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Read Ebook: Sganarelle ou le Cocu imaginaire by Moli Re

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Ebook has 460 lines and 12387 words, and 10 pages

Il faut se d?p?cher de l'aller secourir ; Certes, elle aurait tort de se laisser mourir. Aller en l'autre monde est tr?s grande sottise, Tant que dans celui-ci l'on peut ?tre de mise.

- La femme de Sganarelle -

Il s'est subitement ?loign? de ces lieux, Et sa fuite a tromp? mon d?sir curieux. Mais de sa trahison je ne suis plus en doute, Et le peu que j'ai vu me la d?couvre toute. Je ne m'?tonne plus de l'?trange froideur Dont je le vois r?pondre ? ma pudique ardeur : Il r?serve, l'ingrat, ses caresses ? d'autres, Et nourrit leurs plaisirs par le je?ne des n?tres. Voil? de nos maris le proc?d? commun ; Ce qui leur est permis leur devient importun. Dans le commencements ce sont toutes merveilles, Ils t?moignent pour nous des ardeurs nonpareilles ; Mais les tra?tres bient?t se lassent de nos feux, Et portent autre part ce qu'ils doivent chez eux. Ah ! que j'ai de d?pit que la loi n'autorise A changer de mari comme on fait de chemise ! Cela serait commode ; et j'en sais telle ici Qui comme moi, ma foi, le voudrait bien aussi.

Mais quel est ce bijou que le sort me pr?sente ? L'?mail en est fort beau, la gravure charmante. Ouvrons.

- Sganarelle -

On la croyait morte, et ce n'?tait rien. Il n'en faut plus qu'autant : elle se porte bien. Mais j'aper?ois ma femme.

- La femme de Sganarelle -

O ciel ! c'est miniature ! Et voil? d'un bel homme une vive peinture !

- Sganarelle -

Que consid?re-t-elle avec attention ? Ce portrait, mon honneur, ne vous dit rien de bon. D'un fort vilain soup?on je me sens l'?me ?mue.

- La femme de Sganarelle -

Jamais rien de plus beau ne s'offrit ? ma vue ; Le travail plus que l'or s'en doit encor priser. Oh ! que cela sent bon !

- Sganarelle -

Quoi ! peste, le baiser ? Ah ! j'en tiens !

- La femme de Sganarelle -

Avouons qu'on doit ?tre ravie Quand d'un homme ainsi fait on se peut voir servie, Et que, s'il en contait avec attention, Le penchant serait grand ? la tentation. Ah ! que n'ai-je un mari d'une aussi bonne mine ! Au lieu de mon pel?, de mon rustre...

- Sganarelle -

Ah ! m?tine ! Nous vous y surprenons en faute contre nous, Et diffamant l'honneur de votre cher ?poux. Donc, ? votre calcul, ? ma trop digne femme, Monsieur, tout bien compt?, ne vaut pas bien Madame ? Et, de par Belz?but, qui vous puisse emporter, Quel plus rare parti pourriez-vous souhaiter ? Peut-on trouver en moi quelque chose ? redire ? Cette taille, ce port que tout le monde admire, Ce visage, si propre ? donner de l'amour, Pour qui mille beaut?s soupirent nuit et jour ; Bref, en tout et partout, ma personne charmante N'est donc pas un morceau dont vous soyez contente ? Et, pour rassasier votre app?tit gourmand, Il faut au mari le rago?t d'un galant ?

- La femme de Sganarelle -

J'entends ? demi-mot o? va la raillerie. Tu crois par ce moyen...

- Sganarelle -

A d'autres ; je vous prie. La chose est av?r?e, et je tiens dans mes mains Un bon certificat du mal dont je me plains.

- La femme de Sganarelle -

Mon courroux n'a d?j? que trop de violence, Sans le charger encor d'une nouvelle offense. ?coute, ne crois pas retenir mon bijou, Et songe un peu...

- Sganarelle -

Je songe ? te rompre le cou. Que ne puis-je, aussi bien que je tiens la copie, Tenir l'original !

- La femme de Sganarelle -

Pourquoi ?

- Sganarelle -

Pour rien, ma mie. Doux objet de mes voeux ; j'ai grand tort de crier, Et mon front de vos dons vous doit remercier.

Le voil? ! le beau-fils, le mignon de couchette, Le malheureux tison de ta flamme secr?te, Le dr?le avec lequel...

- La femme de Sganarelle -

Avec lequel... poursuis.

- Sganarelle -

Avec lequel, te dis-je..., et j'en cr?ve d'ennuis.

- La femme de Sganarelle -

Que me veut donc conter par l? ce ma?tre ivrogne ?

- Sganarelle -

Tu ne m'entends que trop, madame la carogne. Sganarelle est un nom qu'on ne me dira plus, Et l'on va m'appeler seigneur Corn?lius : J'en suis pour mon honneur ; mais ? toi, qui me l'?tes, Je t'en ferai du moins pour un bras ou deux c?tes.

- La femme de Sganarelle -

Et tu m'oses tenir de semblables discours ?

- Sganarelle -

Et tu m'oses jouer de ces diables de tours ?

- La femme de Sganarelle -

Et quels diables de tours ? Parle donc sans rien feindre.

- Sganarelle -

Ah ! cela ne vaut pas la peine de se plaindre ! D'un panache de cerf sur le front me pourvoir, H?las ! voil? vraiment un beau venez-y voir !

- La femme de Sganarelle -

Donc, apr?s m'avoir fait la plus sensible offense Qui puisse d'une femme exciter la vengeance, Tu prends d'un feint courroux le vain amusement Pour pr?venir l'effet de mon ressentiment ? D'un pareil proc?d? l'insolence est nouvelle ! Celui qui fait l'offense est celui qui querelle.

- Sganarelle -

Eh ! la bonne effront?e ! A voir ce fier maintien, Ne la croirait-on pas une femme de bien ?

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