Read Ebook: The life of Friedrich Nietzsche by Hal Vy Daniel Kettle Tom Author Of Introduction Etc Hone Joseph M Joseph Maunsell Translator
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en jeu dans cette r?union de r?gicides, le voil? donc tel quel, et, s'il vous pla?t, pouvais-je trouver quelque part un exemple plus frappant de folie et de m?chancet??>>
Je ferme ici ma parenth?se, et m?me il me semble que voil? bien longtemps d?j? qu'elle est ouverte. Ainsi nous reprendrons, s'il vous pla?t, la premi?re pr?face ? l'endroit m?me o? nous l'avons laiss?e il n'y a qu'un instant, mais cet instant de flagellation m'a paru diablement long.
SUITE DE LA PREMI?RE PR?FACE.
< < < < < <<--C'est notre trisa?eul! Je n'ai plus rien ? dire. Paix ? notre trisa?eul! Remontons encore. < < < Nocher des rives infernales, Appr?te-toi sans t'effrayer ? passer les ombres royales Que Philippe va t'envoyer. < < < < < < < les entendre, et pour complaire ? des vanit?s de famille, il faudrait confisquer l'histoire d'un si?cle et demi, et d?sormais la plus adroite flatterie de ce qui est serait l'oubli de ce qui fut. Mais ces accommodements peuvent-ils entrer dans un esprit droit et libre? Est-ce ma faute, ? moi, si vous ?tes contraints de renier vos a?eux, comme un parvenu de la veille d?savoue son p?re le malt?tier? Je ne sais ce que je gagnerais ? cette complicit? de mensonges, mais je sais qu'elle ne servirait de rien ? ceux que j'adulerais si bassement. Qu'importe, en effet, quels furent leurs anc?tres? Quels ils sont, voil? ce qu'on demande. Il se peut m?me que, loin de perdre ? ces souvenirs historiques, ils grandissent, au contraire, par la comparaison: la vertu ainsi que la royaut? commence avec eux dans leur race. Leur h?ritage n'est grev? d'aucun de ces legs de gloire qu'il est quelquefois difficile d'acquitter. Enfin, on les louera davantage encore de n'avoir aucun des vices de leurs p?res, s'ils poss?dent toutes les vertus qui leur ont manqu?.>> Telle ?tait cette fameuse pr?face; en voil? tout le c?t? venimeux! De ces pages mis?rables, est venu ? mon triste roman son petit succ?s d'un instant. Et maintenant que je les relis de sang-froid, et que je me rends compte des injustices et des cruaut?s que contenaient ces lignes fatales, la rougeur m'en monte ? la joue, et je me demande en effet si c'est bien moi qui ai sign? ces violences mis?rables? Remarquez aussi la forfanterie, et comme elle ?tait biens?ante, en effet. C'?tait le meilleur, le plus lib?ral et le plus cl?ment de tous les rois, que j'attaquais sans peur... et sans danger dans cette pr?face mis?rable; et la belle oeuvre, apr?s tout, de l'injurier dans ses anc?tres, et la belle ambition de ressembler ? ces mis?rables petits tribuns qui menacent, du poing, le soleil! Que c'?tait joli et bien trouv? de me mettre ? trembler, sous une loi qui nous laissait toute libert? d'?crire, et que je faisais l? de l'h?ro?sme ? bon march?! Disons tout: mon enthousiasme et mon admiration pour cette belle oeuvre, ? peine ?tais-je arriv? ? la fin de la premi?re partie, avaient d?j? perdu ? mes propres yeux beaucoup de sa force et de son g?nie. ? mesure que je lisais ce mis?rable roman, ? ce grand juge, et que je cherchais ? deviner mes futurs destins sur ce noble et sympathique visage, il me semblait que je descendais de mes hauteurs. Parfois je m'arr?tais:--Continuez, me disait-il. Parfois je h?tais mon r?cit qui m'impatientait moi-m?me:--Or ?? n'allons pas si vite, et mod?rez-vous, au moins, dans le d?bit, reprenait M. Bertin. Puis il m'interrompait, tant?t en me disant:--Allons d?jeuner! Tant?t, sans mot dire, il se levait, et fermait mon livre, avec un sourire assez voisin de l'ironie, et je le suivais dans les belles all?es de ce beau parc qu'il avait plant?, sur les bords de ces ruisseaux dociles ? sa voix, sur