Read Ebook: Ein Volk in Waffen by Hedin Sven Anders
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Ebook has 132 lines and 11298 words, and 3 pages
ANATOLE FRANCE
DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE
VIE
JEANNE D'ARC
PARIS CALMANN-L?VY, ?DITEURS 3, RUE AUBER, 3
Droits de traduction et de reproduction r?serv?s pour tous les pays, y compris la Hollande.
VIE DE JEANNE D'ARC
CHAPITRE PREMIER
L'ARM?E ROYALE DE SOISSONS ? COMPI?GNE.--PO?ME ET PROPH?TIE.
Le 22 juillet, le roi Charles, descendant l'Aisne avec son arm?e, re?ut en un lieu nomm? Vailly les clefs de la ville de Soissons.
Cette ville faisait partie du duch? de Valois indivis entre la maison d'Orl?ans et la maison de Bar. De ses ducs, l'un ?tait prisonnier des Anglais; l'autre tenait au parti fran?ais par son beau-fr?re le roi Charles et au parti bourguignon par son beau-p?re le duc de Lorraine. Il y avait l? de quoi troubler dans leurs sentiments de fid?lit? les habitants qui, foul?s par les gens de guerre, pris et repris ? tout moment, chaperons rouges et chaperons blancs, risquaient tour ? tour d'?tre jet?s dans la rivi?re. Les Bourguignons mettaient le feu aux maisons, pillaient les ?glises, justiciaient les plus gros bourgeois; puis les Armagnacs saccageaient tout, faisaient grande occision d'hommes, de femmes et d'enfants, violaient nonnes, prudes femmes et bonnes pucelles, tant que les Sarrazins n'eussent fait pis. On avait vu les dames de la cit? coudre des sacs pour y mettre les Bourguignons et les noyer dans l'Aisne.
Le roi Charles fit son entr?e le samedi 23 au matin. Les chaperons rouges se cach?rent. Les cloches sonn?rent, le peuple cria <
Il semble que les chefs de l'arm?e royale eussent alors l'intention de marcher sur Compi?gne. Aussi bien importait-il d'enlever au duc Philippe cette ville qui ?tait pour lui la clef de l'?le-de-France, et il y avait lieu d'agir avant que le duc e?t amen? une arm?e. Mais dans toute cette campagne le roi de France ?tait r?solu ? reprendre ses villes par adresse et persuasion et non point de force. Du 22 au 25 juillet, il somma par trois fois les habitants de Compi?gne de se rendre. Ceux-ci n?goci?rent, voulant gagner du temps et se donner l'apparence d'?tre contraints.
Partie de Soissons, l'arm?e royale fut le 29 devant Ch?teau-Thierry. Elle attendit tout le jour que la ville ouvr?t ses portes. Au soir le roi y fit son entr?e.
Coulommiers, Cr?cy-en-Brie, Provins se soumirent.
Le lundi 1er ao?t, le roi passa la Marne sur le pont de Ch?teau-Thierry et prit ce m?me jour son g?te ? Montmirail. Le lendemain il atteignit Provins ? port?e du passage de la Seine et des routes du centre. L'arm?e avait grand'faim et ne trouvait rien ? manger dans ces campagnes ravag?es, dans ces villes pill?es. On s'appr?tait, faute de vivres, ? faire retraite et ? regagner le Poitou. Mais les Anglais contrari?rent ce dessein. Pendant qu'on r?duisait des villes sans garnison, le r?gent d'Angleterre avait rassembl? une arm?e. Elle s'avan?ait maintenant sur Corbeil et Melun. Les Fran?ais, ? son approche, gagn?rent la Motte-Nangis, ? cinq lieues de Provins, o? ils s'?tablirent sur un de ces terrains bien plats et bien unis qui convenaient aux batailles telles qu'elles se donnaient en ce temps-l?. Ils y demeur?rent rang?s tout un jour. Les Anglais ne vinrent point les attaquer.
