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Read Ebook: Gorgias by Plato BCE BCE Forsman Kaarlo Translator

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Ebook has 1616 lines and 65392 words, and 33 pages

Tandis que le vaisseau voguait ? la surface des mers, de nombreux c?blogrammes ?taient ?chang?s entre les Ordres religieux et les hautes personnalit?s de la P?ninsule. Les moines, qui sentaient leur victime leur ?chapper, redoubl?rent d'efforts et de rage. Ils affirm?rent leur volont? et, comme toujours en Espagne, leur volont? fut faite.

D?barqu? ? Barcelone le matin du 6 octobre, Rizal fut imm?diatement conduit ? la citadelle de Montjuich. Le m?me jour ? 2 heures de l'apr?s-midi, il ?tait amen? devant le g?n?ral Despujols qu'il retrouvait comme gouverneur militaire de Barcelone. Que se dirent ces deux hommes pendant les trois heures que dura leur conversation? Combien dramatique dut ?tre ce dialogue entre la loyale franchise de l'?crivain et le j?suitisme militaire du soldat?

? cinq heures du soir, entre une escorte de Gardes civils, il traversait de nouveau la promenade de Colon, dans la cit? des comtes, et ?tait r?embarqu? sur le Colon, en partance pour Manille. Le 13 octobre, il posait le pied sur le sol de sa patrie et se voyait aussit?t incarc?r? au Fort de Santiago.

Le 30 d?cembre 1896, au lever de l'aurore, son sang r?dempteur arrosait le champ historique de Bagumbayan...

La blessure saigne encore au coeur des Philippines. Nous ne chercherons ni ? ?claircir les faits, ni ? ?tablir les responsabilit?s personnelles. La caste th?ocratique a commis le crime, elle en subira le ch?timent. Pas plus que les g?n?raux de la catholique Espagne, ceux de la protestante Am?rique ne r?ussiront ? l'imposer ? un peuple qui la rejette avec plus de d?go?t encore que de haine.

Mais n'anticipons pas sur le jugement de l'impartiale histoire. Le jour de la justice et du ch?timent est venu et les bourreaux seront punis qui n'auraient point entendu la voix de leur conscience. Dans l'ombre o? ils se terrent, le regret du pouvoir perdu, bien plus que le remords de leurs forfaits, les mordra au coeur et infiltrera dans leurs veines son mortel venin.

--Repose en paix, Rizal, te disent tes amis, jamais ton souvenir ne s'effacera de nos ?mes, la couche de l'oubli n'est point celle o? tu dormiras. Pour ton pays, tu es pass? de cette vie ?ph?m?re ? la vie d'immortalit?; tes oeuvres vivront ?ternellement avec ta m?moire pour la honte de tes ennemis, pour l'enseignement des g?n?rations futures...

--Repose en paix, Rizal, ajoute ton peuple, quand les Philippines seront devenues ma?tresses de leurs destin?es, elles sauront rendre ? tes cendres les honneurs qui leur sont dus; quand elles r?giront leur propre histoire elles y voudront inscrire ton nom en lettres d'or, ? c?t? des noms de ceux qui ont souffert le m?me martyre pour la m?me cause sainte.

En attendant ce jour, dont nous voyons d?s maintenant poindre la rouge aurore, que te suffise la reconnaissance que t'ont vou?e, avec tes fr?res de race, tous ceux qui, dans le monde, luttent pour assurer aux hommes une juste part de bonheur et de libert?.

Henri LUCAS.

D'apr?s les renseignements fournis par M. P. Mario.

MA DERNI?RE PENS?E

Adieu, Patrie ador?e, pays ch?ri du soleil, Perle de la mer d'Orient, notre Eden perdu. Je vais joyeux te donner ma triste et sombre vie. Et f?t-elle plus brillante, plus fra?che, plus fleurie, Je la donnerais encore pour toi, je la donnerais pour ton bonheur.

Sur les champs de bataille, dans le d?lire des luttes, D'autres s'offrent tout entiers, sans h?sitation, sans remords; Qu'importe le lieu du sacrifice, les cypr?s, le laurier ou le lys, L'?chafaud ou la rase campagne, le combat ou le supplice cruel, L'holocauste est le m?me quand le r?clament la Patrie et le foyer.

Je meurs au moment o? je vois se colorer le ciel, Quand surgit enfin le jour derri?re la cagoule endeuill?e de la nuit; S'il te faut de la pourpre pour teindre ton aurore, Prends mon sang, ?pands-le ? l'heure propice, Et que le dore un reflet de sa naissante lumi?re.

