Read Ebook: La Radiologie et La Guerre by Curie Marie
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Ebook has 216 lines and 30092 words, and 5 pages
?voquons ici, en quelques lignes, cette vie des voitures radiologiques, vie que j'ai pu suivre d'assez pr?s, pour appr?cier l'oeuvre accomplie par le personnel avec autant d'initiative que de d?vouement:
Avis?e d'un besoin pressant, la voiture radiologique part pour son service, emportant son mat?riel complet et sa provision d'essence. Cela ne l'emp?che pas de se d?placer ? la vitesse de 50 kilom?tres ? l'heure quand l'?tat de la route le permet. Le personnel se compose d'un m?decin, d'un manipulateur et d'un chauffeur, mais dans une bonne ?quipe chacun fait plus que son m?tier. Voici la voiture rendue ? destination; elle ?tait attendue avec impatience pour l'examen de bless?s nouvellement arriv?s ? l'h?pital. Il s'agit de se mettre au travail le plus t?t possible. On descend les caisses et les appareils et on les porte dans la salle o? l'on s'en servira. Le chauffeur pr?pare le groupe ou la dynamo, et ?tablit au moyen d'un long c?ble la communication avec les appareils que le manipulateur dispose dans la salle. Avec l'aide d'infirmiers on pose aux fen?tres les rideaux noirs apport?s par la voiture, ou les couvertures de l'h?pital. Le manipulateur et son chef, d'un coup d'oeil, choisissent la disposition des appareils, ils les placent, ils assemblent les pi?ces d?montables de la table et du pied porte-ampoule, installent l'ampoule et la soupape, ?tablissent les connexions. On remplit la turbine de gaz d'?clairage pris ? un tuyau ou apport? par la voiture dans une poche ? gaz de 25 litres. Un signe au chauffeur: voici la dynamo en fonctionnement et l'on envoie un courant d'essai dans l'ampoule. Si elle donne satisfaction, tant mieux; si non, on proc?de rapidement ? un r?glage d?licat, ou bien on prend une ampoule de secours. On pr?pare l'?cran radioscopique, et toute sorte de petits accessoires ? port?e de la main: papier, crayons, gants et lunettes de protection, fil ? plomb; on dispose ? l'abri des rayons les plaques et ch?ssis et on place dans le cabinet de photographie les bains qu'on a apport?s; quelquefois le cabinet lui-m?me doit ?tre pr?par? avec des rideaux. Enfin tout est pr?t. Si l'on n'a pas eu de d?boires et si l'on se trouve dans un endroit connu, l'installation a pu ?tre faite en une demi-heure. Il est rare qu'elle demande une heure.
C'est le moment de se mettre au travail avec les m?decins et les chirurgiens de l'h?pital ou de l'ambulance. On apporte les bless?s sur des brancards ou bien l'on fait venir ceux qui sont moins atteints. On fait les examens radioscopiques, on prend des clich?s, quelquefois on op?re sous les rayons. Un aide inscrit toutes les observations. Cela dure autant qu'il est n?cessaire, l'heure est oubli?e, seul importe le souci d'achever la besogne. Quelquefois un cas difficile occasionne un retard, d'autres fois le travail progresse rapidement. Enfin, la t?che est finie. On emballe le mat?riel dans les caisses, et l'on retourne ? son port d'attache, pour recommencer le m?me jour ou bien le lendemain.
On comprend facilement que dans ces conditions de travail, une ?quipe radiologique pouvait acqu?rir une exp?rience consid?rable ainsi que l'habitude de <
Pour le service de circulation, des voitures l?g?res sont assur?ment d'un emploi plus facile. Aussi je pense, qu'? c?t? des voitures massives et solides, on devrait toujours conserver un type de voiture tr?s mobile pour le secours d'urgence. Parmi les voitures radiologiques du Patronage, la plus l?g?re emportait un mat?riel de 250 kilos, suffisant pour les besoins; c'?tait un petit ch?ssis ? carrosserie tr?s l?g?re, pouvant passer dans des chemins ?troits et circulant avec rapidit?; plusieurs chefs de service aux arm?es m'ont exprim? le vif d?sir de disposer de voitures de ce genre pour un service rapide.
