Read Ebook: Le moyen de parvenir tome 2/3 by B Roalde De Verville
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Ebook has 347 lines and 45084 words, and 7 pages
QUINTILIEN. Quelle cornucopie est ceci? Quel nom amenez-vous?
SENEQUE. Encore avez-vous bien dit, d'autant que la copie & les originaux des cornes se font illecque.
L'AUTRE. Je vous dirai. Le bon homme Genebrard avoit ?pous? une jeune, belle, mignonne femme, avec laquelle ?tant couch?, l'ayant bais?e, il mit la main ? son comment a nom, & le tapant, dit: gardon, ma mie, gardon. Ce qu'il continua souvent, sans autre effet. Le vendredi d'apr?s, la chambriere eut commission d'aller ? la poissonnerie, & demanda ? sa ma?tresse ce qu'elle apporteroit. Ce que tu voudras, dit la dame. Apporterai-je des gardons? Va ? tous les diables! Je n'orai jamais parler ici que de gardon.
GANPIL. Vous faites bien de les nommer gardons, ? cause des gardes que nature y a mises, lesquelles si elles n'y ?toient, vu cette grande solution de continuit?, les femmes seroient toujours enrou?es. Et c'est merveille comment, cela ?tant si d?joint, il est toute-fois si conjoint.
SAPHO. C'est une d?co?ture au bas du corps; ce qui avint, quand Jupiter eut coup? l'androgine. Il commanda ? Mercure de recoudre le ventre ? l'un & ? l'autre; cela est cause que le ventre est si d?licat. Il cousit l'homme avec un lacet trop long; tellement qu'? la fin de la co?ture il en resta un bout. Et cousant la femme, il prit le lacet trop court, si qu'il y eut faute, & il y demeura une fente, faute de points. Et en avez-vous? Mettez cela en la bo?te au saffran. Mais encore, messieurs les savans, savez-vous bien les sept merveilles du monde? Vous ne dites mot. Je vous ferai savoir de belles choses, si je veux. Or pr?parez-vous ? ouir. Ne vous recordez-vous point que les souris courent en la paille, sans se pocher les yeux? Je vous dirai des secrets plus notables, & qui contiennent toutes sciences. Les sept miracles, ou merveilles, sont 1?. Une poule noire, qui fait un oeuf blanc. 2?. Le vin clairet, qui est beu comme le vin blanc, & piss? blanc non rouge. 3?. Le bout d'un homme, qui n'a point d'oreilles, & oit quand on parle d'accrocher. 4?. Le cas d'une femme, qui est un vaisseau qui a la gueule contre bas & est ?tanch?. 5?. Le paillard outil d'un amant, qui se bande sans guindal, de lui-m?me. 6?. Le bouton d'amour d'une femme, qui tire la mo?lle des os, sans le casser. 7?. Et le cul, qui se ferme & ouvre, comme une bourse, sans tirans. A, a, a, ha, h?. Toute la compagnie se mit ? rire; & nous nous trouv?mes joyeux & alegres, comme une belle troupe de jeunes ou nouveaux cardinaux.
BATILE. Vraiment, Sapho, vous avez tort; vous ?tes bien salaude: jamais vous ne direz rien de net. Non, dit-elle, non plus que la Sold?e ne peut jamais faire de beurre net.
QUINTILIEN. Je vous prie de nous expliquer votre dire.
SAPHO. Par mes amours, je le veux: mais me direz-vous la v?rit? de ce que je vous demanderai?
QUINTILIEN. Oui.
SAPHO. Si mon cul vous baisoit; le baiseriez-vous?
QUINTILIEN. Passe outre.
