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Ebook has 1616 lines and 65392 words, and 33 pages
Translator: Henri Lucas Ramon Sempau
Biblioth?que Sociologique--N? 25
Au Pays des moines
Roman Tagal
Par
Jos? Rizal
Traduction et annotations de
Henri Lucas & Ramon Sempau
Ne vois-tu pas comme tout se r?veille? Le sommeil a dur? des si?cles, mais un jour la foudre est tomb?e et la foudre, en d?truisant, a rappel? la vie.
Jos? Rizal: Noli me tangere, cap. L.
Paris
Palais-Royal
Les traducteurs et l'?diteur d?clarent r?server leurs droits de traduction et de reproduction pour tous les pays, y compris la Su?de et la Norv?ge.
Cet ouvrage a ?t? d?pos? au Minist?re de l'Int?rieur , en juillet 1899.
JOS? RIZAL
Dans cet horrible drame qu'est l'histoire de la R?volution philippine, une figure se d?tache, noble et pure entre toutes, celle de Jos? Rizal.
Savant, po?te, artiste, philologue, ?crivain, qui sait quelles belles oeuvres, ?mancipatrices et f?condes, ce Tagal, cet homme de couleur, ce <
C'?tait en effet un talent, une ?nergie, une force que ce jeune ?l?ve de l'Ateneo Municipal qui, ? treize ans, ? peine sorti de son pueblo natal de Calamba, composait un m?lodrame en vers, Junto al Pasig, qu'applaudissait la soci?t? ?l?gante de Manille; que cet adolescent qui, avec une ode, A la Jeunesse Philippine, remportait d'abord le premier prix au concours du <
Mais la pauvre science que les J?suites--plus g?n?reux pourtant que leurs rivaux des autres Congr?gations--distribuaient avec parcimonie ? leurs ?l?ves ne pouvait lui suffire. Il lui fallait boire aux sources m?mes de la pens?e; pour satisfaire cette ?me ardente, il fallait toute la flamme de nos grands foyers scientifiques d'Europe. Et, en 1882, ayant ? peine d?pass? ses vingt ans, il part pour l'Espagne. A Madrid, il a rapidement conquis les grades de Docteur en M?decine et de Licenci? en Philosophie et Lettres. Alors, il visite les grandes nations europ?ennes, s'adonnant avec passion ? la philologie. A ses deux langues maternelles, le tagal et le castillan, il avait, au cours de ses ?tudes classiques, joint le grec, le latin et l'h?breu; passionn? pour la litt?rature et l'art dramatique de l'Empire du Soleil levant, il s'?tait familiaris? avec le japonais; maintenant c'est le fran?ais, c'est l'anglais, c'est l'allemand, c'est l'italien qu'il veut conna?tre, qu'il lui faut apprendre: il les apprend, il les conna?t.
Il habite tour ? tour Paris, Bruxelles, Londres, Gand, Berlin, les villes du Rhin, les bords des lacs de Suisse; il s'?merveille des grandeurs de Rome, se laisse charmer par la douceur du beau ciel italien; son esprit s'anime aux h?ro?ques traditions de l'Helv?tie, le po?te s'int?resse, le r?veur s'?meut aux l?gendes fantastiques des noires for?ts allemandes, des rives escarp?es du vieux Rhin.
Mais il n'oublie pas son pays. Il souffre de voir que l'Europe l'ignore, que l'?cho de ses souffrances ne traverse pas les larges Oc?ans et pourtant...
Et pourtant alors qu'ici, en Europe, la pens?e humaine est libre, l?-bas elle est encha?n?e. Ici, peu ? peu la Raison pourchasse le Dogme; l?-bas, le Dogme--et quel Dogme? le plus abrutissant f?tichisme!--tient b?illonn?e la Raison. Ici on souffre, sans doute, mais on se plaint, mais on crie, mais on se r?volte, et parfois, sous la pouss?e populaire, les pouvoirs chancellent, les tr?nes s'?croulent, les organismes sociaux parasitaires et oppresseurs s'effondrent; l?-bas il faut souffrir en silence, s'avilir en silence, mourir sans une plainte.
Pour ?clairer l'Europe trop ignorante et surtout l'Espagne engourdie, pour r?veiller la sensibilit? de son pays, trop accoutum? ? souffrir, il se r?solut ? pr?senter le tableau sinc?re, pr?cis, scientifique, de ses mis?res et de ses douleurs. En 1886, parut Noli me tangere...
