Read Ebook: Lois psychologiques de l'évolution des peuples by Le Bon Gustave
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La constitution mentale, elle aussi, a des caract?res fondamentaux, immuables comme les caract?res anatomiques des esp?ces ; mais elle poss?de ?galement des caract?res accessoires ais?ment modifiables. Ce sont ces derniers que les milieux, les circonstances, l'?ducation et divers facteurs peuvent ais?ment changer.
Il faut aussi se rappeler, et ce point est essentiel, que dans notre constitution mentale, nous poss?dons tous certaines possibilit?s de caract?re, auxquelles les circonstances ne fournissent pas toujours l'occasion de se manifester. Lorsqu'elles viennent ? surgir, une personnalit? nouvelle, plus ou moins ?ph?m?re, surgit aussit?t. C'est ainsi qu'aux ?poques de grandes crises religieuses et politiques, on observe des changements momentan?s de caract?re tels qu'il semble que les moeurs, les id?es, la conduite, tout enfin ait chang?. Tout a chang? en effet, comme la surface du lac tranquille tourment?e par l'orage. Il est rare que ce soit pour longtemps.
C'est en raison de ces possibilit?s de caract?re mises en oeuvre par certains ?v?nements exceptionnels, que les acteurs des grandes crises religieuses et politiques nous semblent d'une essence sup?rieure ? la n?tre, des sortes de colosses dont nous serions les fils d?g?n?r?s. C'?taient pourtant des hommes comme nous, chez lesquels les circonstances avaient simplement mis en jeu des possibilit?s de caract?re que nous poss?dons tous. Prenez, par exemple, ces << g?ants de la Convention >>, qui tenaient t?te ? l'Europe en armes et envoyaient leurs adversaires ? la guillotine pour une simple contradiction. C'?taient, au fond, d'honn?tes et pacifiques bourgeois comme nous, qui, en temps ordinaire, eussent probablement men? au fond de leur ?tude, de leur cabinet, de leur comptoir, l'existence la plus tranquille et la plus effac?e. Des ?v?nements extraordinaires firent vibrer certaines cellules de leur cerveau, inutilis?es ? l'?tat ordinaire, et ils devinrent ces figures colossales que d?j? la post?rit? ne comprend plus. Cent ans plus tard, Robespierre e?t ?t?, sans doute, un honn?te juge de paix tr?s ami de son cur? ; Fouquier-Tinville un juge d'instruction, poss?dant un peu plus peut-?tre que ses coll?gues l'?pret? et les fa?ons rogues des gens de sa profession, mais tr?s appr?ci? pour son z?le ? poursuivre les d?linquants ; Saint-Just f?t devenu un excellent ma?tre d'?cole, estim? de ses chefs et tr?s fier des palmes acad?miques qu'il e?t s?rement fini par obtenir. Il suffit, pour ne pas douter de la l?gitim? de ces pr?visions, de voir ce que fit Napol?on des farouches terroristes qui n'avaient pas encore eu le temps de se couper r?ciproquement le cou. La plupart devinrent chefs de bureau, percepteurs, magistrats ou pr?fets. Les vagues soulev?es par l'orage, dont nous parlions plus haut, s'?taient calm?es, et le lac agit? avait repris sa surface tranquille.
M?me dans les ?poques les plus troubl?es, produisant les plus ?tranges changements de personnalit?s, on retrouve ais?ment sous des formes nouvelles les caract?res fondamentaux de la race. Le r?gime centralisateur, autoritaire et despotique de nos rigides jacobins fut-il bien diff?rent, en r?alit?, du r?gime centralisateur, autoritaire et despotique que quinze si?cles de monarchie avaient profond?ment enracin? dans les ?mes ? Derri?re toutes les r?volutions des peuples latins, il repara?t toujours, cet obstin? r?gime, cet incurable besoin d'?tre gouvern?, parce qu'il repr?sente une sorte de synth?se des instincts de leur race. Ce ne fut pas seulement par l'aur?ole de ses victoires que Bonaparte devint ma?tre. Quand il transforma la r?publique en dictature, les instincts h?r?ditaires de la race se manifestaient chaque jour avec plus d'intensit? ; et, ? d?faut d'un officier de g?nie, un aventurier quelconque e?t suffi. Cinquante ans plus tard l'h?ritier de son nom n'eut qu'? se montrer pour rallier les suffrages de tout un peuple fatigu? de libert? et avide de servitude. Ce n'est pas Brumaire qui fit Napol?on, mais l'?me de sa race qu'il allait courber sous son talon de fer .