Il convient de remarquer que les voitures radiologiques peuvent, dans certains cas, utiliser le courant ?lectrique des h?pitaux o? elles viennent travailler. Elles ne servent alors que pour transporter le mat?riel et le personnel, et s'il s'agit de petites distances dans une ville et dans ses environs, une voiture ? cheval peut remplacer une voiture automobile.
Les voitures radiologiques qui ont fourni un travail intensif pendant la guerre ne sont pas condamn?es ? dispara?tre dans la p?riode de paix. Elles continueront ? ?tre utilis?es, d'abord dans les r?gions lib?r?es, puis dans toute la France et ses colonies, pour assurer l'examen radiologique de malades non transportables dans des localit?s d?pourvues de postes fixes, et pour suppl?er comme postes de secours aux arr?ts de fonctionnement des postes fixes par suite d'accidents. Ainsi pourra-t-on tirer parti de l'acquit que cette forme particuli?rement active du service de radiologie doit ? la guerre.
TRAVAIL RADIOLOGIQUE DANS LES HOPITAUX
Quels sont donc les services que l'on pouvait attendre pendant la guerre de l'examen radiologique d'un bless? ou d'un malade? Voici la r?ponse ? cette question:
L'examen radiologique est ?galement tr?s utile dans le cas de fractures osseuses. Il permet de se rendre compte de l'aspect de la fracture, d'effectuer une r?duction et d'en suivre les progr?s,--de reconna?tre la pr?sence d'esquilles, d'examiner l'?tat des articulations, de surveiller la formation normale ou anormale de la mati?re osseuse.
Quand il s'agit d'un malade, l'examen radiologique permet, dans bien des cas, de reconna?tre des l?sions internes, telles que des maladies de l'estomac ou des poumons. L'examen de l?sions pulmonaires a eu, pendant la guerre, une importance consid?rable. Quand il s'agit d'un homme gu?ri mais ayant contract? une infirmit?, on a recours ? l'examen radiologique pour constater celle-ci, en vue d'un certificat de r?forme.
On peut affirmer que l'examen radiologique a sauv? la vie ? un grand nombre de bless?s et en a pr?serv? beaucoup d'autres d'infirmit?s futures. Les projectiles qui s?journent dans le corps y occasionnent souvent des suppurations persistantes, quelquefois des ph?nom?nes de paralysie; leur extraction sans localisation exacte est souvent dangereuse. D'autre part, les fractures doivent ?tre surveill?es tr?s attentivement pour que la gu?rison se fasse avec un minimum de d?formation ult?rieure.
Nous examinerons successivement les points principaux qui m?ritent d'attirer l'attention dans le domaine de la technique radiologique.
Quant ? la balle B, tr?s proche du plan de projection, son ombre est ?galement d?form?e, tout en ?tant moins agrandie.
Supposons que l'on place une halt?re dans une position oblique par rapport ? l'?cran radioscopique, qui lui-m?me re?oit les rayons passant par cette halt?re suivant une direction moyenne oblique. On voit que l'apparence de l'ombre donnera une opinion inexacte sur la forme de l'objet; les deux boules para?tront de forme allong?e, et de dimensions in?gales; la barre de jonction pourra para?tre allong?e ou raccourcie selon l'inclinaison qu'elle poss?de par rapport ? l'?cran .
La planche V nous montre la radiographie d'un thorax, sur laquelle on reconna?t les d?formations in?vitables de la projection. Les c?tes apparaissent tr?s ?largies dans leurs portions ?loign?es de la plaque, par rapport aux portions rapproch?es de la plaque.
Pour r?duire au minimum les d?formations des images radioscopiques et radiographiques, il convient de les obtenir, autant que possible, en projection normale, c'est-?-dire en utilisant des rayons, dont la direction est, en moyenne, perpendiculaire ? l'?cran radioscopique ou ? la plaque radiographique. Si, par exemple, la plaque est plac?e sur une table, au-dessus de laquelle se trouve l'ampoule, il est facile de s'assurer, ? l'aide d'un fil ? plomb, que la condition est approximativement r?alis?e. De plus, il y a avantage ? appliquer sur la plaque la r?gion ? radiographier, de mani?re ? ne point exag?rer l'agrandissement; pour la m?me raison, on peut ?loigner l'ampoule de la plaque autant que le permet la diminution d'intensit? qui en r?sulte.
RADIOSCOPIE ET RADIOGRAPHIE.--Puisque l'emploi de rayons X nous offre deux m?thodes d'examen, quelles sont les consid?rations qui doivent guider notre choix et nos pr?f?rences pour l'emploi de chacune de ces m?thodes?
