Read Ebook: Zadig ou la Destinée histoire orientale by Voltaire
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Ebook has 213 lines and 31772 words, and 5 pages
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Edition: 10
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Nous remercions la Biblioth?que Nationale de France qui a mis ? dispositions les images dans www://gallica.bnf.fr, et a donn? l'authorization ? les utilizer pour preparer ce texte.
OEUVRES
VOLTAIRE.
DE L' IMPRIMERIE DE A. FIRMIN DIDOT,
RUE JACOB, N? 24.
OEUVRES
VOLTAIRE
PR?FACES, AVERTISSEMENTS, NOTES, ETC.
PAR M. BEUCHOT.
A PARIS,
CHEZ LEF?VRE, LIBRAIRE,
RUE DE L'?PERON, K? 6. WERDET ET LEQUIEN FILS,
RUE DU BATTOIR, N? 2O.
ZADIG.
LA DESTIN?E,
HISTOIRE ORIENTALE.
Pr?face de l'?diteur
J'ai abr?g? le r?cit de Longchamp, sans le rendre plus vrai. Je ne connais aucune ?dition de Zadig qui le confirme, aucune dont une feuille se termine avec la fin d'un chapitre.
Les notes sans signature, et qui sont indiqu?es par des lettres, sont de Voltaire.
Les notes sign?es d'un K sont des ?diteurs de Kehl, MM. Condorcet et Decroix. Il est impossible de faire rigoureusement la part de chacun.
Les additions que j'ai faites aux notes de Voltaire ou aux notes des ?diteurs de Kehl, en sont s?par?es par un--, et sont, comme mes notes, sign?es de l'initiale de mon nom.
BEUCHOT. 4 octobre 1829.
ZADIG.
LA DESTIN?E,
HISTOIRE ORIENTALE.
APPROBATION.
Je soussign?, qui me suis fait passer pour savant, et m?me pour homme d'esprit, ai lu ce manuscrit, que j'ai trouv?, malgr? moi, curieux, amusant, moral, philosophique, digne de plaire ? ceux m?mes qui ha?ssent les romans. Ainsi je l'ai d?cri?, et j'ai assur? monsieur le cadi-lesquier que c'est un ouvrage d?testable.
Cette plaisanterie ?tait dans l'?dition de Zadig de 1748. Elle existait encore dans l'?dition in-4? . Mais ayant ?t? omise dans l'?dition encadr?e de 1795, elle ne fut pas reproduite dans les ?ditions de Kehl. La premi?re des ?ditions modernes o? on la trouve est celle de M. Lequien, 1823. B.
?PITRE D?DICATOIRE
DE ZADIG
A LA SULTANE SHERAA,
Le 10 du mois de schewal, l'an 837 de l'h?gire.
Charme des prunelles, tourment des coeurs, lumi?re de l'esprit, je ne baise point la poussi?re de vos pieds, parceque vous ne marchez gu?re, ou que vous marchez sur des tapis d'Iran ou sur des roses. Je vous offre la traduction d'un livre d'un ancien sage qui, ayant le bonheur de n'avoir rien ? faire, eut celui de s'amuser ? ?crire l'histoire de Zadig, ouvrage qui dit plus qu'il ne semble dire. Je vous prie de le lire et d'en juger; car, quoique vous soyez dans le printemps de votre vie, quoique tous les plaisirs vous cherchent, quoique vous soyez belle, et que vos talents ajoutent ? votre beaut?; quoiqu'on vous loue du soir au matin, et que par toutes ces raisons vous soyez en droit de n'avoir pas le sens commun, cependant vous avez l'esprit tr?s sage et le go?t tr?s fin, et je vous ai entendue raisonner mieux que de vieux derviches ? longue barbe et ? bonnet pointu. Vous ?tes discr?te et vous n'?tes point d?fiante; vous ?tes douce sans ?tre faible; vous ?tes bienfesante avec discernement; vous aimez vos amis, et vous ne vous faites point d'ennemis. Votre esprit n'emprunte jamais ses agr?ments des traits de la m?disance; vous ne dites de mal ni n'en faites, malgr? la prodigieuse facilit? que vous y auriez. Enfin votre ?me m'a toujours paru pure comme votre beaut?. Vous avez m?me un petit fonds de philosophie qui m'a fait croire que vous prendriez plus de go?t qu'une autre ? cet ouvrage d'un sage.