<< A son premier geste, ?crit Taine, les Fran?ais se sont prostern?s dans l'ob?issance, et ils y persistent comme dans leur condition naturelle, les petits : paysans et soldats, avec une fid?lit? animale ; les grands : dignitaires et fonctionnaires, avec une servilit? byzantine. - De la part des r?publicains, nulle r?sistance ; au contraire, c'est parmi eux qu'il a trouv? ses meilleurs instruments de r?gne, s?nateurs, d?put?s, conseillers d'Etat, juges, administrateurs de tout degr?. Tout de suite, sous leurs pr?ches de libert? et d'?galit?, il a d?m?l? leurs instincts autoritaires, leur besoin de commander, de primer, m?me en sous-ordre, et, par surcro?t, chez la plupart d'entre eux, les app?tits d'argent ou de jouissance. Entre le d?l?gu? du Comit? de Salut Public et le ministre, le pr?fet ou sous-pr?fet de l'Empire, la diff?rence est petite : c'est le m?me homme sous deux costumes, d'abord en carmagnole, puis en habit brod?. >>
Si l'influence des milieux sur l'homme para?t aussi grande, c'est pr?cis?ment parce qu'ils agissent sur les ?l?ments accessoires et transitoires, ou encore sur les possibilit?s du caract?re dont nous venons de parler. En r?alit?, les changements ne sont pas bien profonds. L'homme le plus pacifique, pouss? par la faim, arrive ? un degr? de f?rocit? qui le conduit ? tous les crimes, et parfois m?me ? d?vorer son semblable. Dira-t-on pour cela que son caract?re habituel a d?finitivement chang? ?
Que les conditions de la civilisation conduisent les uns ? l'extr?me richesse et ? tous les vices qui en sont l'in?vitable suite ; qu'elles cr?ent chez les autres des besoins tr?s grands sans leur donner les moyens de les satisfaire, il en r?sultera un m?contentement et un malaise g?n?ral, qui agiront sur la conduite et provoqueront des bouleversements de toute sorte, mais dans ces m?contentements, ces bouleversements, se manifesteront toujours les caract?res fondamentaux de la race. Les Anglais des Etats-Unis ont jadis apport? ? se d?chirer entre eux, pendant leur guerre civile, la m?me pers?v?rance, la m?me ?nergie indomptable qu'ils en mettent aujourd'hui ? fonder les villes, des universit?s et des usines. Le caract?re ne s'?tait pas modifi?. Seuls les sujets auxquels on l'appliquait avaient chang?.
En examinant successivement les divers facteurs, susceptibles d'agir sur la constitution mentale des peuples, nous constaterions toujours qu'ils agissent sur les c?t?s accessoires et transitoires du caract?re, mais ne touchent gu?re ? ses ?l?ments fondamentaux, ou n'y touchent qu'? la suite d'accumulations h?r?ditaires tr?s lentes.
Nous ne conclurons pas de ce qui pr?c?de que les caract?res psychologiques des peuples sont invariables, mais seulement que, comme les caract?res anatomiques, ils poss?dent une fixit? tr?s grande. C'est en raison de cette fixit? que l'?me des races change si lentement pendant le cours des ?ges.
HI?RARCHIE PSYCHOLOGIQUE DES RACES
La classification psychologique repose, comme les classifications anatomique, sur la constatation d'un petit nombre de caract?res irr?ductibles et fondamentaux. - Classification psychologique des races humaines. - Les races primitives. - Les races inf?rieures. - Les races moyennes. - Les races sup?rieures. - ?l?ments psychologiques dont le groupement permet cette classification. - ?l?ments qui poss?dent le plus d'importance. - Le caract?re. - La moralit?. - Les qualit?s intellectuelles sont modifiables par l'?ducation. - Les qualit?s du caract?re sont irr?ductibles et constituent l'?l?ment invariable de chaque peuple. - Leur r?le dans l'histoire. - Pourquoi des races diff?rentes ne sauraient se comprendre et s'influencer. - Raisons de l'impossibilit? de faire accepter une civilisation sup?rieure par un peuple inf?rieur.
