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Read Ebook: Introduction à la méthode de Léonard de Vinci by Val Ry Paul

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Ebook has 76 lines and 21867 words, and 2 pages

Ce tableau, drames, remous, lucidit?, s'oppose de lui-m?me ? d'autres mouvements et ? d'autres sc?nes qui tirent de nous les noms de <> ou de <> et dont nous ne savons faire autre chose que nous en distinguer, pour aussit?t nous y remettre.

Les philosophes ont g?n?ralement abouti ? impliquer notre existence dans cette notion, et elle dans la n?tre m?me; mais ils ne vont gu?re au del?, car l'on sait qu'ils ont ? faire de d?battre ce qu'y virent leurs pr?d?cesseurs, bien plus que d'y regarder en personne. Les savants et les artistes en ont diversement joui, et les uns ont fini par mesurer, puis construire; et les autres par construire comme s'ils avaient mesur?. Tout ce qu'ils ont fait se replace de soi-m?me dans le milieu et y prend part, le continuant par de nouvelles formes donn?es aux mat?riaux qui le constituent. Mais avant d'abstraire et de b?tir, on observe: la personnalit? des sens, leur docilit? diff?rente, distingue et trie parmi les qualit?s propos?es en masse celles qui seront retenues et d?velopp?es par l'individu. La constatation est d'abord subie, presque sans pens?e, avec le sentiment de se laisser emplir et celui d'une circulation lente et comme heureuse: il arrive qu'on s'y int?resse et qu'on donne aux choses qui ?taient ferm?es, irr?ductibles, d'autres valeurs; on y ajoute, on se pla?t davantage ? des points particuliers, on se les exprime et il se produit comme la restitution d'une ?nergie que les sens auraient re?ue; bient?t elle d?formera le site ? son tour, y employant la pens?e r?fl?chie d'une personne.

L'homme universel commence, lui aussi, par contempler simplement, et il revient toujours ? s'impr?gner de spectacles. Il retourne aux ivresses de l'instant particulier et ? l'?motion que donne la moindre chose r?elle, quand on les regarde tous deux, si bien clos par toutes leurs qualit?s et concentrant de toute mani?re tant d'effets.

L'observateur est pris dans une sph?re qui ne se brise jamais, o? il y a des diff?rences qui seront les mouvements et les objets, et dont la surface se conserve close malgr? que toutes les portions s'en renouvellent et s'y d?placent. L'observateur n'est d'abord que la condition de cet espace fini: ? chaque instant il est cet espace fini. Nul souvenir, aucun pouvoir ne le trouble tant qu'il s'?gale ? ce qu'il regarde. Et pour peu que je puisse le concevoir durant ainsi, je concevrai que ses impressions diff?rent le moins du monde de celles qu'il recevrait dans un r?ve. Il arrive ? sentir du bien, du mal, du calme lui venant de ces formes toutes quelconques, o? son propre corps se compte. Et voici lentement les unes qui commencent de se faire oublier, et de ne plus ?tre vues qu'? peine, tandis que d'autres parviennent ? se faire apercevoir--l? o? elles avaient toujours ?t?. Une tr?s intime confusion des changements qu'entra?nent dans la vision sa dur?e, et la lassitude, avec ceux dus aux mouvements ordinaires, doit se noter. Certains endroits sur l'?tendue de cette vision s'exag?rent, comme un membre malade semble plus gros et encombre l'id?e qu'on a de son corps, par l'importance que lui donne la douleur. Ces points forts para?tront plus faciles ? retenir, plus doux ? ?tre vus. C'est de l? que le spectateur s'?l?ve ? la r?verie, et d?sormais il va pouvoir ?tendre ? des objets de plus en plus nombreux des caract?res particuliers provenant des premiers et des mieux connus. Il perfectionne l'espace donn? en se souvenant d'un pr?c?dent. Puis, ? son gr?, il arrange et d?fait ses impressions successives. Il peut appr?cier d'?tranges combinaisons: il regarde comme un ?tre total et solide un groupe de fleurs ou d'hommes, une main, une joue qu'il isole, une tache de clart? sur un mur, une rencontre d'animaux m?l?s par hasard. Il se met ? vouloir se figurer des ensembles invisibles dont les parties lui sont donn?es. Il devine les nappes qu'un oiseau dans son vol engendre, la courbe sur laquelle glisse une pierre lanc?e, les surfaces qui d?finissent nos gestes, et les d?chirures extraordinaires, les arabesques fluides, les chambres informes, cr??es dans un r?seau p?n?trant tout, par la rayure grin?ante du tremblement des insectes, le roulis des arbres, les roues, le sourire humain, la mar?e. Parfois, les traces de ce qu'il a imagin? se laissent voir sur les sables, sur les eaux; parfois sa r?tine elle-m?me peut comparer, dans le temps, ? quelque objet la forme de son d?placement.

