Read Ebook: The Century Illustrated Monthly Magazine July 1913 Vol. LXXXVI. New Series: Vol. LXIV. May to October 1913 by Various
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Ainsi, ils nient volontiers ce qu'ils ne peuvent comprendre: cela leur donne peu de foi pour l'extraordinaire, et un d?go?t presque invincible pour le surnaturel.
Comme c'est ? leur propre t?moignage qu'ils ont coutume de s'en rapporter, ils aiment ? voir tr?s-clairement l'objet dont ils s'occupent; ils le d?barrassent donc, autant qu'ils le peuvent, de son enveloppe, ils ?cartent tout ce qui les en s?pare, et enl?vent tout ce qui le cache aux regards, afin de le voir de plus pr?s et en plein jour. Cette disposition de leur esprit les conduit bient?t ? m?priser les formes, qu'ils consid?rent comme des voiles inutiles et incommodes plac?s entre eux et la v?rit?.
Les Am?ricains n'ont donc pas eu besoin de puiser leur m?thode philosophique dans les livres, ils l'ont trouv?e en eux-m?mes. J'en dirai autant de ce qui s'est pass? en Europe.
Cette m?me m?thode ne s'est ?tablie et vulgaris?e en Europe qu'? mesure que les conditions y sont devenues plus ?gales et les hommes plus semblables.
Consid?rons un moment l'encha?nement des temps:
Au seizi?me si?cle, les r?formateurs soumettent ? la raison individuelle quelques-uns des dogmes de l'ancienne foi; mais ils continuent ? lui soustraire la discussion de tous les autres. Au dix-septi?me, Bacon, dans les sciences naturelles, et Descartes, dans la philosophie proprement dite, abolissent les formules re?ues, d?truisent l'empire des traditions et renversent l'autorit? du ma?tre.
Les philosophes du dix-huiti?me si?cle, g?n?ralisant enfin le m?me principe, entreprennent de soumettre ? l'examen individuel de chaque homme l'objet de toutes ses croyances.
Qui ne voit que Luther, Descartes et Voltaire, se sont servis de la m?me m?thode, et qu'ils ne diff?rent que dans le plus ou moins grand usage qu'ils ont pr?tendu qu'on en fit?
D'o? vient que les r?formateurs se sont si ?troitement renferm?s dans le cercle des id?es religieuses? pourquoi Descartes, ne voulant se servir de sa m?thode qu'en certaines mati?res, bien qu'il l'e?t mise en ?tat de s'appliquer ? toutes, a-t-il d?clar? qu'il ne fallait juger par soi-m?me que les choses de philosophie et non de politique? Comment est-il arriv? qu'au dix-huiti?me si?cle on ait tir? tout ? coup, de cette m?me m?thode, des applications g?n?rales que Descartes et ses pr?d?cesseurs n'avaient point aper?ues ou s'?taient refus?s ? d?couvrir? D'o? vient enfin qu'? cette ?poque la m?thode dont nous parlons est soudainement sortie des ?coles pour p?n?trer dans la soci?t? et devenir la r?gle commune de l'intelligence, et qu'apr?s avoir ?t? populaire chez les Fran?ais, elle a ?t? ostensiblement adopt?e ou secr?tement suivie par tous les peuples de l'Europe?
La m?thode philosophique dont il est question a pu na?tre au seizi?me si?cle, se pr?ciser et se g?n?raliser au dix-septi?me; mais elle ne pouvait ?tre commun?ment adopt?e dans aucun des deux. Les lois politiques, l'?tat social, les habitudes d'esprit qui d?coulent de ces premi?res causes, s'y opposaient.
Elle a ?t? d?couverte ? une ?poque o? les hommes commen?aient ? s'?galiser et ? se ressembler. Elle ne pouvait ?tre g?n?ralement suivie que dans des si?cles o? les conditions ?taient enfin devenues ? peu pr?s pareilles et les hommes presque semblables.