Lorsqu'on examine, dans un livre d'histoire naturelle, les bases de la classification des esp?ces, on constate aussit?t que les caract?res irr?ductibles et par cons?quent fondamentaux, permettant de d?terminer chaque esp?ce, sont tr?s peu nombreux. Leur ?num?ration tient toujours en quelques lignes.
C'est qu'en effet le naturaliste ne s'occupe que des caract?res invariables, sans tenir compte des caract?res transitoires. Ces caract?res fondamentaux en entra?nent fatalement d'ailleurs toute une s?rie d'autres ? leur suite.
Il en est de m?me des caract?res psychologiques des races. Si l'on entre dans les d?tails, on constate, d'un peuple ? l'autre, d'un individu ? l'autre, des divergences innombrables et subtiles ; mais si l'on ne s'attache qu'aux caract?res fondamentaux, on reconna?t que pour chaque peuple ces caract?res sont peu nombreux. Ce n'est que par des exemples - nous en fournirons bient?t de tr?s caract?ristiques - qu'on peut montrer clairement l'influence de ce petit nombre de caract?res fondamentaux dans la vie des peuples.
Les bases d'une classification psychologique des races ne pouvant ?tre expos?es qu'en ?tudiant dans ses d?tails la psychologie de divers peuples, t?che qui demanderait ? elle seule des volumes, nous nous bornerons ? les indiquer dans leurs grandes lignes.
En ne consid?rant que leurs caract?res psychologiques g?n?raux, les races humaines peuvent ?tre divis?es en quatre groupes : 1deg les races primitives ; 2deg les races inf?rieures ; 3deg les races moyennes ; 4deg les races sup?rieures.
Les races primitives sont celles chez lesquelles on ne trouve aucune trace de culture, et qui en sont rest?es ? cette p?riode voisine de l'animalit? qu'ont travers?e nos anc?tres de l'?ge de la pierre taill?e : tels sont aujourd'hui les Fu?giens et les Australiens.
Au-dessus des races primitives se trouvent les races inf?rieures, repr?sent?es surtout par les n?gres. Elles sont capables de rudiments de civilisation, mais de rudiments seulement. Elles n'ont jamais pu d?passer des formes de civilisation tout ? fait barbares, alors m?me que le hasard les a fait h?riter, comme ? Saint-Domingue, de civilisations sup?rieures.
Dans les races moyennes, nous classerons les Chinois, les Japonais, les Mogols et les peuples s?mitiques. Avec les Assyriens, les Mogols, les Chinois, les Arabes, elles ont cr?? des types de civilisations ?lev?es que les peuples europ?ens seuls ont pu d?passer.
Parmi les races sup?rieures, on ne peut faire figurer que les peuples indo-europ?ens. Aussi bien dans l'antiquit? ? l'?poque des Grecs et des Romains, que dans les temps modernes, ce sont les seules qui aient ?t? capables de grandes inventions dans les arts, les sciences et' l'industrie. C'est ? elles qu'est d? le niveau ?lev? que la civilisation a atteint aujourd'hui. La vapeur et l'?lectricit? sont sorties de leurs mains. Les moins d?velopp?es de ces races sup?rieures, les Hindous notamment, se sont ?lev?es dans les arts, les lettres et la philosophie, ? un niveau que les Mogols, les Chinois et les S?mites n'ont jamais pu atteindre.
Entre les quatre grandes divisions que nous venons d'?num?rer, aucune confusion n'est possible, l'ab?me mental qui les s?pare est ?vident. Ce n'est que lorsqu'on veut subdiviser ces groupes que les difficult?s commencent. Un Anglais, un Espagnol, un Russe, font partie de la division des peuples sup?rieurs, mais cependant nous savons bien qu'entre eux les diff?rences sont tr?s grandes.
Pour pr?ciser ces diff?rences, il faudrait prendre chaque peuple s?par?ment et d?crire son caract?re. C'est ce que nous ferons bient?t pour deux d'entre eux afin de donner une application de la m?thode et montrer l'importance de ses cons?quences.