L'exp?rience des ann?es de guerre a grandement contribu? ? nous ?clairer sur la r?ponse qui peut ?tre faite ? cette question, plus sp?cialement en ce qui concerne la radioscopie. Cette m?thode d'examen n'?tait pas encore tr?s employ?e en France avant la guerre; elle faisait cependant d?j? l'objet d'un excellent enseignement fait ? l'h?pital Saint-Antoine, par M. le Dr B?cl?re,--enseignement qui mettait clairement en ?vidence la valeur fondamentale des proc?d?s radioscopiques.
La comparaison de la radioscopie et de la radiographie peut ?tre faite ? divers points de vue. Ainsi tout d'abord il est clair que l'examen radioscopique, ne comportant pas de manipulations de prises de plaques et de leur d?veloppement, doit ?tre pr?f?r? dans tous les cas o? il est important de r?duire le temps consacr? ? l'examen et l'encombrement du mat?riel employ?. C'est donc ce mode d'observation qui peut rendre le plus de services lors des affluences de bless?s qui se produisent pendant les batailles, dans les h?pitaux du front ou ? l'arri?re. En effet, ? mesure que la valeur de la radiologie a ?t? reconnue, on a compris que l'examen radiologique ne devait pas ?tre r?serv? ? certains bless?s, mais que tous sans exception devaient en b?n?ficier, pour ?viter des erreurs de diagnostic, toujours possibles, et des lacunes d'observation dont les cons?quences peuvent ?tre funestes. Compris de cette mani?re, l'examen radiologique joue un r?le important d?j? lors du premier triage des bless?s dans les h?pitaux d'?vacuation; tel bless? qui aurait pu ?tre sauv? par des soins imm?diats, succombera si, par inadvertance, on le soumet ? un transport fatigant dans un h?pital ?loign?.
Pendant les longues batailles de la grande guerre la t?che des h?pitaux qui recevaient le flot des bless?s ?tait souvent ?crasante. Jour et nuit, des ?quipes de chirurgiens, accompagn?s de leurs aides, se relayaient dans une besogne incessante. Il fallait faire face au plus press?, assurer toutes les interventions indispensables, et cependant renvoyer ? l'arri?re tous les bless?s susceptibles d'?tre transport?s, pour ?viter la menace constante de <
Pour que la radiographie donne un r?sultat satisfaisant, il est n?cessaire, en effet, que l'endroit exact de la l?sion soit pr?alablement connu, de sorte que l'on puisse placer la plaque dans la position la plus favorable par rapport au corps du bless? et donner ensuite la meilleure direction aux rayons. Mais, le plus souvent, ce renseignement pr?alable sur la l?sion est tr?s sommaire, ce dont on peut donner de nombreux exemples. S'il s'agit d'une fracture, on n'en conna?t pas ? l'avance l'extension exacte. S'il s'agit de la pr?sence de corps ?trangers, balles ou ?clats d'obus, la pr?somption dont on dispose le plus souvent consiste ? observer un orifice d'entr?e sans orifice de sortie correspondant. C'est l? une indication bien pr?caire, car elle ne renseigne ni sur le nombre des ?clats qui ont pu p?n?trer, ni sur leur position m?me approximative. Il arrive qu'un projectile ne p?n?tre pas, mais rebondit ? la surface. Il arrive, au contraire, qu'il p?n?tre tr?s loin de son point d'entr?e, ayant accompli quelquefois un trajet v?ritablement d?cevant; il arrive encore qu'ayant p?n?tr?, il se d?place ensuite ? l'int?rieur du corps.
On pouvait rencontrer, au d?but de la guerre, des services radiologiques o? l'emploi de la radioscopie ?tait inconnu. On y trouvait ? profusion des plaques de grandes dimensions, 24 >< 30 et 30 >< 40 centim?tres. Un coup d'oeil suffisait pour juger de l'utilisation de ces plaques. Parfois, il en avait fallu plusieurs, prises successivement, pour d?couvrir la l?sion cherch?e; d'autres fois, celle-ci occupait un coin ou une extr?mit? de la plaque. Avec l'extension de la radioscopie, cet abus de plaques a disparu; le nombre des plaques utilis?es par bless? a diminu? consid?rablement, leurs dimensions ont diminu? de m?me; les plaques 30 >< 40, fort co?teuses et d'un maniement peu commode, sont devenues d'un emploi rare, c?dant la place aux formats inf?rieurs: 20 >< 30, 24 >< 18 et m?me 13 >< 18 centim?tres.