SAPHO. Quelle difference y a-t-il entre votre nez & le cul du chien? Le cul du chien a le poil dehors, & votre nez dedans; ainsi diff?rent v?rit? & raison. Si votre nez ?toit en mon cul de derriere, il seroit v?rit?; mais ce ne seroit pas raison qu'il y demeur?t. Or voil? comment je leurre ces savans; que le dianche les puisse saupoudrer. Ils ont tout leur engin en la cervelle. J'aimerois autant qu'un savant, qu'un p?dant, qu'un de ces doctes de lettres me fich?t une cheville en l'oeil, que me copuler amoureusement, tant leur consu?tude est fade. Il n'est que bons compagnons, qui savent la mignotise pour s'en ?battre; & non point se faire payer pour cela, comme ces entendus, qui, ? vrai dire, sont veaux de double pelisse. Mais avant; & puis. L?, vous me voulez remettre; j'y suis, bien que ce ne soit pas l?, ains autre part, qu'il me d?mange. La Sold?e ?toit une honn?te beurriere de Bourgueil en chr?tient?: . Un jour devisant, son mari lui reprochoit sa salet?. Vraiment, ma commere, tu ne saurois faire de beurre net, tant tu es mal propre. Ag?, si ferai; j'en ferai, & le ferai si net, que t'en ferai manger; & le salerai pour ton car?me, que je te ferai mieux faire, que ne font les moines, qui mettent du sain doux en leurs choux en car?me, pour ?pargner le beurre par humilit?, ? cause des h?r?tiques de Saumur. Or bien notre Sold?e Or donc Sold?e, ayant reproch? ? sa femme qu'elle ne feroit jamais de beurre net, parce qu'elle n'?toit pas si propre que mademoiselle de Lausnai, & le couvrit de beurre qu'il se posa au cul, qu'il avoit tout effleur? sans croupiere. Ce beurre ne fut jamais mang?: celui de Sold?e fut fait avec beaucoup de propret?. Elle avoit pris une chemise blanche, une gorgerette, un garderobe; bref elle ?toit en beau point, & si propre qu'un jeune coureur de fortune l'e?t volontiers encoch?e. Ainsi ajopp?e & bien lav?e, elle se mit environ son beurre. Son mari tout ?merveill?, consid?roit cette grande aventure: & d?ja esp?roit que sa femme le feroit mentir, tant son cas ?toit propre. Le beurre ?tant pr?t, mis en livres, demi-livres, quarterons, & n'y restant plus que la petite fa?on dessus; Cette jolivet? s'y faisoit avec un petit bois taill?, qui ?toit envelopp? dans un linge net, & mis sur le badaut. Badaut est un engin qui tient au plancher; & ainsi plusieurs badauts y a qui ainsi pendent vis-?-vis. La Sold?e, voulant prendre ce petit bois sur ce badaut, monta sur une selle ? trois pieds. Qu'au diantre soit celui qui fit la maison, o? fut mari? le pere de l'?v?que, lequel sacra le pr?tre, qui maria la mere de celui qui forgea la cogn?e dont fut coup? le bois o? fut ?manch? le pic, dont on releva la terre, pour planter l'arbre, duquel fut faite la premiere selle ? trois pieds. Comme cette pauvre femme, si propre, s'?lan?a de dessus sa sellette; voil? cette abominable selle qui va broncher, & ma pauvrette: ayant une jambe en l'air, & autre assez pr?s, qui coula avec la selle, va faisant une petite ruine, sans se d?p?cer, & tomba si ? point, pour n'?tre pas offens?e, que son cul donna en plate forme, & si proportionn?ment dans sa gidelle sur son beurre, qu'elle le remit en chaos, d?faisant toutes ces figures distinctes; & le repa?trit malheureusement par la pesanteur de son fessier, qui, de la roideur du coup, ?tampa l'impression de ses fesses si abondamment, que le beurre en fit la v?n?rable remembrance en creux.
RABELAIS. Vous avez vu des culs relev?s; si vous en voulez voir de creux, faites faire tel essai; il n'y a rien de si propre ? mouler fesses fermes, que beurre frais. Je l'ai appris des Ecossois Insub?riens, qui se d?lectent ? la vue des fesses, parce que l? est la parfaite beaut? qui ne se h?le point. Ho! dit ma?tre J?r?me, vous m'avez bless?; & l?, le nez; je n'y joue plus. Achevez.
SAPHO. La sold?e bien ?tonn?e, se r?solut en sa disgrace; & pour r?parer son d?sastre, se mit ? arracher de son cul ? belles mains, le beurre qui y ?toit attach?.
HYPOCRATE. Mais les chymiques disent qu'ils cherchent les esprits: & de l? il sembleroit que vous voulussiez conclure que les femmes ayant plus de cul, eussent plus d'esprit que les hommes.
CELSUS. Cela est vrai, & y paro?t. Qu'ainsi ne soit; une fille de sept ans pissera plus gros que ne fera un gar?on de dix-neuf, comme ?tant plus coupable, & partant ayant davantage de jugement.