Pour le moment, nous ne pouvons qu'indiquer tr?s sommairement la nature des principaux ?l?ments psychologiques qui permettent de diff?rencier les races.
Chez les races primitives et inf?rieures - et il n'est pas besoin d'aller chez les purs sauvages pour en trouver, puisque les couches les plus basses des soci?t?s europ?ennes sont homologues des ?tres primitifs - on constate toujours une incapacit? plus ou moins grande de raisonner, c'est-?-dire d'associer dans le cerveau, pour les comparer et percevoir leurs analogies et leurs diff?rences, les id?es produites par les sensations pass?es ou les mots qui en sont les signes, avec les id?es produites par les sensations pr?sentes. De cette incapacit? de raisonner r?sulte une grande cr?dulit? et une absence compl?te d'esprit critique. Chez l'?tre sup?rieur, au contraire, la capacit? d'associer les id?es, d'en tirer des conclusions est tr?s grande, l'esprit critique et la pr?cision hautement d?velopp?s.
Chez les ?tres inf?rieurs, on constate encore une dose d'attention et de r?flexion tr?s minime, un esprit d'imitation tr?s grand, l'habitude de tirer des cas particuliers des cons?quences g?n?rales inexactes, une faible capacit? d'observer et de d?duire des r?sultats utiles des observations, une extr?me mobilit? du caract?re et une tr?s grande impr?voyance. L'instinct du moment est le seul guide. Comme Esa? - type du primitif - ils vendraient volontiers leur droit d'a?nesse futur pour le plat de lentilles pr?sent. Lorsque ? l'int?r?t imm?diat l'homme sait opposer un int?r?t futur, se donner un but et le suivre avec pers?v?rance, il a r?alis? un grand progr?s.
Cette incapacit? de pr?voir les cons?quences lointaines des actes et cette tendance ? n'avoir pour guide que l'instinct du moment condamnent l'individu aussi bien que la race ? rester toujours dans un ?tat tr?s inf?rieur. Ce n'est qu'? mesure qu'ils ont pu dominer leurs instincts, c'est-?-dire qu'ils ont acquis de la volont?, et par cons?quent de l'empire sur eux-m?mes, que les peuples ont pu comprendre l'importance de la discipline, la n?cessit? de se sacrifier ? un id?al et s'?lever jusqu'? la civilisation. S'il fallait ?valuer par une mesure unique le niveau social des peuples dans l'histoire, je prendrais volontiers pour ?chelle le degr? de leur aptitude ? dominer leurs impulsions r?flexes. Les Romains, dans l'antiquit?, les Anglo-Am?ricains dans les temps modernes, repr?sentent les peuples qui ont poss?d? cette qualit? au plus haut point. Elle a contribu? puissamment ? assurer leur grandeur.
C'est par leur groupement g?n?ral et leur d?veloppement respectif que les divers ?l?ments psychologiques pr?c?demment ?num?r?s forment les constitutions mentales qui permettent de classifier les individus et les races.
De ces ?l?ments psychologiques les uns ont trait au caract?re, les autres ? l'intelligence.
Les races sup?rieures se diff?rencient des races inf?rieures aussi bien par le caract?re que par l'intelligence, mais c'est surtout par le caract?re que se diff?rencient entre eux les peuples sup?rieurs. Ce point a une importance sociale consid?rable et il importe de le marquer nettement.
Le caract?re est form? par la combinaison, en proportion vari?e, des divers ?l?ments que les psychologues d?signent habituellement aujourd'hui sous le nom de sentiments. Parmi ceux qui jouent le r?le le plus important, il faut noter surtout : la pers?v?rance, l'?nergie, l'aptitude ? se dominer, facult?s plus ou moins d?riv?es de la volont?. Nous mentionnerons aussi, parmi les ?l?ments fondamentaux du caract?re , et bien qu'elle soit la synth?se de sentiments assez complexes, la moralit?. Ce dernier terme, nous le prenons dans le sens de respect h?r?ditaire des r?gles sur lesquelles l'existence d'une soci?t? repose. Avoir de la moralit?, pour un peuple, c'est avoir certaines r?gles fixes de conduite et ne pas s'en ?carter. Ces r?gles variant avec les temps et les pays, la morale semble par cela m?me chose tr?s variable, et elle l'est en effet ; mais pour un peuple donn?, ? un moment donn?, elle doit ?tre tout ? fait invariable. Fille du caract?re, et nullement de l'intelligence, elle n'est solidement constitu?e que lorsqu'elle est devenue h?r?ditaire, et, par cons?quent, inconsciente. D'une fa?on g?n?rale, c'est en grande partie du niveau de leur moralit? que d?pend la grandeur des peuples.
