Read Ebook: Croquis d'Extrême-Orient 1898 by Farr Re Claude
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Ebook has 186 lines and 16949 words, and 4 pages
CLAUDE FARR?RE
CROQUIS
D'EXTR?ME-ORIENT
-1898-
PARIS
SOCI?T? DES TRENTE
ALBERT MESSEIN, ?DITEUR
CROQUIS D'EXTR?ME-ORIENT
DU M?ME AUTEUR
Fum?e d'opium, contes.
Les Civilis?s, roman.
L'Homme qui assassina, roman.
Mademoiselle Dax, jeune fille, roman.
La Bataille, roman.
Les Petites Alli?es, roman.
La Maison des hommes vivants, roman.
Thomas l'Agnelet, roman.
Dix-sept histoires de marins, contes.
Quatorze histoires de soldats, contes.
La Derni?re D?esse, roman.
B?tes et Gens qui s'aim?rent, contes.
Les Condamn?s ? mort, roman.
La Veille d'armes.
La Vieille histoire, com?die.
Roxelane, trag?die.
Les Hommes nouveaux, roman.
Le Dernier Dieu, roman.
Claude FARR?RE
CROQUIS
D'EXTR?ME-ORIENT
-1898-
PARIS
SOCI?T? DES TRENTE
ALBERT MESSEIN, ?DITEUR
IL A ?T? TIR? DE CE LIVRE:
L'?DITEUR.
CROQUIS
D'EXTR?ME-ORIENT
CROQUIS D'EXTR?ME-ORIENT
C'est le moment pour le n?gociant et l'industriel,--les soldats de la guerre nouvelle,--d'aller ?tudier en h?te les positions de l'ennemi, ses ressources et ses intentions.
C'est le moment pour l'artiste et le curieux d'aller voir ces pays d'Extr?me-Orient, jadis fabuleux, pleins d'?tranget? et de bizarrerie; d'aller les voir avant que la transformation en train de s'accomplir n'ait achev? d'en faire des usines modernes, perfectionn?es et puissantes.
SINGAPORE
Quand vous irez en Extr?me-Orient, trois ou quatre jours apr?s avoir doubl? Ceylan, vous verrez la mer se resserrer entre des c?tes abruptes et bois?es; vous entrerez dans une sorte de corridor colossal au bout duquel votre route sera barr?e par un archipel press?, laissant entre ses ?lots un passage ?troit qui est la porte unique de l'Extr?me-Orient. Cela, c'est le canal de Singapore. Singapore est le vrai seuil des contr?es jaunes.
Figurez-vous une esp?ce de rivi?re assez, large, sinueuse, bord?e de rives merveilleusement vertes, encombr?es d'?lots et de rochers. Sur la berge, des quais grossi?rement b?tis en bois, mais interminables; amarr?s aux appontements, une flotte de vapeurs de toutes nations; sur les quais, des montagnes de charbon, des docks, des d?p?ts, des amas de marchandises; plus loin, des pr?s verts et une route anglaise, large comme une avenue et propre comme une all?e. C'est le port de Singapore. La ville est tout au bout, ? plus de deux milles des premiers navires.
D?barquons. Si c'est le jour, l'activit? f?brile du port fait une profonde impression. Et m?me de nuit, neuf fois sur dix, se trouvera pas loin quelque paquebot press?, chargeant son charbon ? la lueur des torches et des fagots r?sineux qui br?lent sur le quai; et ce n'est pas un spectacle d'Europe que ces files d'hommes bruns, ?cras?s sous des fardeaux ?normes, prenant d'assaut le vapeur en poussant des hurlements per?ants et redescendant sur le quai ? la course pour remonter aussit?t avec de nouvelles charges.
C'est au-del? du canal, c?t? Orient, qu'est la ville, au bord de la rade m?me. Singapore, moiti? Chine et moiti? Inde, est une des physionomies de cit?s les plus ?tranges du monde. B?tie du premier pav? ? la derni?re brique par les Anglais, elle abonde en rues droites et larges, sans montrer la pr?dilection exag?r?e des Am?ricains pour l'angle droit. Beaucoup de squares, force places immenses, abondantes d'arbres et de pelouses. Voil? le plan.
L?-dessus, dix ou quinze mille maisons ? un ?tage, avec galerie en retrait, toit surplombant, ?choppe profonde et sombre; le tout peint en bleu, un bleu criard, dur, violent, qui tire les yeux. Sur la rivi?re ?troite, qui serpente dans la ville, les ponts d'acier, bien jet?s, larges et commodes, mais gardant je ne sais quoi d'oriental dans le croisement pourtant logique et simple de leurs poutres m?talliques. Sous les ponts, des sampans, ces bateaux-maisons de la Chine, o? des familles vivent toute leur existence, p?le-m?le dans une vermine puante;--des sampans, tant de sampans que c'est tout juste si l'on aper?oit l'eau entre les coques noires et grouillantes. Dans ces rues, une foule bariol?e de cent mille individus dont je vous d?fie de deviner la race et m?me le sexe, ? premi?re vue. C'est le plus incoh?rent amalgame de toutes les peuplades de l'Inde, de la Chine et de l'Indo-Chine. Il y a des Indiens encore assez purs, barbus, drap?s dans leurs ?toffes flottantes, avec leur haute stature et leur fier visage intelligent et noble;--des Indiens du Sud, m?tin?s de Cinghalais et de Malais, minces, souples, imberbes; hommes et femmes se confondent; c'est la m?me sveltesse de formes, la m?me gr?ce ?l?gante;--des Siamois, des Cambodgiens, des Annamites, petits, intelligents, avec on ne sait quoi de cruel dans leur visage clair;--des Chinois enfin, de toutes classes et de tous rangs, depuis le coolie mis?rable et craintif, flottant dans son pantalon large et rapi?c?, depuis le petit boutiquier, propre et soigneux, chauss? de souliers de feutre, jusqu'au banquier millionnaire qui ?clabousse l'Europ?en du fond de sa victoria ? grande livr?e. Ceux-l? sont tous les m?mes, ? tous les degr?s de l'?chelle: habiles et rapaces ? en remontrer ? nos juifs d'Europe, impassibles et calmes plus que des mahom?tans.
A Singapore, nous trouvons d?j? la plupart des ?l?ments de population que nous rencontrerons au cours de notre voyage, mais m?l?s inextricablement avec un ?l?ment indien qui imprime ? l'ensemble un caract?re de bariolage ?trange.
Sur toute cette foule flotte une odeur indicible, m?lange ?cre de poivre, d'encens et de fauves ?chauff?s, avec on ne sait quoi de f?cal et d'?touffant. C'est l'odeur jaune, l'?manation naus?abonde de toute la race orientale, que nous retrouvons sur toute la c?te chinoise, de Chemulpo et de Port-Arthur ? Hong-Ha? et jusqu'? Singapore.
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