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Read Ebook: The War in Syria Volume 1 (of 2) by Napier Charles

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Ebook has 133 lines and 5080 words, and 3 pages

De Paris, le dernier de la lune de Gemmadi 2, 1715.

A Venise.

Le monarque qui a si longtemps r?gn? n'est plus. Il a bien fait parler des gens pendant sa vie; tout le monde s'est t? ? sa mort. Ferme et courageux dans ce dernier moment, il a paru ne c?der qu'au destin. Ainsi mourut le grand Cha-Abas, apr?s avoir rempli toute la terre de son nom.

Ne crois pas que ce grand ?v?nement n'ait fait faire ici que des r?flexions morales. Chacun a pens? ? ses affaires, et ? prendre ses avantages dans ce changement. Le roi, arri?re-petit-fils du monarque d?funt, n'ayant que cinq ans, un prince son oncle a ?t? d?clar? r?gent du royaume.

Le feu roi avoit fait un testament qui bornoit l'autorit? du r?gent. Ce prince habile a ?t? au parlement; et, y exposant tous les droits de sa naissance, il a fait casser la disposition du monarque, qui, voulant se survivre ? lui-m?me, sembloit avoir pr?tendu r?gner encore apr?s sa mort.

Les parlements ressemblent ? ces ruines que l'on foule aux pieds, mais qui rappellent toujours l'id?e de quelque temple fameux par l'ancienne religion des peuples. Ils ne se m?lent gu?re plus que de rendre la justice; et leur autorit? est toujours languissante, ? moins que quelque conjoncture impr?vue ne vienne lui rendre la force et la vie. Ces grands corps ont suivi le destin des choses humaines: ils ont c?d? au temps, qui d?truit tout; ? la corruption des moeurs, qui a tout affoibli; ? l'autorit? supr?me, qui a tout abattu.

Mais le r?gent, qui a voulu se rendre agr?able au peuple, a paru d'abord respecter cette image de la libert? publique; et, comme s'il avoit pens? ? relever de terre le temple et l'idole, il a voulu qu'on les regard?t comme l'appui de la monarchie et le fondement de toute autorit? l?gitime.

A Paris, le 4 de la lune de Rh?geb, 1715.

USBEK A SON FR?RE, SANTON AU MONAST?RE DE CASBIN.

Je m'humilie devant toi, sacr? santon, et je me prosterne: je regarde les vestiges de tes pieds comme la prunelle de mes yeux. Ta saintet? est si grande, qu'il semble que tu aies le coeur de notre saint proph?te; tes aust?rit?s ?tonnent le ciel m?me; les anges t'ont regard? du sommet de la gloire, et ont dit: Comment est-il encore sur la terre, puisque son esprit est avec nous, et vole autour du tr?ne qui est soutenu par les nu?es?

Et comment ne t'honorerois-je pas, moi qui ai appris de nos docteurs que les dervis, m?me infid?les, ont toujours un caract?re de saintet? qui les rend respectables aux vrais croyants; et que Dieu s'est choisi dans tous les coins de la terre des ?mes plus pures que les autres, qu'il a s?par?es du monde impie, afin que leurs mortifications et leurs pri?res ferventes suspendissent sa col?re pr?te ? tomber sur tant de peuples rebelles?

Les chr?tiens disent des merveilles de leurs premiers santons, qui se r?fugi?rent ? milliers dans les d?serts affreux de la Th?ba?de, et eurent pour chefs Paul, Antoine et Pac?me. Si ce qu'ils en disent est vrai, leurs vies sont aussi pleines de prodiges que celles de nos plus sacr?s immaums. Ils passoient quelquefois dix ans entiers sans voir un seul homme: mais ils habitoient la nuit et le jour avec des d?mons; ils ?toient sans cesse tourment?s par ces esprits malins; ils les trouvoient au lit, ils les trouvoient ? table; jamais d'asile contre eux. Si tout ceci est vrai, santon v?n?rable, il faudroit avouer que personne n'auroit jamais v?cu en plus mauvaise compagnie.

Les chr?tiens sens?s regardent toutes ces histoires comme une all?gorie bien naturelle, qui nous peut servir ? nous faire sentir le malheur de la condition humaine. En vain cherchons-nous dans le d?sert un ?tat tranquille; les tentations nous suivent toujours: nos passions, figur?es par les d?mons, ne nous quittent point encore; ces monstres du coeur, ces illusions de l'esprit, ces vains fant?mes de l'erreur et du mensonge, se montrent toujours ? nous pour nous s?duire, et nous attaquent jusque dans les je?nes et les cilices, c'est-?-dire jusque dans notre force m?me.

