Read Ebook: Chronique de 1831 à 1862 Tome 3 (de 4) by Dino Doroth E Duchesse De Radziwill Marie Dorothea Elisabeth De Castellane F Rstin Editor
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Ebook has 982 lines and 157775 words, and 20 pages
La nouvelle d'hier ?tait la faible majorit? du Minist?re anglais sur le bill de lord Morpeth. Le chiffre de cinq est bien faible. Indiquerait-il la chute prochaine du Cabinet?
Le bill de l'inscription des ?lecteurs en Irlande avait ?t? propos? par lord Morpeth ? la Chambre des Communes, o? il trouvait une tr?s consid?rable opposition.
On ne peut pas dire encore quel sera le sort des fortifications de Paris ? la Chambre des Pairs. Le duc de Broglie se montre des plus violents en faveur de cette loi.
Les journaux apprennent le mariage du vieux Roi des Pays-Bas avec la comtesse d'Oultremont. La tante du Roi de Prusse, la vieille ?lectrice de Hesse, vient de mourir. La pauvre femme a eu une triste existence sem?e de bien d'?preuves et de traverses! Son vilain mari ?pouse cette dame avec laquelle je l'ai souvent rencontr? ? Bade.
Le Duc mande encore que le Roi regarde la question des fortifications comme une question de paix et dit qu'il faut rendre les guerres plus difficiles pour les rendre plus rares; qu'il est bon que l'Allemagne se fortifie chez elle, et que nous nous fortifiions chez nous, parce qu'il faut arr?ter notre fougue et ?lever mutuellement des obstacles qui emp?chent de s'attaquer. Le duc d'Orl?ans, au contraire, prend la chose du c?t? r?volutionnaire. Il dit que l'Europe ne s'arrangera jamais de sa dynastie, ni du principe de gouvernement qui a triomph? en 1830; qu'un jour ou l'autre, elle l'attaquera, et qu'il faut, d?s aujourd'hui, pr?parer sa d?fense. Quant au duc de Noailles, il me para?t, lui, pr?parer un discours, auquel il met beaucoup de pr?tention.
M. de Salvandy, dans une lettre o? il me dit qu'allant ce mois-ci, pour des affaires de famille, ? Toulouse, il me demandera l'hospitalit? en passant, ajoute: <
Les journaux annoncent la mort de M. de Bellune, qui a re?u tous les sacrements de la main de mon cousin, l'abb? de Br?z?, en pr?sence de M. de Chateaubriand, du marquis de Br?z? et de M. Hyde de Neuville. On ne saurait finir en plus pur carlisme. M. Alexandre de La Rochefoucauld est mort aussi, mais moins l?gitimement.
M. Royer-Collard reste triste, accabl?, souffrant, et indign? que M. Ancelot ait eu la succession acad?mique de M. de Bonald au lieu de M. de Tocqueville.
Extrait d'une lettre.
< Le sous-pr?fet de Chinon ?tait alors M. Viel. < < < Voir ? la page 28 l'annonce du mariage de lord Beauvale avec Mlle Maltzan. < < Voici cette lettre de lady Palmerston ? la Princesse: < < Viens, Aurore, Je t'implore, Je suis gai quand je te vois; La Berg?re Qui m'est ch?re, Est vermeille comme toi. Elle est blonde, Sans seconde, Elle a la taille ? la main; Sa prunelle ?tincelle, Comme l'astre du matin, De ros?e Arros?e. La rose a moins de fra?cheur; Une hermine Est moins fine; Le lys a moins de blancheur! La duchesse de Montmorency me mande que je retrouverai Paris occup? de magn?tisme. Chacun a sa somnambule. On a de petites matin?es ou soir?es, pour voir les effets du somnambulisme. C'est Mme Jules de Contades, soeur de mon voisin, M. du Ponceau, qui a mis cela en vogue. Son fr?re, qui est depuis trois mois ? Paris, y a fait venir une Angevine, qui est un sujet principal de magn?tisme. Elle ?tait chez lui ? Benais l'automne dernier et le Dr Orye m'en a racont? des merveilles. Il ?tait tr?s incr?dule, mais ce qu'il a vu de cette personne l'a fort ?branl?. Benais, ch?teau pr?s de Rochecotte, appartenait alors ? M. et Mme de Messine, parents de Mme du Ponceau. Extrait de lettre. Je pars dans une heure. J'ai le coeur fort gros de m'en aller. Quand et comment reviendrai-je? L'impr?vu a une trop large part dans la vie de chacun. M. Decazes est d?j? assez mal pour qu'on pense ? son successeur; les uns parlent de M. Monnier, les autres nomment des noms que je n'ai pas retenus. Hier, apr?s mon d?jeuner, j'ai ?t? chez Madame Ad?la?de, qui, ayant appris indirectement que j'?tais ? Paris, m'a fait demander. J'avais compt? ne me manifester au Ch?teau qu'apr?s