Les qualit?s intellectuelles sont susceptibles d'?tre l?g?rement modifi?es par l'?ducation ; celles du caract?re ?chappent ? peu pr?s enti?rement ? son action. Quand l'?ducation agit sur elles, ce n'est que chez les natures neutres, n'ayant qu'une volont? ? peu pr?s nulle, et penchant ais?ment par cons?quent vers le c?t? o? elles sont pouss?es. Ces natures neutres se rencontrent chez des individus, mais bien rarement chez tout un peuple, ou, si on les y observe, ce n'est qu'aux heures d'extr?me d?cadence.
Les d?couvertes de l'intelligence se transmettent ais?ment d'un peuple ? l'autre. Les qualit?s du caract?re ne sauraient se transmettre. Ce sont les ?l?ments fondamentaux irr?ductibles qui permettent de diff?rencier la constitution mentale des peuples sup?rieurs. Les d?couvertes dues ? l'intelligence sont le patrimoine commun de l'humanit? ; les qualit?s ou les d?fauts du caract?re constituent le patrimoine exclusif de chaque peuple. C'est le roc invariable que la vague doit battre jour apr?s jour pendant des si?cles avant d'arriver ? pouvoir seulement en ?mousser les contours ; c'est l'?quivalent de l'?l?ment irr?ductible de l'esp?ce , la nageoire du poisson, le bec de l'oiseau, la dent du carnivore.
Le caract?re d'un peuple et non son intelligence d?termine son ?volution dans l'histoire et r?gle sa destin?e. On le retrouve toujours, derri?re les fantaisies apparentes, de ce hasard tr?s impuissant, de cette providence tr?s fictive, de ce destin tr?s r?el, qui, suivant les diverses croyances, guide les actions des hommes.
L'influence du caract?re est souveraine dans la vie des peuples, alors que celle de l'intelligence est v?ritablement bien faible. Les Romains de la d?cadence avaient une intelligence autrement raffin?e que celle de leurs rudes anc?tres, mais ils avaient perdu les qualit?s de caract?re : la pers?v?rance, l'?nergie, l'invincible t?nacit?, l'aptitude ? se sacrifier pour un id?al, l'inviolable respect des lois, qui avaient fait la grandeur de leurs a?eux. C'est par le caract?re que 60000 Anglais tiennent sous le joug 250 millions d'Hindous, dont beaucoup sont au moins leurs ?gaux par l'intelligence, et dont quelques-uns les d?passent immens?ment par les go?ts artistiques et la profondeur des vues philosophiques. C'est par le caract?re qu'ils sont ? la t?te du plus gigantesque empire colonial qu'ait connu l'histoire. C'est sur le caract?re et non sur l'intelligence que se fondent les soci?t?s, les religions et les empires. Le caract?re, c'est ce qui permet aux peuples de sentir et d'agir. Ils n'ont jamais beaucoup gagn? ? vouloir trop raisonner et trop penser .
C'est ? l'?tude du caract?re qu'il faudra s'attacher, comme j'essaie de le montrer ici, quand on voudra d?crire la psychologie compar?e des peuples. Qu'une science aussi importante, puisque l'histoire et la politique en d?coulent, n'ait jamais ?t? l'objet d'aucune ?tude, c'est l? ce qu'on comprendrait difficilement si on ne savait qu'elle ne peut s'acqu?rir ni dans les laboratoires, ni dans les livres, mais seulement par de longs voyages. Rien ne fait pr?sager d'ailleurs qu'elle soit bient?t abord?e par les psychologues de profession. Ils abandonnent de plus en plus aujourd'hui ce qui fut jadis leur domaine, pour se confiner dans des recherches d'anatomie et de physiologie.