Cependant les habitants de Reims re?urent nouvelles que le roi Charles quittait Ch?teau-Thierry avec son arm?e et voulait passer la Seine. Se voyant abandonn?s, ils craignirent que les Anglais et les Bourguignons ne leur fissent payer cher le sacre du roi des Armagnacs; et de fait ils ?taient en grand danger. Ils d?cid?rent, le 3 ao?t, d'envoyer un message au roi Charles pour le supplier de ne pas abandonner les cit?s mises en son ob?issance. Le h?raut de la ville partit aussit?t. Le lendemain, ils avertirent leurs bons amis de Ch?lons et de Laon, que le roi Charles, comme ils l'avaient entendu dire, prenait son chemin vers Orl?ans et Bourges et qu'ils lui avaient envoy? un message.
Le 5 ao?t, tandis que le roi est encore ? Provins ou aux alentours, Jeanne adresse ? ceux de Reims une lettre dat?e du camp, sur le chemin de Paris. Elle y promet ? ses chers et bons amis de ne pas les abandonner. Elle n'a point l'air de soup?onner que la retraite sur la Loire est d?cid?e. C'est donc que les magistrats de Reims ne le lui ont pas ?crit et qu'elle est tenue en dehors du conseil royal. Elle est instruite pourtant que le roi a conclu une tr?ve de quinze jours avec le duc de Bourgogne et elle les en avertit. Cette tr?ve ne lui pla?t pas; elle ne sait encore si elle la gardera. Si elle ne la rompt pas, ce sera seulement pour garder l'honneur du roi; encore ne faut-il pas que ce soit une duperie. Aussi tiendra-t-elle l'arm?e royale rassembl?e et pr?te ? marcher au bout de ces quinze jours. Elle termine en recommandant aux habitants de Reims de faire bonne garde et de l'avertir s'ils ont besoin d'elle.
Voici cette lettre:
Mes chiers et bons amis les bons et loiaulx Franczois de la cit? de Rains, Jehanne la Pucelle vous fait assavoir de ses nouvelles et vous prie et vous requiert que vous ne faictes nulle doubte en la bonne querelle que elle mayne pour le sang roial; et je vous promect et certiffi que je ne vous abandonneray point tant que je vivray. Et est vray que le Roy a fait treves au duc de Bourgoigne quinze jours durant, par ainsi qu'il ly doit rendre la cit? de Paris paisiblement au chieff de quinze jours. Pourtant ne vous donner nulle merveille si je ne y entre si brieffvement, combien que des treves qui ainsi sont faictes je ne suy point contente et ne scey si je les tendray; maiz si je les tiens, ce sera seulement pour garder l'onneur du Roy; combien aussi que ilz ne cabuseront point le sang roial, car je tendray et mantendray ensemble l'arm?e du Roy pour estre toute preste au chieff desdits quinze jours, si ilz ne font la paix. Pour ce, mes tr?s chiers et parfaiz amis, je vous prie que vous ne vous en donner malaise tant comme je vivray; maiz vous requiers que vous faictes bon guet et garder la bonne cit? du Roy; et me faictes savoir se il y a nulz triteurs qui vous veullent grever et au plus brieff que je porray, je les en osteray; et me faictes savoir de voz nouvelles. ? Dieu vous commans qui soit garde de vous.
Escript ce vendredi, Ve jour d'aoust, enpr?s Provins un logeiz sur champs ou chemin de Paris.