ORONCE. Vous ne mettez en avant que des redites. Que pensez-vous? Croyez que plusieurs savent ce qui se fait ici. Qu'y ferez-vous, puisqu'aussi-bien tout ce qui est dit ailleurs est pris d'ici, qui est la source de toutes sciences? J'ai ?tudi? plus de cinquante ans en ce livre, tant je l'ai trouv? de savoir in?puisable.
L'AUTRE. Boute, mon ami, boute; ?cris tout ce que nous disons; tu transcris & nous r?citons par coeur; & puis un bon oeuvre n'est jamais prescrit.
PRICIAN. Ceux qui disent: j'ai vu ceci ou cela autre part, sont des ch?tifs averlans. Quand on mange d'un chapon, est-ce le chapon qu'il y a plus de cent ans qui fut mang? & chi??
QUELQU'UN. O que vous dites bien, sage vieillard, que vous avez un bel ?ge.
L'AUTRE. Ne vous d?plaise; je vous dis que vingt-cinq ans est un plus bel ?ge; & n'en d?plaise ? Caton, qui disoit tant?t qu'il ?toit si bon compagnon, qu'? l'?ge de soixante ans il le faisoit encore deux fois.
PROPERCE. Que ne savois-je ces belles r?ponses, & ces doctrines! Je suis fort d?plaisant, & meurs de regret, que je n'attendis ? ?crire, pour ?tre le secr?taire de ce simpose, qui m'e?t plus apport? de r?putation, que n'en auront tous les ?crivains, toutes les ?critures & tous les ?crits ensemble. Or c'est tout un; j'ai la copie des discours, tant verbaux que couch?s par ?crit, comme disoit notre avocat: je me tiens ? mes demandes faites par requ?tes verbales, desquelles la copie est en mon sac. Et voil? comment je me tiens aussi ? ces futures sentences qui sont ja ?crites. En outre, je pr?vois pour tout que ce banquet sera le grand, unique & universel sur tous autres, & monarque des simposes oecum?niques.
ZOROASTES. Je suis tout ?mu d'esprit proph?tique, & connois devant & derriere qu'ici se r?soudront toutes les questions du monde; ainsi qu'il est ordinaire, que sans le boire & le manger, on prend, on a pris & prendra occasion d'enseigner cela qui est tout parfait; & comme la v?rit? & la vanit?, l'excellence & la sottise s'affrontent, l'un & l'autre se pratiqueront en ce lieu; & on verra souvent la gloire proposer ? son client l'honneur du premier lieu ? la mangeoire, comme aux priv?s publics, on s'entre-fait place honorable pour fianter glorieusement; & m?me ? Gen?ve l'assiette, pour poser le fondement, est aussi nette que le tranchoir sur lequel vous mangez.
TEXTE.
GUALTER. A propos, si vous ?tiez en prison environn? d'?trons, qu'aimeriez-vous mieux, ou en sortir par amiti?, ou par force? Par amiti?; il faudroit donc les baiser les uns apr?s les autres. Par force; il faudroit donc leur donner ? chacun un coup de dent. Et vous, taisez-vous, que j'acheve; & que nous prenions garde ? tant de parfaites doctrines. Quelques-uns de la compagnie, pour faire une pause r?cr?ative, se donnerent le petit mot du guet. C'?toit la fleur des plus sages, qui firent un complot de gaiet?, pour faire rire la compagnie; & allerent en une autre chambre, inventer une com?die ? l'Italienne. Je vous dirai qui furent ceux-l?, ? la charge que, si vous le dites, & qu'il m'en soit fait quelque reproche, le diable vous emporte. C'?toient Socrates, Plutarque, Rabelais, Gaguin, Luther, Ronsart, Pindare, Marot, & quelques autres de m?me farine & pareils brans, & assez sages & fous pour contenter le monde.
LUCIEN. Quelle diff?rence mettez-vous entre farine & bran, vu que la plupart de ceux-ci sont, comme dit l'autre, tourn?s en farine de diable?