La m?thode philosophique du dix-huiti?me si?cle n'est donc pas seulement fran?aise, mais d?mocratique, ce qui explique pourquoi elle a ?t? si facilement admise dans toute l'Europe dont elle a tant contribu? ? changer la face. Ce n'est point parce que les Fran?ais ont chang? leurs anciennes croyances et modifi? leurs anciennes moeurs qu'ils ont boulevers? le monde, c'est parce que, les premiers, ils ont g?n?ralis? et mis en lumi?re une m?thode philosophique ? l'aide de laquelle on pouvait ais?ment attaquer toutes les choses anciennes, et ouvrir la voie ? toutes les nouvelles.
Que si maintenant l'on me demande pourquoi, de nos jours, cette m?me m?thode est plus rigoureusement suivie, et plus souvent appliqu?e parmi les Fran?ais que chez les Am?ricains, au sein desquels l'?galit? est cependant aussi compl?te et plus ancienne, je r?pondrai que cela tient en partie ? deux circonstances qu'il est d'abord n?cessaire de faire bien comprendre.
C'est la religion qui a donn? naissance aux soci?t?s anglo-am?ricaines; il ne faut jamais l'oublier: aux ?tats-Unis la religion se confond donc avec toutes les habitudes nationales et tous les sentiments que la patrie fait na?tre; cela lui donne une force particuli?re.
? cette raison puissante, ajoutez cette autre qui ne l'est pas moins: En Am?rique la religion s'est, pour ainsi dire, pos? elle-m?me ses limites; l'ordre religieux y est rest? enti?rement distinct de l'ordre politique, de telle sorte qu'on a pu changer facilement les lois anciennes sans ?branler les anciennes croyances.
Le christianisme a donc conserv? un grand empire sur l'esprit des Am?ricains, et, ce que je veux surtout remarquer, il ne r?gne point seulement comme une philosophie qu'on adopte apr?s examen, mais comme une religion qu'on croit sans la discuter.
Aux ?tats-Unis, les sectes chr?tiennes varient ? l'infini et se modifient sans cesse; mais le christianisme lui-m?me est un fait ?tabli et irr?sistible qu'on n'entreprend point d'attaquer ni de d?fendre.
Les Am?ricains, ayant admis sans examen les principaux dogmes de la religion chr?tienne, sont oblig?s de recevoir de la m?me mani?re un grand nombre de v?rit?s morales qui en d?coulent et qui y tiennent. Cela resserre dans des limites ?troites l'action de l'analyse individuelle, et lui soustrait plusieurs des plus importantes opinions humaines.
L'autre circonstance dont j'ai parl? est celle-ci:
Les Am?ricains ont un ?tat social et une constitution d?mocratiques, mais ils n'ont point eu de r?volution d?mocratique. Ils sont arriv?s ? peu pr?s tels que nous les voyons sur le sol qu'ils occupent. Cela est tr?s-consid?rable.
Il n'y a pas de r?volutions qui ne remuent les anciennes croyances, n'?nervent l'autorit? et n'obscurcissent les id?es communes. Toute r?volution a donc plus ou moins pour effet de livrer les hommes ? eux-m?mes et d'ouvrir devant l'esprit de chacun d'eux un espace vide et presque sans bornes.
Lorsque les conditions deviennent ?gales ? la suite d'une lutte prolong?e entre les diff?rentes classes dont la vieille soci?t? ?tait form?e, l'envie, la haine et le m?pris du voisin, l'orgueil et la confiance exag?r?e en soi-m?me, envahissent, pour ainsi dire, le coeur humain et en font quelque temps leur domaine. Ceci, ind?pendamment de l'?galit?, contribue puissamment ? diviser les hommes; ? faire qu'ils se d?fient du jugement les uns des autres et qu'ils ne cherchent la lumi?re qu'en eux seuls.
Chacun entreprend alors de se suffire et met sa gloire ? se faire sur toutes choses des croyances qui lui soient propres. Les hommes ne sont plus li?s que par des int?r?ts et non par des id?es, et l'on dirait que les opinions humaines ne forment plus qu'une sorte de poussi?re intellectuelle qui s'agite de tous c?t?s, sans pouvoir se rassembler et se fixer.
