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Read Ebook: The Greek Philosophers Vol. 1 (of 2) by Benn Alfred William

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Ebook has 532 lines and 10863 words, and 11 pages

--Fl?te pour le savon! il n'est pas matricul?!

Ils se pr?cipit?rent hors du jardin.

--Qu'est-ce qu'ils ont donc? se demanda le vieil homme.

Le branle de sa t?te s'acc?l?ra. Il tendit les bras et cela parut encore une menace, voulut courir, rappeler les deux soldats.

Mais de sa bouche, comme un grain s'?chapperait d'un van ? l'allure immod?r?e, un pauvre petit cri tomba, sans force, tout au bord des l?vres.

L'ORAGE

Vers minuit, par la crois?e sans volets et par toutes ses fentes, la maison au toit de paille s'emplit et se vide d'?clairs.

La vieille se l?ve, allume la lampe ? p?trole, d?croche le Christ et le donne aux deux petits, afin que, couch? entre eux, il les pr?serve.

Le vieux continue apparemment de dormir, mais sa main froisse l'?dredon.

La vieille allume aussi une lanterne, pour ?tre pr?te, s'il fallait courir ? l'?curie des vaches.

Ensuite elle s'assied, le chapelet aux doigts, et multiplie les signes de croix, comme si elle s'?tait des toiles d'araign?es du visage.

Des histoires de foudre lui reviennent, mettent sa m?moire en feu. ? chaque ?clat de tonnerre, elle pense:

--Cette fois, c'est sur le ch?teau!

--Oh! cette fois-l?, par exemple, c'est sur le noyer d'en face!

Quand elle ose regarder dans les t?n?bres, du c?t? du pr?, un vague troupeau de boeufs immobilis?s blanchoie irr?guli?rement aux flammes aveuglantes.

Soudain un calme. Plus d'?clairs. Le reste de l'orage, inutile, se tait, car l?-haut, juste au-dessus de la chemin?e, c'est s?r, le grand coup se pr?pare.

Et la vieille qui renifle d?j?, le dos courb?, l'odeur du soufre, le vieux raidi dans ses draps, les petits coll?s, serrant ? pleins poings le Christ, tous attendent que ?a tombe!

LE BON ARTILLEUR

Samedi soir encore grand'm?re Licoche donnait elle-m?me ? manger aux poules. Cependant la voil? morte, bien qu'elle e?t pour cent ans de vie, ? l'?ge de quatre-vingt-quatre ans. Tout le monde y passe. Un peu plus t?t, un peu plus tard! On l'enterre ce matin.

Le cort?ge se forme. M. le cur? et les deux enfants de choeur sont en t?te. Les quatre porteurs n'ont qu'? se baisser pour prendre le cercueil, et derri?re eux se place le petit-fils de grand'm?re Licoche, l'artilleur, accouru en permission. Il ne pleure pas. C'est un homme et c'est un soldat. Jugulaire au menton, grand et droit, il domine du shako le reste des parents qui se rangent autour de lui, ? distance. Brusquement il tire son sabre, et comme si le cort?ge attendait son signal, on s'?branle. Les blouses raides coudoient les vestes courtes. Les franges des ch?les noirs tremblent. Les bonnets blancs ondulent. Le vent rebrousse les longs poils d'un chapeau dont la forme jadis haute, trop longtemps serr?e entre deux rayons d'armoire, s'est comme accroupie. Mais l'aigrette rouge de l'artilleur rallie tous les yeux.

Parfois les porteurs d?posent doucement ? terre grand'm?re Licoche. Non que la d?funte soit vraiment lourde. Elle v?cut de peu, partagea son bien avec ses poules qu'elle retrouvera, exemptes ? jamais de p?pie, dans un paradis r?serv? aux b?tes ? bon Dieu, et elle mourut d?charn?e. Mais elle p?se parce qu'elle est morte. Les porteurs profitent de l'arr?t, se retournent et regardent, en soufflant, l'artilleur.

Son uniforme sombre et son sabre qui doit couper impressionnent.

Les vieilles gens m?me de la queue n'osent pas ?changer leurs r?flexions.

