Read Ebook: Les protestants à Nîmes au temps de l'Édit de Nantes by Boulenger Jacques
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Tout d'abord, qu'avaient-ils ? faire? Je ne m'?tendrai pas longtemps sur ce point, car les obligations du minist?re sont r?gl?es par la Discipline et, ?tant officielles, elles se trouvent les m?mes dans le colloque de N?mes qu'ailleurs. En outre, M. P. de Felice les a ?tudi?es.
Les ministres avaient comme fonction principale la pr?dication. Ils devaient exposer un livre entier de la Bible, et non, comme aujourd'hui, en d?velopper un passage.
Encore fallait-il qu'ils fussent fort circonspects et qu'ils se gardassent d'all?guer des passages d'Orig?ne <
A N?mes il y avait un service religieux complet tous les jours, c'est-?-dire pr?che et pri?res publiques. Le dimanche, en 1600, on pr?chait ? 5 heures et ? 8 heures du matin; puis les <
Outre ces pr?dications, les ministres devaient faire le cat?chisme aux enfants et aux grandes personnes, et ne pas n?gliger les visites aux pauvres. En 1601, on les voit se partager la ville de N?mes <
Telles sont en quelques mots les obligations des ministres de N?mes. Si l'on songe qu'ils pouvaient avoir, en dehors de leurs pr?ches, leurs cat?chismes, leurs visites, ? r?pondre aux pamphlets et aux d?fis des controversistes catholiques, on trouvera comme nous qu'ils gagnaient bien la pension que l'?glise leur allouait.
Leurs occupations ne leur permettaient pas d'exercer des fonctions profanes. La Discipline leur interdit m?me la m?decine et la jurisprudence. Leur entretien ?tait donc ? la charge de leur <
Ils ne pouvaient donc compter que sur ce que leur ?glise leur promettait. Or, aucune r?gle n'existait pour forcer celle-ci ? leur donner une somme d'argent fix?e.
Les traitements ?taient, en effet, proportionn?s non ? la place, mais ? la personne, et l'on payait le pasteur suivant son importance et sa c?l?brit?. En cons?quence, on faisait march? avec lui avant de le prendre: en 1600, par exemple, l'?glise de N?mes offre ? Gigord 400 ?cus pour les deux charges de pasteur et de lecteur en th?ologie ? son acad?mie. Les synodes reconnaissaient la valeur de ces sortes de trait?s, mais ils ne les encourageaient pas et souhaitaient qu'ils se r?duisissent ? de simples promesses enregistr?es dans le livre du consistoire.
Ces contrats pouvaient pr?senter des clauses assez variables. Ainsi, le ministre Ricaud ne re?oit par an que 324 ou 347 l. environ de Saint-Jean de Gardonnenc, mais J?r?mie Ferrier en touche 690 ? Alais.--L'?glise d'Anduze donne 500 l. ? chacun de ses deux ministres, Alphonse et Baille, qui ne se trouvent pas assez pay?s; le colloque et le synode sont de leur avis et condamnent Anduze ? donner 600 l. ? Baille, qui en a besoin < cause de la grandeur de sa famille>>.--Gasques touche 600 l. du Vigan, plus 50 l. d'Av?ze.--Plus tard, en 1610, cette m?me ville du Vigan n'offrira ? Daniel Venturin que 450 l. par an, payables par quartiers, plus 60 l. des habitants de Moli?res et 30 de ceux d'Av?ze; elle lui abandonnera en plus sa part des deniers du roi, et, s'il ne croit pas Moli?res et Av?ze solvables, elle prendra les 90 l. ? sa charge en se faisant annexer ces deux ?glises, quitte ? exiger d'elles son remboursement. En revanche, Venturin fera les voyages aux synodes et colloques ? ses frais, et il devra donner quatre c?nes par an ? ceux de Moli?res. Ces conditions lui parurent suffisantes, car il les accepta.--M. Fillon fait quittance, les 20 et 21 f?vrier 1597, aux habitants d'Aimargues de 700 l. qu'ils lui ont avanc?es sur ses gages de 1596 et 1597. Or, en f?vrier ils ne lui ont sans doute pay? que le premier quartier de ses gages de l'ann?e, il est donc probable qu'il a au moins 525 l. par an.--Brunier, d'Uz?s, touche 200 ?cus, soit 600 l. chaque ann?e.--Falguerolles re?oit ? N?mes 600 l. de traitement, et cette ?glise fait offrir 1200 l. ? Gigord, qu'elle lui payera < quartiers avanc?s>>, et dont il aura 600 comme ministre et 600 comme lecteur en th?ologie.