C'est de la constitution mentale des races que d?coule leur conception du monde et de la vie, par cons?quent leur conduite. Nous en fournirons bient?t d'importants exemples. Impressionn? d'une certaine fa?on par les choses ext?rieures, l'individu sent, pense et agit d'une fa?on fort diff?rente de celles dont sentiront, penseront et agiront ceux qui poss?dent une constitution mentale diff?rente. Il en r?sulte que les constitutions mentales, construites sur des types tr?s divers, ne sauraient arriver ? se p?n?trer. Les luttes s?culaires des races ont surtout pour origine l'incompatibilit? de leurs caract?res. Il est impossible de rien comprendre ? l'histoire si l'on n'a pas toujours pr?sent ? l'esprit que des races diff?rentes ne sauraient ni sentir, ni penser, ni agir de la m?me fa?on, ni par cons?quent se comprendre. Sans doute les peuples divers ont dans leurs langues des mots communs qu'ils croient synonymes, mais ces mots communs ?veillent des sensations, des id?es, des modes de penser tout ? fait dissemblables chez ceux qui les entendent. Il faut avoir v?cu avec des peuples dont la constitution mentale diff?re sensiblement de la n?tre, m?me en ne choisissant parmi eux que les individus parlant notre langue et ayant re?u notre ?ducation, pour concevoir la profondeur de l'ab?me qui s?pare la pens?e des divers peuples. On peut, sans de lointains voyages, s'en faire quelque id?e en constatant la grande s?paration mentale qui existe entre l'homme civilis? et la femme, alors m?me que celle-ci est tr?s instruite. Ils peuvent avoir des int?r?ts communs, des sentiments communs, mais jamais des encha?nements de pens?es semblables. Ils se parleraient pendant des si?cles sans s'entendre parce qu'ils sont construits sur des types trop diff?rents pour pouvoir ?tre impressionn?s de la m?me fa?on par les choses ext?rieures. La diff?rence de leur logique suffirait ? elle seule pour cr?er entre eux un infranchissable ab?me.
Cet ab?me entre la constitution mentale des diverses races nous explique pourquoi les peuples sup?rieurs n'ont jamais pu r?ussir ? faire accepter leur civilisation par des peuples inf?rieurs. L'id?e si g?n?rale encore que l'instruction puisse r?aliser une telle t?che est une des plus funestes illusions que les th?oriciens de la raison pure aient jamais enfant?e. Sans doute, l'instruction permet, gr?ce ? la m?moire que poss?dent les ?tres les plus inf?rieurs - et qui n'est nullement le privil?ge de l'homme, - de donner ? un individu plac? assez bas dans l'?chelle humaine, l'ensemble des notions que poss?de un Europ?en. On fait ais?ment un bachelier ou un avocat d'un n?gre ou d'un Japonais ; mais on ne lui donne qu'un simple vernis tout ? fait superficiel, sans action sur sa constitution mentale. Ce que nulle instruction ne peut lui donner, parce que l'h?r?dit? seule les cr?e, ce sont les formes de la pens?e, la logique, et surtout le caract?re des Occidentaux. Ce n?gre ou ce Japonais accumulera tous les dipl?mes possibles sans arriver jamais au niveau d'un Europ?en ordinaire. En dix ans, on lui donnera ais?ment l'instruction d'un Anglais bien ?lev?. Pour en faire un v?ritable Anglais, c'est-?-dire un homme agissant comme un Anglais dans les diverses circonstances de la vie o? il sera plac?, mille ans suffiraient ? peine. Ce n'est qu'en apparence qu'un peuple transforme brusquement sa langue, sa constitution, ses croyances ou ses arts. Pour op?rer en r?alit? de tels changements, il faudrait pouvoir transformer son ?me.
CHAPITRE IV
DIFF?RENCIATION PROGRESSIVE DES INDIVIDUS ET DES RACES
L'in?galit? entre les divers individus d'une race est d'autant plus grande que cette race est plus ?lev?e. - ?galit? mentale de tous les individus des races inf?rieures. - Ce ne sont pas les moyennes des peuples mais leurs couches sup?rieures qu'il faut comparer pour appr?cier les diff?rences qui s?parent les races. - Les progr?s de la civilisation tendent ? diff?rencier de plus en plus les individus et les races. - Cons?quences de cette diff?renciation. - Raisons psychologiques qui l'emp?chent de devenir trop consid?rable. - Les divers individus des races sup?rieures sont tr?s diff?renci?s au point de vue de l'intelligence et tr?s peu au point de vue du caract?re. - Comment l'h?r?dit? tend ? ramener constamment les sup?riorit?s individuelles au type moyen de la race. - Observations anatomiques confirmant la diff?renciation psychologique progressive des races, des individus et des sexes.