? l'?glise, le petit-fils de grand'm?re Licoche reste pr?s d'elle, de garde, face ? l'autel, sentinelle fun?bre, l'oeil toujours sec, le sabre au d?faut de l'?paule.

Mais au bord de la fosse, d?s qu'avec des cordes les porteurs ont descendu la bi?re, il s'anime. On le voit ?carter les jambes, lever ses basanes comme des sacs, et frapper du pied en cadence le sol du cimeti?re.

Les assistants se demandent:

--Qu'est-ce qu'il a? Est-il fou?

Ceux qui d?j? allaient se lamenter se contiennent. On devine qu'il simule une manoeuvre ? cheval. Les coudes au corps, sa main libre ?treignant des guides imaginaires, il s'?lance, charge sur place. La terre fra?che s'?boule sous ses pas. Une grosse motte tombe, heurte le cercueil, et ce choc sourd r?sonne dans toutes les poitrines comme un coup de canon lointain.

--Aga, aga donc, disent les deux enfants de choeur; il joue ? la bataille.

L'artilleur donne du sabre ? gauche; il en donne ? droite. Tant?t il ?charpe, tant?t il pique en avant. Ensuite il ex?cute des moulinets terribles qui font papilloter les paupi?res, et des moulinets supr?mes, si rapides et si nets qu'on distingue en l'air une corbeille d'acier.

Puis il se calme. S?rement il n'est plus ? cheval. Ses jambes se rejoignent, ses talons se recollent. Il s'immobilise, les joues fumantes. Il incline lentement son sabre, la pointe en bas, pour saluer la tombe, et, ces honneurs rendus, au milieu des amis troubl?s, des parents ?mus qui halettent et tendent comme des mains leurs oreilles ?carquill?es, le bon artilleur crie d'une voix ?clatante ? sa grand'm?re Licoche:

--Va, grand'm?re, sois tranquille, je vengerai la patrie pour toi!...

LE PLANTEUR MOD?LE

Le combat semblait fini, quand une derni?re balle, une balle perdue, se retrouva dans la jambe droite de Fabricien. Il dut revenir au pays avec une jambe de bois.

D'abord il montra quelque orgueil, les premi?res fois qu'il entra dans l'?glise du village, en frappant si fort les dalles qu'on l'e?t pris pour un suisse de grande ville.

Mais, la curiosit? calm?e, longtemps il se lamenta, honteux et d?sormais, croyait-il, bon ? rien.

Puis il chercha avec obstination, souvent d??u, la mani?re de se rendre utile.

Et maintenant voil? que, sur le sentier de l'aisance modeste, sans m?priser sa jambe de chair, il a un faible pour celle de bois.

Il se loue ? la journ?e. On lui d?signe un carr? de jardin. Ensuite on peut s'en aller, le laisser faire.

Sa poche droite est remplie de haricots rouges ou blancs, au choix.

En outre, elle est perc?e, point trop, point trop peu.

L'allure r?guli?re, Fabricien parcourt de long en large le terrain. Sa jambe de bois creuse un trou ? chaque pas. Il secoue sa poche perc?e. Des haricots tombent. Il les recouvre du pied gauche et continue.

Et tandis qu'il gagne honorablement sa vie, l'ancien brave, les mains derri?re son dos, la t?te haute, a l'air de se promener pour sa sant?.

LA CLEF

La vieille est vieille et avare; le vieux est encore plus vieux et plus avare. Mais tous deux redoutent ?galement les voleurs. ? chaque instant du jour ils s'interrogent:

--As-tu la clef de l'armoire? dit l'un.

--Oui, dit l'autre.

Cela les tranquillise un peu. Ils ont la clef chacun leur tour et en arrivent ? se d?fier l'un de l'autre. La vieille la cache principalement sur sa poitrine, entre sa chemise et sa peau. Que ne peut-elle d?lier, pour l'y fourrer, les bourses de ses seins inutiles?

Le vieux la serre tant?t dans les poches boutonn?es de sa culotte tant?t dans celles de son gilet ? moiti? cousues et qu'il t?te fr?quemment. Mais, ? la fin, ces cachettes toujours les m?mes lui ont paru de moins en moins s?res, et il vient d'en trouver une derni?re dont il est content.

Or la vieille lui demande selon la coutume:

--As-tu la clef de l'armoire?

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