Read Ebook: L'Odyssée by Homer BCE BCE Calbet Antoine Illustrator
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Ebook has 1557 lines and 61720 words, and 32 pages
Elle dit et disparut, ayant mis au coeur de T?l?maque le courage et l'audace, car il avait reconnu la d?esse.
T?l?maque, semblable ? un dieu, rejoignit les pr?tendants; en ce moment l'a?de illustre chantait le retour funeste des Ach?ens au sortir de Troie; tous l'?coutaient en silence. La prudente P?n?lope entendait ce chant divin et son coeur se fondait de douleur; elle descendit le bel escalier de marbre, et du seuil de la salle, deux suivantes ? ses c?t?s, la fille d'Icarios, tout en larmes sous son voile brillant, dit ? l'a?de divin:
--Ph?mios, tu connais d'autres r?cits enchanteurs, cesse donc ce chant lamentable qui toujours navre mon coeur et me rappelle le h?ros ch?ri, ravi ? ma tendresse.
T?l?maque prenant la parole dit:
--Ma m?re, pourquoi ce reproche ? l'a?de charmeur, Zeus seul est coupable, car il fait ? chacun sa part. Ulysse n'est pas le seul ? qui le jour du retour ait ?t? ravi devant Troie. Reprends la toile et le fuseau et ordonne ? tes suivantes d'accomplir leur t?che. Parler est le partage des hommes; c'est le mien, je suis seul ma?tre ici.
P?n?lope, l'esprit p?n?tr? de ces paroles remonta dans son appartement, pleurer Ulysse jusqu'? l'heure o? Minerve lui versa le doux sommeil qui fait oublier.
Cependant les pr?tendants orgueilleux remplissaient de leur tumulte le sombre palais; tous br?laient d'amour pour la chaste ?pouse d'Ulysse, et souhaitaient partager sa couche divine. Le sage T?l?maque, outr? de leur audace, leur dit ces paroles rapides:
--Pr?tendants de ma m?re, hommes ? l'insolence superbe, r?jouissez-vous et faites bonne ch?re, ?coutez l'a?de ? la voix incomparable, mais cessez vos clameurs, car je vous le d?clare sans d?tours, ma volont? est que demain vous sortiez de ce palais; allez manger vos biens en festins dans vos propres demeures.
Il dit et tous s'?tonnaient de ces paroles audacieuses. Antinoos, fils d'Euphith?s lui r?pondit:
--Pourquoi ce langage mena?ant, te crois-tu d?j? roi d'Ithaque par ta naissance et par la volont? du fils de Saturne?
T?l?maque, sagement r?pliqua:
--Antinoos, ne trouve pas mauvais que j'ai l'ambition de devenir roi d'Ithaque si telle est la volont? de Zeus--mon d?sir aujourd'hui est de gouverner ma maison et les biens d'Ulysse mon p?re.
Eurymaque, fils de Polybe, dit alors:
--Les dieux seuls connaissent celui qui r?gnera sur Ithaque, pour toi, gouverne tes biens, personne ne songe ? te d?pouiller. Mais dis-moi, quel est cet ?tranger, que voulait-il? T'apportait-il des nouvelles de ton p?re? Et pourquoi est-il parti sans se faire conna?tre?
Le prudent T?l?maque r?pondit:
--Eurymaque, je n'esp?re plus le jour du retour de mon p?re; quant ? cet ?tranger, il dit ?tre Ment?s, fils d'Anchialos, il r?gne sur les Taphiens habiles ? la rame.
Ainsi parla T?l?maque, mais dans son coeur, il avait reconnu la d?esse.
Le soir noir survint, interrompant la musique et la danse; chacun se retira, et T?l?maque, l'esprit agit?, gagna sa haute demeure pr?c?d? par la vertueuse Eurycl?e, portant deux flambeaux allum?s. Eurycl?e fille d'Ops et petite-fille de Pis?nor, ?tait une enfant quand La?rte l'?changea contre vingt boeufs, et il l'honorait dans son palais ? l'?gal de sa chaste ?pouse; mais elle ne partagea point sa couche, La?rte craignant la col?re de la reine.--Ce fut elle qui ?leva T?l?maque; il l'aimait plus que les autres servantes. Eurycl?e, ayant arrang? avec soin la tunique moelleuse, la suspendit pr?s du lit sculpt? et sortit de l'appartement; elle tira la porte par l'anneau d'argent et fit glisser le verrou, laissant T?l?maque m?diter au voyage que Minerve lui conseillait.