Nul doute que le religieux qui tenait la plume n'ait ?crit fid?lement ce qui lui ?tait dict?, et conserv? le langage m?me de la Pucelle, au dialecte pr?s, car enfin Jeanne parlait lorrain. Elle ?tait alors parvenue au plus haut degr? de la Saintet? h?ro?que. Dans cette lettre elle s'attribue un pouvoir surnaturel auquel doivent se soumettre le roi, ses conseillers, ses capitaines. Elle se donne le droit de seule reconna?tre ou d?noncer les trait?s; elle dispose enti?rement de l'arm?e. Et, parce qu'elle commande au nom du Roi des cieux, ses commandements sont absolus. Il lui arrive ce qui arrive n?cessairement ? toute personne qui se croit charg?e d'une mission divine, c'est de se constituer en puissance spirituelle et temporelle au-dessus des puissances ?tablies et fatalement contre ces puissances. Dangereuse illusion qui produit ces chocs o? le plus souvent se brisent les illumin?s. Vivant et conversant tous les jours de sa vie avec les anges et les saintes, dans les splendeurs de l'?glise triomphante, cette jeune paysanne croyait qu'en elle ?tait toute force et toute prudence, toute sagesse et tout conseil. Ce qui ne veut pas dire qu'elle manquait d'esprit: elle s'apercevait tr?s justement au contraire que le duc de Bourgogne amusait le roi avec des ambassades et que l'on ?tait jou? par un prince qui enveloppait beaucoup de ruse dans beaucoup de magnificence. Non pas que le duc Philippe f?t ennemi de la paix; il la d?sirait au contraire, mais il ne voulait pas se brouiller tout ? fait avec les Anglais. Sans savoir grand'chose des affaires de Bourgogne et de France, elle en jugeait bien. Elle avait des id?es tr?s simples assur?ment, mais tr?s justes sur la situation du roi de France ? l'?gard du roi d'Angleterre, entre lesquels il ne pouvait y avoir d'accommodement puisqu'ils se querellaient pour la possession du royaume, et sur la situation du roi de France ? l'?gard du duc de Bourgogne, son grand vassal, avec lequel une entente ?tait non seulement possible et d?sirable, mais n?cessaire. Elle s'est expliqu?e l?-dessus sans ambages: <
Cette tr?ve qui lui d?plaisait tant, nous ignorons quand elle fut conclue, et si ce fut ? Soissons, ? Ch?teau-Thierry, le 30 ou le 31 juillet, ? Provins entre le 2 et le 5 ao?t. Il para?t qu'elle devait durer quinze jours, au bout desquels le duc s'engageait ? rendre Paris au roi de France. La Pucelle avait grandement raison de se m?fier.
Le roi Charles, devant qui le R?gent s'?tait d?rob?, reprit avec empressement son dessein de rentrer en Poitou. De la Motte-Nangis, il envoya des fourriers ? Bray-sur-Seine, qui venait de faire sa soumission. Cette ville, situ?e au-dessus de Montereau, ? quatre lieues au sud de Provins, avait un pont sur la rivi?re, que l'arm?e royale devait passer le 5 ao?t ou le 6 au matin; mais les Anglais y arriv?rent de nuit, d?trouss?rent les fourriers et gard?rent le pont; l'arm?e royale, ? qui la retraite ?tait coup?e, rebroussa chemin.
Il existait dans cette arm?e, qui ne s'?tait pas battue et qui mourait de faim, un parti des ardents, conduit par ce que Jeanne nommait avec amour le sang royal. C'?tait le duc d'Alen?on, le duc de Bourbon, le comte de Vend?me; c'?tait aussi le duc de Bar, qui revenait de la guerre de la hott?e de pommes. Ce jeune fils de madame Yolande, avant de rimer des moralit?s et de peindre des tableaux, faisait beaucoup la guerre. Duc de Bar et h?ritier de Lorraine, il lui avait fallu s'allier aux Anglais et aux Bourguignons; beau-fr?re du roi Charles, il devait se r?jouir que celui-ci f?t victorieux, car sans cela il n'aurait jamais pu se mettre du parti de la reine sa soeur, et il en aurait eu regret. Jeanne le connaissait; elle l'avait demand? nagu?re ? Nancy au duc de Lorraine, pour l'accompagner en France. Il fut, dit-on, de ceux qui la suivirent volontiers jusqu'? Paris. De ceux-l? encore ?taient les deux fils de madame de Laval, Gui, l'a?n?, ? qui elle avait offert le vin ? Selles-en-Berry et promis de lui en faire bient?t boire ? Paris, et Andr?, qui fut depuis le mar?chal de Loh?ac. C'?tait l'arm?e de la Pucelle: de tr?s jeunes hommes, presque des enfants, qui joignaient leur banni?re ? la banni?re d'une fille plus jeune qu'eux, mais plus innocente et meilleure.
On dit qu'en apprenant que la retraite ?tait coup?e, ces petits princes furent bien contents et joyeux. Vaillance et bon vouloir, mais ?trange et fausse position de cette chevalerie qui voulait guerroyer quand le conseil du roi voulait traiter et qui se r?jouissait que les ennemis aidassent ? la prolongation de la campagne et que l'arm?e royale f?t rencogn?e par les Godons. Malheureusement il n'y avait pas de tr?s habiles hommes dans ce parti de la guerre et l'heure favorable ?tait pass?e: on avait laiss? au R?gent le temps de rassembler des forces et de faire face aux dangers les plus pressants.
