Read Ebook: In the Firing Line: Stories of the War by Land and Sea by Adcock Arthur St John
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Ebook has 121 lines and 6270 words, and 3 pages
L?LIA.--M?TELLA.--CORA 2 --
LETTRES D'UN VOYAGEUR 1 --
LUCREZIA FLORIANI-LAVINIA 1 --
MADEMOISELLE LA QUINTINIE 1 --
MADEMOISELLE MERQUEM 1 --
LES MA?TRES MOSA?STES 1 --
LES MA?TRES SONNEURS 1 --
LA MARE AU DIABLE 1 --
LE MARQUIS DE VILLEMER 1 --
MAUPRAT 1 --
LE MEUNIER D'ANGIBAULT 1 --
MONSIEUR SYLVESTRE 1 --
MONT-REV?CHE 1 --
NARCISSE 1 --
NOUVELLES 1 --
LA PETITE FADETTE 1 --
LE P?CH? DE M. ANTOINE 2 --
LE PICCININO 2 --
PROMENADES AUTOUR D'UN VILLAGE 1 --
LE SECR?TAIRE INTIME 1 --
SIMON 1 --
TAMARIS 1 --
TEVERINO.--L?ONE L?ONI 1 --
TH?ATRE COMPLET 4 --
TH?ATRE DE NOHANT 1 --
L'USCOQUE 1 --
VALENTINE 1 --
VALV?DRE 1 --
LA VILLE NOIRE 1 --
Clichy.--Impr. M. LOIGNON, PAUL DUPONT et Cie, 12, rue du Bac-d'Asni?res.
NOTICE
C'est ? la suite des n?fastes journ?es de juin 1848, que troubl? et navr?, jusqu'au fond de l'?me, par les orages ext?rieurs, je m'effor?ai de retrouver dans la solitude, sinon le calme, au moins la foi. Si je faisais profession d'?tre philosophe, je pourrais croire ou pr?tendre que la foi aux id?es entra?ne le calme de l'esprit en pr?sence des faits d?sastreux de l'histoire contemporaine: mais il n'en est point ainsi pour moi, et j'avoue humblement que la certitude d'un avenir providentiel ne saurait fermer l'acc?s, dans une ?me d'artiste, ? la douleur de traverser un pr?sent obscurci et d?chir? par la guerre civile.
Pour les hommes d'action qui s'occupent personnellement du fait politique, il y a, dans tout parti, dans toute situation, une fi?vre d'espoir ou d'angoisse, une col?re ou une joie, l'enivrement du triomphe ou l'indignation de la d?faite. Mais pour le pauvre po?te, comme pour la femme oisive, qui contemplent les ?v?nements sans y trouver un int?r?t direct et personnel, quel que soit le r?sultat de la lutte, il y a l'horreur profonde du sang vers? de part et d'autre, et une sorte de d?sespoir ? la vue de cette haine, de ces injures, de ces menaces, de ces calomnies qui montent vers le ciel comme un impur holocauste, ? la suite des convulsions sociales.
Dans ces moments-l?, un g?nie orageux et puissant comme celui du Dante, ?crit avec ses larmes, avec sa bile, avec ses nerfs, un po?me terrible, un drame tout plein de tortures et de g?missements. Il faut ?tre tremp? comme cette ?me de fer et de feu, pour arr?ter son imagination sur les horreurs d'un enfer symbolique, quand on a sous les yeux le douloureux purgatoire de la d?solation sur la terre. De nos jours, plus faible et plus sensible, l'artiste, qui n'est que le reflet et l'?cho d'une g?n?ration assez semblable ? lui, ?prouve le besoin imp?rieux de d?tourner la vue et de distraire l'imagination, en se reportant vers un id?al de calme, d'innocence et de r?verie. C'est son infirmit? qui le fait agir ainsi, mais il n'en doit point rougir, car c'est aussi son devoir. Dans les temps o? le mal vient de ce que les hommes se m?connaissent et se d?testent, la mission de l'artiste est de c?l?brer la douceur, la confiance, l'amiti?, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis ou d?courag?s, que les moeurs pures, les sentiments tendres et l'?quit? primitive, sont ou peuvent ?tre encore de ce monde. Les allusions directes aux malheurs pr?sents, l'appel aux passions qui fermentent, ce n'est point l? le chemin du salut; mieux vaut une douce chanson, un son de pipeau rustique, un conte pour endormir les petits enfants sans frayeur et sans souffrance, que le spectacle des maux r?els renforc?s et rembrunis encore par les couleurs de la fiction.