Chant II
T?L?MAQUE
Quand parut l'Aurore aux doigts de rose, T?l?maque s'?lan?a de sa couche, se v?tit et suspendit ? son ?paule un glaive aigu. Puis il donna l'ordre aux h?rauts d'assembler les Grecs chevelus. Il se rendit alors ? l'assembl?e. Ses deux chiens aux pieds rapides suivaient ses pas. En le voyant s'avancer, le peuple fut saisi d'admiration, car une gr?ce divine ?tait sur sa personne. Il s'assit sur le si?ge royal et les vieillards l'entour?rent respectueusement. Un h?ros courb? par les hivers, Egyptios, parla le premier; il avait quatre fils: le belliqueux Antiphus qui suivit Ulysse ? Troie riche en coursiers et qui trouva la mort funeste dans l'antre du Cyclope cruel; Eurynomus, pr?tendant de P?n?lope et deux autres qui cultivaient les champs paternels. Le vieillard pleurant son fils Antiphus dit:
--Habitants d'Ithaque, depuis le jour o? le divin Ulysse partit sur ses vaisseaux creux, c'est la premi?re fois que les h?rauts nous r?unissent. A-t-on des nouvelles de l'arm?e?... Pourquoi cette assembl?e?... Qui nous a convoqu??...
T?l?maque se levant, prit le sceptre des mains du h?raut Pis?nor et dit ? Egyptios:
--O vieillard! c'est moi qui ai convoqu? le peuple pour lui dire ceci: Un grand malheur m'accable, j'ai perdu mon p?re ch?ri qui r?gnait sur vous si paternellement, et profitant de ma faiblesse, des hommes puissants recherchent ma m?re contre son gr?; n'osant la demander ? son p?re Icarios, ils viennent tous les jours dans notre maison, ?gorger nos troupeaux et boire nos vins g?n?reux; n'est-il point d'homme semblable ? Ulysse qui puisse ?carter ce fl?au de ma demeure? Je vous adjure au nom de Zeus, faites cesser ces choses et laissez-moi ? ma douleur profonde.
Il dit et jeta son sceptre en versant des larmes am?res. Tous furent saisis de compassion; seul, le pr?tendant Antinoos prit la parole:
--T?l?maque, discoureur altier, pourquoi ce langage, veux-tu nous outrager? Tu n'ignores pas cependant que ta m?re seule est coupable, par ses ruses, car voil? trois ans, bient?t quatre, qu'elle nous berce de promesses. Voici le dernier stratag?me imagin? par son esprit. Elle tissait sur son plus grand m?tier une toile sans fin. <
T?l?maque lui r?pondit:
--Antinoos, ce n'est pas ? moi de chasser de sa maison celle qui m'a enfant?; quant ? vous, s'il vous semble juste de mettre au pillage ma demeure, j'en appellerai ? Zeus dont la vengeance sera terrible.
Il dit et Zeus fit partir de la nue ? son intention, deux aigles qui vol?rent au-dessus de l'assembl?e bruyante; ? cette vue, les Grecs furent saisis d'?tonnement. Halitherse, fils de Mastor, vieillard qui excellait ? expliquer les pr?sages dit:
--Ithaciens, et vous surtout, pr?tendants, un grand malheur vous menace. Ulysse est peut-?tre d?j? pr?s d'ici, pr?parant votre mort. Quand il partit pour Ilion, ne lui avais-je pas pr?dit qu'il reviendrait seul dans sa patrie apr?s vingt ann?es d'absence? Ces choses s'accomplissent aujourd'hui.
