Read Ebook: Libro intitulado El cortesano. Libro de motes de damas y caballeros by Mil N Luis Fuensanta Del Valle Feliciano Ram Rez De Arellano Marqu S De La Editor Sancho Ray N Jos Le N Editor
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Ebook has 147 lines and 13399 words, and 3 pages
L'ILLUSTRATION,
Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque N?, 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75.
N? 6. Vol. 1.--SAMEDI 8 AVRIL 1843.
Bureaux, rue de Seine, 33.--R?imprim?.
Ab. pour les D?p.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr.--Un an, 32 fr. pour l'?tranger. -- 10 -- 20 -- 40
Ce qu'annon?ait la Com?te.
Que nous criait en parcourant notre ciel cette messag?re ?chevel?e?--Nous vous le demandions il y a huit jours: nous vous le demandons encore. Nos lecteurs y ont-ils pens??
Mais assur?ment si les astres daignent parler de notre race, ce n'est sans doute qu'? de rares intervalles, et ? certains moments solennels et d?cisifs de son histoire. Qui oserait aujourd'hui affirmer, comme on le pensait au Moyen-Age, qu'ils s'occupent jamais de chacun de nous en particulier, si ce n'est peut-?tre, dans son grenier, quelque pauvre astrologue fourvoy? au milieu de notre si?cle incr?dule? car il y a encore des astrologues comme il y a des alchimistes. <
Au si?cle dernier, oui, au dix-huiti?me si?cle, on croyait encore ?? et l?; ? Paris, en d?pit de Bayle et de Voltaire, que l'apparition des com?tes pr?sageait de grands malheurs publics. Un grand seigneur, tout fier d'avoir par sa naissance une ?toile ? lui seul, disait alors ? un roturier qui se moquait de ses terreurs pu?riles: <
Eh bien! aujourd'hui, Monseigneur, la chose nous regarde autant que vous. Mais n'est-il pas f?cheux pour nous que depuis 89 nous ayons perdu cette superbe croyance, juste au moment d'en recueillir les b?n?fices? Fr?res, est-ce que par hasard nous nous serions aper?us tout bas, en nous comptant et en comptant les ?toiles, qu'il n'y en a pas au firmament une pour chacun de nous?
C'est donc des nations ou du sort g?n?ral du monde que s'occupent apparemment les com?tes. Serait-ce de l'Allemagne que celle-ci nous aurait parl?, et de la discussion qui vient de s'?lever entre la Prusse et la Russie? Peut-?tre; mais, en tout cas, ce fait nous semble notable. Pourquoi? le voici.
Mais il sourirait ? notre amour-propre que le grand ?v?nement annonc? int?ress?t plus directement encore notre pays. Et pourquoi ne serait-ce point, par exemple, la r?surrection de nos colonies, dont, au souvenir de tant de malheurs anciens et sous l'impression de deux grands d?sastres r?cents, on est de toutes parts port? ? d?plorer l'enti?re destruction?
Sans nous dissimuler que la prudence semblerait nous commander en ce moment de nous fortifier en Europe, et de concentrer notre marine dans la M?diterran?e, nous devons signaler ? l'attention publique quelques efforts tent?s en ce moment ? Paris pour r?g?n?rer nos colonies.