Il ne faudrait pourtant pas croire que les ministres qui enseignaient la th?ologie dans l'acad?mie de N?mes fussent bien pay?s. Ainsi, Moynier et Falguerolles recevaient, en 1600, 150 l. chacun ? titre de gratification, pour avoir, <
Quelquefois, on payait une partie des gages en nature. Voici, par exemple, une pi?ce que sire Cappon, en bon <
On ne pouvait naturellement, sauf conventions sp?ciales dont je n'ai pas relev? d'exemple, forcer les pasteurs ? accepter leurs gages en nature. Ils touchaient de 5 ? 600 l. par an, en moyenne, ce qui correspond approximativement ? un traitement de 3.000 ? 3.600 fr. d'aujourd'hui. En outre, leurs ?glises leur accordaient certains avantages. Par exemple, ? N?mes, ils sont log?s, ou du moins ils touchent pour ce de l'argent: en 1578, Claude de Falguerolles n'a que 30 l.; cette somme est loin de suffire ? son fils Jean, qui d?clare en juin 1597 <
Les frais de voyage aux colloques et aux synodes leur sont rembours?s, ? moins de conventions sp?ciales que les synodes d?sapprouvent. De m?me, quand on les envoie en mission, on paye leur d?placement, leurs d?penses, et s'ils vont assister une ?glise qui manque momentan?ment de pasteur, ils sont nourris, log?s, d?fray?s de tout. Tr?s souvent, on stipule dans les conditions d'engagement que l'?glise payera non seulement le voyage de son nouveau ministre et de sa famille, mais encore le d?m?nagement de ses meubles et de ses livres. Ainsi, le <
On reconna?t encore aux ministres certains droits plus ou moins consid?rables. Voici, par exemple, M. Moynier qui requiert son consistoire de lui d?livrer le <
Ainsi les gages des pasteurs n'?taient pas consid?rables. Pourtant ils leur auraient permis de vivre en conservant cette <
D'ailleurs les synodes recommandent sans cesse aux ?glises d'assister les ministres malades ou tr?s ?g?s, leurs veuves et leurs orphelins. Il ?tait d'usage de payer aux veuves et aux hoirs la valeur d'une ann?e de gages ou ? peu pr?s: c'est ce qu'on appelait l'<
On voit que la profession de pasteur n'?tait point lucrative: elle comportait beaucoup de travail et peu d'argent. Je montrerai que les consistoires avaient grand mal ? obtenir de leurs administr?s qu'ils d?liassent les cordons de leurs bourses et que les ministres se trouvaient le plus souvent priv?s de la pension qu'ils auraient d? toucher. Ceci nous explique pourquoi l'on prenait soin de n'en cr?er qu'un nombre restreint et de s'assurer auparavant, <
Ce petit nombre des pasteurs ?tait la cause de bien des d?bats entre les ?glises de la province. Il pouvait arriver, en effet, que l'une d'elles se trouv?t d?pourvue de ses ministres pour cause de maladie, de mort, d'envoi en mission etc. Dans ce cas, quand l'absence du pasteur ?tait momentan?e, l'?glise priait ses voisines de l'<
Si l'absence de son ministre se prolongeait, l'?glise s'adressait au colloque ou au synode, qui lui pr?tait pour un temps d?termin? un des ministres <
Mais les difficult?s commen?aient quand l'absence du pasteur devenait d?finitive et qu'il fallait au consistoire en trouver un nouveau. C'?tait une t?che difficile. On s'adressait au synode qui n'avait pas toujours sous la main un ministre <
D'ailleurs, encore fallait-il que le pasteur pl?t ? son troupeau. Les fid?les, par amour-propre, souhaitaient que ce f?t un homme notoire qui leur f?t le pr?che et le cat?chisme. Aussi le consistoire n?gociait-il de pr?f?rence avec les ministres d'un talent connu. On le voit ?crire m?me ? l'?tranger ? ceux qu'il d?sire acqu?rir. En tout cas, il est d?fendu <
Ces n?gociations avec des ?trangers ?taient lentes: on y recourait cependant. Mais l'?glise pr?f?rait s'adresser ? des pasteurs de sa province. Aussi les plus c?l?bres se voyaient-ils disput?s avec acharnement. Souvent les contestations tournaient ? l'aigre; des rivalit?s se cr?aient d'une ville ? l'autre et se prolongeaient de colloque en synode jusqu'? durer pendant des ann?es.