Pour moi, santon v?n?rable, je sais que l'envoy? de Dieu a encha?n? Satan, et l'a pr?cipit? dans les ab?mes: il a purifi? la terre, autrefois pleine de son empire, et l'a rendue digne du s?jour des anges et des proph?tes.

A Paris, le 9 de la lune de Chahban, 1715.

LETTRE XCV

A Venise.

Je n'ai jamais ou? parler du droit public, qu'on n'ait commenc? par rechercher soigneusement quelle est l'origine des soci?t?s; ce qui me paro?t ridicule. Si les hommes n'en formoient point, s'ils se quittoient et se fuyoient les uns les autres, il faudroit en demander la raison, et chercher pourquoi ils se tiennent s?par?s: mais ils naissent tous li?s les uns aux autres; un fils est n? aupr?s de son p?re, et il s'y tient: voil? la soci?t?, et la cause de la soci?t?.

Le droit public est plus connu en Europe qu'en Asie: cependant on peut dire que les passions des princes, la patience des peuples, la flatterie des ?crivains, en ont corrompu tous les principes.

Ce droit, tel qu'il est aujourd'hui, est une science qui apprend aux princes jusqu'? quel point ils peuvent violer la justice sans choquer leurs int?r?ts. Quel dessein, Rh?di, de vouloir, pour endurcir leur conscience, mettre l'iniquit? en syst?me, d'en donner des r?gles, d'en former des principes, et d'en tirer des cons?quences!

La puissance illimit?e de nos sublimes sultans, qui n'a d'autre r?gle qu'elle-m?me, ne produit pas plus de monstres que cet art indigne qui veut faire plier la justice, tout inflexible qu'elle est.

On diroit, Rh?di, qu'il y a deux justices toutes diff?rentes: l'une qui r?gle les affaires des particuliers, qui r?gne dans le droit civil; l'autre qui r?gle les diff?rends qui surviennent de peuple ? peuple, qui tyrannise dans le droit public: comme si le droit public n'?toit pas lui-m?me un droit civil, non pas ? la v?rit? d'un pays particulier, mais du monde.

Je t'expliquerai dans une autre lettre mes pens?es l?-dessus.

A Paris, le 1er de la lune de Zilhag?, 1716.

USBEK AU M?ME.

Les magistrats doivent rendre la justice de citoyen ? citoyen: chaque peuple la doit rendre lui-m?me de lui ? un autre peuple. Dans cette seconde distribution de justice, on ne peut employer d'autres maximes que dans la premi?re.

De peuple ? peuple, il est rarement besoin de tiers pour juger, parce que les sujets de disputes sont presque toujours clairs et faciles ? terminer. Les int?r?ts de deux nations sont ordinairement si s?par?s, qu'il ne faut qu'aimer la justice pour la trouver: on ne peut gu?re se pr?venir dans sa propre cause.

Il n'en est pas de m?me des diff?rends qui arrivent entre particuliers. Comme ils vivent en soci?t?, leurs int?r?ts sont si m?l?s et si confondus, il y en a tant de sortes diff?rentes, qu'il est n?cessaire qu'un tiers d?brouille ce que la cupidit? des parties cherche ? obscurcir.

Il n'y a que deux sortes de guerres justes: les unes qui se font pour repousser un ennemi qui attaque; les autres pour secourir un alli? qui est attaqu?.

Il n'y auroit point de justice de faire la guerre pour des querelles particuli?res du prince, ? moins que le cas ne f?t si grave qu'il m?rit?t la mort du prince, ou du peuple qui l'a commis. Ainsi un prince ne peut faire la guerre parce qu'on lui aura refus? un honneur qui lui est d?, ou parce qu'on aura eu quelque proc?d? peu convenable ? l'?gard de ses ambassadeurs, et autres choses pareilles; non plus qu'un particulier ne peut tuer celui qui lui refuse le pas. La raison en est que, comme la d?claration de guerre doit ?tre un acte de justice, dans lequel il faut toujours que la peine soit proportionn?e ? la faute, il faut voir si celui ? qui on d?clare la guerre m?rite la mort. Car faire la guerre ? quelqu'un, c'est vouloir le punir de mort.

Dans le droit public, l'acte de justice le plus s?v?re c'est la guerre: puisque son but est la destruction de la soci?t?.

Les repr?sailles sont du second degr?. C'est une loi que les tribunaux n'ont pu s'emp?cher d'observer, de mesurer la peine par le crime.

Un troisi?me acte de justice est de priver un prince des avantages qu'il peut tirer de nous, proportionnant toujours la peine ? l'offense.