Parmi les divers projets mis en avant pour atteindre ce grand but, le plus original et le plus complet a ?t? produit par un ?conomiste, M. Lechevalier. Agissant d'abord par voie d'exemple et d'essai sur la Guyane, ce hardi publiciste a propos? la fondation d'une grande compagnie qui, faisant l'acquisition de toutes les propri?t?s, hommes et choses, serait charg?e d'amener, par des transitions habilement m?nag?es et r?gl?es d'avance, l'?mancipation des esclaves, et exploiterait sur une grande ?chelle toutes les ressources de ces riches contr?es. La commission coloniale, pr?sid?e par M. le duc de Broglie, consult?e sur ce projet, a ?t? d'avis <
Mais sans entrer dans le monde chim?rique des hypoth?ses, les r?alit?s contemporaines n'offrent-elles pas de toutes parts ? la pens?e philosophique, qui s'interroge sur l'avenir, un champ sans limites? Du sud au septentrion, et d'occident en orient, le monde ancien et le monde nouveau tressaillent ? la fois comme sous un souffle myst?rieux.--Sans parler de la jeune Am?rique et de son prodigieux d?veloppement, l'ancien continent tout entier semble ? la veille de se transfigurer.--Ce n'est pas pour rien que la France a mis le pied sur la terre d'Afrique, si voisine de nous, si longtemps ?trang?re et ennemie, encore inconnue, et dont le pass? presque nul et l'histoire encore vide semblent tant demander ? l'avenir. Et cependant l?-bas, au fond et au centre de la vieille Asie, le c?leste empire de la Chine, si fier, si jaloux, et depuis tant de si?cles, de sa civilisation ? huis clos, s'?pouvante de voir ses fleuves lui apporter une civilisation nouvelle, et d?j? se l?zarder de toutes parts et cr?neler sa muraille. Cet empire ?trange, ce monde peupl? de 500,000,000 d'habitants, jusqu'ici muets pour notre monde, que va-t-il devenir au contact longtemps redout? de l'Europe? Va-t-il changer et rena?tre? Va-t-il mourir? Et l'Angleterre est-elle seule destin?e ? en faire l'autopsie? Nous en reparlerons.
DESCRIPTION DE LA MACHINE A VAPEUR A?RIENNE DE M. HENSON.
Construire une machine ? vapeur qui puisse se mouvoir dans l'air au gr? de son conducteur, et transporter avec elle ? plusieurs centaines de m?tres au-dessus du sol des d?p?ches, des marchandises et des passagers, tel est le probl?me m?canique que M. Henson s'est propos? de r?soudre.--R?ussira-t-il? On l'ignore encore, mais les moyens qu'il emploie pour atteindre ce but sont enti?rement diff?rents de ceux dont on a essay? de faire usage jusqu'? ce jour, et il est permis d'esp?rer que quelque succ?s viendra t?t ou tard r?compenser ses efforts.
Que le lecteur se repr?sente un vaste ch?ssis en bois de 50 m?tres de longueur et de 10 m?tres de largeur, solide quoique l?ger, recouvert de soie ou de drap, remplissant l'office d'ailes, bien qu'il n'ait ni jointures ni mouvement, et s'avan?ant dans l'atmosph?re, un de ses c?t?s plus ?lev? que l'autre. Au milieu du c?t? inf?rieur s'attache une queue de 15 ? 16 m?tres de longueur, construite comme ce ch?ssis; au-dessous de cette queue est un gouvernail.
Enfin, au-dessous du ch?ssis se trouvent suspendues la voiture destin?e au transport des marchandises et des voyageurs, et une machine ? vapeur aussi puissante qu'elle est petite et l?g?re, qui met en mouvement deux esp?ces de roues ? vannes, semblables ? des ailes de moulin ? vent, de 7 m?tres environ de diam?tre et situ?es sous le ch?ssis.
Une semblable machine, avec son charbon, son eau, sa cargaison et ses passagers, ne p?sera pas plus de 1.500 kilogrammes; or, comme sa superficie est d'environ 1.500 m?tres carr?s, elle occupe 52 centim?tres carr?s pour 170 grammes de poids; elle est par cons?quent plus l?g?re que beaucoup d'oiseaux.
Cependant, malgr? sa l?g?ret?, elle ne pourrait pas se soutenir longtemps sur l'air, elle descendrait peu ? peu jusqu'? terre; mais on remarquera, d'une part, qu'elle s'avance au milieu de l'atmosph?re, sa partie ant?rieure! l?g?rement ?lev?e. Dans cette position, elle pr?sente sa surface inf?rieure aux couches d'air qu'elle traverse; la r?sistance que ces couches lui opposent l'emp?che de tomber. D'autre part, elle est ?galement soutenue par la rapidit? de sa marche.
