Read Ebook: La Radiologie et La Guerre by Curie Marie
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Ebook has 216 lines and 30092 words, and 5 pages
LA RADIOLOGIE ET LA GUERRE
par
Mme PIERRE CURIE
Professeur ? la Sorbonne.
Avec 11 figures et 16 planches hors texte.
Paris Librairie F?lix Alcan 108, Boulevard Saint-Germain, 108 1921
INTRODUCTION
Depuis la d?couverte des rayons X, en 1895, les m?thodes de la radiologie, progressivement ?labor?es par les m?decins, ont ?t? appliqu?es avec succ?s sous la forme de radio-diagnostic et de radioth?rapie. Les progr?s r?alis?s dans ce domaine sont dus, pour une grande partie, ? la perfection des appareils mis ? la disposition des m?decins par les constructeurs. Il ?tait ? pr?voir que la radiologie serait d'un secours puissant pour l'examen des bless?s de guerre. N?anmoins, on peut affirmer, que les services qu'elle a pu rendre ? ce point de vue ont grandement d?pass? toutes les pr?visions. Il en est r?sult?, de divers c?t?s, un double effort: d'une part, pour d?velopper et multiplier les m?thodes d'observation radiologique, d'autre part, pour r?aliser des installations et des appareillages capables de r?pondre ? tous les besoins et ? toutes les conditions de travail, dans les ambulances du front comme dans les h?pitaux du territoire. Ainsi a ?t? constitu?e la radiologie de guerre dont l'extension n'a cess? d'augmenter jusqu'? la fin de celle-ci. Et si l'activit? des services radiologiques s'est, naturellement, ralentie avec la cessation des hostilit?s, l'impulsion dont est sorti leur d?veloppement ne s'est point ?puis?e; elle reste acquise comme ?l?ment d'action organisatrice, pour ?tendre ? toute la population fran?aise les bienfaits d'une technique m?dicale dont l'usage ?tait rest? tr?s limit? avant la guerre.
Je dirai donc dans ce livre sur la Radiologie ce que j'en ai vu pendant la guerre et ce que j'en esp?re dans l'avenir.
LES RAYONS X
C'est une m?thode d'observation merveilleuse, en v?rit?, que celle qui nous a permis, pour la premi?re fois, d'explorer sans le secours de la chirurgie, l'int?rieur du corps humain. La chance inesp?r?e de cet examen direct nous a ?t? apport?e par la d?couverte des rayons X que nous devons ? M. Roentgen et qui a eu lieu en 1895.
Quels sont les effets qui ont permis de d?couvrir cette ?mission? Les nouveaux rayons ne sont pas directement accessibles ? nos sens; nous ne pouvons ni les voir ni les entendre. Mais c'est leur facult? d'exciter la fluorescence qui a tout d'abord permis de d?celer leur pr?sence. En pla?ant en face de l'anticathode un ?cran recouvert d'une couche de platinocyanure de baryum, on voit l'?cran s'?clairer d'une belle luminosit? verte, ainsi qu'il le ferait sous l'action de la lumi?re ultraviolette. Ce sont les rayons X qui excitent cette fluorescence en dehors de l'ampoule de production dont ils traversent la paroi. Ils peuvent aussi impressionner une plaque photographique au travers d'un papier noir qui l'enveloppe pour la prot?ger de la lumi?re.
Si, au lieu d'examiner un porte-monnaie, nous soumettons ? l'observation une partie du corps humain, par exemple un bras, une jambe, une main, etc., nous constaterons que les os sont plus opaques aux rayons X que les chairs.
La raison en est facile ? comprendre. Les chairs sont constitu?es, en effet, par des mati?res organiques compos?es d'?l?ments ? faible poids atomique, tels que l'hydrog?ne, le carbone, l'azote, l'oxyg?ne . Mais dans la composition normale des os entrent en plus des mati?res min?rales, principalement le phosphate de chaux qui contient comme constituants les ?l?ments phosphore et calcium de poids atomiques 31 et 40. Ce sont ces ?l?ments qui d?terminent principalement l'absorption des rayons X par la mati?re osseuse. Les os portent ombre en radioscopie, alors qu'ils se d?tachent en clair sur l'image radiographique.