Je prie les vertus c?lestes que vos plaisirs soient sans m?lange, votre beaut? durable, et votre bonheur sans fin.
ZAD1G,
LA DESTIN?E.
CHAPITRE 1.
Le borgne
Zadig, avec de grandes richesses, et par cons?quent avec des amis, ayant de la sant?, une figure aimable, un esprit juste et mod?r?, un coeur sinc?re et noble, crut qu'il pouvait ?tre heureux. Il devait se marier ? S?mire, que sa beaut?, sa naissance et sa fortune rendaient le premier parti de Babylone. Il avait pour elle un attachement solide et vertueux, et S?mire l'aimait avec passion. Ils touchaient au moment fortun? qui allait les unir, lorsque, se promenant ensemble vers une porte de Babylone, sous les palmiers qui ornaient le rivage de l'Euphrate, ils virent venir ? eux des hommes arm?s de sabres et de fl?ches. C'?taient les satellites du jeune Orcan, neveu d'un ministre, ? qui les courtisans de son oncle avaient fait accroire que tout lui ?tait permis. Il n'avait aucune des gr?ces ni des vertus de Zadig; mais, croyant valoir beaucoup mieux, il ?tait d?sesp?r? de n'?tre pas pr?f?r?. Cette jalousie, qui ne venait que de sa vanit?, lui fit penser qu'il aimait ?perdument S?mire. Il voulait l'enlever. Les ravisseurs la saisirent, et dans les emportements de leur violence ils la bless?rent, et firent couler le sang d'une personne dont la vue aurait attendri les tigres du mont Ima?s. Elle per?ait le ciel de ses plaintes. Elle s'?criait, Mon cher ?poux! on m'arrache ? ce que j'adore. Elle n'?tait point occup?e de son danger; elle ne pensait qu'? son cher Zadig. Celui-ci, dans le m?me temps, la d?fendait avec toute la force que donnent la valeur et l'amour. Aid? seulement de deux esclaves, il mit les ravisseurs en fuite, et ramena chez elle S?mire ?vanouie et sanglante, qui en ouvrant les yeux vit son lib?rateur. Elle lui dit: O Zadig! je vous aimais comme mon ?poux, je vous aime comme celui ? qui je dois l'honneur et la vie. Jamais il n'y eut un coeur plus p?n?tr? que celui de S?mire; jamais bouche plus ravissante n'exprima des sentiments plus touchants par ces paroles de feu qu'inspirent le sentiment du plus grand des bienfaits et le transport le plus tendre de l'amour le plus l?gitime. Sa blessure ?tait l?g?re; elle gu?rit bient?t. Zadig ?tait bless? plus dangereusement; un coup de fl?che re?u pr?s de l'oeil lui avait fait une plaie profonde. S?mire ne demandait aux dieux que la gu?rison de son amant. Ses yeux ?taient nuit et jour baign?s de larmes: elle attendait le moment o? ceux de Zadig pourraient jouir de ses regards; mais un abc?s survenu ? l'oeil bless? fit tout craindre. On envoya jusqu'? Memphis chercher le grand m?decin Herm?s, qui vint avec un nombreux cort?ge. Il visita le malade, et d?clara qu'il perdrait l'oeil; il pr?dit m?me le jour et l'heure o? ce funeste accident devait arriver. Si c'e?t ?t? l'oeil droit, dit-il, je l'aurais gu?ri; mais les plaies de l'oeil gauche sont incurables. Tout Babylone, en plaignant la destin?e de Zadig, admira la profondeur de la science d'Herm?s. Deux jours apr?s l'abc?s per?a de lui-m?me; Zadig fut gu?ri parfaitement. Herm?s ?crivit un livre o? il lui prouva qu'il n'avait pas d? gu?rir. Zadig ne le lut point; mais, d?s qu'il put sortir, il se pr?para ? rendre visite ? celle qui fesait l'esp?rance du bonheur de sa vie, et pour qui seule il voulait avoir des yeux. S?mire ?tait ? la campagne depuis trois jours. Il apprit en chemin que cette belle dame, ayant d?clar? hautement qu'elle avait une aversion insurmontable pour les borgnes, venait de se marier ? Orcan la nuit m?me. A cette nouvelle il tomba sans connaissance; sa douleur le mit au bord du tombeau; il fut long-temps malade, mais enfin la raison l'emporta sur son affliction; et l'atrocit? de ce qu'il ?prouvait servit m?me ? le consoler.