GEORGE SAND.
Nohant, 21 d?cembre 1851.
LA PETITE FADETTE
Le p?re Barbeau de la Cosse n'?tait pas mal dans ses affaires, ? preuve qu'il ?tait du conseil municipal de sa commune. Il avait deux champs qui lui donnaient la nourriture de sa famille, et du profit par-dessus le march?. Il cueillait dans ses pr?s du foin ? pleins charrois, et, sauf celui qui ?tait au bord du ruisseau, et qui ?tait un peu ennuy? par le jonc, c'?tait du fourrage connu dans l'endroit pour ?tre de premi?re qualit?.
La maison du p?re Barbeau ?tait bien b?tie, couverte en tuile, ?tablie en bon air sur la c?te, avec un jardin de bon rapport et une vigne de six journaux. Enfin il avait, derri?re sa grange, un beau verger, que nous appelons chez nous une ouche, o? le fruit abondait tant en prunes qu'en guignes, en poires et en cormes. M?mement les noyers de ses bordures ?taient les plus vieux et les plus gros de deux lieues aux entours.
Le p?re Barbeau ?tait un homme de bon courage, pas m?chant, et tr?s-port? pour sa famille, sans ?tre injuste ? ses voisins et paroissiens.
Il avait d?j? trois enfants, quand la m?re Barbeau, voyant sans doute qu'elle avait assez de bien pour cinq, et qu'il fallait se d?p?cher, parce que l'?ge lui venait, s'avisa de lui en donner deux ? la fois, deux beaux gar?ons; et, comme ils ?taient si pareils qu'on ne pouvait presque pas les distinguer l'un de l'autre, on reconnut bien vite que c'?taient deux bessons, c'est-?-dire deux jumeaux d'une parfaite ressemblance.
La m?re Sagette, qui les re?ut dans son tablier comme ils venaient au monde, n'oublia pas de faire au premier n? une petite croix sur le bras avec son aiguille, parce que, disait-elle, un bout de ruban ou un collier peut se confondre et faire perdre le droit d'a?nesse. Quand l'enfant sera plus fort, dit-elle, il faudra lui faire une marque qui ne puisse jamais s'effacer; ? quoi l'on ne manqua pas. L'a?n? fut nomm? Sylvain, dont on fit bient?t Sylvinet, pour le distinguer de son fr?re a?n?, qui lui avait servi de parrain; et le cadet fut appel? Landry, nom qu'il garda comme il l'avait re?u au bapt?me, parce que son oncle, qui ?tait son parrain, avait gard? de son jeune ?ge la coutume d'?tre appel? Landriche.
Le p?re Barbeau fut un peu ?tonn?, quand il revint du march?, de voir deux petites t?tes dans le berceau. <
La m?re Barbeau se prit ? pleurer, dont le p?re Barbeau se mit fort en peine.--Bellement, bellement, dit-il, il ne faut te chagriner, ma bonne femme. Ce n'est pas par mani?re de reproche que je t'ai dit cela, mais par mani?re de remerc?ment, bien au contraire. Ces deux enfants-l? sont beaux et bien faits; ils n'ont point de d?fauts sur le corps, et j'en suis content.
--Alas! mon Dieu, dit la femme, je sais bien que vous ne me les reprochez pas, notre ma?tre; mais moi j'ai du souci, parce qu'on m'a dit qu'il n'y avait rien de plus chanceux et de plus malais? ? ?lever que des bessons. Ils se font tort l'un ? l'autre, et, presque toujours, il faut qu'un des deux p?risse pour que l'autre se porte bien.