P?ques. Je l'ai trouv?e souffrante et singuli?rement chang?e, maigrie, vo?t?e, fatigu?e, vieillie. Elle a ?t? parfaitement bonne pour moi, mais vraiment ennuyeuse par son interminable morceau sur les fortifications. Je crois que c'?tait pour me l'adresser qu'elle m'avait fait venir, comme si j'avais, ou qu'il f?t important que j'eusse une opinion ? ce sujet. Ce qui m'a amus?e davantage, c'est le portrait de la Reine Christine d'Espagne, qu'elle m'a montr? et qui est tr?s agr?able. Cette Reine n'a point ?t? jusqu'? Naples parce que son fr?re n'a pas voulu l'y recevoir. Elle doit ?tre maintenant ? Lyon, et on suppose qu'elle reviendra ici, o? la Cour me para?t lui ?tre tr?s favorable. On s'y montre moins bien dispos? pour la grosse Infante; on lui en veut d'avoir, tout derni?rement, mis ses trois filles a?n?es au couvent: cela ne s'explique pas. Depuis qu'elle ?tait ici, elle avait men? ses trois Princesses au bal et partout, et puis, maintenant, cette r?clusion! M. Mol? est venu me voir ? la fin de la matin?e, il est tr?s sombre sur la politique. Le fait est que, tr?s ?videmment, personne n'a gagn? en force, ni en consid?ration. Il para?t que la Cour s'est tellement commise pour ces malheureuses fortifications, dont personne ne veut, pas m?me ceux qui ont vot? pour, que l'effet a ?t? jusqu'au ridicule. On a bless?, ? cette occasion, bien du monde, et tous ceux qui ne promettaient pas leur vote ont ?t? moqu?s et injuri?s ? bout portant. On dit que le Prince Royal ne s'y est pas ?pargn?. J'en suis bien pein?e, car je le serai toujours de tout ce qui peut lui nuire. Il est, en ce moment, ? Saint-Omer. Le docteur Andral ?tait le gendre de M. Royer-Collard. J'ai eu mes enfants ? d?ner. Apr?s leur d?part, je me suis couch?e. Il ne tiendrait qu'? moi d'aller dans le monde ou d'en recevoir chez moi; mais j'en ai le plus invincible d?go?t, et l'heure pendant laquelle je laisse ma porte ouverte me semble la plus longue de la journ?e. M. de Talleyrand, notre cher M. de Talleyrand, qui avait tant de perspicacit? et qui disait, sur chacun, bien plus vrai encore que je ne croyais, disait sur moi, avec grande raison, que, mes enfants mari?s, je ne resterais pas dans le monde. En effet, je ne puis plus du tout m'y supporter: mon cur?, mes soeurs blanches, mon jardinier, mes pauvres et mes ouvriers, voil? mon monde. Ce qu'on appelle les amis, dans le monde, p?lit aupr?s d'eux; Mme de Maintenon disait: < M. de Vill?le, qui n'?tait pas venu ? Paris depuis 1830, y est en ce moment. C'est un ?v?nement pour les l?gitimistes; ils d?sirent vivement qu'il se r?concilie avec M. de Chateaubriand, et cependant, ces deux messieurs ne se sont pas revus encore... Pourquoi? Parce qu'aucun des deux ne veut faire la premi?re visite, tout en d?clarant qu'ils seraient ravis de se revoir et d'oublier le pass?. Le comte Pahlen. Le Comte de Paris, n? le 24 ao?t 1838, avait ?t? ondoy? aux Tuileries, le jour de sa naissance. Il ne fut baptis? ? Notre-Dame que pr?s de trois ans plus tard, le 2 mai 1841, en grande pompe. La marquise de Castellane fut alors tr?s malade d'une violente esquinancie dont les suites la firent longtemps souffrir. Pauline est mieux, mais pas assez bien pour m'accompagner ? Berlin; j'ai le coeur gros de la quitter; ce long voyage ? faire seule me p?se lourdement. C'est du v?ritable isolement. Enfin je serai ravie quand je me retrouverai en Touraine; je sens que c'est l? que sont mes vraies racines; j'y ai des int?r?ts, des devoirs, un bon centre d'activit?. Partout ailleurs je vivote, mais je ne m'enracine pas. Ces lettres sont adress?es ? M. de La Gervaisais, un jeune gentilhomme breton, officier des carabiniers de Monsieur, que la princesse de Cond? avait connu, en 1786, ? Bourbon-l'Archambault, o? elle avait ?t? prendre les eaux, et pour lequel elle eut un sentiment aussi profond que pur. J'ai appris aussi que le Roi de Prusse avait ?tabli une loi qui rendait le divorce fort difficile dans ses ?tats. Il ?tait, il est vrai, scandaleusement facile ? obtenir; mais la Grande-Duchesse, qui esp?rait celui du Prince Fr?d?ric de Prusse, a bien du chagrin de ce contre-temps. Le fait est que ce pauvre Prince Fr?d?ric, dont la