les rives de ce lac qu'il avait appel? au milieu des vertes pelouses. Et comme s'il e?t voulu me faire honte , chemin faisant, nous rencontrions, oubli? sur un banc de verdure, un volume de Voltaire, un trait? de Platon, un de ces chefs-d'oeuvre ?ternels dont il faisait, tour ? tour, la compagnie et l'enchantement de ses jardins. Il arrive, et dans cette balance o? p?se,... implacable, une r?volution surnaturelle, il jette ? l'instant ses biens, son nom, ses enfants, ses chers enfants, sa femme elle-m?me, un ange, une sainte, une m?re, et la plus tendre aussi de toutes les m?res:--< Voil? ce qu'il dit ? la France. Il appelle en m?me temps ? l'aide, au secours du nouveau tr?ne et des libert?s nouvelles les historiens, les philosophes, avec les po?tes nouveaux, donnant sa part ? chacun d'eux dans cet ?tablissement qui devait durer dix-huit ann?es, tout autant que les deux rois de la restauration, tout autant que l'empereur, autant que le r?gne du cardinal de Richelieu lui-m?me! Il a donc voulu r?gner avec les plus beaux esprits et les plus libres penseurs de son temps; bien plus, il accepte, imprudent sublime, une royaut? difficile, inqui?te, incompl?te, agit?e au dedans, humble au dehors, pleine d'?meutes, de r?sistances, de r?clamations, et, pour lui-m?me, pleine d'escopettes et de poignards! Ceci dit, avec la plus sinc?re et la plus loyale conviction, mon cher ma?tre me suppliait de ne pas me fermer toute carri?re, ? mes premiers pas dans la vie; il me disait que, n?cessairement, dans les sentiers que nous devions parcourir, les uns et les autres, d'un pas ferme et s?r, je me rencontrerais avec quantit? de bons et beaux esprits, bien d?cid?s ? maintenir l'?tablissement d'hier, ? conserver ce qui n'avait pas p?ri dans le commun naufrage, et, disons tout, si quelques-uns parmi les combattants d'hier regrettaient d'avoir trop cruellement trait? le roi qui partait, c'?tait ? ceux-l? m?mes un motif excellent pour m?nager le nouveau roi, pour l'entourer de d?f?rences, pour le d?fendre et pour l'honorer. Telle fut la conclusion de ce discours. Ceci fut dit avec une ?nergie, une gr?ce, un accent irr?sistibles. Qui que vous soyez, vous connaissez M. Bertin l'a?n?,... vous l'avez vu sur cette toile imp?rissable o? M. Ingres, dans tout l'?clat et toute la v?rit? de son g?nie, a repr?sent? ce regard, cette attitude et cette intelligence ?loquente... Tel il ?tait, lorsqu'il parlait ? coeur ouvert! Et le moyen de r?sister ? cet ordre ainsi donn??--Non! non! me disais-je ? moi-m?me, il ne faut pas pousser plus loin cette injustice, et malheur ? moi, si je ne suis pas convaincu que je viens d'?crire un mauvais livre! Ainsi, je reviens ? Paris, bien d?cid? ? tout br?ler. Et maintenant, si le lecteur voulait savoir pourquoi cette nouvelle ?dition d'un si m?chant livre, et pourquoi je rends aujourd'hui cette vie ?ph?m?re ? ces pages mortes depuis si longtemps? Cette royaut? dans l'ab?me, elle ne savait pas m?me le nom de son d?fenseur, et, quand elle l'apprit par hasard, elle en eut une certaine joie, en songeant qu'elle trouvait au moins justice et reconnaissance dans un ?crivain pour qui elle n'avait rien fait... et qui ne lui avait rien demand?! Qui que vous soyez, f?licitez-vous d'un d?vouement sans r?compense! Heureux les rois que vous aimez et que vous pleurez, uniquement pour la part qu'ils vous ont faite dans la libert? commune et dans le bonheur de tous! Ils peuvent se fier ? des hommages qui les vont chercher dans l'exil, et qui n'ont jamais eu rien de servile; leurs enfants doivent, au fond de leur coeur, honorer un d?vouement qui les console au del? des oc?ans. BARNAVE PREMI?RE PARTIE CHAPITRE I Tout d'abord, je n'ai vu, dans ces hommes, que ce qu'ils ?taient en apparence, ou plut?t que ce qu'ils ?taient r?ellement avant que le sort les pla??t si haut: de jeunes et p?tulants esprits, pleins d'audace, ob?issant au hasard, et se doutant peu qu'ils seraient un jour de grands hommes. C'est ainsi qu'ils me sont apparus. Je les ai quitt?s au moment o? leur destin?e d'hommes publics allait s'accomplir; depuis, j'en ai entendu parler de tant de fa?ons diff?rentes, on leur a prodigu? tant de gloire, on les a couverts de tant d'infamie, et cela, ? si peu de distance, que je sais ? peine aujourd'hui ce que j'en dois penser, et que choisir dans ces jugements si oppos?s. