit syst?matiquement la richesse ? l'industrie. Cette richesse, elle l'emploie ? poursuivre au dehors ce syst?me d'empi?tements qui a soumis quarante-cinq colonies ? la Grande-Bretagne; et les colonies lui servent ? leur tour de pr?texte pour lever, aux frais de l'industrie et au profit des branches cadettes, de lourds imp?ts, de grandes arm?es, une puissante marine militaire.
Ainsi l'existence de l'oligarchie britannique, ou du moins sa pr?pond?rance l?gislative, n'est pas seulement une plaie pour l'Angleterre, c'est encore un danger permanent pour l'Europe.
Et s'il en est ainsi, comment est-il possible que la France ne pr?te aucune attention ? cette lutte gigantesque que se livrent sous ses yeux l'esprit de la civilisation et l'esprit de la f?odalit?? Comment est-il possible qu'elle ne sache pas m?me les noms de ces hommes dignes de toutes les b?n?dictions de l'humanit?, les Cobden, les Bright, les Moore, les Villiers, les Thompson, les Fox, les Wilson et mille autres qui ont os? engager le combat, qui le soutiennent avec un talent, un courage, un d?vouement, une ?nergie admirables? C'est une pure question de libert? commerciale, dit-on. Et ne voit-on pas que la libert? du commerce doit ravir ? l'oligarchie et les ressources de la spoliation int?rieure,--les monopoles,--et les ressources de la spoliation ext?rieure,--les colonies,--puisque monopoles et colonies sont tellement incompatibles avec la libert? des ?changes, qu'ils ne sont autre chose que la limite arbitraire de cette libert?!
Mais que dis-je? Si la France a quelque vague connaissance de ce combat ? mort qui va d?cider pour longtemps du sort de la libert? humaine, ce n'est pas ? son triomphe qu'elle semble accorder sa sympathie. Depuis quelques ann?es, on lui a fait tant de peur des mots libert?, concurrence, sur-production; on lui a tant dit que ces mots impliquent mis?re, paup?risme, d?gradation des classes ouvri?res; on lui a tant r?p?t? qu'il y avait une ?conomie politique anglaise, qui se faisait de la libert? un instrument de machiav?lisme et d'oppression, et une ?conomie politique fran?aise qui, sous les noms de philanthropie, socialisme, organisation du travail, allait ramener l'?galit? des conditions sur la terre,--qu'elle a pris en horreur la doctrine qui ne se fonde apr?s tout que sur la justice et le sens commun, et qui se r?sume dans cet axiome: < Ne serait-ce pas, au premier coup d'oeil, une chose bien surprenante que la mis?re, le d?n?ment, la privation des produits eussent pour cause..... quoi? pr?cis?ment la surabondance des produits? N'est-il pas singulier qu'on vienne nous dire que si les hommes n'ont pas suffisamment de quoi se nourrir, c'est qu'il y a trop d'aliments dans le monde? que s'ils n'ont pas de quoi se v?tir, c'est que les machines jettent trop de v?tements sur le march?? Assur?ment le paup?risme en Angleterre est un fait incontestable; l'in?galit? des richesses y est frappante. Mais pourquoi aller chercher ? ces ph?nom?nes une cause si bizarre, quand ils s'expliquent par une cause si naturelle: la spoliation syst?matique des travailleurs par les oisifs? C'est ici le lieu de d?crire le r?gime ?conomique de la Grande-Bretagne, tel qu'il ?tait dans les derni?res ann?es qui ont pr?c?d? les r?formes partielles, et ? certains ?gards trompeuses, dont, depuis 1842, le Parlement est saisi par le cabinet actuel. En 1706 , l'imp?t foncier entrait dans le revenu public pour 1,997,379 liv. st. L'accise, pour 1,792,763 La douane, pour 1,549,351 En 1841, sous la reine Victoria: Part contributive de l'imp?t foncier 2,037,627 Part contributive de l'accise 12,858,014 Part contributive de la douane 19,485,217 Ainsi l'imp?t direct est rest? le m?me pendant que les imp?ts de consommation ont d?cupl?. Et il faut consid?rer que, dans ce laps de temps, la rente des terres ou le revenu du propri?taire a augment? dans la proportion de 1 ? 7, en sorte que le m?me domaine qui, sous la reine Anne, acquittait 20 pour 100 de contributions sur le revenu, ne paie pas aujourd'hui 3 pour 100. On remarquera aussi que l'imp?t foncier n'entre que pour un vingt-cinqui?me dans le revenu public . En France, et dans toute l'Europe continentale, il en constitue la portion la plus consid?rable, si l'on ajoute ? la taxe annuelle les droits per?us ? l'occasion des mutations et transmissions, droits dont, de l'autre c?t? de la Manche, la propri?t? immobili?re est affranchie, quoique la propri?t? personnelle et industrielle y soit rigoureusement assujettie. La m?me partialit? se montre dans les taxes indirectes. Comme elles sont uniformes au lieu d'?tre gradu?es selon les qualit?s des objets qu'elles frappent, il s'ensuit qu'elles p?sent incomparablement plus sur les classes pauvres que sur les classes opulentes. Ainsi le th? Pekoe vaut 4 shillings et le Bohea 9 deniers; le droit ?tant de 2 shillings, le premier est tax? ? raison de 50, et le second ? raison de 300 pour 100. Ainsi le sucre raffin? valant 71 shillings, et le sucre brut 25 shillings, le droit fixe de 24 shillings est de 34 pour 100 pour l'un, et de 90 pour 100 pour l'autre. De m?me le tabac de Virginie commun, le tabac du pauvre, paie 1200 pour 100, et le Havane 105 pour 100. Le vin du riche en est quitte pour 28 pour 100. Le vin du pauvre acquitte 254 pour 100.
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