Ouvrez un dictionnaire de m?decine et cherchez ? ce mot. Vous verrez quels ulc?res douloureux et r?pugnants sont appel?s de ce nom. Oh! oui, n'y touchez pas, si ce n'est pour y porter le fer qui seul peut les gu?rir; n'y touchez pas non plus, car c'est le danger certain, la mort probable; n'y touchez pas, ? moins que vous n'ayez fait le sacrifice de votre vie.
Courageusement, Rizal y porta la main.
Ce livre, c'est toute la question des Philippines. Elles auraient pu, peut-?tre, s'accommoder encore du r?gime espagnol si le r?gime espagnol avait pu devenir la libert?. Elles ne pouvaient tol?rer le r?gime des Moines.
Rizal n'attaque pas l'Espagne; il voudrait m?me, sous l'empire de certains pr?jug?s provenant de son ?ducation, respecter la religion, mais il prend corps ? corps le monstre cl?rical. Quel que soit le personnage par la bouche duquel il parle, Ibarra, Tasio, Elias, toujours la m?me conclusion s'impose, c'est toujours le m?me delenda: il faut d?truire les Congr?gations. Ce fut, c'est encore le mot d'ordre de l'insurrection d'Aguinaldo.
Les Moines se sentirent touch?s. D?s lors, commen?a contre Rizal une campagne acharn?e.
Vous vous souvenez de ce que notre grand Beaumarchais dit de la calomnie et comment, avec cette arme redoutable, Basile esp?re venir ? bout de tous ses ennemis. Ce furent d'abord des insinuations, rien n'?tait certifi?, tout ?tait rendu admissible; puis des injures, de plus en plus grossi?res; puis des calomnies, d'autant plus venimeuses qu'elles ?taient plus inf?mes. Et, en m?me temps que brochures et libelles inondaient les Philippines, la presse aux ordres des Congr?gations, ? Manille comme dans la p?ninsule, ouvrait ses colonnes ? tout ce qui pouvait ?tre une attaque dirig?e contre celui qui n'avait jamais eu en vue que le bonheur de son pays.
Cette premi?re campagne ?choua. Lorsqu'en 1887, apr?s cinq ans d'absence, l'auteur de Noli me tangere revint ? Manille, il pouvait remercier ses adversaires de ce qu'ils avaient fait pour sa popularit? personnelle et pour le retentissement de son oeuvre.
Mais, lui pr?sent, la lutte reprit avec une nouvelle vigueur: la terrible accusation de filibust?risme fut lanc?e, le sol natal devenait dangereux.
En f?vrier 1888, il s'embarque pour le Japon et en ?tudie la litt?rature et les moeurs. On trouverait sur ce sujet dans ses manuscrits de nombreuses notes du plus vif int?r?t. Puis, traversant le Pacifique, il visite les ?tats-Unis de l'Am?rique du Nord, revient en Europe et se fixe ? Londres o? les multiples documents que mettait ? sa disposition le <
C'est l? qu'il copia de l'original et enrichit de notes de la plus haute importance les Sucesos de las Islas Filipinas, du Dr. Antonio de Morga, qu'il fit r??diter ? Paris en 1890. Depuis l'ann?e 1609, o? elle avait ?t? publi?e ? Mexico, cette oeuvre si int?ressante avait presque compl?tement disparu. Seules, quelques rares biblioth?ques en poss?daient un exemplaire devenu pr?cieux, et les savants, les historiens, les ethnologues se lamentaient et s'?tonnaient ? bon droit qu'aucun Espagnol n'e?t remis en lumi?re un ouvrage d'une telle valeur. Lord Stanley en avait publi? une ?dition anglaise lorsque parut le travail de Rizal. Il fut accueilli avec enthousiasme par le monde scientifique et le Dr. Ferdinand Blumentritt, dont les travaux sur l'archipel philippin font autorit?, ?crivit au commentateur de Morga:
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L'impression de son travail le retint quelque temps ? Paris, puis il partit pour Bruxelles et, enfin, en 1890, retourna ? Madrid.
Parcourez les colonnes de la Solidaridad o? il commen?a, pour la d?fense des int?r?ts des Philippines, une campagne ardente et vous admirerez avec quelle vigueur, avec quelle foi en l'avenir, il s'attaque aux plus redoutables pr?jug?s, aux plus ind?racinables abus. Mais, h?las! les querelles de races, l'indiff?rence du public, l'?troitesse d'esprit des politiciens, la mesquinerie des questions qui sont la raison d'?tre des partis eurent raison de ses efforts. L'indiff?rence glac?e des gens auxquels il s'adressa et que, ni lui ni ses compagnons de lutte, ne r?ussirent ? r?chauffer de leur flamme, le d?couragea.
