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Read Ebook: Away to school: 'Ólta'góó by King Cecil S Kahn Franklin Illustrator Smith Ramona M Translator

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Ebook has 266 lines and 12434 words, and 6 pages

Note de transcription:

Les erreurs clairement introduites par le typographe ont ?t? corrig?es. L'orthographe d'origine a ?t? conserv?e et n'a pas ?t? harmonis?e. La page annon?ant d'autres oeuvres de l'auteur a ?t? d?plac?e ? la fin de cette version ?lectronique.

REN? BAZIN

DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE

BL? QUI L?VE

CENT QUARANTE QUATRI?ME ?DITION

PARIS CALMANN-L?VY, ?DITEURS 3, RUE AUBER 3 1921

LE BL? QUI L?VE

REN? BAZIN

DE L'ACAD?MIE FRAN?AISE

LE BL? QUI L?VE

PARIS CALMANN-L?VY, ?DITEURS 3, RUE AUBER, 3

Droits de reproduction et de traduction r?serv?s pour tous les pays.

Published, october nine, nineteen hundred and seven. Privilege of copyright United States reserved, under the Act approved March third, nineteen hundred and five, by Calmann-L?vy.

LE BL? QUI L?VE

LA MARCHE DES B?CHERONS

Le soleil d?clinait. Le vent d'est mouillait la cr?te des mottes, activait la moisissure des feuilles tomb?es, et couvrait les troncs d'arbres, les baliveaux, les herbes sans jeunesse et molles depuis l'automne, d'un vernis r?sistant comme celui que les mar?es soufflent sur les falaises. La mer ?tait loin cependant, et le vent venait d'ailleurs. Il avait travers? les for?ts du Morvan, pays de fontaines o? il s'?tait tremp?, celles de Montsauche et de Montreuillon, plus pr?s encore celle de Blin; il courait vers d'autres massifs de l'immense r?serve qu'est la Ni?vre, vers la grande for?t de Tron?ay, les bois de Crux-la-Ville et ceux de Saint-Franchy. L'atmosph?re semblait pure, mais dans tous les lointains, au-dessus des taillis, ? la lisi?re des coupes, dans le creux des sentiers, quelque chose de bleu dormait, comme une fum?e.

--Tu es s?r, Renard, que le ch?ne a cent soixante ans?

--Oui, monsieur le comte, il porte m?me son ?ge ?crit sur son corps: voil? les huit traits rouges; je les ai faits moi-m?me, au moment du balivage.

--Eh! oui, tu l'as sauv?, et maintenant on veut que je le condamne ? mort! Non, Renard, je ne peux pas! Cent soixante ans! Il a vu cinq g?n?rations de Meximieu...

--?a fait tout de m?me le trente-deuxi?me bisancien qu'on ?pargne! A ces ?ges-l?, en terre m?diocre, comme chez nous, le ch?ne ne grossit plus, il ne fait que m?rir. Enfin, monsieur le comte est libre; il s'arrangera avec monsieur le marquis.

Le garde se tut. Sa figure rougeaude et ras?e exprimait le d?dain d'un sous-ordre qui fut omnipotent, pour l'administration qui lui a succ?d?. Il ?tait debout, un peu en arri?re, coiff? d'une cape de velours vert, au chaud et ? l'aise dans un complet de velours de m?me nuance que la cape; ses mains, crois?es sur son ventre, tenaient un carnet entr'ouvert: <>, et ses jambes, trop gr?les pour ce gros corps, lui donnaient l'air d'une marionnette allemande pos?e sur des crins. Il consid?rait le patron. Le patron souriait au ch?ne et lui disait tout bas: <> L'arbre montait, effil?, ?l?gant, laissant tomber l'ombre vivante de ses branches sur les taillis d?vast?s.

--Vois-tu, Renard, reprit Michel de Meximieu, qui suivait sa pens?e, je les aime bien, mes arbres: ils ne me demandent rien, je les connais de longue date, je vois leur pointe de la fen?tre de ma chambre, ils sont des amis plus s?rs que ceux qui les abattent.

--Race de fain?ants, les b?cherons, monsieur le comte, de bracos, de propres ? rien, de...

--Non, mon ami, non! S'ils ne faisaient que tuer mon gibier, je leur pardonnerais volontiers. Tout ce que je veux dire, c'est que ce sont des ?mes diminu?es, comme tant d'autres.