La radioscopie et la radiographie du corps humain fournissent des contrastes qui permettent de r?aliser des images d'une grande beaut?, avec de nombreux d?tails de structure .
Et de m?me que nous nous trouvons ainsi admis ? examiner l'int?rieur du corps humain ? l'?tat normal, de m?me il nous est possible de constater des aspects anormaux occasionn?s par un accident ou par une maladie. Si un objet m?tallique a p?n?tr? dans le corps ? la suite d'une blessure , ou bien s'il a ?t? aval? par inadvertance, , la pr?sence de cet objet ? l'int?rieur du corps est r?v?l?e sur l'image radioscopique ou radiographique gr?ce ? l'ombre qu'il projette.
Si un os a subi une fracture, la solution de continuit? appara?tra sur l'image et fera conna?tre les d?tails de l'accident.
Ainsi se trouve cr??e une possibilit? merveilleuse de diagnostic par la vision directe qui constitue un bienfait pour le malade et un all?gement de responsabilit? pour le m?decin.
On constate, entre autres, que les rayons X sont capables de d?charger un ?lectroscope, en rendant l'air qui l'entoure conducteur de l'?lectricit?. On peut mesurer l'intensit? des rayons d'apr?s la vitesse avec laquelle l'?lectroscope est d?charg?.
On voit d'apr?s ce qui pr?c?de que les rayons X constituent un agent nouveau qui a tout de suite acquis une grande importance scientifique et, de plus, trouv? une vaste application m?dicale. Par effet r?ciproque, il en est r?sult? un grand effort pour am?liorer la technique de la production et de l'emploi de ces rayons. Les constructeurs s'attach?rent ? ?tablir des types d'appareils, aussi parfaits que possible, pour la production du courant de haute tension qui alimente les ampoules, et les ampoules elles-m?mes subirent de nombreux perfectionnements. A la faveur de ces efforts et gr?ce aux travaux de m?decins sp?cialistes distingu?s, la nouvelle Science de Radiologie se constitua et se d?veloppa rapidement, centralis?e presque exclusivement dans les grandes villes. Celles-ci b?n?fici?rent bient?t d'un certain nombre de belles installations radiologiques, appartenant soit aux h?pitaux publics, soit plus souvent aux m?decins sp?cialistes. Mais, jusqu'? la guerre, l'emploi des rayons X n'?tait point habituel dans tous les services hospitaliers. M?me ? Paris, le nombre des services radiologiques ?tait fort restreint; et si des villes comme Lyon, Bordeaux, etc., poss?daient quelques services importants, par contre, les petites villes de province ?taient, en g?n?ral, d?pourvues de toute organisation radiologique.
On aper?oit imm?diatement la r?percussion de cet ?tat de choses au d?but de la guerre. L'opinion tout naturellement adopt?e par les pouvoirs publics pr?conisait l'emploi de la radiologie dans les services centraux militaires de l'arri?re, mais ne pr?voyait nullement une extension g?n?rale de cet emploi ? toutes les formations sanitaires des arm?es et du territoire. Le Service de Sant? militaire avait, d'ailleurs, envisag? le besoin de secours radiologique urgent transportable, assur? par des voitures radiologiques munies de tous les appareils n?cessaires; mais on esp?rait subvenir aux besoins ? l'aide d'un tr?s petit nombre de ces voitures.
Il e?t ?t? difficile, en v?rit?, de pr?dire l'immensit? des besoins que fit surgir la guerre dont nul ne pouvait pr?voir la dur?e et la puissance meurtri?re. Et comme l'organisation de la radiologie n'avait pas ?t? g?n?ralis?e dans le pays avant la guerre, elle se trouva n?cessairement insuffisante pour les besoins de la D?fense Nationale, aussi bien au point de vue du mat?riel qu'au point de vue du personnel. Cependant le r?le de la radiologie surpassa en importance toute proportion pr?vue, de sorte que, peu ? peu, elle fut indispensable aux bless?s et aux malades, loin ou pr?s du front. Le manque de pr?paration fut compens? par un effort consid?rable accompli par le gouvernement et par l'initiative priv?e. Des appareils ont ?t? offerts aux h?pitaux par des donateurs. Des professeurs ou ing?nieurs s'occup?rent de de leur installation et de leur mise en service. Ainsi que dans tant d'autres circonstances, des oeuvres et des particuliers apport?rent leur concours au Service de Sant? lequel, de son c?t?, constitua peu ? peu un mat?riel radiologique consid?rable et assura une organisation g?n?rale du Service, devenue tr?s compl?te dans les derni?res ann?es de la guerre.
