Read Ebook: Away to school: 'Ólta'góó by King Cecil S Kahn Franklin Illustrator Smith Ramona M Translator
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Ebook has 266 lines and 12434 words, and 6 pages
--Bonjour, Gilbert!
--Bonjour, monsieur Michel!
La cogn?e reposait ? terre; une main soulevait la casquette ? oreilles, l'autre se tendait; la figure lasse du b?cheron se pencha, et s'?claira, comme la hache, d'un rayon. Et c'?tait un visage qui avait ?t? beau. Cinquante ann?es de mis?re l'avaient ?maci?, mais les traits ?taient demeur?s droits et fins, et la barbe encore blonde l'allongeait noblement et donnait ? Gilbert Cloquet l'air d'un homme du Nord, Scandinave ou normand, descendu parmi les herbages et les for?ts du Centre.
--Eh bien! Gilbert, je suppose que tu n'es pas satisfait de ce qui se passe? J'ai entendu encore le clairon hier soir. Ce n'est pas la gr?ve d?clar?e, mais une menace pour nous, et, pour vous, une r?p?tition. Crois-tu ? une nouvelle gr?ve?
Le b?cheron, passant la main sur sa barbe longue, cligna les yeux et consid?ra les taillis qui commen?aient ? brunir.
--Je n'y crois pas, dit-il d'une voix mesur?e; ils veulent faire peur, comme vous dites, pour que les prix ne baissent pas. Mais ?a ne recommencera pas tout de suite... Il faut l'esp?rer, monsieur Michel, car j'ai bien besoin de travailler, plus que d'autres...
Il se tut, et Michel comprit que Gilbert Cloquet faisait allusion ? cette coquette et d?pensi?re Marie Lureux, <
--Tu es du syndicat, toi aussi, et tu payes tes cinq sous par mois: ?a m'a toujours ?tonn?.
--Oui, je suis avec eux par le coeur, pas toujours par la t?te.
--Et tu ob?is pourtant ? tout ce qu'ils commandent! Un homme de ton ?ge!
--?a, c'est le parti qui le veut, monsieur Michel. Mais il y a des fois o? je prends sur moi pour rester avec eux.
--Quels ma?tres vous vous donnez, mes pauvres!... Vous ne gagnez pas au change! Enfin, ce n'est pas cela que je venais te dire. J'ai, pr?s du ch?teau, une petite coupe de bois que je n'ai pas vendue au marchand. C'est ma provision pour l'hiver prochain. Veux-tu l'entreprendre? Je te donne la pr?f?rence, parce que tu es un vieil ami de la maison.
--Combien de journ?es ? peu pr?s?
--Une quinzaine. Peut-?tre plus. Tu as fini ton travail ici?
--Oui. Les camarades ont encore besoin d'une journ?e, pour finir. Mais moi, mon atelier s'est trouv? plus court, et vous voyez, j'abattais un des anciens qui ont ?t? marchand?s ? M?haut. Je peux aller d?s demain matin dans votre r?serve. C'est dit.
--Tu y seras seul, et je suis s?r que le travail sera bien fait. N'en parle pas, cela vaut mieux!
--Bien s?r!...
Le b?cheron tendit sa large main, pour sceller le contrat. Puis, g?n?, hochant la t?te ? cause du d?plaisir qu'il ?prouvait:
--Monsieur Michel, puisque me voil? engag?, si vous vouliez m'avancer vingt francs sur le travail? Je ne sais pas comment je fais, pour tant d?penser!...
Michel tira un louis de son porte-monnaie, et le remit ? Gilbert.
--Je le sais, moi, mon brave: tu es trop bon avec quelqu'un qui ne l'est gu?re. Adieu!