Mes r?ves d'enfant ? peine adolescent, Mes r?ves de jeune homme d?j? plein de vigueur, Furent de voir un jour, joyau de la mer Orientale, Tes yeux noirs s?ch?s, ton tendre et doux front relev?, Sans pleurs, sans rides, sans stigmates de honte.

Songe de ma vie enti?re, ? mon ?pre et br?lant d?sir, Salut! te crie mon ?me qui bient?t va partir, Salut! oh! qu'il est beau de tomber pour que ton vol soit libre, De mourir pour te donner la vie, de mourir sous ton ciel, Et de dormir ?ternellement sous ta terre enchant?e.

Sur mon s?pulcre, si tu vois poindre un jour Dans l'herbe ?paisse une humble et simple fleur, Approche-la de tes l?vres et y embrasse mon ?me; Que je sente sur mon front descendre dans la tombe glac?e, Le souffle de ta tendresse, la chaleur de ton haleine.

Laisse la lune m'inonder de sa lumi?re tranquille et douce, Laisse l'aube ?panouir sa fugace splendeur, Laisse g?mir le vent en long murmure grave, Et, si quelque oiseau sur ma croix descend et se pose, Laisse l'oiseau chanter son cantique de paix;

Laisse l'eau des pluies qu'?vapore le br?lant soleil Remonter pure au ciel emportant ma clameur, Laisse un ?tre ami pleurer ma fin pr?matur?e, Et, par les soirs sereins, quand une ?me pour moi priera, Prie aussi, ? Patrie! prie Dieu pour mon repos.

Prie pour tous ceux qui moururent sans joie, Pour ceux qui souffrirent d'in?galables tourments, Pour nos pauvres m?res g?missant leur amertume, Pour les orphelins et les veuves, pour les prisonniers qu'on torture, Et prie aussi pour toi qui marches ? la R?demption finale.

Et quand dans la nuit obscure s'enveloppera le cimeti?re Et que seuls les morts abandonn?s y veilleront, Ne trouble pas le repos, ne trouble pas le myst?re; Si, parfois, tu entends un accord de cithare ou de psalterion C'est moi, ch?re Patrie, c'est moi qui te chanterai.

Et quand ma tombe, de tous oubli?e, N'aura plus ni croix ni pierre qui marquent sa place, Laisse le laboureur y tracer son sillon, la fendre de sa houe, Et que mes cendres, avant de retourner au n?ant, Se m?langent ? la poussi?re de tes pelouses.

Lors peu m'importera que tu m'oublies, Je parcourrai ton atmosph?re, ton espace, tes rues; Je serai pour ton oreille la note vibrante et limpide, L'arome, la lumi?re, les couleurs, le bruit, le chant aim?, R?p?tant ? jamais le principe de ma foi.

Patrie idol?tr?e, douleur de mes douleurs, Ch?res Philippines, ?coute l'ultime adieu; Je laisse tout ici, ma famille, mes amours, Je m'en vais o? il n'y a ni esclaves, ni bourreaux, ni tyrans, O? la foi ne tue pas, o? celui qui r?gne est Dieu.

Adieu, parents, fr?res, parcelles de mon ?me, Amis de mon enfance au foyer perdu. Rendez gr?ces: je me repose apr?s le jour p?nible. Adieu, douce ?trang?re, mon amie, ma joie, Adieu, ?tres aim?s: mourir c'est se reposer!

JOS? RIZAL.

A MA PATRIE

L'histoire des souffrances humaines nous r?v?le l'existence d'un cancer dont le caract?re est tel que le moindre contact l'irrite et r?veille les douleurs les plus aigu?s. Chaque fois qu'au milieu des civilisations modernes j'ai voulu l'?voquer, soit pour m'accompagner de tes souvenirs, soit pour te comparer aux autres pays, ta ch?re image m'est apparue comme rong?e par un hideux cancer social.

D?sirant ta sant? qui est notre bonheur et cherchant le meilleur rem?de ? tes souffrances, je ferai avec toi ce que faisaient les anciens avec leurs malades: ils les exposaient sur les marches du temple pour que tous ceux qui venaient adorer la Divinit? leur proposassent un rem?de.

Aussi m'efforcerai-je de d?crire fid?lement ton ?tat, sans att?nuations; je l?verai une partie du voile qui cache ton mal, sacrifiant tout ? la v?rit?, m?me l'amour de ta gloire, mais, comme ton fils, aimant passionn?ment jusqu'? tes vices, jusqu'? tes faiblesses.

Europe 1886.

JOS? RIZAL.