--Parbleu! les braconniers ne g?nent pas ceux qui ne chassent pas: mais moi, je chasse! dit Renard ? demi-voix.

Son ma?tre n'eut pas l'air d'entendre. Il tenait dans sa main gauche, pendante le long du corps, une hachette ? marteau pour marquer les arbres. Apr?s un instant, il remit l'instrument dans la gaine de cuir pendue ? sa ceinture. Il consid?rait maintenant le vaste chantier qu'il ?tait venu inspecter, dix hectares de taillis presque enti?rement coup?, o? les b?cherons travaillaient encore, chacun dans sa ligne balis?e, dans <>, parmi les st?res de bois empil? et les tas de ramille. A l'angle de cette coupe, vers l'est, une autre coupe s'amor?ait, et il y avait entre elles un d?troit sinueux, une gorge comme entre deux plaines.

--Allons! Renard, assez de cette vilaine besogne! Retourne au ch?teau! Tu diras ? mon p?re que je reviendrai par le carrefour de Fonteneilles.

--Bien, monsieur le comte.

--Tu diras aussi ? Baptiste d'atteler la victoria, pour conduire le g?n?ral au train de Corbigny.

Le garde fit demi-tour ? gauche, s'?loigna d'un pas vigoureux et relev?, et l'on entendit quelque temps le bruit de ses brodequins, qui heurtaient les c?p?es et brisaient les ronces.

Michel de Meximieu venait d'ob?ir ? un ordre qui lui avait sembl? dur et m?me humiliant. En mars, et plusieurs mois apr?s la vente des bois, consentie ? un marchand du pays, il avait d?, sur l'ordre de son p?re, sacrifier un grand nombre d'arbres primitivement r?serv?s, les d?signer lui-m?me ? la cogn?e et, pour cela, les <> en effa?ant les traits rouges et en donnant un coup de marteau dans le flanc de l'arbre. Peut-?tre en avait-il trop ?pargn?, comme disait Renard; mais lui, il s'accusait et il souffrait d'avoir trop bien ob?i.

Michel ?tait un homme jeune, vigoureux et laid. Sa laideur venait d'abord d'un d?faut de proportions. Il ?tait de taille moyenne, mais les jambes ?taient longues, et le buste ?tait court et la t?te massive. Aucune r?gularit?, non plus, aucune harmonie, dans ce visage qu'on e?t dit sculpt? par la main r?aliste et puissante d'un ouvrier du moyen ?ge: un front bas sous des cheveux ch?tains, durs, qui faisaient ?peron au milieu, sur la peau mate; des yeux bleus, enfonc?s et l?g?rement in?gaux; un nez large; de longues l?vres,--le plus expressif de ses traits, l?vres ras?es, l?vres d'orateur peut-?tre, si l'occasion et l'?ducation avaient servi le fils du marquis de Meximieu;--enfin une m?choire carr?e, que les mots desserraient ? peine, et que le silence fermait tout de suite comme un ?tau. Il manquait de charme et de beaut?, mais la physionomie exprimait une qualit? ma?tresse: la volont?. Elle t?moignait, non pas d'une ?nergie en r?serve et inactive encore, mais exerc?e et d?j? victorieuse. De quelles tentations? De quelles r?voltes? Le visage est un livre o? les causes ne sont pas toutes ?crites. On lisait seulement sur celui de Michel de Meximieu: <>; on devinait que ce jeune homme n'?tait pas, comme tant d'autres, ?bloui par la vie, et qu'il l'avait jug?e. Deux rides l?g?res bridaient la bouche, comme un mors. Le sourire seul, chez lui, demeurait jeune et cordial: mais il ?tait rapide.

En ce moment, Michel ne souriait pas. Les sourcils rapproch?s, les paupi?res abaiss?es par l'effort de ses yeux qui s'adaptaient aux lointains, il ?tudiait les ouvriers r?pandus au loin dans la coupe, cherchant ? reconna?tre l'un d'entre eux, auquel il voulait parler. Il allait aborder un b?cheron socialiste, et l'id?e ne lui serait pas venue de quitter ses gants. Il savait que ce ne sont pas les diff?rences qui blessent, mais l'orgueil qui les porte. Quand il eut parcouru du regard le vaste chantier forestier, et constat? que Gilbert Cloquet ne s'y trouvait pas:

--Je vais demander au gendre, pensa-t-il, o? est Gilbert.