femme est folle, devrait avoir quelque moyen de rompre un si triste noeud. Le premier usage qu'il en ferait serait d'?pouser la Princesse Marie. La duchesse de Weimar m'a dit que sa soeur, la Reine douairi?re d'Angleterre, avait tout un c?t? des poumons d?truit, et l'autre tr?s d?licat. La vue de la duchesse de Weimar m'a rappel? Londres, Windsor, le beau temps enfin. Sa ressemblance avec sa soeur, et jusqu'? leur son de voix semblable tout m'a ?mue, en me reportant ? ces ann?es d?j? si loin de moi!... La Reine Ad?la?de. On disait, hier, chez le Roi, qu'une de ces malheureuses Infantes d'Espagne que leur m?re avait mises au couvent si cruellement, s'en ?tait ?chapp?e, avec un r?fugi? polonais, mais qu'elle avait ?t? reprise ? Bruxelles: c'est une jolie ?quip?e pour une Princesse! Aussi comment enfermer du sang espagnol de vingt ans? Le Roi a dit encore qu'Espartero avait ?t? proclam? seul R?gent et Dictateur en Espagne. Avant-hier, j'avais d?n? chez la Princesse de Prusse, et le soir j'avais ?t? ? un raout chez la comtesse Nostitz, soeur du comte Hatzfeldt. Ici, il n'y a qu'? marcher, ? se montrer de bonne humeur, de bonne gr?ce et reconnaissante de tout bon accueil; ce qui n'emp?che pas que quand je pourrai rentrer dans ma vie paresseuse, je serai ravie. Le Roi actuel a les plus grands projets d'embellissement pour sa capitale, et donne une impulsion remarquable aux arts. Ma vie est toujours assez semblable: hier, un d?ner chez la Princesse Guillaume, tante; une premi?re soir?e chez la Princesse de Prusse, et une fin de soir?e chez Mme de Perponcher, o? un artiste distingu?, Hensel, nous a montr? son album, plein de portraits curieux. Tout cela par une chaleur inusit?e. La Princesse Fr?d?ric, celle de D?sseldorf, qui a de temps en temps la t?te un peu d?rang?e, d?nait chez la Princesse Guillaume; elle a pu ?tre assez belle, et n'a rien de trop ?trange. Pauline m'?crit de Paris que, pour changer d'air et essayer ses forces, elle va aller ? Gen?ve, et, si elle y est en train, elle viendra par la Bavi?re me retrouver ? Vienne. Je retourne ce matin ? Potsdam o? j'ai ?t? engag?e ? passer la journ?e: je reviendrai demain. Ah! que mon petit manoir tourangeau me para?tra doux ? retrouver! A une soir?e chez la comtesse N?ale o? j'ai ?t? ensuite, lord William Russell racontait que son Minist?re avait eu une ?norme minorit? dans le Parlement mais, en m?me temps, il ne semble pas croire ? sa retraite. Il m'a dit que ce pauvre Mitford que j'ai rencontr? derni?rement si ? l'improviste, descendant de la diligence ? Fulda pour rejoindre sa femme ? Wiesbaden, l'a trouv?e partie, avec qui? avec Francis Molyneux. Elle n'est plus tr?s jeune, elle n'est pas tr?s belle, elle a des enfants!... Mon fils Valen?ay me mande que les courses, ? Chantilly, ont ?t? tr?s brillantes et ?l?gantes; il a demeur? au Ch?teau, et m'en raconte des merveilles. Il dit que l'Infante, reprise et ramen?e, demeure chez Mme Duch?tel, femme du Ministre de l'Int?rieur, ayant refus? positivement de rentrer sous la gouverne de sa m?re, dont elle craint les coups. Elle persiste ? dire qu'elle a ?pous? le Polonais, mais elle s'obstine ? cacher le nom du pr?tre qui les aurait mari?s. La comtesse d'Oultremont. J'ai ?t? hier matin, avec les Wolff et M. d'Olfers, le Directeur des Beaux-Arts, voir l'atelier de Wichmann, o? j'ai fait une commande, d'apr?s un charmant mod?le que j'y ai vu; c'est une nymphe qui puise de l'eau: cela sera ex?cut? dans un an. Le Prince de Prusse m'a fait une longue et int?ressante visite. Il m'a beaucoup parl? de l'?tat du pays et des difficult?s du gouvernement. Certes, il y en a, et plus d'une, mais aussi il y a encore ici des points d'appui solides. J'ai d?n? chez la Princesse Albert. Son p?re va mieux; elle part ces jours-ci avec lui pour la Sil?sie. Son mari m'a impatient?e; quant ? elle, c'est un petit cheval ?chapp?. Le tout n'?tait pas fort ? mon gr?. M. et Mme de Redern, qui y d?naient aussi, m'ont men?e dans leur loge ? la Com?die allemande, pour entendre Seidelmann dans le r?le du Juif. C'est l'acteur ? la mode; mes souvenirs d'Iffland me l'ont fait para?tre inf?rieur.
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