Les races sup?rieures ne se distinguent pas uniquement par leurs caract?res psychologiques et anatomiques des races inf?rieures. Elles s'en distinguent encore par la diversit? des ?l?ments qui entrent dans leur sein. Chez les races inf?rieures, tous les individus, alors m?me qu'ils sont de sexes diff?rents, poss?dent ? peu pr?s le m?me niveau mental. Se ressemblant tous, ils pr?sentent l'image parfaite de l'?galit? r?v?e par nos socialistes modernes. Chez les races sup?rieures, l'in?galit? intellectuelle des individus et des sexes est, au contraire, la loi.
Aussi, n'est-ce pas en comparant entre elles les moyennes des peuples, mais leurs couches ?lev?es - quand ils en poss?dent - qu'on peut mesurer l'?tendue des diff?rences qui les s?parent. Hindous, Chinois, Europ?ens se diff?rencient intellectuellement tr?s peu par leurs couches moyennes. Ils se diff?rencient consid?rablement au contraire par leurs couches sup?rieures.
Avec les progr?s de la civilisation, non seulement les races, mais encore les individus de chaque race, ceux du moins des races sup?rieures, tendent ? se diff?rencier de plus en plus. Contrairement ? nos r?ves ?galitaires, le r?sultat de la civilisation moderne n'est pas de rendre les hommes de plus en plus ?gaux intellectuellement, mais, au contraire, de plus en plus diff?rents.
Une des principales cons?quences de la civilisation est, d'une part, de diff?rencier les races par le travail intellectuel, chaque jour plus consid?rable, qu'elle impose aux peuples arriv?s ? un haut degr? de culture, et d'autre part de diff?rencier de plus en plus les diverses couches dont chaque peuple civilis? se compose.
Les conditions de l'?volution industrielle moderne condamnent les couches inf?rieures des peuples civilis?s ? un labeur tr?s sp?cialis?, qui, loin d'accro?tre leur intelligence, ne tend qu'? la r?duire. Il y a cent ans, un ouvrier ?tait un v?ritable artiste capable d'ex?cuter tous les d?tails d'un m?canisme quelconque, d'une montre, par exemple. Aujourd'hui, c'est un simple manoeuvre, qui ne fabrique jamais qu'une seule pi?ce, passe sa vie ? forer des trous semblables, polir le m?me organe, conduire la m?me machine. Il en r?sulte que son intelligence arrive bient?t ? s'atrophier tout ? fait. Press? par les d?couvertes et la concurrence, l'industriel, ou l'ing?nieur qui dirige l'ouvrier, est oblig?, au contraire, d'accumuler infiniment plus de connaissances, d'esprit d'initiative et d'invention que le m?me industriel, le m?me ing?nieur, il y a un si?cle. Constamment exerc?, son cerveau subit la loi qui r?git, dans ce cas, tous les organes, il se d?veloppe de plus en plus.