A ce moment, une sonnerie de clairon, aigu?, retentit au loin, ? droite dans la for?t. Elle ?tait militaire, et rappelait celle du couvre-feu. Rapide, press?e, imp?rative, elle finissait sur une note prolong?e qui commandait le silence, la cessation, le repos. Elle fut r?p?t?e ? quelques secondes d'intervalle, et cette fois, le pavillon du clairon devait ?tre dirig? du c?t? o? se trouvaient les deux hommes, car elle arriva plus nette et plus forte. Aussit?t, Gilbert Cloquet se d?tourna, pour prendre la vieille veste pendue ? un arbre, et qu'il voulait jeter sur ses ?paules pour le retour.
D'un mouvement prompt, avec une irritation non contenue, Michel se baissa, saisit la cogn?e tomb?e ? terre, et, la levant sur le tronc du ch?ne:
--Tu laisses la besogne ? moiti? faite! En voil? une l?chet?! Je vais finir, moi!
Avec la s?ret? d'un homme habitu? aux exercices violents, il frappa dix fois, vingt fois, trente fois, sans se reposer. Les copeaux volaient. Cloquet riait. Une voix haletante cria, ? la lisi?re du taillis:
--Qui est-ce qui cogne apr?s le signal? Est-ce que tu n'entends pas?
Un coup, deux coups, trois coups de cogn?e plus forts que les autres lui r?pondirent seuls. L'arbre, taillad? tout autour du pied, port? sur un paquet de fibres, rompit cette amarre trop faible, se pencha, s'?lan?a dans le vide, les branches en avant, rebondit sur ses membres bris?s, fit un demi-tour sur lui-m?me et demeura ?tendu.
--Toute la for?t n'a pas ob?i! dit Michel en jetant l'outil.
Il fouilla des yeux le taillis d'o? la voix avait appel?. Mais il ne vit personne. L'homme, ayant constat? sans doute que l'infraction au pacte de servitude ne venait pas d'un syndiqu?, avait rejoint les compagnons.
--Sans rancune, n'est-ce pas, Cloquet?
--Bien s?r, monsieur Michel! Ce n'est pas ? moi que vous en voulez... Mais comme vous ?tes blanc de figure!... ?'a ?t? trop fort pour vous, ce travail-l?... On dirait que vous ?tes malade?...
--Non, ce n'est rien.
Le jeune homme avait mis une main sur son coeur qui battait trop vite. Il demeura un moment immobile, un peu troubl?, les l?vres entr'ouvertes, respirant en mesure pour calmer son coeur. Puis le sourire parut, et effa?a l'inqui?tude.
--A demain?
Michel descendit la pente, bois?e ?galement, qui commen?ait pr?s de l?, sauta par-dessus le ruisseau, remonta l'autre pente, et entra dans une piste qui serpentait parmi de hauts taillis de dix-huit ans. Le soleil, ? travers les branches, jetait sous bois une averse d'or rouge. Par moments, on voyait le haut des collines, qui sont au del? de l'?tang de Vaux, tout empourpr?. La for?t, anxieuse, sentait mourir en elle le soleil et la vie. Des millions de touffes d'herbes agitaient vers lui leurs bras souples. Les gros oiseaux s'effaraient. D?j? les merles, avec un cri de peur fanfaronne, avaient gliss?, ? mi-hauteur des baliveaux, vers les parties les plus fourr?es du bois. Les derni?res grives s'agitaient en criant ? la pointe des ch?nes. Trois fois, Michel avait fr?mi au passage d'une b?casse qui <
--Bonsoir, monsieur le comte!
Celui-ci, qui s'?tait arr?t? au carrefour de deux sentiers et levait la t?te pour ?couter le soir, tressaillit au son de la voix gutturale qui le saluait. Mais, tout de suite ma?tre de sa peur, il reconnut, presque ? ses pieds, assis sur une pierre et tenant sa besace entre les jambes, un coureur de bois, barbu comme un griffon, et que les gens du pays craignaient sans qu'on p?t dire pourquoi. Le mendiant n'avait ni ?ge certain, ni domicile connu. On l'appellait Le Grollier, ? cause des poils aussi noirs que les plumes de grolle qui couvraient son visage, et au milieu desquels ?tincelaient deux yeux presque blancs, phosphorescents comme ceux d'un chien de berger ou d'un geai en maraude. Michel lui frappa sur l'?paule.