Tous ceux qui ont pratiqu? la radiologie de guerre, pourraient citer de nombreux exemples qui prouvent la n?cessit? de l'examen radioscopique pr?alable et dont plusieurs ont ?t? signal?s dans des publications sp?ciales. Il m'est arriv? de retrouver sous l'omoplate un ?clat d'obus qui avait p?n?tr? par la face externe du bras et qui avait d? ensuite passer par l'aisselle. Une balle qu'on supposait dans le thorax, a ?t? trouv?e dans le bassin. Il est clair que dans ces cas, la radiographie aurait pu conduire ? un ?chec, sans le secours de la radioscopie. Il peut en ?tre de m?me quand le projectile situ? dans le thorax, se d?place beaucoup avec la respiration et ne peut ?tre radiographi? qu'au moyen d'un instantan? exigeant un appareil plus puissant que celui dont on dispose. Enfin, les examens de poumons et les op?rations sous le contr?le des rayons, sur lesquels je reviendrai plus loin, utilisent la radioscopie.
Est-ce ? dire que la radiographie doive ?tre consid?r?e comme superflue? Ce serait, certes, une grande faute, au contraire, que d'en m?conna?tre l'importance. La radiographie nous donne des images sur lesquelles les d?tails peuvent ?tre appr?ci?s avec plus de pr?cision qu'en radioscopie. Ces images peuvent ?tre conserv?es ? titre de documents toujours disponibles en cas de besoin. La radiographie peut, de plus, ?tre pratiqu?e avec moins de danger pour l'op?rateur, en ce qui concerne les radiodermites qui peuvent ?tre provoqu?es par les rayons. Elle est pratiqu?e en plein jour avec des plaques envelopp?es de papier noir. Enfin, la technique de la radiographie n'exige pas l'intervention constante du m?decin sp?cialiste; celui-ci peut se faire aider par un manipulateur plus facilement qu'en radioscopie o? la comp?tence m?dicale est presque constamment exig?e, sauf dans des cas particuli?rement simples.
Ainsi la radioscopie et la radiographie ont chacune leur domaine et leur utilisation; elles s'entr'aident et se compl?tent mutuellement, la radioscopie ayant pour mission l'examen pr?liminaire, la radiographie ayant un r?le de perfectionnement et d'enregistrement des r?sultats.
Dans toutes les phases de ces efforts laborieux pour obtenir la gu?rison dans les meilleures conditions possibles, et pour r?parer dans une certaine mesure m?me ce qui para?t irr?parable, le chirurgien a constamment recours aux rayons X, guide et conseil le plus parfait qu'il puisse avoir ? sa disposition. Le bless? est g?n?ralement apport? sur un brancard dans la salle de radiologie et couch? sur la table, au-dessous de laquelle se trouve l'ampoule ? rayons X; l'?cran radioscopique est plac? sur le corps dans la r?gion de la fracture. Le premier coup d'oeil jet? sur la fracture ? l'aide de l'?cran radioscopique nous apprend sa gravit?, son extension, le degr? de d?labrement, l'importance des esquilles, l'?cart des os de la position normale. Cet aspect est g?n?ralement aussit?t fix? au moyen d'un dessein fait sur le verre qui recouvre l'?cran et report? ensuite par transparence sur un papier calque.
Pour avoir une opinion juste sur la direction des os, il est utile de faire deux calques dans des plans diff?rents, par exemple une vue de face et une vue de profil, quand le d?placement du bless? est possible. Et m?me si la souffrance ?prouv?e par le malade ne permet pas un retournement, on peut encore dans bien des cas, obtenir un calque de profil, en pla?ant l'ampoule au niveau du corps, lat?ralement, de mani?re ? envoyer les rayons dans une direction horizontale, par exemple au travers d'une cuisse ou d'une jambe, de l'autre c?t? de laquelle l'?cran est dispos? verticalement. Si l'on a eu soin de bien centrer l'ampoule, pour op?rer avec les rayons voisins du rayon normal, on se trouvera dans de bonnes conditions pour obtenir des images nettes et pour tracer des calques corrects.