Et, enjambant les branches abattues, tournant les longues piles de rondin ou de charbonnette encord?e, il s'avan?a vivement jusqu'au milieu de la coupe.

Un homme jeune travaillait l?, et relevait des brins de moul?e qu'il empilait entre des pieux. Il entendait venir le patron. Il l'avait aper?u de loin. Mais il le laissa approcher jusqu'? trois pas, sans le saluer. Michel de Meximieu a l'habitude. Il parlera le premier. La petite blessure, faite d'amour-propre et d'amiti? m?connue, saigne int?rieurement. Mais la voix ne trahit rien.

--Eh bien! Lureux, il va geler cette nuit, si le vent c?de?

Une voix jeune aussi, plus s?che, r?pond:

--Il ne c?dera pas.

Et dans le ton de ces paroles, dans la fa?on d'appuyer sur le mot <>, dans le rapide sourire qui rel?ve les moustaches tombantes ? la gauloise, on peut deviner que Lureux, en parlant du vent, pense ? une autre force qui, elle non plus, ne c?dera pas.

Le b?cheron, qui venait de r?pondre cette phrase ? double sens, ?tait un homme ? peine plus ?g? que Michel, de taille au-dessus de la moyenne, au teint clair, et dont le visage, barr? en diagonale d'une moustache fauve, toute mince et toute jeune, n'exprimait d?j? plus que le contentement de soi-m?me et la r?solution de ne point parler. Ses yeux, un instant anim?s et railleurs, avaient retrouv? tout de suite, entre les paupi?res ? moiti? closes, le regard simple des primev?res jaunes qu'on voit luire entre deux feuilles. Il avait jet? sa jaquette sur un tas de ramilles. Sa chemise ? carreaux violets, son pantalon de gros drap brun, laissaient voir un corps admirablement fait, souple et exerc?.

Autour de l'ouvrier, dans la coupe, des st?res de bois empil? s'alignaient comme des murs, jet?s dans toutes les directions, et sur l'un de ces murs, ? l'extr?mit? d'un tas de <> qui est le bois de tremble et de bouleau, un petit gars rose et fris?, enfant de quelqu'un de travailleurs ?gaill?s dans la for?t, ?tait assis, les jambes pendantes, les sabots pendants aussi et tenus en ?quilibre sur le bout des orteils. Lureux le consid?rait, pour ne pas regarder le patron, et pour marquer sa volont? de ne pas continuer la conversation. Les camarades, au loin, devaient l'observer, et il tenait ? se montrer impoli, moins par la haine personnelle que par crainte qu'on ne l'accus?t de causer avec les bourgeois. Michel comprit, et demanda:

--O? est donc votre beau-p?re, je ne le vois pas?

--Par l?, dit l'homme en d?signant la gauche; il abat un ancien, il a fini le taillis.

--Merci, Lureux, au revoir!

--Au revoir, monsieur!

Et il suivit d'un regard d?daigneux le patron qui s'?loignait.

Celui-ci sortit de la clairi?re et entra sous bois. A moins de cent m?tres, il aper?ut l'homme qu'il cherchait. Le b?cheron abattait un <> marqu? au flanc. Il frappait obliquement. Le fer de la cogn?e s'enfon?ait plus avant, ? chaque coup, dans le pied palm? de l'arbre, faisait voler un copeau, humide et blanc comme une tranche de pain, et se relevait pour retomber. Il luisait, lim? et mouill? de s?ve par le bois vivant. Le corps de l'ouvrier suivait le mouvement de la hache. Tout l'arbre fr?missait, m?me les radicelles dans le profond de la terre. Une chemise, un pantalon us?, coll? aux jambes par la sueur, d?calquaient le squelette de l'homme, les omoplates saillantes, les c?tes, le bassin ?troit, les longs f?murs ? peine recouverts de muscles, et pareils ? des cotrets v?tus d'?corce molle. L'ombre enveloppait les yeux clairs; l'orbite ?tait creuse, blessure ?largie par la souffrance du coeur. Deux entailles dans la chair, deux coups de pouce, appuy?s par un autre modeleur au bas des pommettes, disaient: <> Le maigre cou disait: <> Ses mains, paquets de veines, de tendons, de muscles secs, maladroites pour les petits travaux et s?res pour les efforts vigoureux, disaient: <>

--Bonjour, Gilbert!

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