Mais, dira-t-on, qu'arriverait-il si la vitesse diminuait, et comment obtenir une vitesse suffisante? Toutes les tentatives faites jusqu'? ce jour ont ?chou?, parce qu'il n'existait aucune machine ? la fois assez l?g?re et assez, puissante pour ?lever son propre poids dans l'air avec la vitesse n?cessaire. Cette double difficult?, M. Henson pr?tend l'avoir vaincue: 1? par l'invention d'une nouvelle machine ? vapeur aussi puissante que l?g?re, et 2? par un proc?d? tr?s-singulier qui demande une explication particuli?re.
Les divers inventeurs de machines a?riennes ont cru jusqu'? ce jour que leur machine devait avoir en elle-m?me la force n?cessaire pour se mettre en mouvement, s'?lever et se soutenir dans l'air. M. Henson croit que cette erreur a emp?ch? leurs entreprises de r?ussir; l'ait seul ?tant impuissant, il a recours ? la nature: sa machine, pr?te ? partir, est lanc?e dans l'air de l'extr?mit? sup?rieure d'un plan inclin?. A mesure qu'elle descend, elle acquiert la vitesse qui lui est n?cessaire pour qu'elle puisse se soutenir sur l'atmosph?re durant le reste de son voyage. La r?sistance que l'air lui oppose ralentirait peu ? peu sa vitesse; la machine ? vapeur n'a d'autre but que de r?parer constamment cette perte de vitesse. Un oiseau prend-il son vol du haut d'un arbre ou d'un rocher, d'abord il plonge dans l'air pour acqu?rir une certaine vitesse. Une fois ce mouvement imprim?, il a peu d'efforts ? faire pour monter plus haut et augmenter la rapidit? de sa course. Avec quelle peine, au contraire, le m?me oiseau ne s'?l?ve-t-il pas de terre au sommet d'un arbre ou d'un rocher! Ce fait est une cons?quence n?cessaire d'un axiome m?canique bien connu: une fois en mouvement, un corps continue ? se mouvoir, si sa force ?gale celle des obstacles qu'il rencontre. M. Henson ayant lanc? sa machine, lui donne, ? l'aide de sa machine ? vapeur, une force ?gale ? celle des obstacles qu'elle doit surmonter.
On demandera encore, nous le savons, si la machine ? vapeur de M. Henson est suffisante pour obtenir ce r?sultat.
Cette question en soul?ve deux autres, ? savoir: quelle est la puissance de cette machine, et quels obstacles aura-t-elle ? surmonter? Il est plus facile de r?pondre ? la premi?re de ces deux questions qu'? la seconde. La puissance d'une machine ? vapeur d?pend principalement de la quantit? de vapeur que produit le g?n?rateur; or, d'apr?s les exp?riences faites, la machine de M. Henson repr?sentera une force de 20 chevaux. Le g?n?rateur et le condensateur sont aussi nouveaux qu'ing?nieux: le premier se compose d'une cinquantaine de c?nes de cuivre tronqu?s et renvers?s, dispos?s au-dessus et ? l'entour de la fournaise; le condensateur est form? d'un certain nombre de petits tuyaux expos?s au courant d'air produit par la course de la machine. Enfin le poids total de la machine, avec l'eau n?cessaire pour l'entretenir, ne d?passe pas 600 livres.
Quelle r?sistance cette machine rencontrera-t-elle? Sera-t-elle assez forte pour en triompher? L'exp?rience qui sera faite prochainement permettra seule de r?pondre ? cette derni?re question.
Courrier de Paris.
TH??TRE-ITALIEN.--PROC?S D'UN DAUPHIN.--LE BURGRAVE. PH?DRE ET LA POLOGNE.--UNE AM?NIT?.--UN JEUNE HOMME A MARIER.--LA LOGE DU CINTRE.--LA VICTIME DE L'AMITI?.