Les calques obtenus sont conserv?s comme documents, et il y a lieu d'en prendre de temps en temps de nouveaux, soit pour suivre les progr?s de la gu?rison, soit pour constater les r?sultats d'une intervention chirurgicale, destin?e ? nettoyer le foyer de fracture ou ? rectifier la position des os. L'ensemble de ces calques reproduit l'histoire de la l?sion, histoire parfois douloureuse, mais plus souvent r?confortante, car l'effort pers?v?rant conduit ? am?liorer dans une large mesure des cas qui paraissent d?sesp?r?s.
Le travail qui vient d'?tre d?crit peut se faire par la radioscopie seule. Toutefois, la radiographie est d'un grand secours, et il est d?sirable de la pratiquer quand les conditions le permettent; elle est m?me, quelquefois, d'une v?ritable n?cessit?. Les plaques peuvent ?tre prises dans les positions les plus favorables, reconnues ? l'aide de la radioscopie; les dimensions des plaques peuvent donc ?tre r?duites au strict n?cessaire. Le rayon normal passe en g?n?ral par la r?gion centrale de la plaque. L'image obtenue peut ?tre examin?e ? loisir; elle offre des d?tails plus fins que ceux qu'il est possible de distinguer en radioscopie. Certaines fractures tr?s fines, sans d?placement des fragments d'os, peuvent passer inaper?ues pour l'observation radioscopique, mais apparaissent tr?s nettement sur une bonne radiographie. Celle-ci peut donc donner un compl?ment d'information et, de plus, elle fournit, ? partir des clich?s n?gatifs, des tirages positifs, tr?s sup?rieurs en perfection aux calques les mieux dessin?s et, de plus, ind?pendants de l'interpr?tation du dessinateur.
Les ?preuves radiographiques sont obtenues, le plus couramment, en pla?ant l'ampoule au-dessus de la table sur laquelle repose le malade; la plaque est alors introduite entre la table et le corps, enferm?e dans un ch?ssis ou envelopp?e d'une pochette de papier noir. Mais on peut aussi placer l'ampoule sous la table, comme pour la radioscopie et la plaque sur le corps du malade ? la place de l'?cran radioscopique. Ce proc?d? est tr?s avantageux lorsqu'on veut compl?ter un examen radioscopique par une radiographie, sans perte de temps et sans fatigue suppl?mentaire pour le bless?, avec la certitude de reproduire sur la plaque la r?gion m?me que l'on vient d'observer sur l'?cran.
La radioscopie offre encore, en ce qui concerne les fractures, une application particuli?rement int?ressante. On peut s'en servir pour proc?der sous le contr?le des rayons, ? la remise en position, c'est-?-dire ? la <
Il m'est arriv? de suivre pendant un temps assez long des fractures graves soign?es en vue d'am?lioration progressive. Ainsi, plusieurs fractures de f?mur, qui comportaient primitivement des d?placements et des chevauchements tr?s grands ont c?d? ? une r?duction convenablement exerc?e et se sont consolid?es finalement dans des conditions plus favorables qu'on n'aurait os? l'esp?rer. Le progr?s de ces gu?risons a ?t? fr?quemment contr?l? par la radiographie, et, gr?ce ? la facilit? de transport de l'appareillage, tous les clich?s de cette s?rie ont ?t? pris sur les malades couch?s dans leurs lits, avec les appareils d'extension.
Les os qui ont souffert d'une fracture grave, sont sujets ? devenir transparents aux rayons X par suite de la perte de chaux r?sultant de la suppuration. Les os ainsi <
LA LOCALISATION DES PROJECTILES.--Parmi toutes les applications de guerre de la radiologie, c'est la localisation des corps ?trangers, balles ou ?clats d'obus, qui a excit? le plus vivement l'int?r?t du public aussi bien que celui des sp?cialistes charg?s des examens radiologiques. Cet int?r?t se comprend facilement, car non seulement il s'agit l? d'une op?ration tr?s utile dont d?pend parfois la vie du bless?, mais, de plus, l'apparition du corps ?tranger dans le champ de vision produit un effet particuli?rement saisissant; la d?couverte de ce corps et la d?termination de sa position constituent un probl?me qui excite ? un tr?s haut point l'ing?niosit? de l'op?rateur. Aussi les m?thodes employ?es se sont-elles multipli?es; leur vari?t? peut para?tre quelque peu d?concertante aux personnes qui connaissent peu la question. Il est facile cependant de d?gager quelques principes g?n?raux sur lesquels reposent toutes ces m?thodes; c'est ? ces principes qu'il faut accorder une importance pr?pond?rante, plut?t qu'aux dispositifs sp?ciaux dont chacun entre les mains d'un op?rateur habile peut rendre de grands services, sans cependant pouvoir pr?tendre ? repr?senter la seule m?thode efficace, ? l'exclusion de toutes les autres. Je dirai m?me qu'? mon avis, l'op?rateur doit conna?tre et pratiquer plusieurs m?thodes, car leurs avantages respectifs sont variables suivant le cas ? consid?rer.