Il quitta de nouveau l'Espagne, s'installa en Belgique, ? Gand, et y publia un nouveau roman tagal, continuation de Noli me tangere. Ce livre, El Filibusterismo, parut en 1891.
Dans Noli me tangere, Rizal ?tait le po?te d?crivant et pleurant l'esclavage de sa patrie, arrachant de sa lyre des notes ?mues, lan?ant aux quatre vents son cri de douleur et de protestation contre la tyrannie qui asservit et d?grade sa race. Dans El Filibusterismo appara?t l'homme politique, signalant les rem?des, pr?voyant l'avenir et proclamant la destruction de la domination espagnole qui tombera bris?e, ?cras?e sous le poids de ses propres fautes. Une traduction de cette oeuvre, non moins remarquable que Noli me tangere, est en ce moment en pr?paration.
Puis suivit dans la Solidaridad une s?rie d'articles, profond?ment ?tudi?s, o? il tra?ait un tableau anim?, color?, de ce que les Philippines pourraient ?tre dans cent ans; splendides esp?rances, visions sublimes d'une ?me poss?d?e par l'amour de son peuple.
Pour se reposer de ces travaux, il cherchait une noble distraction dans l'art. Blumentritt nous r?v?le une face toute particuli?re de son talent.
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Mais le soleil de sa patrie l'appelait; la nostalgie l'envahit et, en 1891, il quitta l'Europe. Les sanglants ?v?nements de Calamba, son pueblo natal, lui interdisaient l'entr?e des Philippines; il s'installa ? Hong-Kong. Cependant, bien que le ciel surcharg? d'?lectricit? le mena??t des plus terribles orages, la maladie du pays l'emporta sur la prudence et, le 23 d?cembre 1891, il ?crivait au capitaine g?n?ral Despujols la lettre suivante:
Despujols accepta ses offres avec reconnaissance et lui promit toute s?curit? pour sa personne. En juillet 1892, sans ?couter les conseils, les pri?res m?me que ses amis lui adressaient, il s'embarqua pour Manille. Quelques jours apr?s il ?tait arr?t?, en violation formelle des promesses du capitaine g?n?ral, et d?port?, pour un temps illimit?, ? Dapitan, dans l'?le de Mindanao.
D?s lors, sa vie ?tait menac?e. Il avait des ennemis puissants et cruels dont ce premier coup ne devait point assouvir la haine.
Son ?me d'acier ne fut point abattue. Il se r?signa, heureux encore de ce que, dans son exil, il retrouvait le sol de sa patrie: Et, po?te, il chanta:
Vous m'offrez, ? illusions, la coupe consolatrice Et venez r?veiller mes jeunes ann?es... Merci ? toi, tourmente, merci, vents du ciel Qui, ? l'heure propice, avez su couper mon vol incertain Pour m'abattre sur le sol de mon pays natal.
Puis, toujours d?sireux d'employer son activit? ? des oeuvres utiles, il fonda des ?coles gratuites o? il mit en pratique le syst?me d'enseignement Froebel et ouvrit une clinique ophtalmologique o? des malades accoururent de tous les points de l'Extr?me-Orient, soignant gratuitement les pauvres. En m?me temps il s'occupait d'agriculture, reprenait ses ?tudes scientifiques et litt?raires et pr?parait un trait? philologique, encore in?dit, sur les verbes tagals; le manuscrit de ce dernier ouvrage est en langue anglaise.
L'exil? ?tait devenu l'instituteur des enfants, le m?decin des indigents, l'agronome enseignant aux cultivateurs de nouveaux proc?d?s pour travailler la terre, le savant que ses ?tudes rev?taient d'un ind?niable prestige, le po?te inspir? chantant les esp?rances et les souvenirs, restant toujours, en toutes circonstances, l'ami loyal et d?vou? de tous, du plus haut fonctionnaire comme du gamin le plus d?guenill?.
Cette vie dura quatre ans.
En ao?t 1896, il fut transf?r? ? Manille. Le 3 septembre, le paquebot Isla de Panay le prenait ? son bord et l'emportait vers Barcelone. Il devait se mettre ? la disposition des ministres de la Guerre et des Colonies, auxquels le recommandait vivement le g?n?ral Blanco.
Tandis que le vaisseau voguait ? la surface des mers, de nombreux c?blogrammes ?taient ?chang?s entre les Ordres religieux et les hautes personnalit?s de la P?ninsule. Les moines, qui sentaient leur victime leur ?chapper, redoubl?rent d'efforts et de rage. Ils affirm?rent leur volont? et, comme toujours en Espagne, leur volont? fut faite.
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