Les rossignols sont envol?s, comme dit le feuilleton dilettante dans son jour de deuil; le Th??tre-Italien vient de clore ses portes, et la cavatine va prendre le paquebot de Boulogne ou de Calais. Ninetta, Otello, Don Pasquale jetteront, en passant, quelques notes aux alcyons. D'ordinaire, on se quittait avec larmes; c'?tait, des deux parts, un assaut d'?motion flagrante et d'attentions d?licates; le parterre et les loges s'ab?maient en bravos, se ruinaient en bouquets monstres. L'autre jour, ? la cl?ture, tout s'est pass? froidement; sans doute on y a mis des proc?d?s: le cam?lia, la violette, le laurier ont cherch? ? fleurir et ? ?chauffer la s?paration; mais, vous savez, quand deux amis sont ? la veille d'une rupture, ils ont beau s'efforcer de sourire comme par le pass?, et de se serrer tendrement la main, il y a, dans leurs d?monstrations caressantes, un ne sait quoi de contraint et de glac? qui les d?nonce. Comment? qu'est-ce ? dire? le public et le Th??tre-Italien auraient-ils assez l'un de l'autre? Apr?s dix ans d'une union intime, d'une passion qui s'est emport?e jusqu'? l'aveuglement et ? la fureur, tout serait-il fini? Faudrait-il mettre cet amour transalpin sur le grand b?cher o? ce capricieux Paris br?le, p?le m?le, tous ses caprices, toutes ses fantaisies, toutes ses admirations d'une ann?e, d'un mois, d'une semaine, d'un jour, pour semer ensuite leurs cendres au vent? Je ne dis pas cela, comme dit Alceste; mais, enfin, il y a dans l'air quelque chose d'inqui?tant. Le vent qui souffle sur le Th??tre-Italien n'a plus la douceur de cette bise amoureuse o? fauvettes et rossignols ont chant? si longtemps.
On siffle toujours, et l'on distribue quelques coups de poings ?? et l?, aux repr?sentants de la trilogie de M. Victor Hugo; il ne faut pas perdre les bonnes habitudes. Mercredi, deux adversaires ?taient aux prises, l'un hugol?tre et l'autre hugophobe; ils ?changeaient, depuis un quart d'heure, des regards flamboyants, et se lan?aient de vives apostrophes. L'hugophobe avait le dessus, et pressait vivement l'hugol?tre, qui se d?fendait par toute l'artillerie en usage dans son arm?e: nain, rococo, racinien, mirmidon, perruque! Tout ? coup, ? bout de munitions et se levant sur ses ergots: < Dans la m?me soir?e, j'ai entendu le dialogue suivant:--< Le vicomte de S... est un de ces ?ternels Adonis qui croient ? leur ?ternelle fra?cheur et ? leur jeunesse ?ternelle; c'est un ?tourdi en cheveux gris, un adolescent de cinquante ans; il y a bien trente ans qu'il est intimement li? avec madame de Val..., liaison tout amicale, toute d'estime, car de S... a d'excellentes qualit?s; elles ressortent d'autant plus qu'il a de nombreux ridicules. Il est honn?te, sinc?re, d?vou?; il donnerait sa fortune pour ses amis, j'entends pour ses vrais amis, et peut-?tre sa vie; mais pour tout au monde, il ne leur accorderait pas qu'il n'est plus ? la fleur de l'?ge. Vous lui demanderiez ? emprunter six mois de sa pr?tendue jeunesse pour vous sauver d'un p?ril, ou pour vous tirer vivant d'une fondri?re ou d'un puits art?sien, qu'il vous les refuserait. Un jour--il y a quelques semaines de cela--madame de Val... avait r?uni une soci?t? nombreuse dans son joli appartement de la rue Berg?re; la conversation ?tait anim?e; le vicomte y semait l'esprit de toutes mains: il en a plein ses poches. Une opinion lui ?chappa, je ne sais plus sur quel point de politique, de morale ou de litt?rature, que madame de Val... crut devoir contredire avec cette finesse d'aper?u et ce bon go?t qui donnent tant de charme ? ses moindres