La connaissance des combinaisons r?guli?res appartient aux sciences diverses, et, lorsqu'il n'a pas pu s'en constituer, au calcul des probabilit?s. Notre dessein n'a besoin que de cette remarque faite d?s que nous avons commenc? d'en parler: les combinaisons r?guli?res, soit du temps, soit de l'espace, sont irr?guli?rement distribu?es dans le champ de notre investigation. Mentalement, elles paraissent s'opposer ? une quantit? de choses informes.

Pourquoi, de tout ce qui existe, une partie seulement peut-elle se r?duire ainsi? Il y a un instant o? la figure devient si complexe, o? l'?v?nement para?t si neuf qu'il faut renoncer ? les saisir d'ensemble, ? poursuivre leur traduction en valeurs continues. ? quel point les Euclides se sont-ils arr?t?s dans l'intelligence des formes? ? quel degr? de l'interruption de la continuit? figur?e se sont-ils heurt?s? C'est un point final d'une recherche o? l'on ne peut s'emp?cher d'?tre tent? par les doctrines de l'?volution. On ne veut pas s'avouer que cette borne peut ?tre d?finitive.

Le s?r est que toutes les sp?culations ont pour fondement et pour but l'extension de la continuit? ? l'aide de m?taphores, d'abstractions et de langages, Les arts en font un usage dont nous parlerons bient?t.

Nous arrivons ? nous repr?senter le monde comme se laissant r?duire, ?? et l?, en ?l?ments intelligibles. Tant?t nos sens y suffisent, d'autres fois les plus ing?nieuses m?thodes s'y emploient, mais il reste des vides. Les tentatives demeurent lacunaires. C'est ici le royaume de notre h?ros. Il a un sens extraordinaire de la sym?trie qui lui fait probl?me de tout. ? toute fissure de compr?hension s'introduit la production de son esprit. On voit de quelle commodit? il peut ?tre. Il est comme une hypoth?se physique. Il faudrait l'inventer, mais il existe; l'homme universel peut maintenant s'imaginer. Un L?onard de Vinci peut exister dans nos esprits, sans les trop ?blouir, au titre d'une notion: une r?verie de son pouvoir peut ne pas se perdre trop vite dans la brume de mots et d'?pith?tes consid?rables, propices ? l'inconsistance de la pens?e. Croirait-on que lui-m?me se f?t satisfait de tels mirages?

Des pr?cipitations ou des lenteurs simul?es par les chutes des terres et des pierres, des courbures massives aux draperies multipli?es; des fum?es poussant sur les toits aux arborescences lointaines, aux h?tres gazeux des horizons; des poissons aux oiseaux; des ?tincelles solaires de la mer aux mille minces miroirs des feuilles de bouleau; des ?cailles aux ?clats marchant sur les golfes; des oreilles et des boucles aux tourbillons fig?s des coquilles, il va. Il passe de la coquille ? l'enroulement de la tumeur des ondes, de la peau des minces ?tangs ? des veines qui la ti?diraient, ? des mouvements ?l?mentaires de reptation, aux couleuvres fluides. Il vivifie. L'eau, autour du nageur, il la colle en ?charpes, en langes moulant les efforts des muscles. L'air, il le fixe dans le sillage des alouettes en effilochures d'ombre, en fuites mousseuses de bulles que ces routes a?riennes et leur fine respiration doivent d?faire et laisser ? travers les feuillets bleu?tres de l'espace, l'?paisseur du cristal vague de l'espace.

Il reconstruit tous les ?difices; tous les modes de s'ajouter des mat?riaux les plus diff?rents le tentent. Il jouit des choses distribu?es dans les dimensions de l'espace; des voussures, des charpentes, des d?mes tendus; des galeries et des loges align?es; des masses que retient en l'air leur poids dans des arcs; des ricochets des ponts; des profondeurs de la verdure des arbres s'?loignant dans une atmosph?re o? elle boit; de la structure des vols migrateurs dont les triangles aigus vers le sud montrent une combinaison rationnelle d'?tres vivants.

