Read Ebook: Si Klegg Complete Books 1-6 by McElroy John
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Ebook has 196 lines and 27145 words, and 4 pages
CORRESPONDANCE
IN?DITE
HECTOR BERLIOZ
--1819-1868--
AVEC UNE NOTICE BIOGRAPHIQUE
PAR
DANIEL BERNARD
REVUE ET CONSID?RABLEMENT AUGMENT?E
PARIS
CALMANN L?VY, ?DITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL L?VY FR?RES
RUE AUBER, 3, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE
Droits de reproduction et de traduction r?serv?s
TABLE
NOTICE SUR BERLIOZ
XL. --A M. Auguste Morel
L. --A M. Alexis Lwoff
XC. --Au m?me
C. --A Louis Berlioz
CXL. --A M. Asger Hamerik
CL. --A M. et madame Massart
APPENDICE
NOTICE SUR BERLIOZ
Quelqu'un a dit de Berlioz, il y a une vingtaine d'ann?es:--Il n'a pas le succ?s, mais il a la gloire....--Aujourd'hui, le voil? en train de conqu?rir l'un et l'autre; c'est pourquoi les ?l?ments de ce livre ont ?t? rassembl?s et pourquoi cette notice a ?t? ?crite.
La gloire et le succ?s tout ? la fois!.... Pour r?unir ces deux attributs, qui ordinairement marchent de compagnie et qui n'avaient ?t? s?par?s que par le plus grand des hasards, Berlioz n'a eu qu'une chose tr?s-simple ? faire,--une chose ? laquelle nous sommes soumis, vous et moi, une chose de laquelle d?pendent les oiseaux qui volent dans l'air, les poissons qui nagent dans l'eau, les fleurs qui pr?sentent leurs corolles aux baisers du soleil, le mendiant sous ses haillons et le souverain sous sa pourpre, une chose que nous ne pouvons ni ?viter quand nous ne la cherchons pas, ni rencontrer quand nous la cherchons: il n'a eu qu'? mourir.
Berlioz, en vie, avait tous les inconv?nients de son ?tat de vivant; quoique, par ses maladies fr?quentes, il donn?t beaucoup d'esp?rances aux gens qui attendaient qu'il dispar?t, il n'en occupait pas moins un rang dans la presse, un fauteuil ? l'Institut, une loge au th??tre, un espace quelconque d'air respirable; je ne parle pas de son prestige musical; certains critiques croyaient l'avoir d?truit ? tout jamais, ou s'imaginaient qu'ils le croyaient; car, au fond, ils n'en ?taient pas bien s?rs.
Il existait donc d'excellentes raisons pour que Berlioz f?t attaqu?, discut?, calomni? par ses concurrents, qui, ayant du talent, ne lui pardonnaient pas d'avoir du g?nie, et par ceux, beaucoup plus nombreux, qui, ne poss?dant ni g?nie ni talent, se ruaient indiff?remment ? l'assaut de toute r?putation s?rieuse, sans espoir d'en tirer avantage pour eux-m?mes et uniquement pour le plaisir de briser. Couvert de lauriers ? l'?tranger, Berlioz s'irritait de trouver dans les feuilles de ses couronnes triomphales des moustiques parisiens qui le piquaient. Il ?tait plus pr?occup? des haines qu'il rencontrait dans son propre pays que des magnifiques ovations qui l'attendaient au del? des fronti?res; et, de Londres, de Saint-P?tersbourg, de Vienne, de Weimar, de Lowenberg, de partout, nous le voyons ?crire au d?vou? et savant Joseph d'Ortigue, le Thiriot de cet autre Voltaire:--<
M. Louis Berlioz destinait son fils ? la m?decine; c'?tait un parti sage, les p?res ayant l'habitude de vouloir que leurs h?ritiers directs continuent les traditions de la famille, le fils d'un g?n?ral ?tant militaire et le fils d'un avocat, avocat. Seulement, les p?res proposent et les gar?ons disposent; nous voyons des romans remplis de ces exemples-l?, sans compter que la r?alit? se charge quelquefois de copier les romans. Pour le savant et honorable m?decin de la C?te-Saint-Andr?, les pots-pourris que son fils ?crivait sur des th?mes italiens n'?taient qu'un passe-temps agr?able, les romances compos?es sur des paroles de Florian servaient de soupapes de s?ret? ? une imagination trop ?chauff?e; pour Hector Berlioz, au contraire, c'?taient les seuls travaux qui le s?duisissent, les seuls auxquels il s'int?ress?t. Vainement, le p?re ?talait-il dans son cabinet l'?norme trait? d'ost?ologie de Munro, contenant des gravures de grandeur naturelle <
--Ah! monsieur Andrieux, quel honneur pour moi!... Vous me surprenez dans une occupation.... Si j'avais su!
--Allons donc, ne vous excusez pas. Votre gibelotte doit ?tre excellente et je l'aurais bien partag?e avec vous; mais mon estomac ne va plus. Continuez, mon ami, ne laissez pas br?ler votre d?ner parce que vous recevez chez vous un acad?micien qui a fait des fables.
Andrieux s'assoit; on commence ? causer de bien des choses, de musique surtout. A cette ?poque, Berlioz ?tait d?j? un gl?ckiste f?roce et intol?rant:
--H?! h?! dit le vieux professeur en hochant la t?te, j'aime Gluck, savez-vous? je l'aime ? la folie.