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas, ? Dieu ne plaise! une histoire que je veux ?crire, c'est le frivole roman de ma jeunesse. En ces pages malhabiles, il ne s'agira que de moi seul, et non pas de tr?nes renvers?s et de sceptres bris?s, au pied des ?chafauds sanglants. Songez, je vous prie, en lisant ce futile r?cit, que vous assistez aux souvenirs d'un vieillard ignorant et fatigu?, qui, par oisivet?, se fait jeune encore une fois avant la mort; rappelez-vous que ce sont les ?crits d'un homme incertain, m?me de ses opinions; d'un Allemand et d'un grand seigneur, double raison pour douter de la libert?. Ajoutez ceci: que je suis vieux, que j'ai vu commencer la libert? chez nos voisins, que je l'entends gronder chez nous d'une mani?re formidable, et que j'ai peur de cette libert? moderne. Elle a bris? tant de grandes choses! Elle a vers? tant de sang! ? peu d'exceptions pr?s, le m?me accident attendait tous les hommes de notre ?poque. Aussi bien leur plus grande et leur plus heureuse occupation, dans ce si?cle occup?, a-t-elle ?t? de se souvenir. Marchons donc en arri?re, il le faut; revenons ? l'aurore de 1789, retournons au Versailles des trois rois... trois fant?mes! Rallumons ces flambeaux ?teints, relevons ces palais en ruine, rendons ? la pierre ?l?gante ses festons, ses guirlandes, ses peintures mythologiques; rendons ? ces jardins fameux leur sym?trie et leurs ombrages de l'autre monde. Ouvrez-vous, ? tous vos battants, larges portes de l'antique ch?teau! Montrez-vous dans la muraille entr'ouverte, myst?rieux boudoirs! Il en sera de mon livre, comme il en est de ces drames qui pour ?tre compris ont besoin de tout l'art du machiniste. Que de fois, dans ces ann?es suppl?mentaires, ne me suis-je pas figur? mon propre ch?teau, habit? soudain par le roi de France et la reine Marie-Antoinette d'Autriche! Une cour ?trange o? le temps qui fuit, se m?le au nouveau si?cle; un p?le-m?le ?clatant de vertu et de faiblesse, de pur amour et de m?prisables volupt?s! Grands noms, c?l?brit?s perdues, renomm?es fameuses, intrigants subalternes, d?vouement sublime, le joueur, la courtisane, le guerrier, le h?ros, le l?che! O ciel! le plus faible et le plus vertueux des monarques, la plus belle et la plus malheureuse des reines!... tout ?tait l?. Au dehors, la hideuse banqueroute, le d?shonneur national, l'ardente calomnie! Et chez le roi, dans son Paris, dans son Versailles, des rivalit?s presque royales, et je ne sais combien de rois populaires qui sortent de la foule, couronn?s et bris?s de ses mains! Cela fait peur ? penser! < C'est cela, ferme ta porte, et dresse en haut ton pont criard! Donnons le mot d'ordre aux sentinelles, et pr?parons toute chose pour un long si?ge... Inutiles efforts! Ne vois-tu pas, monseigneur, que tu agis comme un niais? Eh! qui te parle, ami, de guerre, de bataille, d'assaut, de surprise, de poudre ? canon, de contrescarpes et de remparts? La force n'est plus la m?me; elle a chang? de place, elle n'est plus au ch?teau fort, ? l'arr?t du parlement, ? la couronne du roi; regardez ? travers vos cr?neaux, au pied de la tour, le premier qui passe et qui sait parler en plein vent. CHAPITRE II Pour juger de mon origine, il e?t fallu entendre ma m?re, une fois qu'elle abordait ce chapitre-l?. Ma m?re ?tait, apr?s