Ainsi, l'ind?pendance d'esprit que l'?galit? suppose, n'est jamais si grande et ne para?t si excessive qu'au moment o? l'?galit? commence ? s'?tablir et durant le p?nible travail qui la fonde. On doit donc distinguer avec soin l'esp?ce de libert? intellectuelle que l'?galit? peut donner, de l'anarchie que la r?volution am?ne. Il faut consid?rer ? part chacune de ces deux choses, pour ne pas concevoir des esp?rances et des craintes exag?r?es de l'avenir.
Je crois que les hommes qui vivront dans les soci?t?s nouvelles feront souvent usage de leur raison individuelle; mais je suis loin de croire qu'ils en fassent souvent abus.
Ceci tient ? une cause plus g?n?ralement applicable ? tous les pays d?mocratiques et qui, ? la longue, doit y retenir dans des limites fixes, et quelquefois ?troites, l'ind?pendance individuelle de la pens?e.
Je vais la dire dans le chapitre qui suit.
De la source principale des croyances chez les peuples d?mocratiques.
Les croyances dogmatiques sont plus ou moins nombreuses, suivant les temps. Elles naissent de diff?rentes mani?res, et peuvent changer de forme et d'objet; mais on ne saurait faire qu'il n'y ait pas de croyances dogmatiques, c'est-?-dire d'opinions que les hommes re?oivent de confiance et sans les discuter. Si chacun entreprenait lui-m?me de former toutes ses opinions et de poursuivre isol?ment la v?rit?, dans des chemins fray?s par lui seul, il n'est pas probable qu'un grand nombre d'hommes d?t jamais se r?unir dans aucune croyance commune.
Or, il est facile de voir qu'il n'y a pas de soci?t? qui puisse prosp?rer sans croyances semblables, ou plut?t il n'y en a point qui subsistent ainsi; car, sans id?es communes, il n'y a pas d'action commune, et, sans action commune, il existe encore des hommes, mais non un corps social. Pour qu'il y ait soci?t?, et, ? plus forte raison, pour que cette soci?t? prosp?re, il faut donc que tous les esprits des citoyens soient toujours rassembl?s et tenus ensemble par quelques id?es principales; et cela ne saurait ?tre, ? moins que chacun d'eux ne vienne quelquefois puiser ses opinions ? une m?me source et ne consente ? recevoir un certain nombre de croyances toutes faites.
Si je consid?re maintenant l'homme ? part, je trouve que les croyances dogmatiques ne lui sont pas moins indispensables pour vivre seul que pour agir en commun avec ses semblables.
Si l'homme ?tait forc? de se prouver ? lui-m?me toutes les v?rit?s dont il se sert chaque jour, il n'en finirait point; il s'?puiserait en d?monstrations pr?liminaires sans avancer; comme il n'a pas le temps, ? cause du court espace de la vie, ni la facult?, ? cause des bornes de son esprit, d'en agir ainsi, il en est r?duit ? tenir pour assur?s une foule de faits et d'opinions qu'il n'a eu ni le loisir ni le pouvoir d'examiner et de v?rifier par lui-m?me, mais que de plus habiles ont trouv?s ou que la foule adopte. C'est sur ce premier fondement qu'il ?l?ve lui-m?me l'?difice de ses propres pens?es. Ce n'est pas sa volont? qui l'am?ne ? proc?der de cette mani?re; la loi inflexible de sa condition l'y contraint.
Il n'y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d'autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de v?rit?s qu'il n'en ?tablit.
Ceci est non-seulement n?cessaire, mais d?sirable. Un homme qui entreprendrait d'examiner tout par lui-m?me, ne pourrait accorder que peu de temps et d'attention ? chaque chose; ce travail tiendrait son esprit dans une agitation perp?tuelle qui l'emp?cherait de p?n?trer profond?ment dans aucune v?rit? et de se fixer avec solidit? dans aucune certitude. Son intelligence serait tout ? la fois ind?pendante et d?bile. Il faut donc que, parmi les divers objets des opinions humaines, il fasse un choix et qu'il adopte beaucoup de croyances sans les discuter, afin d'en mieux approfondir un petit nombre dont il s'est r?serv? l'examen.