Aucune, je pense, ne fut plus longue et plus ardente que celle qui divisa les deux villes de N?mes et d'Alais. La premi?re pr?tendait conserver le pasteur J?r?mie Ferrier, qui lui avait ?t? pr?t? pour quelques jours, en remplacement d'un de ses ministres. Ce Ferrier ?tait, ? ce qu'il semble, d'une grande ?loquence, et les N?mois s'?taient v?ritablement enthousiasm?s de lui. Pour le garder, ils all?guaient surtout que leur ?glise ?tait <
Afin de s'?viter de tels ennuis, le consistoire de N?mes prenait soin, parfois, de retenir de longue main ses futurs ministres: il pensionnait pendant ses ?tudes un ?colier en th?ologie, aspirant au minist?re, un <
Les moeurs de ces ?tudiants en th?ologie ?taient soumises ? une surveillance s?v?re. Ils travaillaient soit ? l'acad?mie de N?mes, soit ? l'?tranger, ? Gen?ve ou Heidelberg par exemple, ou encore pr?s d'un pasteur du colloque, ce qui ?tait moins dispendieux. Ils avaient une position quasi officielle dans la hi?rarchie r?form?e et jouissaient d'une certaine consid?ration. Ainsi, en 1596, le consistoire de N?mes d?clare qu'il <
C'est ce que fit Jean Terond, par exemple. Au mois de d?cembre 1592, en consistoire extraordinaire, le pasteur Jean de Falguerolles repr?senta qu'il ?tait opportun de <
Le contrat sign?, Jean Terond ne s'empressa pas de partir. C'est qu'il ne pouvait obtenir sa pension: en janvier 1595, il n'avait pu toucher que la moiti? de ce qui lui ?tait d?. Sans doute, il ne se souciait gu?re de s'en aller au loin mourir de faim. Cependant il dut se d?cider: le consistoire l'avait menac? de lui couper les vivres s'il ne partait pas. Il arriva ? Gen?ve avant le 8 mars, puis de l? il s'en fut ? Heidelberg o?, sans doute, il se plut, puisqu'au bout de quatre ans il fallut lui ?crire de revenir pour se faire consacrer. A peine de retour, il fut distribu?, <
Tous les ?coliers proposants n'?taient pas enti?rement entretenus par une ?glise et en vertu d'un contrat comme Jean Terond. Voici, par exemple, Mardoch?e, fils du pasteur Barnab? Suffren, ? qui son p?re n'avait pas d? laisser un h?ritage bien consid?rable puisque le consistoire devait lui donner 25 l. pour qu'il p?t se faire faire des habits. Il eut la chance d'?tre distingu? par M^ d'Aubais qui s'engagea ? lui servir une pension de 30 ?cus par an. Cela, joint ? quelque argent qu'il eut encore de l'?glise, lui permit de partir pour Gen?ve. Le consistoire, qui avait pris soin de faire constater au colloque les droits qu'il s'acqu?rait sur Mardoch?e en l'entretenant, ne l'abandonna pas tout-?-fait une fois qu'il fut arriv? l?-bas. Mardoch?e mourait seulement ? peu pr?s de faim. Cependant, comme il ?crivait lettres sur lettres, on lui envoyait de temps en temps quelque argent: par exemple, <<33 l. et 10 escus en or>>, en une fois, par un marchand g?nevois du nom d'Arnaud Jolly. D'ailleurs, en juillet, Mardoch?e dut revenir sur l'ordre de l'?glise. Ce ne fut pas sans chagrin. Les le?ons que lui donnait un certain M. Tufan par ordre du colloque lui laissaient regretter celles qu'il avait pu avoir ? Gen?ve; si bien qu'ayant r?uni toutes ses ressources, il repartit pour la Suisse, malgr? le consistoire, afin d'y ?tudier ? ses frais. Quelques mois plus tard, il implorait 10 ?cus du colloque <
Nous avons vu par le cas de Jean Terond qu'il ne suffisait pas toujours ? une ?glise d'avoir entretenu un proposant, gr?ce ? des sacrifices p?cuniaires relativement assez consid?rables, pour ?tre assur?e de l'avoir plus tard comme pasteur. Le synode allait en effet au plus press? et fournissait d'abord de ministres les ?glises tout ? fait d?pourvues. Ainsi, en 1600, malgr? les N?mois qui r?clamaient Terond, celui-ci fut encore pr?t? pour un an ? l'?glise de Saint-Martin de Boubaux. N?anmoins, sans approuver les contrats d'engagement dans le genre de celui que Terond avait sign?, les synodes admettaient g?n?ralement qu'une ?glise s'acqu?rait des droits sur un pasteur lorsqu'elle l'avait autrefois <
Si je me suis arr?t? ? ?tudier en d?tail les salaires qui pouvaient ?tre allou?s ? un pasteur et ? un proposant dans le colloque de N?mes, c'est qu'ils nous fournissent un indice s?r de la popularit? des ministres et par cons?quent de leur influence.