--Oui-da! dit le p?re: est-ce la v?rit?? Tant qu'? moi, ce sont les premiers bessons que je vois. Le cas n'est point fr?quent. Mais voici la m?re Sagette qui a de la connaissance l?-dessus, et qui va nous dire ce qui en est.
La m?re Sagette ?tant appel?e, r?pondit:--Fiez-vous ? moi: ces deux bessons-l? vivront bel et bien, et ne seront pas plus malades que d'autres enfants. Il y a cinquante ans que je fais le m?tier de sage-femme, et que je vois na?tre, vivre, ou mourir tous les enfants du canton. Ce n'est donc pas la premi?re fois que je re?ois des jumeaux. D'abord, la ressemblance ne fait rien ? leur sant?. Il y en a qui ne se ressemblent pas plus que vous et moi, et souvent il arrive que l'un est fort et l'autre faible; ce qui fait que l'un vit et que l'autre meurt; mais regardez les v?tres, ils sont chacun aussi beau et aussi bien corpor? que s'il ?tait fils unique. Ils ne se sont donc pas fait dommage l'un ? l'autre dans le sein de leur m?re; ils sont venus ? bien tous les deux sans trop la faire souffrir et sans souffrir eux-m?mes. Ils sont jolis ? merveille et ne demandent qu'? vivre. Consolez-vous donc, m?re Barbeau, ?a vous sera un plaisir de les voir grandir; et, s'ils continuent, il n'y aura gu?re que vous et ceux qui les verront tous les jours qui pourrez faire entre eux une diff?rence; car je n'ai jamais vu deux bessons si pareils. On dirait deux petits perdreaux sortant de l'oeuf; c'est si gentil et si semblable, qu'il n'y a que la m?re-perdrix qui les reconnaisse.
--A la bonne heure! fit le p?re Barbeau en se grattant la t?te; mais j'ai ou? dire que les bessons prenaient tant d'amiti? l'un pour l'autre, que quand ils se quittaient ils ne pouvaient plus vivre, et qu'un des deux, tout au moins, se laissait consumer par le chagrin, jusqu'? en mourir.
--C'est la vraie v?rit?, dit la m?re Sagette; mais ?coutez ce qu'une femme d'exp?rience va vous dire. Ne le mettez pas en oubliance; car, dans le temps o? vos enfants seront en ?ge de vous quitter, je ne serai peut-?tre plus de ce monde pour vous conseiller. Faites attention, d?s que vos bessons commenceront ? se reconna?tre, de ne pas les laisser toujours ensemble. Emmenez l'un au travail pendant que l'autre gardera la maison. Quand l'un ira p?cher, envoyez l'autre ? la chasse; quand l'un gardera les moutons, que l'autre aille voir les boeufs au pacage; quand vous donnerez ? l'un du vin ? boire, donnez ? l'autre un verre d'eau, et r?ciproquement. Ne les grondez point ou ne les corrigez point tous les deux en m?me temps; ne les habillez pas de m?me; quand l'un aura un chapeau, que l'autre ait une casquette, et que surtout leurs blouses ne soient pas du m?me bleu. Enfin, par tous les moyens que vous pourrez imaginer, emp?chez-les de se confondre l'un avec l'autre et de s'accoutumer ? ne pas se passer l'un de l'autre. Ce que je vous dis l?, j'ai grand peur que vous ne le mettiez dans l'oreille du chat; mais si vous ne le faites pas, vous vous en repentirez grandement un jour.
La m?re Sagette parlait d'or et on la crut. On lui promit de faire comme elle disait, et on lui fit un beau pr?sent avant de la renvoyer. Puis, comme elle avait bien recommand? que les bessons ne fussent point nourris du m?me lait, on s'enquit vitement d'une nourrice.
Mais il ne s'en trouva point dans l'endroit. La m?re Barbeau, qui n'avait pas compt? sur deux enfants, et qui avait nourri elle-m?me tous les autres, n'avait pas pris ses pr?cautions ? l'avance. Il fallut que le p?re Barbeau part?t pour chercher cette nourrice dans les environs; et pendant ce temps, comme la m?re ne pouvait pas laisser p?tir ses petits, elle leur donna le sein ? l'un comme ? l'autre.
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