Tocqueville avait d?j? indiqu? cette diff?renciation progressive des couches sociales ? une ?poque o? l'industrie se trouvait bien loin du degr? de d?veloppement atteint aujourd'hui. << A mesure que le principe de la division du travail re?oit une application plus compl?te, l'ouvrier devient plus faible, plus born? et plus d?pendant. L'art fait des progr?s, l'artisan r?trograde. Le patron et l'ouvrier diff?rent chaque jour davantage. >>
Aujourd'hui, un peuple sup?rieur peut, au point de vue intellectuel, ?tre consid?r? comme constituant une sorte de pyramide ? gradins, dont la plus grande partie est form?e par les masses profondes de la population, les gradins sup?rieurs par les couches intelligentes ,la pointe de la pyramide, par une toute petite ?lite de savants, d'inventeurs, d'artistes, d'?crivains, groupe infiniment restreint vis-?-vis du reste de la population, mais qui, ? lui seul, donne le niveau d'un pays sur l'?chelle intellectuelle de la civilisation. Il suffirait de le faire dispara?tre pour voir dispara?tre en m?me temps tout ce qui fait la gloire d'une nation. << Si la France, comme le dit justement Saint-Simon, perdait subitement ses cinquante premiers savants, ses cinquante premiers artistes, ses cinquante premiers fabricants, ses cinquante premiers cultivateurs, la nation deviendrait un corps sans ?me, elle serait d?capit?e. Si elle venait au contraire ? perdre tout son personnel officiel, cet ?v?nement affligerait les Fran?ais parce qu'ils sont bons, mais il n'en r?sulterait pour le pays qu'un faible dommage. >>
Je dis intelligentes, sans ajouter instruites. C'est une erreur sp?ciale aux peuples latins de croire qu'il y ait parall?lisme entre l'instruction et l'intelligence. L'instruction implique uniquement la possession d'une certaine dose de m?moire, mais ne n?cessite pour ?tre acquise aucune qualit? de jugement, de r?flexion, d'initiative et d'esprit d'invention. On rencontre tr?s fr?quemment des individus abondamment pourvus de dipl?mes quoique tr?s born?s, mais on rencontre, aussi fr?quemment, des individus fort peu instruits et poss?dant pourtant une intelligence ?lev?e. Les couches sup?rieures de notre pyramide seraient donc form?es d'?l?ments emprunt?s ? toutes les classes. Toutes les professions renferment un tr?s petit nombre d'esprits distingu?s. Il para?t probable cependant, en raison des lois de l'h?r?dit?, que ce sont les classes sociales dites sup?rieures qui en renferment le plus et c'est sans doute en cela surtout que r?side leur sup?riorit?.
Avec les progr?s de la civilisation, la diff?renciation entre les couches extr?mes d'une population s'accro?t fort rapidement ; elle tend m?me, ? un certain moment, ? s'accro?tre suivant ce que les math?maticiens appellent une progression g?om?trique. Il suffirait donc, si certains effets de l'h?r?dit? n'y mettaient obstacle, de faire intervenir le temps pour voir les couches sup?rieures d'une population s?par?es intellectuellement des couches inf?rieures par une distance aussi grande que celle qui s?pare le blanc du n?gre, ou m?me le n?gre du singe.
Mais plusieurs raisons s'opposent ? ce que cette diff?renciation intellectuelle des couches sociales, tout en devenant tr?s grande, s'accomplisse avec autant de rapidit? qu'on pourrait th?oriquement l'admettre. En premier lieu, en effet, la diff?renciation ne porte gu?re que sur l'intelligence, peu ou pas sur le caract?re ; et nous savons que c'est le caract?re, et non l'intelligence, qui joue le r?le fondamental dans la vie des peuples. En second lieu, les masses tendent aujourd'hui, par leur organisation et leur discipline, ? devenir toutes-puissantes. Leur haine des sup?riorit?s intellectuelles ?tant ?vidente, il est probable que toute aristocratie intellectuelle est destin?e ? ?tre violemment d?truite par des r?volutions p?riodiques, ? mesure que les masses populaires s'organiseront, comme fut d?truite, il y a un si?cle, l'ancienne noblesse. Lorsque le socialisme s'?tendra en ma?tre sur l'Europe, sa seule chance d'exister quelque temps sera de faire p?rir, jusqu'au dernier, tous les individus poss?dant une sup?riorit? capable de les ?lever, si faiblement que ce soit, au dessus de la plus humble moyenne.
En dehors des deux causes que je viens d'?noncer et qui sont d'ordre artificiel, puisqu'elles r?sultent de conditions de civilisation pouvant varier, il en est une beaucoup plus importante - parce qu'elle est une loi naturelle in?luctable - et qui emp?chera toujours l'?lite d'une nation, non pas de se diff?rencier intellectuellement des couches inf?rieures, mais de s'en diff?rencier par trop rapidement. En pr?sence des conditions actuelles de la civilisation qui tendent, de plus en plus, ? diff?rencier les hommes d'une m?me race, se trouvent en effet les pesantes lois de l'h?r?dit?, qui tendent ? faire dispara?tre, ou ? ramener ? la moyenne, les individus qui la d?passent trop nettement.
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