S. M. l'imp?ratrice, la plus grande dame de la cour de Marie-Th?r?se; elle savait ? fond tout ce que nous avions ?t?, nous autres, de Jules C?sar ? l'empereur Joseph II, et ce que nous ?tions depuis tant de si?cles: princes de Wolfenbuttel, marquis de Ratzbourg, comtes de Werdau, vicomtes d'Erlangen, barons de Reichenbach, burgraves d'Undernach, hauts et puissants seigneurs d'Osterbourg, Gossnitz, Altembourg et autres lieux. ? tous ces titres, ma m?re avait fait, de l'?tiquette, un devoir, que dis-je? une vertu, et j'aurais de la peine ? expliquer, moi-m?me, par quelle suite de r?volutions j'ai fini par oublier cette science auguste. H?las! ce fut un grand malheur pour les princes, quand cette barri?re de l'?tiquette fut bris?e, et qu'on les put approcher ? la fa?on des autres hommes; ce fut une vanit? qu'ils pay?rent bien cher, quand ils voulurent ressembler ? tout le monde. Ici, je reviens ? ma m?re: elle ?tait une excellente princesse, occup?e uniquement de blason, de g?n?alogie, et qui savait par coeur, toute son antique famille. Elle descendait en droite ligne, par les femmes, des princes de Wolfenbuttel, illustre famille dont la branche cadette occupe aujourd'hui le tr?ne d'Angleterre, et qui a donn? deux imp?ratrices ? l'Allemagne. Surtout, ce qui fit le bonheur et le juste orgueil de ma m?re, c'est qu'elle vit na?tre et grandir, et s'?panouir au souffle enchant? de son quinzi?me printemps, cette jeune et brillante fleur, Marie-Antoinette d'Autriche, qui languit et mourut si mis?rablement, sous le beau ciel de France! En sa qualit? de parente, elle avait assist? ? l'?ducation de cette jeune princesse, dont les premi?res ann?es furent si compl?tement triomphantes, qu'il e?t ?t? impossible aux plus terribles proph?tes de pr?voir ces affreux retours de la fortune. Tout enti?re ? sa passion pour la reine future, ma m?re avait sembl? m'oublier moi-m?me, un Wolfenbuttel! ? ces causes, je fus ?lev? comme une cr?ature ? part dans la race humaine; heureusement que je me suis ?lev? tout seul. Je suis mon propre ouvrage, et je n'ai rien pris de personne. Il est vrai que tout d'abord, je me fis une ?ducation si hautaine, que ma m?re en e?t ?t? fi?re, et si je ne suis pas devenu le plus insupportable des hommes en g?n?ral, et des Allemands en particulier, je le dois, en fin de compte, ? l'admiration extraordinaire qui me saisit pour Fr?d?ric II, le roi de Prusse, et qui renversa tous les plans de ma m?re et tous les projets de son fils. Admirer aujourd'hui le grand Fr?d?ric, c'est chose assez simple et naturelle, m?me en Allemagne. Aux yeux de ses contemporains, tout au rebours, le roi de Prusse ?tait un r?volutionnaire, un ath?e, un tra?tre envers la royaut? qui pesait sur sa t?te! ? peine on convenait que c'?tait un grand roi, un h?ros. Ses famili?res accointances avec M. de Voltaire avaient perdu le roi de Prusse dans l'esprit des sages de sa nation. Les courtisans bl?maient ? outrance un roi descendu jusqu'? imprimer des vers, qu'il avait faits lui-m?me. Il n'y avait, dans toute l'Autriche , que certains esprits forts qui se fussent permis de penser que le conqu?rant de la Sil?sie et l'ami de Voltaire ?tait le plus grand roi de son temps. Je me mis, un matin, au nombre des esprits forts; je renon?ai ? ma vanit? de grand seigneur, pour admirer mon h?ros tout ? mon aise. Alors, me voil? pris de passion pour cet esprit libertin qui faisait affronter au roi, mon h?ros, les dogmes les plus profonds, les pr?jug?s les mieux enracin?s, les passions les plus gothiques. ? mes yeux, Fr?d?ric II repr?sentait, sur le tr?ne, la philosophie elle-m?me. Il ?tait le roi philosophe... un r?volutionnaire! e?t dit ma m?re;--un grand homme, r?pliquait mon esprit r?volt?. Voil? comment peu ? peu je d?mentis ma brillante origine, et les esp?rances que tous les miens avaient fond?es