Puisque j'ai essuy?, dit-il, un si cruel caprice d'une fille ?lev?e ? la cour, il faut que j'?pouse une citoyenne. Il choisit Azora, la plus sage et la mieux n?e de la ville; il l'?pousa, et v?cut un mois avec elle dans les douceurs de l'union la plus tendre. Seulement il remarquait en elle un peu de l?g?ret?, et beaucoup de penchant ? trouver toujours que les jeunes gens les mieux faits ?taient ceux qui avaient le plus d'esprit et de vertu.
Le nez.
Un jour Azora revint d'une promenade, tout en col?re, et fesant de grandes exclamations. Qu'avez-vous, lui dit-il, ma ch?re ?pouse? qui vous peut mettre ainsi hors de vous-m?me? H?las! dit-elle, vous seriez indign? comme moi, si vous aviez vu le spectacle dont je viens d'?tre t?moin. J'ai ?t? consoler la jeune veuve Cosrou, qui vient d'?lever, depuis deux jours, un tombeau ? son jeune ?poux aupr?s du ruisseau qui borde cette prairie. Elle a promis aux dieux, dans sa douleur, de demeurer aupr?s de ce tombeau tant que l'eau de ce ruisseau coulerait aupr?s. Eh bien! dit Zadig, voil? une femme estimable qui aimait v?ritablement son mari! Ah! reprit Azora, si vous saviez ? quoi elle s'occupait quand je lui ai rendu visite! A quoi donc, belle Azora? Elle fesait d?tourner le ruisseau. Azora se r?pandit en des invectives si longues, ?clata en reproches si violents contre la jeune veuve, que ce faste de vertu ne plut pas ? Zadig.
Il avait un ami, nomm? Cador, qui ?tait un de ces jeunes gens ? qui sa femme trouvait plus de probit? et de m?rite qu'aux autres: il le mit dans sa confidence, et s'assura, autant qu'il le pouvait, de sa fid?lit? par un pr?sent consid?rable. Azora ayant pass? deux jours chez une de ses amies ? la campagne, revint le troisi?me jour ? la maison. Des domestiques en pleurs lui annonc?rent que son mari ?tait mort subitement, la nuit m?me, qu'on n'avait pas os? lui porter cette funeste nouvelle, et qu'on venait d'ensevelir Zadig dans le tombeau de ses p?res, au bout du jardin. Elle pleura, s'arracha les cheveux, et jura de mourir. Le soir, Cador lui demanda la permission de lui parler, et ils pleur?rent tous deux. Le lendemain ils pleur?rent moins, et d?n?rent ensemble. Cador lui confia que son ami lui avait laiss? la plus grande partie de son bien, et lui fit entendre qu'il mettrait son bonheur ? partager sa fortune avec elle. La dame pleura, se f?cha, s'adoucit; le souper fut plus long que le d?ner; on se parla avec plus de confiance. Azora fit l'?loge du d?funt; mais elle avoua qu'il avait des d?fauts dont Cador ?tait exempt.
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