Sa retraite coup?e, l'arm?e royale se rejeta en Brie. Le dimanche 7, au matin, elle ?tait ? Coulommiers; elle repassa la Marne ? Ch?teau-Thierry. Le roi Charles re?ut un message des habitants de Reims qui le suppliaient de se rapprocher encore d'eux. Il ?tait le 10 ? La Fert?, le 11 ? Cr?py en Valois.
Dans une des ?tapes de cette marche sur La Fert? et sur Cr?py, la Pucelle chevauchait en compagnie du roi, entre l'archev?que de Reims et monseigneur le B?tard. Voyant le peuple accourir au-devant du roi en criant <
--Voici de bonnes gens! je n'ai vu nulle part gens si r?jouis de la venue du gentil roi...
Ces paysans du Valois et de France, qui criaient <
<
On ne cultivait alors la terre qu'aux alentours des villes ou proche des lieux forts et des ch?teaux, dans le rayon que, du haut d'une tour ou d'un clocher, le guetteur pouvait parcourir du regard. ? la venue des gens d'armes, il sonnait de la cloche ou du cor, pour avertir les vignerons et les laboureurs de se mettre en s?ret?. En maint endroit la sonnerie d'alarme ?tait si fr?quente que les boeufs, les moutons et les porcs, d?s qu'ils l'entendaient, s'en allaient d'eux-m?mes vers le lieu de refuge.
Dans les pays de plaine surtout, d'un acc?s facile, les Armagnacs et les Anglais avaient tout d?truit. ? quelque distance de Beauvais, de Senlis, de Soissons, de Laon, ils avaient chang? les champs en jach?res, et, par endroits, s'?tendaient largement la brousse, les buissons et les arbrisseaux.
--No?l! No?l.
Par tout le duch? de Valois, les paysans abandonnaient le plat pays et se cachaient dans les bois, les rochers et les carri?res.
Beaucoup, pour vivre, faisaient comme Jean de Bonval, couturier ? Noyant, pr?s Soissons, qui, bien qu'il e?t femme et enfants, se mit d'une bande bourguignonne qui allait par toute la contr?e pillant et d?robant, et, ? l'occasion, enfumant les gens dans les ?glises. Un jour, Jean et ses compagnons prennent deux muids de grains, un jour six ou sept vaches; un jour une ch?vre et une vache, un jour une ceinture d'argent, une paire de gants et une paire de souliers; un jour un ballot de dix-huit aunes de drap pour faire des huques. Et Jean de Bonval disait qu'? sa connaissance plusieurs bons prudhommes en faisaient autant.
--No?l! No?l!
Les Armagnacs et les Bourguignons avaient pris aux pauvres paysans jusqu'? leur cotte et leur marmite. Il n'y avait pas loin de Cr?py ? Meaux. Tout le monde, dans la contr?e, connaissait l'arbre de Vauru.
? une des portes de la ville de Meaux ?tait un grand orme o? le b?tard de Vauru, gentilhomme gascon du parti du dauphin, faisait pendre les paysans qu'il avait pris et qui ne pouvaient payer leur ran?on. Quand il n'avait point le bourreau sous la main, il les pendait lui-m?me. Avec lui vivait un sien parent, le seigneur Denis de Vauru, qu'on appelait son cousin, non parce qu'il l'?tait en effet, mais pour faire entendre que l'un valait l'autre. Au mois de mars de l'ann?e 1420, le seigneur Denis, en l'une de ses chevauch?es, rencontra un jeune paysan, qui travaillait la terre. Il le prit ? ran?on, le lia ? la queue de son cheval, le mena battant jusqu'? Meaux et, par menaces et tortures, lui fit promettre de payer trois fois plus qu'il n'avait. Tir? de la g?henne ? demi mort, le vilain fit demander ? sa femme, qu'il avait ?pous?e dans l'ann?e, d'apporter la somme exig?e par le seigneur. Elle ?tait grosse et pr?s de son terme; pourtant, comme elle aimait bien son mari, elle vint, esp?rant adoucir le coeur du seigneur de Vauru. Elle n'y r?ussit point et messire Denis lui dit que si, tel jour, il n'avait pas la ran?on, il pendrait l'homme ? l'orme. La pauvre femme s'en alla tout en pleurs, recommandant bien tendrement son mari ? Dieu. Et son mari pleurait de la piti? qu'il avait d'elle. ? grand effort, elle recueillit la ran?on exig?e, mais ne put si bien faire qu'elle ne d?pass?t le jour fix?. Quand elle revint devant le seigneur, son mari avait ?t? pendu, sans d?lai ni merci, ? l'arbre de Vauru. Elle le demanda en sanglotant et tomba ?puis?e du long chemin qu'elle avait fait ? pied, pr?s de son terme. Ayant repris connaissance, elle le r?clama de nouveau; on lui r?pondit qu'elle ne le verrait point tant que la ran?on ne serait point pay?e.