Il adore ce corps de l'homme et de la femme qui se mesure ? tout. Il en sent la hauteur, et qu'une rose peut venir jusqu'? la l?vre; et qu'un grand platane le surpasse vingt fois, d'un jet d'o? le feuillage redescend jusqu'? ses boucles; et qu'il emplit de sa forme rayonnante une salle possible, une concavit? de vo?te qui s'en d?duit, une place naturelle qui compte ses pas. Il guette la chute l?g?re du pied qui se pose, le squelette silencieux dans les chairs, les co?ncidences de la marche, tout le jeu superficiel de chaleur et fra?cheur fr?lant les nudit?s, blancheur diffuse ou bronze, fondues sur un m?canisme. Et la face, cette chose ?clairante, ?clair?e, la plus particuli?re des choses visibles, la plus magn?tique, la plus difficile ? regarder sans y lire, le poss?de. Dans la m?moire de chacun, demeurent quelques centaines de visages avec leurs variations, vaguement. Dans la sienne, ils ?taient ordonn?s et elles se suivaient d'une physionomie ? l'autre; d'une ironie ? l'autre, d'une sagesse ? une moindre, d'une bont? ? une divinit?,--par sym?trie. Autour des yeux, points fixes dont l'?clat se change, il fait jouer et se tirer jusqu'? tout dire, le masque o? se confondent une architecture complexe et des moteurs distincts sous l'uniforme peau.

Il est fait pour d?sesp?rer l'homme moderne qui est d?tourn? d?s l'adolescence, dans une sp?cialit? o? l'on croit qu'il doit devenir sup?rieur parce qu'il y est enferm?: on invoque la vari?t? des m?thodes, la quantit? des d?tails, l'addition continuelle de faits et de th?ories, pour n'aboutir qu'? confondre l'observateur patient, le comptable m?ticuleux de ce qui est, l'individu qui se r?duit, non sans m?rite--si ce mot a un sens!--aux habitudes minutieuses d'un instrument, avec celui pour qui ce travail est fait, le po?te de l'hypoth?se, l'?dificateur de mat?riaux analytiques. Au premier, la patience, la direction monotone, la sp?cialit? et tout le temps. L'absence de pens?e est sa qualit?. Mais l'autre doit circuler au travers des s?parations et des cloisonnements. Son r?le est de les enfreindre. Je voudrais sugg?rer ici une analogie de la sp?cialit? avec ces ?tats de stup?faction dus ? une sensation prolong?e, auxquels j'ai fait allusion. Mais, le meilleur argument est que, neuf fois sur dix, toute grande nouveaut? dans un ordre est obtenue par l'intrusion de moyens, et de notions qui n'y ?taient pas pr?vus; venant d'attribuer ces progr?s ? la formation d'images, puis de langages, nous ne pouvons ?luder cette cons?quence que la quantit? de ces langages poss?d?e par un homme, influe singuli?rement sur le nombre des chances qu'il peut avoir d'en trouver de nouveaux. Il serait facile de montrer que tous les esprits qui ont servi de substance ? des g?n?rations de chercheurs et d'ergoteurs, et dont les restes ont nourri, pendant des si?cles, l'opinion humaine, la manie humaine de faire ?cho, ont ?t? plus ou moins universels. Les noms d'Aristote, Descartes, Leibniz, Kant, Diderot, suffisent ? l'?tablir.

Construire existe entre un projet ou une vision d?termin?e, et les mat?riaux que l'on a choisis. On substitue un ordre ? un autre qui est initial, quels que soient les objets qu'on ordonne. Ce sont des pierres, des couleurs, des mots, des concepts, des hommes, etc., leur nature particuli?re ne change pas les conditions g?n?rales de cette sorte de musique o? elle ne joue encore que le r?le du timbre, si l'on poursuit la m?taphore. L'?tonnant est de ressentir parfois l'impression de justesse et de consistance dans les constructions humaines--faites de l'agglom?ration d'objets apparemment irr?ductibles--comme si celui qui les a dispos?es leur e?t connu de secr?tes affinit?s. Mais l'?tonnement d?passe tout, lorsqu'on s'aper?oit que l'auteur, dans l'immense majorit? des cas, est incapable de se rendre lui-m?me le compte des chemins suivis et qu'il est d?tenteur d'un pouvoir dont il ignore les ressorts. Il ne peut jamais pr?tendre d'avance ? un succ?s. Par quels calculs les parties d'un ?difice, les ?l?ments d'un drame, les composantes d'une victoire, arrivent-ils ? se pouvoir comparer entre eux? Par quelle s?rie d'analyses obscures la production d'une oeuvre est-elle amen?e?

En pareil cas, il est d'usage de se r?f?rer ? l'instinct pour ?claircir, mais ce qu'est l'instinct n'est pas trop ?clairci lui-m?me, et, d'ailleurs, il faudrait ici avoir recours ? des instincts rigoureusement exceptionnels et personnels, c'est-?-dire ? la notion contradictoire d'une <> qui ne serait pas plus habituelle qu'elle n'est h?r?ditaire.

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