Il est vrai que tout homme qui re?oit une opinion sur la parole d'autrui met son esprit en esclavage; mais c'est une servitude salutaire qui permet de faire un bon usage de la libert?.
Il faut donc toujours, quoi qu'il arrive, que l'autorit? se rencontre quelque part dans le monde intellectuel et moral. Sa place est variable, mais elle a n?cessairement une place. L'ind?pendance individuelle peut ?tre plus ou moins grande; elle ne saurait ?tre sans bornes. Ainsi, la question n'est pas de savoir s'il existe une autorit? intellectuelle dans les si?cles d?mocratiques, mais seulement o? en est le d?p?t et quelle en sera la mesure.
J'ai montr? dans le chapitre pr?c?dent comment l'?galit? des conditions faisait concevoir aux hommes une sorte d'incr?dulit? instinctive pour le surnaturel, et une id?e tr?s-haute et souvent fort exag?r?e de la raison humaine.
Les hommes qui vivent dans ces temps d'?galit? sont donc difficilement conduits ? placer l'autorit? intellectuelle ? laquelle ils se soumettent en dehors et au-dessus de l'humanit?. C'est en eux-m?mes ou dans leurs semblables qu'ils cherchent d'ordinaire les sources de la v?rit?. Cela suffirait pour prouver qu'une religion nouvelle ne saurait s'?tablir dans ces si?cles, et que toutes tentatives pour la faire na?tre ne seraient pas seulement impies, mais ridicules et d?raisonnables. On peut pr?voir que les peuples d?mocratiques ne croiront pas ais?ment aux missions divines, qu'ils se riront volontiers des nouveaux proph?tes et qu'ils voudront trouver dans les limites de l'humanit?, et non au-del?, l'arbitre principal de leurs croyances.
Lorsque les conditions sont in?gales et les hommes dissemblables, il y a quelques individus tr?s-?clair?s, tr?s-savants, tr?s-puissants par leur intelligence, et une multitude tr?s-ignorante et fort born?e. Les gens qui vivent dans les temps d'aristocratie sont donc naturellement port?s ? prendre pour guide de leurs opinions la raison sup?rieure d'un homme ou d'une classe, tandis qu'ils sont peu dispos?s ? reconna?tre l'infaillibilit? de la masse.
Le contraire arrive dans les si?cles d'?galit?.
? mesure que les citoyens deviennent plus ?gaux et plus semblables, le penchant de chacun ? croire aveugl?ment un certain homme ou une certaine classe diminue. La disposition ? en croire la masse augmente, et c'est de plus en plus l'opinion qui m?ne le monde.
Non seulement l'opinion commune est le seul guide qui reste ? la raison individuelle chez les peuples d?mocratiques, mais elle a chez ces peuples une puissance infiniment plus grande que chez nul autre. Dans les temps d'?galit?, les hommes n'ont aucune foi les uns dans les autres, ? cause de leur similitude; mais cette m?me similitude leur donne une confiance presque illimit?e dans le jugement du public; car il ne leur para?t pas vraisemblable qu'ayant tous des lumi?res pareilles, la v?rit? ne se rencontre pas du c?t? du plus grand nombre.
Quand l'homme qui vit dans les pays d?mocratiques se compare individuellement ? tous ceux qui l'environnent, il sent avec orgueil qu'il est ?gal ? chacun d'eux; mais lorsqu'il vient ? envisager l'ensemble de ses semblables et ? se placer lui-m?me ? c?t? de ce grand corps, il est aussit?t accabl? de sa propre insignifiance et de sa faiblesse.
Cette m?me ?galit? qui le rend ind?pendant de chacun de ses concitoyens en particulier, le livre isol? et sans d?fense ? l'action du plus grand nombre.