--H?, Grollier, dit-il, je ne m'attendais pas ? vous voir!
--On ne s'attend jamais ? moi, r?pondit l'homme en soufflant la fum?e de sa pipe. Vous ?coutiez les oiseaux: eh oui! ce sont les plus petits qui chantent les derniers...
Puis, regardant fixement Michel, qui cherchait dans son porte-monnaie une pi?ce de dix sous, et la mettait sur la manche immobile de Grollier:
--D?fiez-vous de Lureux, monsieur le comte; d?fiez-vous de Tournabien et de Supiat, si vous achetez des faucheuses...
--Je n'ai peur ni des uns ni des autres, Grollier, et personne ne sait ce que je ferai... Adieu!
Il porta la main ? son feutre, et continua sa route.
--Qui diable a pu savoir que je pense ? acheter des faucheuses pour mes pr?s?...
Il se rappela qu'? la foire de Corbigny, deux semaines plus t?t, il avait demand? des prix ? un constructeur de machines. Et il se mit ? rire. Puis l'autre propos du Grollier: <
En effet, c'?tait l'heure des chants menus qui d?croissent. Les bouvreuils qui voyagent en mars, les pinsons, les verdiers qui ont je?n? l'hiver, sifflaient, mais sans changer leur chanson du jour, avec la confiance que demain serait bon, serait meilleur encore. <
Michel connaissait toutes ces choses. Il sentit accourir, de l'extr?me horizon, cette haleine de vent ti?de, ce baiser qui remonte chaque soir les vagues de l'air, traverse les bois, roule sur les pr?s, se r?pand en douceur vivifiante sur toute la campagne, et touche la vie au passage, partout o? elle est. Il ouvrit les l?vres et la poitrine ? ce souffle unique, dont son sang fut renouvel?. Puis il continua sa route.
La lumi?re, maintenant, passait au-dessus des for?ts. Un moment, par la perc?e d'un sentier, il aper?ut l'eau encore ?clatante de l'?tang de Vaux, qui a cinq branches comme une feuille d'?rable, et qui fait une ?toile dans le sombre de la for?t. Puis il quitta la piste qu'il avait suivie jusque-l?, se jeta ? gauche dans une taille qu'il traversa rapidement, et, escaladant un haut remblai de terre moussue, se trouva ? la lisi?re d'une des lignes principales du bois de Fonteneilles.
--Ah! vous voici, p?re! Je ne suis pas en retard?
--A l'heure militaire, mon ami, comme moi: j'arrive.
Sur la bande de terre caillouteuse et bomb?e entre les pentes d'herbe, le g?n?ral attendait Michel, au rendez-vous que celui-ci avait fix?. Ayant ?t? s?par?s toute l'apr?s-midi, ils se retrouvaient ? ce carrefour de deux chemins forestiers, dont l'un conduisait au ch?teau, tandis que l'autre, inclinant ? l'ouest, menait droit au village de Fonteneilles: le p?re et le fils reviendraient ensemble, et M. de Meximieu partirait aussit?t pour Corbigny. Le g?n?ral, debout ? la lisi?re d'un de ses taillis, ?l?gant, hautain, ais?, rappelait ces portraits de gentilshommes que les peintres, pour symboliser la richesse et la gloire, enveloppent volontiers d'un d?cor ample et n?glig?. Il ?tait de la plus grande taille, tr?s svelte encore malgr? ses soixante-trois ans, le plus bel officier g?n?ral de l'arm?e, disait la l?gende: t?te petite, moustaches noires, barbiche grise, cheveux en brosse et presque blancs, des traits fermes et nets d'ar?tes, un nez vigoureux, sec et l?g?rement courb?, ? l'espagnole, la poitrine bomb?e, les jambes fines et droites, <
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