AU PAYS DES MOINES

UNE R?UNION

C'?tait vers la fin du mois d'octobre; don Santiago de los Santos, plus connu sous le nom de Capitan Tiago, donnait un d?ner et bien que, contre sa coutume, il ne l'e?t annonc? que dans l'apr?s-midi m?me, c'?tait d?j? le th?me de toutes les conversations, non seulement ? Binondo, mais dans les autres faubourgs de Manille et jusque dans la ville. Capitan Tiago passait alors pour le propri?taire le plus fastueux et l'on savait que les portes de sa maison, comme celles de son pays, n'?taient ferm?es ? personne qu'au commerce et ? toute id?e nouvelle ou audacieuse.

La nouvelle se r?pandit donc avec une rapidit? ?lectrique dans le monde des parasites, des oisifs et des bons ? rien que Dieu cr?a, par un effet de sa bont? infinie, et multiplia si g?n?reusement ? Manille.

Le d?ner se donnait dans une maison de la calle de Anloague et l'on pourrait encore la reconna?tre, si toutefois les tremblements de terre ne l'ont pas ruin?e. Nous ne croyons pas que son propri?taire l'ait fait d?molir, Dieu ou la Nature se chargeant ordinairement ici de ce genre de travaux, ainsi que de quelques autres pour lesquels ils ont pass? contrat avec notre gouvernement. D'un style commun dans le pays, cet ?difice suffisamment grand ?tait situ? pr?s d'un bras du Pasig, appel? aussi bouche de Binondo; comme toutes les rivi?res de Manille, ce rio entra?ne les multiples d?tritus des bains, des ?gouts, des blanchisseries, des p?cheries; il sert aussi de moyen de transport et de communication et fournit m?me de l'eau potable, si tel est le gr? du porteur d'eau chinois. A peine si, sur une distance d'environ un kilom?tre, cette puissante art?re du faubourg o? le trafic est le plus important, le mouvement le plus actif, est dot?e d'un pont de bois d?labr? d'un c?t? pendant six mois et infranchissable de l'autre le reste de l'ann?e, ce dont, pendant la saison des chaleurs, les chevaux profitent pour sauter ? l'eau, ? la grande surprise du mortel distrait qui, dans la voiture, sommeillait tranquillement ou philosophait sur les progr?s du si?cle.

La maison de Capitan Tiago est un peu basse et de lignes assez incorrectes. Un large escalier de balustres verts, tapiss? de distance en distance, conduit du vestibule pav? d'azulejos ? l'?tage principal, entre des vases et des pots de fleurs plac?s sur des pi?destaux chinois bigarr?s, parsem?s de fantastiques dessins.

Si nous montons par cet escalier, nous entrons dans une large salle, appel?e ici caida, qui cette nuit sert ? la fois de salle ? manger et de salon pour la musique. Au milieu, une longue table orn?e profus?ment et luxueusement semble attendre le pique-assiettes et lui promettre les plus douces satisfactions en m?me temps qu'elle menace la timide jeune fille, la dalaga ing?nue qui, pendant deux mortelles heures, devra subir la compagnie d'individus bizarres, dont le langage et la conversation ont d'ordinaire un caract?re tr?s particulier.

Par contraste avec ces pr?paratifs mondains, les tableaux bariol?s qui pendent aux murailles repr?sentent des sujets religieux: le Purgatoire, l'Enfer, le Jugement dernier, la Mort du Juste, la Mort du P?cheur; au fond, emprisonn? dans un cadre Renaissance aussi ?l?gant que splendide et sculpt? par Ar?valo, une curieuse toile de grandes dimensions repr?sentant deux vieilles femmes... l'inscription porte: Notre-Dame de la Paix et du Bon Voyage, v?n?r?e ? Antipolo, costum?e en mendiante, visite pendant sa maladie la pieuse et c?l?bre capitana In?s . Si cette composition ne r?v?lait ni beaucoup de go?t ni grand sens artistique, elle se distinguait par un r?alisme exag?r?: ? en juger par les teintes jaunes et bleues de son visage, la malade semblait d?j? un cadavre en putr?faction et les objets; les vases, qui constituent l'ordinaire cort?ge des longues maladies ?taient reproduits avec la minutie la plus exacte. Le plafond ?tait plus agr?ablement d?cor? de pr?cieuses lampes de Chine, de cages sans oiseaux, de sph?res de cristal ?tam? rouges, vertes et bleues, de plantes a?riennes fan?es, de poissons dess?ch?s et enfl?s, ce que l'on nomme des botetes, etc.; du c?t? dominant la rivi?re, de capricieux arceaux de bois, mi-chinois, mi-europ?ens, laissaient voir sur une terrasse des tonnelles et des berceaux modestement illumin?s par de petites lanternes en papier de toutes couleurs.