Il est r?confortant de se dire que l'effort r?alis? pour donner aux bless?s les soins auxquels ils avaient droit a produit des r?sultats bienfaisants qui n'ont pas ?t? limit?s ? la dur?e de la guerre. Cet effort a conduit directement ? reconna?tre l'utilit? g?n?rale de la radiologie; il a contribu? ? ?tablir en France une vaste organisation mettant les bienfaits de la radiologie ? la port?e de toute la population.
COMMENT ON PEUT PRODUIRE LES RAYONS X
Bien que les appareils de transformation de courant soient tous bas?s sur le m?me principe, ils sont n?anmoins de types multiples et leur puissance peut varier dans de larges limites. Je ne d?crirai ici, ? titre d'exemple, qu'un type d'appareil tr?s couramment employ? pendant la guerre, de puissance mod?r?e mais suffisante pour les besoins de la radiologie de guerre.
Le transformateur de courant T se compose d'un noyau de fer doux autour duquel sont dispos?s deux enroulements , l'un ? gros fil pour le primaire , l'autre ? fil fin pour le secondaire ; l'enroulement secondaire entoure l'enroulement primaire mais en est enti?rement s?par? par un isolant. Un courant interrompu ? intervalles r?guliers traverse le primaire, et le secondaire est le si?ge de courants induits de haute tension produits ? chaque interruption du primaire.
Or c'est cette tension qui d?termine le pouvoir p?n?trant des rayons; une p?n?tration moyenne correspond ? une ?tincelle ?quivalente d'environ 10 centim?tres de longueur, et ? une tension d'environ 50.000 volts. Les rayons X obtenus dans ces conditions ont un pouvoir p?n?trant favorable ? la radioscopie et ? la radiographie. Avec des tensions plus ?lev?es, on obtient des rayons X tr?s durs qui trouvent leur application dans la radioth?rapie. Avec des tensions moins ?lev?es, on obtient des rayons X mous qui traversent difficilement le corps humain.
Si les tubes ont besoin d'un r?glage particuli?rement soign?, l'appareillage au total exige aussi un entretien constant qui consiste en un nettoyage des pi?ces et des contacts; c'est seulement ? condition d'observer ces soins que l'on peut obtenir un bon fonctionnement. Il ne faudrait cependant pas croire qu'un bon appareillage radiologique doive n?cessairement ?tre fragile; desservi par un bon op?rateur, il ne risque pas de se d?t?riorer. La radiologie de guerre demande des appareils robustes, facilement transportables et pouvant ?tre install?s avec rapidit?.
Un appareil correspondant au sch?ma de la figure 2 peut ?tre ?tabli en trois pi?ces principales: transformateur, tableau de commande et interrupteur, pesant respectivement environ 30, 20 et 25 kilos et pouvant se transporter ais?ment. Le transformateur et le tableau sont, ? cet effet, plac?s dans des bo?tes en bois, de forme adapt?e, munies d'anses pour le transport et dispos?es de mani?re ? remplir un r?le utile dans l'installation. Ces appareils peuvent ?tre facilement plac?s dans une voiture ou exp?di?s par chemin de fer. Dans le premier cas, il suffit de les immobiliser avec des attaches. Dans le second cas, il convient en g?n?ral, de les emballer. Pourtant, il m'est arriv?, ? plusieurs reprises, de les faire voyager d'urgence, sans emballage, dans un train, en les installant, avec l'aide des employ?s, dans la voiture ? bagages, avec quelques pr?cautions faciles ? r?aliser et suffisantes pour ?viter les accidents.