Eurymaque, fils de Polybe, lui dit alors:
--Vieillard stupide, reste chez toi ? pr?dire l'avenir ? tes enfants et contempler le vol des oiseaux. Ulysse est bien mort; pl?t aux dieux que tu eusses p?ri avec lui; tu n'exciterais pas ainsi T?l?maque dans l'espoir d'une r?compense. Voici ce que je propose ? T?l?maque: Qu'il ordonne ? sa m?re de retourner chez Icarios et de choisir un ?poux, car aucun de nous ne renonce ? sa main. Nous ne craignons personne, ni T?l?maque grand parleur, ni toi, vieillard insens?, et nous consumerons sans remords les richesses d'Ulysse tant que la rus?e P?n?lope diff?rera son mariage.
T?l?maque lui r?pondit:
--Eurymaque et vous nobles pr?tendants, les dieux et les Grecs savent d?sormais ce qui en est. Donnez-moi un vaisseau rapide et vingt compagnons, j'irai ? Sparte et ? Pylos m'informer de mon p?re; s'il est vivant, j'attendrai un an encore; s'il est mort, je reviendrai pour lui ?lever un tombeau et faire des fun?railles dignes de lui, puis je donnerai un ?poux ? ma m?re.
Alors Mentor, le fid?le intendant de la maison d'Ulysse, se leva, et pronon?a ces paroles:
--Ecoutez, Ithaciens! Puisque personne parmi vous ne se souvient du divin Ulysse et de sa douceur paternelle, ne craignez-vous pas de m?riter un roi cruel et injuste, pour demeurer tous ainsi l?ches et sans voix, devant les exigences de ces quelques pr?tendants audacieux?
L?ocrite, fils d'Ev?nor lui r?pondit:
--Mentor, ton esprit insolent se trouble; tu crois exciter le peuple contre nous, mais Ulysse lui-m?me ne parviendrait pas ? nous chasser de son palais. Pour vous, Ithaciens, s?parez-vous; retournez ? vos travaux, Mentor et Halitherse pr?pareront ? loisir le d?part de T?l?maque.
Il dit. Les Grecs se dispers?rent et les pr?tendants retourn?rent au palais du divin Ulysse.
T?l?maque alors se dirigea vers le rivage pour invoquer Minerve aux yeux bleus. Apr?s avoir purifi? ses mains dans l'onde sal?e, il lui fit cette pri?re:
--Ecoute-moi, ? d?esse. Hier, tu m'ordonnas de partir ? la recherche de mon p?re, mais vois, aujourd'hui les pr?tendants insolents s'opposent ? mon d?part.
Alors Minerve, sous la figure de Mentor, s'approcha et lui adressa ces paroles rapides:
--T?l?maque, m?prise les manoeuvres de ces pr?tendants imprudents qui ne voient pas la Parque noire d?j? pr?s d'eux. Ton d?part ne sera pas diff?r?; je t'accompagnerai moi-m?me sur un vaisseau rapide. Va dans ton palais, pr?pare les provisions; mets le vin dans des amphores et la farine dans des outres ?paisses. Je r?unirai des compagnons fid?les et nous lancerons un vaisseau creux sur la mer profonde.
Ainsi parla Minerve, et T?l?maque retourna au palais le coeur agit?. L?, les fiers pr?tendants d?pouillaient des ch?vres et flambaient des porcs. Antinoos, riant, vint ? T?l?maque, lui prit la main et dit:
--Harangueur altier, oublie ta col?re et viens avec nous manger et boire en attendant ton d?part pour la divine Pylos.
Mais T?l?maque lui r?pondit:
--Antinoos, il ne m'est plus permis de me divertir avec vous; vous avez dissip? mes biens, alors que j'?tais enfant; aujourd'hui, je m'instruis, ma volont? se d?veloppe, elle m'excite ? partir, et puisque les Grecs m'ont refus? un vaisseau et des rameurs, je partirai comme simple passager.
Il dit et retira sa main. Dans le palais les pr?tendants pr?paraient leur festin; tous riaient et tenaient des propos injurieux, l'un d'eux parlait ainsi:
--T?l?maque m?dite notre perte. Il ram?nera des auxiliaires de Pylos ou de Sparte. Peut-?tre aussi ira-t-il ? Ephire chercher pour nous des poisons mortels.
Un autre disait encore:
--Qui sait s'il ne p?rira pas lui-m?me comme Ulysse? Nous partagerions alors ses biens.
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