sur mon orgueil. Je ne saurais dire aujourd'hui ce que j'?tais alors, non plus que la nation ? laquelle j'appartenais. Je n'?tais ni r?veur, ni triste, j'?tais jeune et tr?s-curieux de tout savoir. ? un homme de ma qualit?, il n'?tait pas de proposition si haute ? laquelle il ne p?t s'attendre, et v?ritablement j'?tais d?j? fort ?tonn? que S. M. l'empereur ne m'e?t pas encore appel? ? ses conseils. Marie-Th?r?se, ce grand roi, venait de mourir ? Vienne agrandie par ses soins, elle-m?me, cette imp?ratrice, qui ? peine avait trouv? dans ses vastes ?tats, une ville pour faire ses couches. Elle ?tait le dernier rejeton de la maison de Habsbourg, la derni?re h?riti?re du bonheur de cette grande famille. Joseph II, plagiaire bourgeois du roi de Prusse, venait de transporter dans sa nouvelle cour toute la philosophie et tout le sans g?ne qu'il put ramasser en ses voyages. Que fis-je alors? J'imaginai de le traiter comme on traite un philosophe, un sage, et cela me parut de bon go?t d'aller voir, sans ?tre pr?sent?, un empereur d'Autriche... un cousin. J'entrai donc sans fa?on, avec la foule des courtisans et des sujets de toutes les classes, dans le palais... disons mieux, dans le logis de Sa Majest?. La foule ?tait grande; elle observait le plus profond respect. La familiarit? des sujets envers le souverain n'?tait pas encore une habitude, le c?r?monial et le silence r?gnaient aussi despotiquement dans cette foule, que si Joseph II n'e?t pas ?t? un roi populaire. Apr?s le premier instant d'?tonnement, je trouvai que l'heure ?tait lente, et je me mis ? tuer le temps. Tant j'?tais, dans le fond de mon ?me, un v?ritable baron f?odal! Cependant chaque homme ?tait appel? ? son tour, ? l'audience du ma?tre, et je les voyais sortir, l'un apr?s l'autre, du cabinet de l'empereur, celui-ci content, celui-l? soucieux; l'un touchait la terre ? peine, et l'autre, on e?t dit qu'il avait le Brooken sur les ?paules! Ils allaient ainsi du ciel ? l'ab?me, heureux, d?concert?s, radieux, triomphants, et s'inqui?tant fort peu de la philosophie de l'empereur. De son c?t?, ma propre philosophie ?tait en pleine d?route, et, pour me rassurer quelque peu, moi-m?me contre l'?galit? qui m'opprimait, je regrettais sinc?rement de n'avoir pas sous les yeux un vieil arbre g?n?alogique des Wolfenbuttel, que j'avais courageusement et philosophiquement d?daign? dans mes jours d'ind?pendance et de libert?! Que n'aurais-je pas donn? ? cette heure, pour contempler ? mon bel aise, avec les yeux de la foi, cette longue pancarte sur laquelle mille noms divers formaient comme un vrai labyrinthe sans issue! Alors, que d'orgueil ? contempler dans leur cours, ce mince filet d'eau, ce torrent, ce fleuve immense et cet oc?an d'enfants issus de m?me race, abb?s, marquis, princes, comtes et ducs, g?n?raux, cardinaux, ?v?ques, abbesses, duchesses et novices! Pas un marchand pour entacher la noble souche, et tous ces membres d'une race authentique, et qui remonte ? Jules C?sar, ?tiquet?s comme autant de vieilles bouteilles!... J'avais pourtant d?daign? tout cela, ce matin m?me, avant ma triste visite ? l'empereur! ... En ces moments superbes, je touchais ? l'apoth?ose, ou tout au moins au pi?destal!... Voyez pourtant le changement de mon esprit! Parce que l'empereur ne m'avait pas appel? tout de suite, et parce qu'il faisait entrer chez lui, avant moi, un capitaine, un magistrat, un po?te, eh! que dis-je? un laboureur,... je trouvai qu'il agissait mal avec mes a?eux, mal avec mes domaines, mal avec mon g?nie, et je me demandai si j'?tais fait pour ?tre ainsi trait?, moi un prince Wolfenbuttel! <<--Monseigneur, me dit un chambellan, S. M. vous attend. Elle ne savait pas que vous vous ?tiez pr?sent? chez elle; elle est f?ch?e que vous ayez attendu...>>
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