Le public a donc chez les peuples d?mocratiques une puissance singuli?re dont les nations aristocratiques ne pouvaient pas m?me concevoir l'id?e. Il ne persuade pas ses croyances, il les impose et les fait p?n?trer dans les ?mes par une sorte de pression immense de l'esprit de tous sur l'intelligence de chacun.
Aux ?tats-Unis, la majorit? se charge de fournir aux individus une foule d'opinions toutes faites, et les soulage ainsi de l'obligation de s'en former qui leur soient propres. Il y a un grand nombre de th?ories en mati?re de philosophie, de morale ou de politique que chacun y adopte ainsi sans examen sur la foi du public; et si l'on regarde de tr?s-pr?s on verra que la religion elle-m?me y r?gne bien moins comme doctrine r?v?l?e que comme opinion commune.
Je sais que parmi les Am?ricains, les lois politiques sont telles que la majorit? y r?git souverainement la soci?t?; ce qui accro?t beaucoup l'empire qu'elle y exerce naturellement sur l'intelligence. Car il n'y a rien de plus familier ? l'homme que de reconna?tre une sagesse sup?rieure dans celui qui l'opprime.
Cette omnipotence politique de la majorit? aux ?tats-Unis augmente, en effet, l'influence que les opinions du public y obtiendraient sans elle sur l'esprit de chaque citoyen, mais elle ne la fonde point. C'est dans l'?galit? m?me qu'il faut chercher les sources de cette influence, et non dans les institutions plus ou moins populaires que des hommes ?gaux peuvent se donner. Il est ? croire que l'empire intellectuel du plus grand nombre serait moins absolu chez un peuple d?mocratique soumis ? un roi qu'au sein d'une pure d?mocratie; mais il sera toujours tr?s-absolu, et, quelles que soient les lois politiques qui r?gissent les hommes dans les si?cles d'?galit?, l'on peut pr?voir que la foi dans l'opinion commune y deviendra une sorte de religion dont la majorit? sera le proph?te.
Ainsi l'autorit? intellectuelle sera diff?rente, mais elle ne sera pas moindre; et, loin de croire qu'elle doive dispara?tre, j'augure qu'elle deviendrait ais?ment trop grande et qu'il pourrait se faire qu'elle renferm?t enfin l'action de la raison individuelle dans des limites plus ?troites qu'il ne convient ? la grandeur et au bonheur de l'esp?ce humaine. Je vois tr?s-clairement dans l'?galit? deux tendances; l'une qui porte l'esprit de chaque homme vers des pens?es nouvelles, et l'autre qui le r?duirait volontiers ? ne plus penser. Et j'aper?ois comment, sous l'empire de certaines lois, la d?mocratie ?teindrait la libert? intellectuelle que l'?tat social d?mocratique favorise, de telle sorte qu'apr?s avoir bris? toutes les entraves que lui imposaient jadis des classes ou des hommes, l'esprit humain s'encha?nerait ?troitement aux volont?s g?n?rales du plus grand nombre.
Si, ? la place de toutes les puissances diverses qui g?naient et retardaient outre mesure l'essor de la raison individuelle, les peuples d?mocratiques substituaient le pouvoir absolu d'une majorit?, le mal n'aurait fait que changer de caract?re. Les hommes n'auraient point trouv? le moyen de vivre ind?pendants; ils auraient seulement d?couvert, chose difficile, une nouvelle physionomie de la servitude. Il y a l?, je ne saurais trop le redire, de quoi faire r?fl?chir profond?ment ceux qui voient dans la libert? de l'intelligence une chose sainte et qui ne ha?ssent point seulement le despote, mais le despotisme. Pour moi, quand je sens la main du pouvoir qui s'appesantit sur mon front, il m'importe peu de savoir qui m'opprime, et je ne suis pas mieux dispos? ? passer ma t?te dans le joug, parce qu'un million de bras me le pr?sentent.
Pourquoi les Am?ricains montrent plus d'aptitude et de go?t pour les id?es g?n?rales que leurs p?res les Anglais.
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