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Read Ebook: The Life and Times of Cleopatra Queen of Egypt A Study in the Origin of the Roman Empire by Weigall Arthur E P Brome Arthur Edward Pearse Brome

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Ebook has 42 lines and 2200 words, and 1 pages

J?RUSALEM

PIERRE LOTI

DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE

J?RUSALEM

QUARANTE-SEPTI?ME ?DITION

PARIS

CALMANN L?VY, ?DITEUR

ANCIENNE MAISON MICHEL L?VY FR?RES

Droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous les pays, y compris la Su?de et la Norv?ge.

A mes amis, ? mes fr?res inconnus, je d?die ce livre--qui n'est que le journal d'un mois de ma vie, ?crit dans un grand effort de sinc?rit?.

PIERRE LOTI

J?RUSALEM

J?rusalem!... Oh! l'?clat mourant de ce nom!... Comme il rayonne encore, du fond des temps et des poussi?res, tellement que je me sens presque profanateur, en osant le placer l?, en t?te du r?cit de mon p?lerinage sans foi!

J?rusalem! Ceux qui ont pass? avant moi sur la terre en ont d?j? ?crit bien des livres, profonds ou magnifiques. Mais je veux simplement essayer de noter les aspects actuels de sa d?solation et de ses ruines; dire quel est, ? notre ?poque transitoire, le degr? d'effacement de sa grande ombre sainte, qu'une g?n?ration tr?s prochaine ne verra m?me plus...

Peut-?tre dirai-je aussi l'impression d'une ?me--la mienne--qui fut parmi les tourment?es de ce si?cle finissant. Mais d'autres ?mes sont pareilles et pourront me suivre; nous sommes quelques-uns de l'angoisse sombre d'? pr?sent, quelques-uns d'au bord du trou noir o? tout doit tomber et pourrir, qui regardons encore, dans un inappr?ciable lointain, planer au-dessus de tout l'inadmissible des religions humaines, ce pardon que J?sus avait apport?, cette consolation et ce c?leste revoir... Oh! il n'y a jamais eu que cela; tout le reste, vide et n?ant, non seulement chez les p?les philosophes modernes, mais m?me dans les arcanes de l'Inde mill?naire, chez les Sages illumin?s et merveilleux des vieux ?ges... Alors, de notre ab?me, continue de monter, vers celui qui jadis s'appelait le R?dempteur, une vague adoration d?sol?e...

Vraiment, mon livre ne pourra ?tre lu et support? que par ceux qui se meurent d'avoir poss?d? et perdu l'Esp?rance Unique; par ceux qui, ? jamais incroyants comme moi, viendraient encore au Saint-S?pulcre avec un coeur plein de pri?re, des yeux pleins de larmes, et qui, pour un peu, s'y tra?neraient ? deux genoux...

Lundi, 26 mars.

C'est lundi de P?ques. Arriv?s du d?sert, nous nous ?veillons sous des tentes, au milieu d'un cimeti?re de Gaza. Plus de B?douins sauvages autour de nous, plus de chameaux ni de dromadaires. Nos nouveaux hommes, qui sont des Maronites, se h?tent de seller et de harnacher nos nouvelles b?tes, qui sont des chevaux et des mulets; nous levons le camp pour monter vers J?rusalem.

Pr?c?d?s de deux gardes d'honneur, que nous a donn?s le pacha de la ville et qui ?cartent devant nous la foule, nous traversons longuement les march?s et les bazars. Ensuite, la banlieue, o? l'animation du matin se localise autour des fontaines: tout le peuple des vendeurs d'eau est l?, emplissant des outres en peau de mouton et les chargeant sur des ?nes. Interminables d?bris de murailles, de portes, amas de ruines sous des palmiers. Et enfin, le silence de la campagne, les champs d'orges, les bois d'oliviers s?culaires, le commencement de la route sablonneuse de J?rusalem, o? nos gardes nous quittent.

Nous laissons cette route sur notre gauche, pour prendre, dans les orges vertes, les simples sentiers qui m?nent ? H?bron. Notre arriv?e dans la ville sainte sera retard?e de quarante-huit heures par ce d?tour, mais les p?lerins font ainsi d'habitude pour s'arr?ter au tombeau d'Abraham.

Environ dix lieues de route aujourd'hui, dans les orges de velours, coup?es de r?gions d'asphod?les o? paissent des troupeaux. De loin en loin, des campements arabes, tentes noires sur le beau vert des herbages. Ou bien des villages fellahs, maisonnettes de terre grise serr?es autour de quelque petit d?me blanchi ? la chaux, qui est un saint tombeau protecteur.