Le bless? soumis ? l'examen est, le plus souvent, couch? sur une table. Celle-ci est quelquefois une table sp?ciale, munie d'un support porte-ampoule. Mais quand on dispose d'un pied porte-ampoule convenable, on peut, au besoin, se contenter d'une simple table en bois, ? condition que le plateau soit perm?able aux rayons et sans d?fauts; pour faire une radioscopie on place, en effet, l'ampoule sous la table et on observe sur un ?cran plac? au-dessus du corps l'image obtenue avec des rayons qui traversent la table et le corps. Il est donc n?cessaire que le bois de la table soit transparent aux rayons, ce qui est le cas des bois de faible densit? sous ?paisseur mod?r?e,--et que ce bois ne contienne pas de d?fauts tels que des noeuds ou des fissures qui ne manqueraient pas d'appara?tre sur l'?cran. Quelquefois, la table est simplement compos?e d'une planche reposant sur des tr?teaux.
Un certain nombre d'accessoires de moindre encombrement ach?vent de composer un appareillage complet. Leur choix est tr?s important quand il s'agit d'une installation qui doit se suffire et qui est destin?e ? ?tre transport?e. On peut ?valuer ? 250 kilos le poids total d'un appareillage comprenant les appareils de production de haute tension, deux ou trois ampoules, deux soupapes, une table l?g?re, un pied porte-ampoule, une petite provision de plaques et produits photographiques, un ?cran radioscopique, quelques ch?ssis, des rideaux pour faire l'obscurit?, quelques appareils de protection pour l'op?rateur, quelques outils, du c?ble isol? et un certain nombre de petits objets dont l'utilit? a ?t? d?montr?e par l'usage. Le tout peut prendre place dans une voiture d'assez petites dimensions; des voitures de place ont m?me pu ?tre utilis?s avec succ?s pour le service d'installations transportables.
INSTALLATIONS DANS LES HOPITAUX ET VOITURES RADIOLOGIQUES
Nous avons vu comment est compos? un appareillage radiologique. Voyons maintenant quelles sont les conditions de son installation dans un h?pital o? il doit ?tre utilis?.
Pour alimenter le primaire du transformateur, il faut disposer d'une source d'?lectricit? pouvant fournir du courant ?lectrique sous une tension de 100 ? 200 volts. Nous ne pourrons installer les appareils que si l'h?pital dispose d'une distribution d'?lectricit?, ou si celle-ci se trouve ? proximit? et peut facilement ?tre amen?e sur place.
Dans de petites villes, plusieurs h?pitaux ont eu recours ? des groupes ?lectrog?nes, pour suppl?er ? un manque de distribution ?lectrique. Dans la zone des arm?es, ces groupes ont ?t? d'abord peu nombreux, tant que le Service de Sant? ?tait assur? principalement par des ambulances. Mais le syst?me des ambulances a ?t? peu ? peu remplac? par celui de grands h?pitaux en baraquements qui tous utilisaient des groupes ?lectrog?nes pour leur ?clairage; ces m?mes groupes alimentaient les postes radiologiques.
L'installation des appareils dans la salle n'offre pas de grandes difficult?s. Une personne comp?tente peut, en un jour ou deux, suivant les cas, r?aliser un am?nagement tr?s satisfaisant.
Avec une grande intensit? de rayonnement, on peut obtenir des radiographies rapides et m?me presque instantan?es, ce qui est un grand avantage quand il s'agit de radiographier une r?gion qui ne peut ?tre immobilis?e, par exemple la r?gion thoracique soumise aux mouvements respiratoires. L'intensit? est ?galement n?cessaire pour la radioth?rapie. Mais si les appareils intensifs ont leurs m?rites incontestables, ils sont, en revanche, plus co?teux, plus encombrants et plus lourds que les appareils normaux.
Au d?but de la guerre, les ressources en radiologie ?taient tout ? fait pr?caires, et il s'agissait de r?aliser au plus t?t un service radiologique de premi?re n?cessit? pour les h?pitaux du territoire et de la zone des arm?es. L'utilisation des appareils normaux qui permettent de faire face ? la plupart des besoins, et qui, de plus, peuvent facilement ?tre transport?s, s'imposait donc ? cette ?poque. Partant de ce point de vue, j'ai dirig? les ressources du Patronage National des Bless?s presque exclusivement vers la distribution de ces postes normaux dont environ 200 ont ?t? ?tablis par cette OEuvre. A une ?poque plus avanc?e de la guerre, quand un mat?riel important s'est trouv? constitu?, le Service de Sant? distribua un certain nombre de postes intensifs, mais m?me alors il semblait l?gitime d'employer principalement les ressources de l'initiative priv?e ? la distribution de postes normaux, pour satisfaire aux besoins les plus urgents qui continuaient ? se manifester. Le but qu'il ne convenait pas de perdre de vue ?tait, en effet, de procurer le b?n?fice de l'examen radiologique ? tous les bless?s sans exception.