paroles. < Le lendemain, madame de Val... re?ut le billet suivant, sous enveloppe parfum?e, et pour cachet une colombe tenant dans son bec une rose enlac?e d'une branche de myrte. La lettre ?tait ainsi con?ue: < Nous l'avons en contant, madame, ?chapp? belle. Les fronti?res du Maine ET LE DERNIER TRAIT? ENTRE L'ANGLETERRE ET LES ?TATS-UNIS. Quand l'Angleterre reconnut, par le trait? de 1783 l'ind?pendance des ?tats-Unis, la fronti?re nord-est de l'Union avait ?t? fix?e ainsi qu'il suit par l'article 2 de ce trait?: < Cet article n'?tait pas tr?s-clair ? l'?poque o? le trait? fut conclu, et ne l'est pas davantage aujourd'hui. Le territoire en litige n'?tait pas habit? et avait ? peine ?t? explor? par les chasseurs. La situation de l'angle nord-ouest de la Nouvelle-Ecosse ?tait plus que probl?matique, car on ne savait pas exactement lequel des cours d'eaux qui parcourent ce pays ?tait la rivi?re Sainte-Croix, et, ? plus forte raison ignorait-on o? il fallait fixer sa source. On ?tait convenu, par le trait?, de suivre une certaine ligne de hautes terres: mais des qu'on voulut mettre le trait? en ex?cution on chercha vainement quelles ?taient ces hautes terres qui devaient s?parer le bassin du Saint-Laurent du bassin des affluents de Atlantique, et on douta m?me de leur existence C'est que les n?gociateurs du trait? s'?taient bas?s sur une carte publi?e par Mitchell en 1753, alors fort estim?e et reconnue depuis fort inexacte. En 1794, un nouveau trait? fut conclu entre l'Angleterre et les ?tats-Unis, et un des objets de ce trait? ?tait de d?terminer exactement ce que c'?tait que la rivi?re Sainte-Croix. Des commissaires furent nomm?s de part et d'autre; ils firent un rapport en 1798, qui devait ?tre consid?r? par les termes m?mes du trait? comme d?finitif. On trouva une source plus ou moins exacte de la rivi?re Sainte-Croix et un des points de la fronti?re fut ainsi fix?. C'?tait un premier pas. Malheureusement la guerre ?clata entre les deux ?tats avant que les explorations eussent donn? de nouveaux r?sultats, et elles ne furent reprises qu'apr?s le traite de Gand, en 1814. Des commissaires explorateurs furent envoy?s sur le terrain par les deux gouvernements; d'admirables travaux furent entrepris, mais la question ne fut pas r?solue; les commissaires eux-m?mes ne s'entendirent pas. Au milieu de toutes ces incertitudes, chaque gouvernement se forma une opinion ? son avantage. Les ?tats-Unis, en ?tablissant la ligne de d?marcation ? partir de la rivi?re Sainte-Croix, dans la direction du nord, lui faisaient traverser le fleuve Saint-Jean, dont le cours sup?rieur leur aurait appartenu, et le faisaient aboutir ? quarante-un milles de Saint-Laurent, vers le 48e degr? de latitude nord; car, selon eux, ce n'?tait que l? que l'on rencontrait les hautes terres d?sign?es par le trait? de 1783, et tout le pays ? l'ouest de cette ligne, en suivant les hautes terres dans la m?me direction jusqu'? la source du Connecticut, devait appartenir ? l'Union. Les Anglais ne pouvaient accepter b?n?volement une telle d?cision, car cette ligne de fronti?res qui traversait ainsi du sud au nord, presque dans toute son ?tendue, la vaste p?ninsule form?e par l'Oc?an, le golfe Saint-Laurent et le fleuve du m?me nom, interrompait toute communication entre les provinces de la Nouvelle-Ecosse et le Canada, entre Halifax et Qu?bec, entre les riches ?tablissements de la baie de Fundy et le Saint-Laurent. La difficult? restait enti?re. On ?tait convenu, de part et d'autre, par le trait? de Gand, qu'en cas de dissentiment, on d?f?rerait le jugement