Sur le soir, le soleil, qui avait ?t? tr?s chaud, se voile peu ? peu de brumes tristes, semble n'?tre plus qu'un p?le disque blanc; alors, nous prenons conscience du chemin d?j? parcouru vers le nord.

En m?me temps, nous sortons des plaines d'orges pour entrer dans une contr?e montagneuse, et bient?t la vall?e de Be?t-Djibrin, o? nous comptons passer la nuit, s'ouvre devant nous.

Vraie vall?e de la Terre Promise, o? <>. Elle est verte, d'un vert d?licieux de printemps, de prairie de mai, entre ses collines, que des oliviers vigoureux et superbes recouvrent d'un autre vert, magnifiquement sombre. On y marche sur l'?paisseur des herbages, parmi les an?mones rouges, les iris violets et les cyclamens roses. Elle est remplie d'un parfum de fleurs et, au centre, miroite un petit lac o? boivent ? cette heure des moutons et des ch?vres.

Sur l'une des collines, est pos? le vieux petit village arabe o? l'on ram?ne pour la nuit des troupeaux innombrables; tandis que l'on dresse notre camp, sur l'herbe haute et fleurie, c'est devant nous un d?fil? sans fin de boeufs et de moutons, qui montent s'enfermer l?, derri?re des murs de terre, et que conduisent des bergers en longue robe et en turban, pareils ? des saints ou ? des proph?tes; des petits enfants suivent, portant avec tendresse dans leurs bras des agneaux nouveau-n?s. Les derni?res vont s'engouffrer entre les ?troites rues de boue s?ch?e, plusieurs centaines de ch?vres noires, qui cheminent en masse compacte, comme une longue tra?n?e ininterrompue, d'une couleur et d'un luisant de corbeau; c'est inou?, ce que ce hameau de Be?t-Djibrin peut contenir!... Et, au passage de toutes ces b?tes, une saine odeur d'?table se m?le au parfum de la tranquille campagne.

La vie pastorale d'autrefois est ici retrouv?e, la vie biblique, dans toute sa simplicit? et sa grandeur.

Mardi, 27 mars.

Vers deux heures du matin, quand la nuit p?se de sa plus grande ombre sur ce pays d'arbres et d'herbages, de longs cris chantants extr?mement plaintifs, extr?mement doux, partent de Be?t-Djibrin, passent au-dessus de nous, pour se r?pandre au loin dans le sommeil et la fra?cheur des campagnes: appel exalt? ? la pri?re, remettant en m?moire aux hommes leur n?ant et leur mort... Les mu?zins, qui sont des bergers, debout sur leurs toits de terre, chantent tous ensemble, comme en canon et en fugue--et toujours c'est le nom d'Allah, c'est le nom de Mahomet, surprenants et sombres, ici, sur cette terre de la Bible et du Christ...

Nous nous levons ? l'heure matinale o? sortent les troupeaux pour se r?pandre dans les prairies. La pluie, la bienfaisante pluie inconnue au d?sert, tambourine sur nos tentes, arrose abondamment cet ?den de verdure o? nous sommes.

Le cheik de la vall?e vient nous visiter, s'excusant d'avoir ?t? retenu hier au soir, dans des p?turages ?loign?s o? g?taient ses brebis. Nous montons au village avec lui, malgr? l'ond?e incessante, marchant dans les hautes herbes mouill?es, dans les iris et les an?mones, qui se courbent sous le passage de nos burnous.

En ce pays, pr?s de l'antique Gaza et de l'antique H?bron, Be?t-Djibrin, qui n'a gu?re plus de deux mille ans, peut ?tre consid?r?e comme une ville tr?s jeune. C'?tait la Bethogabris de Ptol?m?e, l'Eleutheropolis de Septime-S?v?re, et elle devint un ?v?ch? au temps des croisades. Aujourd'hui, les implacables proph?ties de la Bible se sont accomplies contre elle, comme d'ailleurs contre toutes les villes de la Palestine et de l'Idum?e, et sa d?solation est sans bornes, sous un merveilleux tapis de fleurs sauvages. Plus rien que des huttes de bergers, des ?tables, dont les toits de terre sont tout rouges d'an?mones; des d?bris de puissants remparts, ?boul?s dans l'herbe; sous la terre et les d?combres, sous le fouillis des grandes acanthes, des ronces et des asphod?les, les vestiges de la cath?drale o? offici?rent les ?v?ques Crois?s: des colonnes de marbre blanc aux chapiteaux corinthiens, une nef ? son dernier degr? de d?labrement et de ruine, abritant des B?douins et des ch?vres.