VOITURES RADIOLOGIQUES.--J'arrive maintenant ? la description du r?le tr?s important qui a appartenu, dans la radiologie de guerre, aux voitures radiologiques.
Nous avons vu qu'au d?but de la guerre, l'appareillage radiologique faisait d?faut, et il paraissait l?gitime de r?server les premi?res installations fixes aux h?pitaux importants. D'autre part, les nombreux h?pitaux militaires et auxiliaires qui se sont constitu?s d?s le d?but de la guerre et au courant de celle-ci, occupaient dans bien des cas des locaux de fortune qui ne disposaient pas de courant ?lectrique: tel ?tait, par exemple, le cas de la plupart des ?coles dont on sait l'utilisation pour les services hospitaliers. Ainsi des formations, r?pandues dans toute la France pour recevoir les bless?s qui affluaient du front, se trouvaient sans installation radiologique et sans possibilit? d'en ?tablir une ? bref d?lai. D'un autre c?t?, les ambulances qui ont assur? au d?but de la guerre le service de sant? des arm?es, occupaient des locaux provisoires o? l'installation radiologique paraissait d'autant moins indiqu?e que l'on devait toujours s'attendre ? un d?part possible. Ainsi, le plan d'organisation primitif comportait un fonctionnement g?n?ral des h?pitaux et ambulances, en arri?re du front et pr?s du front, sans le secours de la radiologie. Pourtant quand apparut clairement l'?normit? de la t?che consistant ? soigner les bless?s de cette guerre, l'aide merveilleuse des rayons X fut chaque jour mieux comprise, mieux appr?ci?e et chaque jour plus demand?e. C'est ? cette situation que les voitures radiologiques sont venues apporter un rem?de et une solution provisoire. El?ment actif et bienfaisant, elles ont assum? pendant les premi?res ann?es de la guerre la plus grande partie de la charge du service radiologique.
Une voiture radiologique, g?n?ralement automobile, transporte un appareillage complet pour l'examen des bless?s. Elle doit donc contenir d'une part, la source d'?lectricit?, d'autre part, les appareils principaux ainsi que tous les accessoires indispensables. La production de courant peut ?tre assur?e par un groupe ?lectrog?ne install? ? poste fixe sur la voiture. Ce groupe ne doit ?tre ni tr?s lourd, ni tr?s encombrant, cependant, en raison de la puissance qui lui est demand?e, il ne peut gu?re peser moins de 100 kilogrammes. On le place soit ? l'avant de la voiture, soit ? l'int?rieur de la caisse qui sert de carrosserie. Au lieu d'employer un groupe ?lectrog?ne, on peut se servir du moteur de la voiture pour entra?ner une dynamo plac?e ? l'avant ou bien sur le marchepied. Les avantages de ce dispositif se voient imm?diatement: en rempla?ant le groupe par une dynamo, on r?duit le poids de moiti?, et l'on diminue l'encombrement, ce qui permet d'employer une voiture plus l?g?re et plus rapide; la dynamo d'ailleurs co?tait beaucoup moins que le groupe et ?tait beaucoup plus facile ? trouver au d?but de la guerre. On pouvait donc, par ce moyen, ?quiper une voiture quelconque, sans m?me exiger une carrosserie sp?ciale.
Les appareils principaux, convenablement attach?s, peuvent ?tre transport?s dans une carrosserie de limousine qui peut, en outre, contenir deux ou trois caisses avec les accessoires. On dispose le tout, de mani?re ? r?server ? l'int?rieur une place pour le m?decin radiologiste, tandis qu'un aide prend place ? c?t? du conducteur.
Si la carrosserie est ? construire, on r?tablit sous forme de caisse, comme pour une voiture de livraison spacieuse. Elle re?oit un am?nagement propre ? l'installation des appareils et des caisses. De plus, il est bon qu'apr?s fermeture de la porte, l'obscurit? y soit compl?te, pour que, en cas de besoin, on puisse y d?velopper les plaques radiographiques. Les trois personnes qui composent l'?quipe occupent la banquette ? l'avant de la voiture.