Avant d'aborder l'expos? des principes de localisation, demandons-nous d'abord s'il y a une utilit? r?elle ? extraire les corps ?trangers. L'opinion des m?decins ? ce sujet a subi quelques fluctuations au cours de la guerre, les uns affirmant qu'un projectile qui ne semble pas occasionner de perturbation doit ?tre laiss? en repos, les autres pr?conisant l'extraction obligatoire.
Il est clair que la question ne peut ?tre discut?e utilement sous une forme aussi absolue. En effet, une premi?re restriction est ? faire, eu ?gard aux conditions de l'extraction. Il est pr?f?rable de renoncer ? une extraction non urgente, plut?t que de la faire dans de mauvaises conditions, avec un mat?riel ou un personnel insuffisant. Si nous supposons qu'? ce point de vue la s?curit? est compl?te, on pourra affirmer, en se basant sur l'ensemble des opinions les plus autoris?es, que, tout au moins, quand la blessure est r?cente, il y a toujours int?r?t ? tenter l'extraction.
En effet, les corps ?trangers sont, dans l'organisme, une cause fr?quente de suppurations, soit parce qu'ils ont entra?n? avec eux des germes d'infection, des d?bris de terre ou de v?tements souill?s, soit m?me seulement parce que par leur contact ils irritent les tissus et en emp?chent la gu?rison. D'autre part, quand la plaie est neuve, le trajet ouvert, l'extraction est souvent tr?s facile; souvent le chirurgien peut suivre le trajet, sans d?labrement suppl?mentaire, quand il est aid? par l'examen radiologique; il peut, dans bien des cas, retirer en peu de minutes un ou plusieurs ?clats qui se trouvent dans la plaie. Ainsi, toute cause d'infection se trouve supprim?e par une op?ration facile et b?nigne, alors qu'ayant abandonn? un projectile dans la plaie, on risque la n?cessit? d'une op?ration ? faire plus tard dans des conditions moins favorables, souvent avec fi?vre et suppuration. Ces corps ?trangers faciles ? atteindre, formaient la grande majorit? du nombre total; l'utilit? de leur extraction imm?diate a ?t? si bien reconnue par les chirurgiens que, dans les derni?res ann?es de la guerre, on les op?rait fr?quemment quelques heures seulement apr?s la blessure, dans des ambulances toutes proches de la ligne de feu. Les bless?s ainsi op?r?s gu?rissent tr?s rapidement.
Quand la blessure est grave, et que le corps ?tranger a p?n?tr? plus profond?ment, la d?cision ? prendre est moins ?vidente. Certains bless?s ne peuvent, pendant quelque temps, ?tre op?r?s sans danger, et il peut ?tre plus prudent de s'abstenir de toute intervention. Pourtant, il est rare que l'on ait int?r?t ? abandonner dans le corps des ?clats d'obus ou des balles; il est, en tout cas, ?vident qu'il n'aurait pu ?tre question d'y abandonner des fragments de grosses dimensions, fr?quemment observ?s pendant la guerre . J'en ai vu, ? plusieurs reprises, qui ne mesuraient pas moins de 10 centim?tres dans leur plus grande dimension, et l'on peut s'?tonner qu'une masse semblable, p?n?trant ? la vitesse de quelques centaines de m?tres ? la seconde, ne produise pas de r?sultats encore plus meurtriers que ceux que nous avons eu ? d?plorer.