Il est de bonne heure encore quand nous montons ? cheval pour commencer l'?tape du jour, sous un ciel couvert et tourment? d'o? cependant les averses ne tombent plus. Suivant une pente ascendante vers les hauts plateaux de Jud?e, nous cheminons jusqu'? midi par des sentiers de fleurs, au milieu de champs d'orges, entre des s?ries de collines que tapissent des bois d'oliviers aux ramures grises, aux feuillages obscurs.

A mesure que nous nous ?levons, les pentes deviennent plus raides et le pays plus rocheux; les orges font d?finitivement place aux broussailles et aux asphod?les.

Vers trois heures, en d?bouchant d'une gorge haute qui nous avait tenus longtemps enferm?s, nous nous trouvons dominer tout ? coup des immensit?s inattendues. Derri?re nous et sous nos pieds, les plaines de Gaza, la magnificence des orges, unies dans les lointains comme une mer verte, et, au del? encore, infiniment au del?, un peu de ce d?sert d'o? nous venons de sortir, apparaissant ? nos yeux pour la derni?re fois, dans un vague d?ploiement rose. En avant, c'est une r?gion tr?s diff?rente qui se d?couvre; jusqu'aux vaporeuses cimes du Moab qui barrent le ciel, para?t monter un pays de pierres grises, enti?rement travaill? de mains d'hommes, o? des petits murs r?guliers se superposent ? perte de vue: les vignes ?tag?es d'H?bron, de si?cle en si?cle reproduites aux m?mes places depuis les temps bibliques.

Elles sont sans feuilles, ces vignes, parce que l'avril n'est pas commenc?; on voit leurs ceps ?normes se tordre partout sur le sol comme des serpents au corps multiple; la couleur d'ensemble n'en est pas chang?e,--et ce sont des campagnes tristes, tout en cailloux, tout en grisailles, o? ? peine quelque olivier solitaire de loin en loin montre sa petite touffe de feuillage noir.

L?-bas, serpente quelque chose comme un long ruban blanc, o? nos sentiers vont aboutir: une route, une vraie route carrossable comme en Europe, avec son empierrement et sa poussi?re! Et, en ce moment m?me, deux voitures y passent!... Nous regardons cela avec des surprises de sauvages.

C'est la route qui vient de J?rusalem, et nous allons, nous aussi, la suivre; elle descend vers H?bron, entre d'innombrables petits murs enfermant des vignes et des figuiers.--Il y a un certain bien-?tre tout de m?me ? retrouver cette facilit?-l?, apr?s tant de cailloux, de rocs pointus, de pentes glissantes, de dangereuses fondri?res, o? depuis plus d'un mois nous n'avons cess? de veiller sur les pieds de nos b?tes...

Deux voitures encore nous croisent, remplies de bruyants touristes des agences: hommes en casque de li?ge, grosses femmes en casquette loutre, avec des voiles verts. Nous n'?tions pas pr?par?s ? rencontrer ?a. Plus encore que notre r?ve oriental, notre r?ve religieux en est froiss?.--Oh! leur tenue, leurs cris, leurs rires sur cette terre sainte o? nous arrivions, si humblement pensifs, par le vieux chemin des proph?tes!...

Heureusement, elles s'en vont, leurs voitures; elles se h?tent m?me de filer avant la nuit, car H?bron n'a pas encore d'h?tels, H?bron est rest?e une des villes musulmanes les plus fanatiques de Palestine et ne consent gu?re ? loger des chr?tiens sous ses toits...

Entre des collines pierreuses, couvertes de s?ries de terrasses pour les vignes, H?bron commence d'appara?tre, H?bron, b?tie avec les m?mes mat?riaux que les murs sans fin dont les campagnes sont remplies. Dans un pays de pierres grises, c'est une ville de pierres grises; c'est une superposition de cubes de pierres, ayant chacun pour toiture une vo?te de pierres, tous pareils, tous perc?s des m?mes tr?s petites fen?tres cintr?es et r?unies deux ? deux. Un ensemble net et dur, qui surprend par son absolue uniformit? de contours et de couleurs, et que cinq ou six minarets dominent.

Suivant l'usage, nous campons ? l'entr?e de la ville, au bord de la route, dans un l

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