Le quatri?me acte de justice, qui doit ?tre le plus fr?quent, est la renonciation ? l'alliance du peuple dont on a ? se plaindre. Cette peine r?pond ? celle du bannissement ?tablie dans les tribunaux, qui retranche les coupables de la soci?t?. Ainsi un prince ? l'alliance duquel nous renon?ons est retranch? par l? de notre soci?t?, et n'est plus un de nos membres.

On ne peut pas faire de plus grand affront ? un prince que de renoncer ? son alliance, ni lui faire de plus grand honneur que de la contracter. Il n'y a rien parmi les hommes qui leur soit plus glorieux, et m?me plus utile, que d'en voir d'autres toujours attentifs ? leur conservation.

Mais pour que l'alliance nous lie, il faut qu'elle soit juste: ainsi une alliance faite entre deux nations pour en opprimer une troisi?me n'est pas l?gitime, et on peut la violer sans crime.

Il n'est pas m?me de l'honneur et de la dignit? du prince de s'allier avec un tyran. On dit qu'un monarque d'?gypte fit avertir le roi de Samos de sa cruaut? et de sa tyrannie, et le somma de s'en corriger: comme il ne le fit pas, il lui envoya dire qu'il renon?oit ? son amiti? et ? son alliance.

La conqu?te ne donne point un droit par elle-m?me. Lorsque le peuple subsiste, elle est un gage de la paix et de la r?paration du tort; et, si le peuple est d?truit ou dispers?, elle est le monument d'une tyrannie.

Les trait?s de paix sont si sacr?s parmi les hommes, qu'il semble qu'ils soient la voix de la nature, qui r?clame ses droits. Ils sont tous l?gitimes, lorsque les conditions en sont telles que les deux peuples peuvent se conserver: sans quoi, celle des deux soci?t?s qui doit p?rir, priv?e de sa d?fense naturelle par la paix, la peut chercher dans la guerre.

Car la nature, qui a ?tabli les diff?rents degr?s de force et de foiblesse parmi les hommes, a encore souvent ?gal? la foiblesse ? la force par le d?sespoir.

A Paris, le 4 de la lune de Zilhag?, 1716.

LE PREMIER EUNUQUE A USBEK.

A Paris.

Il est arriv? ici beaucoup de femmes jaunes du royaume de Visapour: j'en ai achet? une pour ton fr?re le gouverneur de Mazenderan, qui m'envoya il y a un mois son commandement sublime et cent tomans.

Je me connois en femmes, d'autant mieux qu'elles ne me surprennent pas, et qu'en moi les yeux ne sont point troubl?s par les mouvements du coeur.

Je n'ai jamais vu de beaut? si r?guli?re et si parfaite: ses yeux brillants portent la vie sur son visage, et rel?vent l'?clat d'une couleur qui pourroit effacer tous les charmes de la Circassie.

Le premier eunuque d'un n?gociant d'Ispahan la marchandoit avec moi; mais elle se d?roboit d?daigneusement ? ses regards, et sembloit chercher les miens, comme si elle avoit voulu me dire qu'un vil marchand n'?toit pas digne d'elle, et qu'elle ?toit destin?e ? un plus illustre ?poux.

Je te l'avoue, je sens dans moi-m?me une joie secr?te quand je pense aux charmes de cette belle personne: il me semble que je la vois entrer dans le s?rail de ton fr?re; je me plais ? pr?voir l'?tonnement de toutes ses femmes; la douleur imp?rieuse des unes; l'affliction muette, mais plus douloureuse, des autres; la consolation maligne de celles qui n'esp?rent plus rien, et l'ambition irrit?e de celles qui esp?rent encore.

Je vais d'un bout du royaume ? l'autre faire changer tout un s?rail de face. Que de passions je vais ?mouvoir! Que de craintes et de peines je pr?pare!

Cependant, dans le trouble du dedans, le dehors ne sera pas moins tranquille: les grandes r?volutions seront cach?es dans le fond du coeur; les chagrins seront d?vor?s, et les joies contenues; l'ob?issance ne sera pas moins exacte, et les r?gles moins inflexibles; la douceur, toujours contrainte de paro?tre, sortira du fond m?me du d?sespoir.

Nous remarquons que, plus nous avons de femmes sous nos yeux, moins elles nous donnent d'embarras. Une plus grande n?cessit? de plaire, moins de facilit? de s'unir, plus d'exemples de soumission, tout cela leur forme des cha?nes. Les unes sont sans cesse attentives sur les d?marches des autres: il semble que, de concert avec nous, elles travaillent ? se rendre plus d?pendantes; elles font presque la moiti? de notre office, et nous ouvrent les yeux quand nous les fermons. Que dis-je? elles irritent sans cesse le ma?tre contre leurs rivales; et elles ne voient pas combien elles se trouvent pr?s de celles qu'on punit.

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