Les ?clats d'obus peuvent occasionner des troubles, non seulement par leurs dimensions, mais aussi par leur forme irr?guli?re, leur surface rugueuse, leurs ar?tes vives, pointes ou crochets; ils ne sauraient, m?me quand ils sont petits, ?tre tol?r?s dans les articulations dont ils emp?chent le fonctionnement. On doit de m?me, si possible, retirer de l'oeil le plus petit grain m?tallique qui risquerait de compromettre la vue. Enfin, certains corps ?trangers mettent le bless? en danger de mort, par le trouble qu'ils apportent dans des r?gions vitales telles que le cerveau, la moelle ?pini?re, le coeur, les poumons, ou par la pression qu'ils exercent sur les troncs nerveux ou les vaisseaux sanguins. Dans des cas de ce genre, non seulement l'extraction doit ?tre tent?e, mais il peut m?me arriver que le salut du bless? par cette op?ration soit une question d'heures, et que la plus grande h?te s'impose, ainsi que la plus grande perfection de l'intervention. Je puis citer comme exemple le cas d'un bless? dont la fin paraissait proche et qui a, n?anmoins, pu ?tre sauv? gr?ce ? un examen radiologique logique qui a permis l'extraction d'un ?clat d'obus situ? dans la r?gion post?rieure du cr?ne.
Je crois avoir fait comprendre par ce qui pr?c?de l'importance de l'extraction des projectiles pendant la guerre. Je suis dispos?e ? croire que cette importance n'a pu encore qu'?tre sous-estim?e, car les causes de souffrance des bless?s ont ?t? multiples et n'ont pu, dans tous les cas, ?tre discern?es compl?tement. J'ai gard? le souvenir d'une s?ance d'examens radiologiques dans un h?pital o? se trouvait, entre autres, un jeune bless?, d?p?rissant depuis quelques semaines, avec le bassin fractur?. On avait peu d'espoir de le sauver. L'examen radiologique fut tr?s p?nible, en raison de la difficult? de placer ce pauvre malade qui souffrait cruellement et ne pouvait ?tre redress?. Ayant pris, tout d'abord, la radiographie du bassin, on proc?da ? la radioscopie des membres inf?rieurs. Celle-ci fit apercevoir au-dessus du genou un ?clat d'obus de dimensions consid?rables qui fut rep?r? et aussit?t extrait d'une poche de pus ? grande quantit? de liquide. On ne croyait pas sur le moment que cette op?ration, quoique n?cessaire, aurait une grande r?percussion sur l'?tat du bless? qui semblait souffrir surtout de sa fracture du bassin. Pourtant, apr?s quelques semaines, j'appris que, du jour m?me de l'op?ration, l'?tat du bless? s'am?liora avec rapidit? et devint bient?t tout ? fait satisfaisant. Le bloc de fonte contenu dans la cuisse avait ?videmment entretenu une grosse suppuration et un empoisonnement r?gulier de l'organisme; d?s que cette cause d'?tat morbide eut disparu, le jeune organisme reprit le dessus, et le bless? qu'on avait jug? perdu fut en ?tat de r?parer ses graves l?sions osseuses.
Est-ce ? dire que, gr?ce ? l'emploi des rayons, on sera toujours assur? du succ?s? Assur?ment non, car la technique n'est pas encore parfaite, et l'on peut manquer m?me un projectile bien rep?r? par l'examen radiologique. Mais la proportion des insucc?s est chang?e du tout au tout; au lieu d'op?rer ? l'aveuglette, on op?re ? bon escient. Quand un bon chirurgien est bien renseign? par un radiologiste habile, les insucc?s sont une exception et ne se pr?sentent que dans des cas difficiles. J'indiquerai dans la suite quelques-unes des conditions qui peuvent influer sur le r?sultat.
Passons maintenant ? l'examen des m?thodes qui permettent de d?terminer la position d'un projectile.
Au d?but de la guerre, la connaissance de la radioscopie ?tait tr?s peu r?pandue; celle de la radiographie l'?tait davantage, mais seulement sous forme de notions tr?s sommaires. Certains se contentaient ? cette ?poque de la radiographie simple de la r?gion de la plaie, sans radioscopie pr?alable. Un clich? ainsi obtenu non seulement ne peut suffire, mais il peut m?me conduire une personne non avertie ? des interpr?tations erron?es, car les rapports du projectile et des os se trouvent d?form?s par le mode de projection conique.