--Vous aimez Gluck, monsieur? s'?cria Hector en s'?lan?ant vers son visiteur comme pour l'embrasser. Dans ce mouvement, il brandissait sa casserole aux d?pens de ce qu'elle contenait.
--Oui, j'aime Gluck, reprit Andrieux, qui ne s'?tait pas aper?u du geste de son interlocuteur et qui, appuy? sur sa canne, poursuivait ? demi-voix une conversation int?rieure... J'aime bien Piccini aussi.
--Ah! dit Berlioz froidement, en reposant sa casserole.
Il prit part au concours pour le prix de Rome et ne fut pas m?me jug? digne d'entrer en loge. Cet ?chec alarma les parents du Dauphin?, qui n'?taient pas bien s?rs que leur enfant prodigue f?t destin? ? briller dans la carri?re musicale. Le p?re ordonna ? son fils de revenir en province; Hector ob?it, mais, de retour ? la C?te, il tomba dans un ?tat de tristesse horrible, ne parlant ? personne, passant les journ?es ? errer dans les bois et les nuits ? g?mir dans l'ombre. M. Louis Berlioz finit par se laisser ?mouvoir: <
Cette maigre ressource lui suffisait. Il eut la bonne fortune de rencontrer un C?tois de ses amis, ?tudiant en pharmacie, Antoine Charbonnel, et, comme la mis?re est plus facile ? supporter ? deux, les jeunes gens s'associ?rent. Ils s'?tablirent, rue de la Harpe, au quartier Latin. Ils n'y menaient pas une existence de nababs; on nous a communiqu? le registre sur lequel ils inscrivaient leurs d?penses quotidiennes; c'est on ne peut plus instructif.
Le 1er janvier, jour o? tout le monde est en f?te, Charbonnel, qui avait sans doute des connaissances en ville, est all? d?ner au dehors: Hector, sans parents, sans amis, est rest? seul, devant les tisons ?teints de son triste foyer. Il a grignot? une cro?te de pain dess?ch?e en attendant la gloire et en se r?citant des vers de Thomas Moore, auteur qu'il venait de d?couvrir et qui lui causait une impression profonde. La belle jeunesse, les esp?rances en l'avenir, l'ont consol? des rigueurs du pr?sent; sa pens?e s'est envol?e vers les triomphes futurs et son front a frissonn? sous les l?vres imaginaires d'une bonne f?e qui lui promettait le g?nie et le succ?s. O songes d?licieux! les plus doux, les plus enchanteurs, ne se font-ils pas dans ces mansardes d'artistes, travers?es par la bise de l'hiver ou chauff?es par la violente canicule de juillet? avoir devant soi un horizon infini et songer qu'on remplira de bruit, de lumi?re et d'ambition assouvie, tout cet espace! fouler aux pieds les ennemis, ou, mieux encore, se sentir la force et le d?dain de leur pardonner! Toucher au but et ?tre r?compens? de tant d'efforts par les caresses d'une femme aim?e!... N'est-ce pas l? ce qui se r?ve ? chaque instant sous les lambris peu dor?s d'un sixi?me ?tage et ce qu'emporte vers les nuages la fum?e de la grande ville, aux approches du soir?
Pour parler ainsi ? un grand de la terre, il fallait avoir re?u des preuves ant?rieures de sa bienveillance.
< <<...Un crime odieux, un abus de confiance dont j'ai ?t? pris pour victime, m'a fait d?lirer de rage depuis Florence jusqu'ici. Je volais en France pour tirer la plus juste et la plus terrible vengeance; ? G?nes, un instant de vertige, la plus inconcevable faiblesse a bris? ma volont?, je me suis abandonn? au d?sespoir d'un enfant; mais enfin j'en ai ?t? quitte pour boire l'eau sal?e, ?tre harponn? comme un saumon, demeurer un quart d'heure ?tendu mort au soleil et avoir des vomissements violents pendant une heure; je ne sais qui m'a retir? ou m'a vu tomber par accident des remparts de la ville. Mais enfin je vis, je dois vivre pour deux soeurs, dont j'aurais caus? la mort par la mienne, et vivre pour mon art...>> Les excursions de Berlioz ? Subiaco, ? Alatri, au mont Cassin, ? Arcinasso, ne le consolaient que m?diocrement de l'incurable ennui qu'il ?prouvait dans la Ville ?ternelle. ...Enfin, enfin, il lui fut permis de quitter cette Italie qu'il ne revit jamais et o?, contrairement ? tant d'autres, moins difficiles, il n'avait pu s'acclimater. Son ardeur de rentrer dans la lutte et de se conqu?rir une place en vue ?tait vraiment furieuse. On s'occupa de ses faits et gestes ? Paris, d?s qu'il y fut; et, ? ce propos, qu'on nous permette d'ouvrir une parenth?se. Nous croyons que la vie des grands hommes doit ?tre mur?e ni plus ni moins que celle des simples particuliers; mais quand un amour comme l'amour de Berlioz pour miss Smithson a occup? les badauds et les journaux d'une ville d'un million d'?mes, cet ?pisode ne rentre plus dans l'ordre des galanteries ordinaires; il appartient ? l'histoire. Nous nous en emparons. A MADEMOISELLE HENRIETTE SMITHSON. < < < <
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