La salle ?tait ?clair?e par des lustres brillants se refl?tant dans de larges miroirs. Sur une estrade en bois de pin ?tait un superbe piano ? queue d'un prix exorbitant, d'autant plus pr?cieux ce soir que personne n'en touche. Au milieu d'un panneau, un grand portrait ? l'huile repr?sentait un homme de figure jolie, en frac, robuste, droit, sym?trique comme le b?ton de borlas tenu entre ses doigts rigides, couverts de bagues.

La foule des invit?s remplissait presque la salle, les hommes ?taient s?par?s des femmes comme dans les ?glises catholiques et les synagogues. Seule, une vieille cousine de Capitan Tiago recevait les dames; elle paraissait assez aimable mais sa langue ?corchait un peu le castillan. Toute sa politesse consistait ? offrir aux Espagnoles un plateau de cigarettes et de buyos et ? donner sa main ? baiser aux Philippines, exactement comme les moines. La pauvre vieille, finissant par s'ennuyer, profita du bruit caus? par la chute d'une assiette pour sortir pr?cipitamment en grommelant des menaces contre les maladroits.

Elle ne reparut pas.

Soit que les images religieuses les incitassent ? garder une d?vote attitude, soit que les femmes des Philippines fissent exception, le c?t? f?minin de l'assembl?e restait silencieux; ? peine entendait-on parfois le souffle d'un b?illement ?touff? derri?re l'?ventail; ? peine les jeunes filles murmuraient-elles quelques paroles, conversation banale se tra?nant mourante de monosyllabes en monosyllabes, semblable ? ces bruits que l'on entend la nuit dans une maison et que causent les souris et les l?zards. Les hommes, eux, ?taient plus bruyants. Tandis que dans un coin quelques cadets parlaient avec animation, deux ?trangers, v?tus de blanc, les mains crois?es derri?re le dos, parcouraient la salle d'un bout ? l'autre comme font, sur le pont d'un navire, les passagers lass?s du voyage. Le groupe le plus int?ressant et le plus anim? ?tait form? de deux religieux, de deux paysans et d'un militaire, r?unis autour d'une petite table sur laquelle ?taient du vin et des biscuits anglais.

Le militaire, vieux lieutenant, haut de taille, la physionomie bourrue, semblait un duc d'Albe mis au rancart dans la hi?rarchie de la garde civile; il parlait peu et d'un ton dur et bref. L'un des moines, jeune dominicain, beau, coquet, brillant comme la monture d'or de ses lunettes, affichait une gravit? pr?coce; c'?tait le cur? de Binondo. Quelques ann?es auparavant, il avait ?t? chanoine de Saint-Jean-de-Latran. Dialecticien consomm?, jamais l'habile argumentateur B. de Luna n'avait pu l'embrouiller ni le surprendre; il s'?chappait des distinguo comme une anguille des filets du p?cheur. Il parlait peu et semblait peser ses paroles.

L'autre moine, par contre, parlait beaucoup et gesticulait plus encore. Bien que ses cheveux commen?assent ? grisonner, il paraissait avoir conserv? toute la vigueur de sa nature robuste. Son allure, son regard, ses larges m?choires, ses formes hercul?ennes lui donnaient l'air d'un patricien romain d?guis?. Il semblait gai cependant et, si le timbre de sa voix ?tait brusque comme celui d'un homme qui ne s'est jamais mordu la langue, dont la parole est tenue pour sainte et incontestable, son rire joyeux et franc effa?ait la d?sagr?able impression de son aspect, ? tel point qu'on lui pardonnait d'exhiber dans la salle des pieds sans chaussettes et des jambes velues qui auraient fait la fortune d'un Mendieta aux foires de Quiapo .

Un des paysans, petit homme ? barbe noire, n'avait de remarquable que le nez qui, ? en juger par ses dimensions, ne devait pas lui appartenir en entier; l'autre, jeune homme blond, paraissait r?cemment arriv? dans le pays. Le franciscain discutait assez vivement avec lui.

--Vous verrez, disait-il, quand vous serez ici depuis quelques mois, vous vous convaincrez que gouverner ? Madrid et ?tre aux Philippines, cela fait deux.

--Mais...

--Moi, par exemple, continua le Fr?re D?maso, en ?levant la voix pour ne pas laisser la parole ? son contradicteur, moi qui compte d?j? vingt-trois ans de platane et de morisqueta , je puis en parler avec autorit?. Sachez que, lors de mon arriv?e dans le pays, j'ai ?t? tout d'abord envoy? dans un pueblo petit, c'est vrai, mais tr?s adonn? ? l'agriculture. Je ne comprenais pas encore tr?s bien le tagal, mais cependant je confessais les femmes et nous nous entendions tout de m?me. Lorsque je fus nomm? dans un pueblo plus grand dont le cur? indien ?tait mort, toutes se mirent ? pleurer, me combl?rent de cadeaux, m'accompagn?rent avec de la musique...

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