Tandis qu'elle se tenait devant le seigneur, elle vit amener plusieurs gens de m?tiers mis ? ran?on qui, ne pouvant payer, ?taient aussit?t envoy?s pendre ou noyer. ? leur vue, elle prit grand'peur pour son mari; n?anmoins, l'amour la tenant au coeur, elle paya la ran?on. Sit?t que les gens du duc eurent compt? les ?cus, ils la renvoy?rent en lui disant que son mari ?tait mort comme les autres vilains. ? cette cruelle parole, ?mue de douleur et de d?sespoir, elle ?clata en invectives et en impr?cations. Comme elle ne voulait point se taire, le b?tard de Vauru la fit frapper ? coups de b?ton et mener ? son orme.
Elle fut mise nue jusqu'au nombril et attach?e ? l'arbre o? de quarante ? cinquante hommes ?taient branch?s, les uns haut, les autres bas, qui lui venaient toucher la t?te quand le vent leur donnait le branle. ? la tomb?e de la nuit, elle poussa de tels cris qu'on les entendait de la ville. Mais quiconque serait all? la d?tacher aurait ?t? un homme mort. La frayeur, la fatigue, ses efforts, h?t?rent sa d?livrance. Attir?s par ses hurlements, les loups vinrent lui arracher le fruit qui sortait de son ventre, et puis ils d?pec?rent tout vif le corps de la malheureuse cr?ature.
Mais en l'an 1422, la ville de Meaux ayant ?t? prise par les Bourguignons, le b?tard de Vauru et son cousin furent pendus ? l'arbre o? ils avaient fait p?rir indignement un si grand nombre d'innocentes gens.
Pour les pauvres paysans de ces malheureuses contr?es, armagnacs ou bourguignons c'?tait bonnet blanc et blanc bonnet: ils ne gagnaient rien ? changer de ma?tre. Pourtant il est possible qu'en voyant le roi, issu de saint Louis et de Charles le Sage, ils reprissent un peu de confiance et d'espoir, tant cette illustre maison de France avait renom de justice et de mis?ricorde.
Ainsi, chevauchant au c?t? de l'archev?que de Reims, la Pucelle regardait amicalement les paysans qui criaient: <
--Pl?t ? Dieu que je fusse assez heureuse, quand je finirai mes jours, pour ?tre inhum?e en cette terre!
Peut-?tre le seigneur archev?que ?tait-il curieux de savoir si elle avait re?u de ses Voix quelque r?v?lation sur sa fin prochaine. Elle disait souvent qu'elle durerait peu. Sans doute il connaissait une proph?tie fort r?pandue ? cette heure, annon?ant que la Pucelle mourrait en terre sainte apr?s avoir reconquis avec le roi Charles le tombeau de Notre-Seigneur. Plusieurs attribuaient cette proph?tie ? la Pucelle elle-m?me qui avait dit ? son confesseur qu'elle devait mourir ? la bataille contre les Infid?les et qu'apr?s elle viendrait de par Dieu une pucelle de Rome, qui prendrait sa place. Et l'on comprend que messire Regnault ait voulu savoir ce qu'il fallait penser de ces choses. Enfin, pour cette raison, ou pour toute autre, il demanda:
--Jeanne, en quel lieu avez-vous l'espoir de mourir?
? quoi elle r?pondit:
--O? il plaira ? Dieu. Car je ne suis s?re ni du temps ni du lieu, et je n'en sais pas plus que vous.
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