Les op?rateurs qui se rendaient compte de l'insuffisance de la radiographie simple, la compl?taient ? cette ?poque par une deuxi?me radiographie prise dans une position diff?rente; les deux vues ?taient prises, en g?n?ral, l'une de face, l'autre de profil. Les r?sultats ainsi obtenus sont tr?s sup?rieurs ? ce que peut donner une radiographie simple. Si, par exemple, un ?clat d'obus est contenu dans un genou, les vues prises de face et de profil nous apprendront si l'?clat est situ? par rapport aux os dans une position ant?rieure, post?rieure, interne ou externe ou s'il a p?n?tr? ? l'int?rieur d'un os ou de l'articulation .
Pourtant, malgr? ce perfectionnement important, l'interpr?tation exacte restait encore difficile et incertaine, car chacune des images ?tait d?form?e par la projection, g?n?ralement oblique. De plus, il existe des r?gions qui, en raison de leur ?paisseur, ne se pr?tent pas ? la radiographie de profil; c'est ce qui a lieu pour le thorax, le bassin et la r?gion lombaire. On peut dire, au total, que le syst?me de clich?s de face et de profil, sans radioscopie pr?alable, entra?ne une consommation de plaques et de temps, tout ? fait en disproportion avec la valeur des r?sultats obtenus. Les chirurgiens ? qui l'on donnait ainsi un renseignement incomplet sans qu'ils aient pu, en g?n?ral, se rendre compte des erreurs d'interpr?tation possibles, ont ?t? tr?s fr?quemment d??us par la vaine recherche de projectiles dont ils croyaient conna?tre la position par les vues radiographiques; leur confiance dans la valeur de l'examen radiologique a ?t? diminu?e d'autant, et il a ?t? quelquefois difficile de la r?tablir ? nouveau. <
Tout proc?d? de localisation pr?cis exige que la position du projectile puisse ?tre indiqu?e par une figure g?om?trique simple, ayant, autant que possible, des rapports avec des rep?res anatomiques li?s au corps, tels que les rep?res osseux. La localisation peut ?tre faite par la radioscopie seule ou par la radioscopie suivie de radiographie. Sauf dans des cas d'impossibilit?, la radioscopie doit toujours ?tre faite en premier lieu, parce qu'elle nous renseigne imm?diatement sur la position approximative du projectile et parce que, dans bien des cas, elle suffit seule pour obtenir une localisation rapide et pr?cise. Si l'on a ensuite recours ? la radiographie pour obtenir des r?sultats encore plus parfaits, celle-ci se fait dans de bonnes conditions et n'utilise que des plaques de dimensions r?duites.
L'observation radioscopique pr?alable comprend, tout d'abord, la recherche du projectile. Le bless? est le plus souvent couch? sur la table au-dessous de laquelle se trouve l'ampoule; l'?cran radioscopique est plac? au-dessus du corps du bless?. L'op?rateur explore la r?gion dans laquelle on soup?onne la pr?sence du projectile, en amenant l'ampoule au-dessous de cette r?gion et en actionnant le diaphragme, de mani?re ? restreindre le champ de vision autour du rayon normal, pour examiner tel ou tel d?tail. Le plus souvent, les projectiles s'aper?oivent facilement comme des taches sombres sur le fond ?clair? des chairs, mais dans certains cas, la recherche pr?sente quelques difficult?s, soit qu'il s'agisse de petits grains, soit que l'ombre du projectile se projette sur celle d'un os, soit encore que la r?gion ? examiner soit ?paisse et opaque, comme la r?gion lombaire. Plus l'examen para?t difficile, plus il est n?cessaire d'obtenir de l'oeil sa sensibilit? maximum, par un s?jour suffisant dans l'obscurit?.
Un op?rateur exerc? peut faire rapidement cette exploration pr?liminaire; elle lui apprend s'il y a pr?sence d'un ou plusieurs corps ?trangers et elle lui permet de marquer approximativement leur position, afin de proc?der ? leur localisation pr?cise. Celle-ci est obtenue par des proc?d?s qui utilisent soit le d?placement du bless?, soit le d?placement de l'ampoule, dans le but d'obtenir deux vues du projectile qui permettent d'en rapporter la position ? des rep?res marqu?s sur la peau. Voici la description de quelques-uns de ces proc?d?s.
La reproduction de la figure AA'BB' se fait facilement, en mesurant sur la peau au compas les distances des points A, A', B, B' et en utilisant ces distances pour la construction du quadrilat?re form? par les quatre points.
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