Bien que l'utilisation du moteur de la voiture pour l'entra?nement de la dynamo puisse rendre souvent de grands services, on doit n?anmoins reconna?tre que ce syst?me comporte des inconv?nients, dont les principaux sont la d?pense d'essence relativement ?lev?e et la n?cessit? de faire travailler le moteur de la voiture aussi bien pendant la circulation entre les h?pitaux qu'? l'arr?t, puisque le moteur doit entra?ner la dynamo pendant la dur?e du service. Une bonne voiture, entre les mains d'un bon conducteur, peut, d'ailleurs ?tre ainsi utilis?e sans inconv?nient. Si, cependant, la voiture circule peu et travaille la plus grande partie de la journ?e ? l'arr?t, l'emploi d'un groupe ?lectrog?ne est plus rationnel et plus ?conomique.
Au d?but de la guerre, il s'agissait surtout d'assurer un service rapide, avec les moyens disponibles, tandis que l'essence ne manquait pas et n'?tait gu?re ?conomis?e. La voiture entra?nant une dynamo par son moteur ?tait alors tout indiqu?e.
J'ai r?ussi, moi-m?me, ? ?quiper 18 de ces voitures, gr?ce ? des dons particuliers et aux ressources du Patronage National des Bless?s. Plusieurs ch?ssis ont ?t? mis ? ma disposition par de g?n?reux donateurs ou donatrices dont certaines ont bien voulu aussi faire les frais de l'appareillage. Presque toutes ces voitures, offertes au Service de Sant? ? une ?poque de besoin urgent, ont fait un service consid?rable, et si quelques-unes ont ?t? us?es, d'autres ont continu? leur service jusqu'? la fin de la guerre et m?me au del?.
Il m'est agr?able de rappeler ici que la premi?re des voitures radiologiques ?tablies sur mon initiative a ?t? fournie par l'Union des Femmes de France et ?quip?e ? ses frais. Cette petite voiture ? carrosserie ordinaire, ne portant que l'appareillage strictement n?cessaire, a, sans aucun doute, laiss? de nombreux souvenirs dans la r?gion parisienne. Desservie d'abord par un personnel b?n?vole, anciens ?l?ves de l'?cole Normale ou professeurs, ensuite r?guli?rement attach?e au Val-de-Gr?ce, elle a assur? seule le service du camp retranch? de Paris pendant la plus grande partie de la guerre, en particulier lors de l'affluence de bless?s qui se produisit en septembre 1914 ? la suite de la bataille de la Marne.
En m?me temps que des voitures relativement l?g?res ?taient offertes par l'initiative priv?e, le Service de Sant? ?quipait des camions radiologiques ? groupes ?lectrog?nes dont le nombre, peu ? peu, devint important. Ces ?quipages, munis d'un mat?riel tr?s complet, furent distribu?s principalement dans la zone des arm?es o? ils assur?rent, quand ils furent assez nombreux, un service radiologique permanent et r?gulier. Toutefois, dans les derni?res ann?es de la guerre, ce service ne comportait que peu de d?placements. J'ai d?j? eu l'occasion de parler des grands centres hospitaliers qui ont ?t? ?tablis dans la zone des arm?es et qui utilisaient le personnel de plusieurs ambulances immobilis?es. A ces formations venaient se joindre les postes radiologiques mobiles, pour travailler sur place, souvent pendant plusieurs mois.
Le mode de fonctionnement des voitures l?g?res dans la zone des arm?es subit une ?volution analogue. Alors qu'? leurs d?buts, elles avaient ? se d?placer fr?quemment dans un rayon de plus de 100 kilom?tres, en vue de service urgent, plus tard, elles se trouv?rent lib?r?es de cette t?che par la multiplication des installations radiologiques fixes et des camions automobiles fonctionnant comme postes demi-fixes. C'est seulement dans certaines r?gions du territoire, que de grands d?placements ont pu encore rester n?cessaires alors que le mat?riel ?tait d?j? devenu tr?s abondant aux arm?es.
?voquons ici, en quelques lignes, cette vie des voitures radiologiques, vie que j'ai pu suivre d'assez pr?s, pour appr?cier l'oeuvre accomplie par le personnel avec autant d'initiative que de d?vouement:
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