de la contestation ? l'arbitrage d'un tiers. En cons?quence, le roi des Pays-Bas fut choisi pour arbitre en 1828. Sa sentence fut rendue et communiqu?e aux int?ress?s dans les premiers jours du mois de janvier 1831. Ce n'?tait pas une interpr?tation des questions qu'il devait r?soudre, au moins quant au point principal; il proposait simplement une transaction. Selon le roi des Pays-Bas, il ?tait impossible de fixer exactement l'angle nord-ouest de la Nouvelle-Ecosse qu'avait voulu d?signer le trait? de 1783, car les cartes dont on s'?tait servi ?taient remplies d'erreurs; quant aux hautes terres, il ?tait manifeste qu'il en existait plusieurs lignes, mais aucune ne r?sistait aux objections. En cons?quence il proposait, comme le parti le plus juste et le plus raisonnable, de substituer ? la d?marcation imaginaire du trait? de 1783 une d?limitation toute nouvelle, en tenant compte, autant que possible, des convenances r?ciproques. Le gouvernement anglais se montra dispos? ? accepter la d?cision de son alli?, bien qu'elle all?t ? rencontre de ses pr?tentions, et peu de jours apr?s qu'elle lui eut ?t? communiqu?e, lord Palmerston envoya au ministre britannique ? Washington l'acceptation de son gouvernement. Mais dans le m?me temps, le ministre des ?tats-Unis ? La Haye, M. Preble, de l'?tat du Maine, en recevant la sentence du roi Guillaume, au lieu de la transmettre purement et simplement ? son gouvernement, protesta contre cette sentence d'arbitrage, et sans attendre des instructions ult?rieures, partit aussit?t pour New-York, d'o? il se rendit dans l'?tat du Maine avant d'aller ? Washington. Or, il y a dans la Constitution f?d?rale des ?tats-Unis un article qui interdit au gouvernement f?d?ral la facult? de c?der aucune portion de territoire d'un Etat particulier sans le consentement de cet ?tat. L'?tat du Maine ?tait le plus int?ress? dans cette affaire; de sa d?cision d?pendait le rejet ou l'acceptation des propositions d'accommodement: encourag?e par la protestation de M. Preble, la l?gislature du Maine prit les devants sur la d?lib?ration du pr?sident et du congr?s, et d?clara que l'arbitre avait d?pass? la limite de ses droits, en substituant un compromis ? l'interpr?tation qu'on lui demandait. Les dispositions du pr?sident et du cabinet ?taient beaucoup plus conciliantes, et s'il n'avait tenu qu'? eux, la transaction aurait ?t? accept?e; mais, aux ?tats-Unis, le droit de ratifier les trait?s appartient au S?nat. La convention propos?e par le roi Guillaume lui fut donc soumise. Une grande majorit? se pronon?a pour le rejet de cette sentence. Ce fut en vain que le pr?sident exprima le plus vif d?sir que la convention f?t accept?e; ce fut en vain que le comit? des affaires ?trang?res, auquel fut renvoy? le message, fit un rapport conforme ? l'opinion du pr?sident, le S?nat refusa sa ratification, et le gouvernement f?d?ral se vit oblig? de notifier au gouvernement anglais qu'il regardait le jugement du roi des Pays-Bas comme non avenu; mais en m?me temps il lui faisait esp?rer que la difficult? constitutionnelle pourrait ?tre lev?e au moyen d'un arrangement qui se n?gociait entre l'?tat du Maine et le gouvernement f?d?ral. Le cabinet de Washington s'?tait flatt? d'un vain espoir. Il s'agissait d'obtenir de l'?tat du Maine la cession du territoire contest? moyennant une indemnit? p?cuniaire, et quand l'Union aurait ?t? substitu?e aux droits de l'?tat du Maine, le cabinet am?ricain en aurait dispos? pour le plus grand bien de la r?publique tout enti?re. Cette combinaison manqua. Le Maine consentit, mais