Read Ebook: Œuvres complètes de Gustave Flaubert tome 4: L'éducation sentimentale v. 2 by Flaubert Gustave
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Ebook has 2709 lines and 73895 words, and 55 pages
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L'orthographe a ?t? conserv?e. Seuls quelques mots ont ?t? modifi?s. La liste des modifications se trouve ? la fin du texte.
?DITION D?FINITIVE D'APR?S LES MANUSCRITS ORIGINAUX
OEUVRES COMPL?TES
GUSTAVE FLAUBERT
L'?DUCATION SENTIMENTALE
PARIS
A. QUANTIN, IMPRIMEUR-?DITEUR
RUE SAINT-BENOIT, 7
TOUS DROITS R?SERV?S
La Mar?chale ?tait pr?te et l'attendait.
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Quand elle eut fait le noeud de sa capote, elle s'assit sur le divan et resta silencieuse.
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Elle regarda la pendule.
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Enfin l'heure ayant sonn?:
Et elle donna un dernier tour ? ses bandeaux, fit des recommandations ? Delphine.
< --Pourquoi donc? Nous d?nerons ensemble quelque part, au caf? Anglais, o? vous voudrez. --Soit!>> Ses petits chiens jappaient autour d'elle. < Fr?d?ric les porta lui-m?me jusqu'? la voiture. C'?tait une berline de louage avec deux chevaux de poste et un postillon; il avait mis sur le si?ge de derri?re son domestique. La Mar?chale parut satisfaite de ses pr?venances, puis, d?s qu'elle fut assise, lui demanda s'il avait ?t? chez Arnoux, derni?rement. < --Moi, je l'ai rencontr? avant-hier, il serait m?me venu aujourd'hui. Mais il a toute sorte d'embarras, encore un proc?s, je ne sais quoi. Quel dr?le d'homme! --Oui, tr?s dr?le!>> Fr?d?ric ajouta d'un air indiff?rent: <> Elle r?pliqua s?chement: < Ainsi leur rupture ?tait certaine. Fr?d?ric en con?ut de l'espoir. Ils descendirent au pas le quartier Br?da; les rues, ? cause du dimanche, ?taient d?sertes, et des figures de bourgeois apparaissaient derri?re des fen?tres. La voiture prit un train plus rapide; le bruit des roues faisait se retourner les passants, le cuir de la capote rabattue brillait, le domestique se cambrait la taille, et les deux havanais l'un pr?s de l'autre semblaient deux manchons d'hermine pos?s sur les coussins. Fr?d?ric se laissait aller au bercement des soupentes. La Mar?chale tournait la t?te, ? droite et ? gauche, en souriant. Son chapeau de paille nacr?e avait une garniture de dentelle noire. Le capuchon de son burnous flottait au vent; et elle s'abritait du soleil sous une ombrelle de satin lilas, pointue par le haut comme une pagode. < --Oh! il y a longtemps que je l'ai>>, dit la Mar?chale. Le jeune homme n'objecta rien ? cette r?ponse hypocrite. Il aima mieux < < --Bah! qu'est-ce que cela fait!>> Apr?s la place de la Concorde, ils prirent par le quai de la Conf?rence et le quai de Billy, o? l'on remarque un c?dre dans un jardin. Rosanette croyait le Liban situ? en Chine; elle rit elle-m?me de son ignorance et pria Fr?d?ric de lui donner des le?ons de g?ographie. Puis, laissant ? droite le Trocad?ro, ils travers?rent le pont d'I?na et s'arr?t?rent enfin, au milieu du Champ de Mars, pr?s des autres voitures, d?j? rang?es dans l'Hippodrome. Les tertres de gazon ?taient couverts de menu peuple. On apercevait des curieux sur le balcon de l'?cole militaire; et les deux pavillons en dehors du pesage, les deux tribunes comprises dans son enceinte, et une troisi?me devant celle du Roi se trouvaient remplis d'une foule en toilette qui t?moignait, par son maintien, de la r?v?rence pour ce divertissement encore nouveau. Le public des courses, plus sp?cial dans ce temps-l?, avait un aspect moins vulgaire; c'?tait l'?poque des sous-pieds, des collets de velours et des gants blancs. Les femmes, v?tues de couleurs brillantes, portaient des robes ? taille longue, et assises sur les gradins des estrades, elles faisaient comme de grands massifs de fleurs, tachet?es de noir, ?? et l?, par les sombres costumes des hommes. Mais tous les regards se tournaient vers le c?l?bre Alg?rien Bou-Maza, qui se tenait impassible, entre deux officiers d'?tat-major, dans une des tribunes particuli?res. Celle du Jockey-Club contenait exclusivement des messieurs graves. Les plus enthousiastes s'?taient plac?s, en bas, contre la piste, d?fendue par deux lignes de b?tons supportant des cordes; dans l'ovale immense que d?crivait cette all?e, des marchands de coco agitaient leur cr?celle, d'autres vendaient le programme des courses, d'autres criaient des cigares, un vaste bourdonnement s'?levait; les gardes municipaux passaient et repassaient; une cloche, suspendue ? un poteau couvert de chiffres, tinta. Cinq chevaux parurent, et on rentra dans les tribunes. Cependant de gros nuages effleuraient de leurs volutes la cime des ormes en face. Rosanette avait peur de la pluie. < --Bravo! nous nous comprenons!
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