L'AUTRE. Vous ne changerez jamais, encore que notre bon ami Pithagoras vous ait fait passer par son alambic; si est-ce que vous ?tes toujours de m?me; & je crois que c'est vous qui en ?tes la vraie farine de diable, d'autant que Dieu vous fit bon comme farine, & vous ?tes m?chant comme bran. Et afin que vous le sachiez, je vous dirai d'o? vient ce dictaire; je me d?p?cherai, afin que le bon homme ait son sac. Il y avoit un pauvre petit paysan, qui avoit quantit? d'enfans, & n'avoit point de pain pour leur donner, pour lors que la famine pressoit. Une nuit s'?tant endormi de tristesse, il songea qu'il trouva le diable qui le consola, & lui dit que, s'il vouloit, il lui donneroit de quoi bailler ? d?ner ? son menu peuple, & l?-dessus le mena en une for?t obscure o? il lui montra de grands sacs pleins de farine. Le paysan ?bahi & aise, dit: mais comment trouverai je ce lieu, si j'en pars? Le diable lui dit: eh! chie aupr?s, pour le remarquer. Le triste pauvre homme s'effor?a, & fianta dans le lit, plus que six ladres constip?s ne feroient par un clystere enforc? de quadruple dose de fine b?n?dicte. A son r?veil, il trouva le bran, en quoi s'?toit r?duite toute cette diabolique farine.
GUEVARRE. Cela avint en Anjou, en un bois qui est pr?s de la Rochefouque. Un gentilhomme avoit fort recherch? une demoiselle du pays, sienne voisine, qui ne l'osa accommoder de son ustensile, parce que la commodit? ne s'y offroit pas, & que possible, lorsqu'il le vouloit, il y en avoit quelqu'autre Un matin cette demoiselle, ayant affaire en une sienne m?tairie passant ? travers ce bois, fut rencontr?e du gentilhomme, qui alloit giboyer & n'avoit en main que son arquebuse. Le gentilhomme prit la rencontre, & dit ? celle-ci: vraiment, il y a assez long-temps que vous m'attermoyez. Je vous prie que ce soit ? cette heure; il y a toute occasion ? propos. H?las! lui dit-elle, que pensez-vous faire? Attendez ? une autre fois. A cette-ci, & ? une autre, tout sera bon. Mais quoi! je suis en manteau; je me salirai toute. Ce gentilhomme, levant la t?te, vit un pied-gris passant aupr?s d'eux, lequel avoit un sac. Il le prit, & lui dit: compere, attendez-moi. Ayant ce sac, il le lui montra. Et bien, dit-il, voil? pour mettre sous vous. Elle, se voyant press?e, & qu'il falloit passer par-l?, en d?pit qu'elle le vouloit bien, lui dit: l? donc, d?p?chez, afin que le bon homme ait son sac. Achevez, je vous prie. Socrates, comme le plus fou : c'est que pour crainte que cela n'av?nt, plusieurs ont fait faire des calle?ons, ou brides ? fesses, afin de se garantir; & les autres, qui n'avoient pas cette industrie, pour sauver leur cul, craignant la dent laqua?sme, ont mis la chair de leurs fesses sur leurs ?paules. Cela est donc cause des bossues. Vraiment, si elles engendroient leurs semblables, bient?t le monde seroit bossu. Fi, fi; il ne le faut faire qu'aux belles; la bosse leur sert de grace: & puis tous choses sont choses. Sec, gardez-vous de cheoir, madame Safy, il y a un grand trou devant vous; si vous mettez le pied dedans, vous vous g?terez.
MADAME. En d?, si vous aviez le nez dedans, & deux autres de m?me autour des deux yeux, vous auriez une belle paire des lunettes.
BOECE. Taisez-vous; vous ?tes belle. Que sera cela? Les belles se font prier, & les laides prient; chacun fait ce qu'il peut pour vivre. Pourquoi faire des lunettes?
C?SAR. Pour mieux voir.
BOECE. De quoi voit-on le plus?
C?SAR. Des yeux.
BOECE. Si votre nez ?toit en mon cul, vous ne verriez que des fesses.
LE BON HOMME. Que voici de sentences accomplies! Que vous ?tes heureux, vous qui les savourez, tandis que ceux-l? boivent sans nous ouir; & je gage que; vous auriez beau dire, ils ne l'entendroient pas, d'autant que ceux qui oient en beuvant, tiennent de la ladrerie, comme le tient & afferme Janotin, ma?tre apothicaire, du m?tier dont il se m?le.
SOCRATES. En d?, vous avez mieux dit qu'un four, & n'avez pas la goule si grande. Pourquoi fait-on des fours?
ELPHIS. C'est pour cuire du pain.
SOCRATES. Voire, le niais! C'est pour cuire.