l'?tat de Massachusetts, dont le Maine n'?tait qu'un d?membrement, et dont il fallait obtenir l'autorisation comme propri?taire de la moiti? du terrain, refusa son adh?sion ? l'arrangement propos?. De son c?t?, le gouvernement anglais, las de faire des avances inutiles, d?clara qu'il ne se consid?rait plus comme li? par les offres r?it?r?es qu'il avait faites, et qu'il ne consentirait plus en aucun cas ? accepter la ligne trac?e par le roi des Pays-Bas. De la sorte, la solution du diff?rend fut encore ind?finiment ajourn?e. Les n?gociations n'?taient cependant pas rompues; mais elles faillirent l'?tre par une simple querelle de juridiction entre le gouverneur de l'?tat du Maine et le gouverneur de la colonie anglaise du Nouveau-Brunswick, qui compliqua d'une mani?re f?cheuse la question du territoire contest?, et dont les journaux ont retenti assez longtemps pour qu'il soit inutile d'en rappeler les d?tails. Ce d?bat apais?, les deux gouvernements envoy?rent, chacun de son c?t?, des commissaires pour explorer le territoire contest?, o? manquaient tous les ?l?ments d'observations topographiques. < Tribunaux. LA POLICE CORRECTIONNELLE. Triste ?tude, en v?rit?, pour le dessinateur comme pour le moraliste! Sur les cent individus dont se compose l'auditoire, il y en a plus de cinquante qui n'ont d'autre profession que le vol; ils viennent tant?t assister au jugement de leurs complices et leur faire des signes convenus, tant?t se familiariser d'avance avec l'aspect et les formes de la justice, prendre des le?ons d'adresse ou d'audace, quelquefois m?me s'exercer ? commettre des vols jusque sous les yeux des magistrats. Au milieu de cette bande d'escrocs se trouvent diss?min?s ?? et l? des ouvriers sans ouvrage, des ?coliers qui font l'?cole buissonni?re, des vieillards pauvres qui n'ont d'autre but que de passer quelques heures dans une chambre bien chauff?e, et enfin cinq ou six honn?tes bourgeois attir?s ? la 6e chambre par le d?sir d'assister en personne ? quelques-unes de ces sc?nes dramatiques ou ridicules que racontent chaque matin ? leurs abonn?s les journaux judiciaires. Mais, en r?alit?, la police correctionnelle du d?partement de la Seine n'offre pas un spectacle aussi ?mouvant ou aussi divertissant que persiste ? le croire, malgr? les nombreux avertissements qu'elle a re?us, la majorit? du public. Quand les trois juges et l'avocat du roi qui composent le tribunal se sont assis sur leurs si?ges, l'huissier audiencier fait faire silence, prend le r?le du jour et appelle les causes; alors les gendarmes ou les gardes municipaux de service introduisent par une porte basse, dans une esp?ce de loge ou de tribune garnie de deux bancs de bois, les pr?venus, qui ont ?t? amen?s le matin m?me de la Force ou de la Roquette ? la Conciergerie. Ce sont presque toujours: Un for?at lib?r? accus? d'avoir rompu son ban; Un vieillard que les sergents de ville ont surpris tendant la main au moment o?, d?nu? de toute ressource et trop faible pour travailler, il sentait les premi?res atteintes de cette terrible maladie qu'on appelle la faim; Un jeune homme de dix-huit ? vingt ans, qui a d?j? subi plusieurs condamnations et qui a ?t? arr?t? une quatri?me fois en flagrant d?lit de vol, qui se glorifie de son crime, qui insulte la justice; car il se sent lui-m?me aussi indigne de piti? qu'il est incapable de se repentir et de se corriger; Un pauvre petit enfant ?tranger, accus? d'avoir mendi?, qui s'avoue coupable et qui promet de ne plus recommencer si on l'acquitte;
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