Or, en ce qui concerne les proposants, le consistoire avait la plus grande peine ? les entretenir et n'arrivait pas ? leur donner ce qu'il leur avait promis. Il en ?tait de m?me pour les pasteurs. Les gages qui leur ?taient dus ne leur ?taient pas vers?s. Nous verrons que le consistoire ne pouvait obtenir des fid?les les sommes auxquelles il les taxait pour l'entretien du minist?re. Un N?mois d?clara qu'<
Pourtant, il ne faudrait pas croire que l'?l?ment pastoral ?tait en g?n?ral d?daign? et n'avait pas d'influence. Seulement cette influence n'avait pas de caract?re sp?cial. Le ministre n'a que l'autorit? d'un membre du consistoire, peut-?tre plus respect? que les autres. La puret? de sa vie et son savoir lui valent une grande influence sur les fid?les, mais c'est la m?me que pourrait avoir un ancien plac? dans les m?mes conditions.
Ce n'est plus l'influence du pr?tre. Le principe du libre examen, en effet, donne ? chacun le droit de se former son opinion sur le pasteur, de le r?cuser m?me. On peut venir en consistoire le reprendre sur sa doctrine. Certains se livrent ? des <
Il r?sulte de cela que les ministres ne peuvent avoir sur les fid?les une influence d'un caract?re sp?cial. La leur ne se distingue pas de celle du consistoire. Ils ont plus d'autorit? qu'un ancien, mais une autorit? du m?me genre. Et c'est pourquoi leur action sur le peuple ne peut ?tre ?tudi?e s?par?ment de celle du consistoire avec laquelle elle se confond.
COMPOSITION ET FONCTIONNEMENT DU CONSISTOIRE
Composition: Fonctions du <
Fonctionnement: S?ances ordinaires. Leurs dates. Leur pr?sidence. <
On peut conclure de tout cela que la distinction primitive entre les deux charges de diacre et d'ancien est, ? cette ?poque, compl?tement abolie dans l'?glise de N?mes.
Le nombre des membres d'un consistoire change suivant les lieux et m?me suivant les ?poques. Ainsi, ? N?mes, en 1596, il y a quatorze anciens, mais les ann?es suivantes, on en trouve quinze; ? Codognan, il n'y a que six anciens, de m?me ? Junas; ? La Salle, leur nombre oscille entre onze et quatorze, suivant les ann?es. La proportion des diacres et des anciens est variable ?galement dans le consistoire. A Codognan, ils ne sont pas distingu?s et les membres sont tous compris sous la d?nomination d'<
Les ?lections se font ? divers moments de l'ann?e. A Codognan, les membres nouveaux entrent en charge en juillet, en ao?t, en octobre, en novembre ou en d?cembre indiff?remment, et ceci dans un intervalle de treize ans. A Montdardier, comme ? N?mes, c'est ? la fin et au commencement de l'ann?e que se fait l'?lection. Le 5 janvier 1601, le consistoire de N?mes d?cide qu'il est temps de changer les anciens <
A N?mes, la dur?e du mandat ?tait de douze mois. C'?tait les membres sortants qui choisissaient les nouveaux ? la majorit? des voix. A l'origine, le peuple avait ?lu les anciens par acclamations. Puis, suivant une marche naturelle aux institutions, l'?lection ?tait tomb?e aux mains d'une oligarchie: le consistoire lui-m?me. Le tr?s vague article du synode de N?mes , recommandant aux consistoires d'user <
QUALIT? DES MEMBRES DU CONSISTOIRE DE N?MES DE 1596 A 1602.
janvier au 27 mai 1601, sire Dalbiac, ? N?mes, a re?u des billets pour 52 l. 19 sols, ce qui donne environ une moyenne de 125 l. d'aum?nes par an. Cela ne me para?t pas tr?s consid?rable, si l'on songe que chaque pasteur re?oit 600 l. de traitement annuel.
Les nouveaux convertis sont entretenus pendant un certain temps, quand ils sont incapables de gagner leur vie, comme il arrive aux d?froqu?s. On paye leur apprentissage: Pierre, fustier, r?clame au consistoire la d?pense <
Car il remettait souvent les secours en nature. Je vois, en effet, qu'il fait d?livrer pour 20 l. de <
Certains pauvres ?taient en quelque sorte abonn?s et touchaient une certaine somme chaque semaine, tandis que d'autres ?taient secourus une fois pour toutes. Parmi les premiers se trouvaient les malades, dont le consistoire prenait grand soin. Une pauvre femme, Claude Deleuse, ?tant tomb?e <
NOMS SOMMES
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Voil? comment on employait les deniers des pauvres. Ce n'?tait pas une grosse somme, et l'on en retenait encore un cinqui?me pour l'entretien des proposants. Mais tout au moins les aum?nes ?taient distribu?es ?quitablement.
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