ELPHIS. Va te promener; & me dis la raison, qui fait que l'on boit les uns aux autres?
SOCRATES. C'est parce que celui qui boit perd la parole, & devant qu'il lui avienne mal, prie que l'on l'assiste s'il lui survenoit danger; tandis qu'il est ainsi entre la vie & la mort, comme une ame qui sort de purgatoire, ou qui pense y aller. Je ne m'y connois encore gu?re; je suis ? pardonner, parce que ce pauvre homme possible est pr?t ? se noyer.
BARRELETTE. Voil? dit cela; & si vous ?tes si pauvre de ne l'entendre pas, je vous le ferai entendre.
TOME.
CASSIODORE. C'est ce que je vous disois; il est vrai que, quelque peine que j'aie prise ? mettre tout d'accord, en tirant le bon bout de mon c?t?, & que, prostituant ainsi les sciences, on a parl? des doctrines en la pr?sence intelligible des femmes, on n'a vu que des h?r?sies, & les h?morro?des en sont chutes au fondement, & les barbes ont ?t? pirement faites que ci-devant. Et y regardez; vous ne verrez plus de barbes bien faites, parce que l'on n'y entend plus rien. De mon jeune temps, on alloit gaiement & sans artifice chez l'?mouleur; & on avoit la barbe faite en deux coups, mettant une joue sur la meule, & puis l'autre, apr?s cela faisoit frac, rest, zest; une barbe ?toit faite toute pr?te.
L'AUTRE. J'en prends ? t?moin mon compere Livet, procureur au ch?telet de Paris, qui ne laissoit jamais son ?critoire. Il avint, par malencontre de bas avis, que madame sa femme, voyant un gai, gaillard & jeune maure, eut envie d'en ?tre couverte. Elle le fit entrer; &, pour rem?dier ? un mal d'estomac qu'elle avoit, elle le fit coucher sur elle. Ce qu'elle en faisoit, ?toit qu'elle consid?roit que sa peau, vu sa nation, seroit plus chaude que celle d'un Fran?ois. Le jeune homme ayant ?t? l? assez long-tems, fut remerci? & salari? de son bon office, o? il n'y avoit point de mal, vu que cela tendoit ? la sant?. Mais que c'est des impressions! Il lui avint que son mari venant ? la copuler, elle qui se souvint du maure, en engendra un; ce qui parut, quand elle accoucha. Sa commere voyant ? son enfantement, cette aventure si noire, l'en avisa; & la pauvrette lui dit sa friande imagination; ? quoi la bonne commere & amie pourvut, & s'en alla au ch?telet faire appeller Livet, qui venu lui dit: h? bien, ma mie, qu'avons-nous? Un beau fils, lui dit-elle; mais je vous prie, dites-moi en conscience, mon compere, n'avez-vous jamais accol? ma commere, que vous eussiez votre ?critoire ? votre c?t?? O que si ai, plus de trente fois. Vraiment, vous avez bien besongn?! Je m'en doutois bien; voil?, il est chut de l'encre dedans, si que vous avez fait un enfant noir comme un maure.
TIBERE. Que vous avez belle envie d'?chapper.
ALL?GATION.
CASSIODORE. Foin sans blasph?mer.
TIBERE. Je ne veux plus nommer personne; venez voir qui y sera: c'est trop se d?clarer. Qui sont les gens d'?glise?
TIBERE. Ne vous d?plaise, par la gorge, ce sont les images qui y sont jour & nuit, qui je?nent sans cesse, comme y ?tant idoines. Toujours ils ne font point ce qu'il ne faut point faire; ils s'abstiennent & sont tels que doivent ?tre vrais gens d'?glise.
CATON. C'est pourquoi le bon homme Hugonis ?toit toujours joyeux.
ALBERT LE GRAND. Voire, ce moine l'?toit vraiment; & de fait, il ?toit gros & gras, comme un m?tin qui tete deux fesses, il ?toit ample autant que le cul d'un ministre qui accouche en libert?. Une fois qu'il passoit pr?s de S. Avoye une belle demoiselle le voyant, dit ? une autre par admiration: que voil? un moine qui est gros! Il l'ouit, d'autant que, ses membres ?tant proportionn?s, il avoit belles oreilles, & lui r?pondit: mademoiselle, il y a long-temps que je fusse accouch?, si j'eusse trouv? une sage-femme.
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