Read Ebook: Le moyen de parvenir tome 3/3 by B Roalde De Verville
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Ebook has 497 lines and 41213 words, and 10 pages
ANTIPHON. Les filles de notre pays disant en paroles couvertes, parlent bien autrement, t?moin la fille de chambre de mademoiselle de la Forest, femme d'un conseiller. Un paysan lui apporta un lievre, qu'il mit, en l'absence de monsieur, ?s mains de la fille de chambre nomm?e Andr?e, laquelle il prie affectueusement de le pr?senter ? monsieur, & lui recommander son proc?s, dont il ?toit rapporteur, & qu'il avoit nom le Vit. .
ANTIPHON. Durant le d?ner, Andr?e s'avisa de son message, & dit: ? propos, monsieur, il est venu ici un homme qui vous a apport? un grand lievre. O? est-il? Je le vais qu?rir. Le voil?. Vraiment il est beau; il le faut mettre en p?te. Monsieur, il vous recommande ses affaires, ce pauvre homme. Comment a-t-il nom! Je ne l'oserois dire; il est trop sale. Si vous ne le dites, je ne saurai qui m'aura donn? ce lievre. Ardez, monsieur, vous savez bien qui il est; je n'oserois dire ce nom-l?, il est trop sale. Mademoiselle lui dit: dites-le en paroles couvertes. Bien donc, Monsieur, il a nom comme cela avec quoi on fout.
MUNSTER. D'un ?ne vous ?tes venu ? un lievre, je crois que c'est ? cause des oreilles; ? raison de quoi, pour le mettre en cosmographie, je vous dis que je ne vis oncques ?ne plus joli, que celui d'un apothicaire de Tours. Son ma?tre m?me m'en a assur?, nous en faisant le discours ainsi. J'ai l'?ne le meilleur du monde: m?me il est si naturel, qu'il me sent d'une demi-lieue.
CHAPITRE.
APICIUS. Mais ? propos d'eau, quand un homme entre o? l'on d?ne, lequel est le plus excellent, si on lui pr?sente de l'eau ou du vin!
DIOGENES. Que males mules aient ces philosophes foireux qui ne font qu'?nonner: je les envoierai ? mon m?tayer & ? ses gens. Il y a plus de mille ans que le conte en est fait; mais on l'a mal retenu. La fille de ce m?tayer apporta des prunes ? notre femme, qui lui dit: il n'en falloit point, ma mie. C'est votre gresse, mademoiselle; prenez-les, s'il vous pla?t; aussi-bien nos pourceaux n'en veulent point. L'apr?s-d?n?e, celle de chez nous rencontra la mere de cette fille, ? laquelle elle dit ce que sa fille lui avoit dit. Ardez, r?pondit-elle, mademoiselle, elle dit vrai; ces m?chans pourceaux aiment mieux manger la merde. Sur le soir, je rencontre le bon homme, auquel je conte le tout. Pard?, monsieur, dit-il, ce sont b?tes: leur bouche est en paroles aussi honn?tes que le trou de mon cul.
ANTIPHON. Appelez-vous cela des paroles couvertes? Je crois qu'il les faut servir ? couvert, de peur qu'elles ne s'?ventent.
DIOGENES. Si vous avez peur qu'elles s'?ventent, avalez-les v?tement, & faites comme en Italie, baillez-leur du plat de la langue.
HORACE. Si j'eusse su cela, j'eusse bu, & eusse pris cong?.
QUINTILIEN. Comme quoi? Est-ce selon que le pronon?a le president Gascon? L'appellant voyant sa partie ne comparo?tre pas, demanda cong?: je demande cong?, messieurs. Le pr?sident ayant recueilli le conseil, chacun ayant dit: cong?; il pronon?a: qu'il s'en aille. Il y eut un chaste abb? qui l'alla voir, & lui pr?senta son frere, lui disant: monsieur, je vous supplie de faire cette faveur ? mon frere, de le tenir pour votre serviteur. Quoi! faveur! dit-il; je ne fais point de faveur; je fais justice.
MAROT. Je ne sais pourquoi vous nous dites cela; vous ne faites que nous mettre en go?t.
CONSISTOIRE.
LOUVET. Pargoi, mon ami, si tu es tant d?go?t?, je te prie & conseille de te faire procureur, & alors tu mangeras ? toutes mains jusques aux os.
MAROT. Je pourrois manger autant que douze, que je ne m'engraisserois pas.
LOUVET. Vraiement, tu n'as garde: comment engraisserois-tu, vu que tu chies tout ce que tu as mang?? A cela, va dire un chien couchant de l?chefritte: quelle prodigieuse invention!
MAROT. Qu'est-ce l?? Quel animal nouveau?
LE BON HOMME. Que vous ?tes sale! Laissez ces paroles. Vraiment, si j'eusse ?t? le ma?tre, vous n'en eussiez pas ainsi dit; & en ai laiss? passer, parce que je m'amusois ? faire mon ?tat, qui est de consid?rer vos actions.
H?RODOTE. J'y suimes. Il ?toit un beau barbier.
C?SAR. Pourquoi dit-on glorieux barbier?
H?RODOTE. Parce qu'il vous coupera bien le poil du cul, sans en ?tre honteux.
DIOGENES. Et si je n'avois point de poil au cul?
H?RODOTE. Tu serois comme les femmes.
DIOGENES. Et d?, pourquoi? Est-ce que les femmes n'ont point de poil au cul?
MADAME. L?, l?, ? ce barbier.
H?RODOTE. Par mon serment, sans jurer, je pense que je l'oubliois, tant vous ?tes folle. Ce barbier aimoit tr?s-ardemment une sienne voisine, femme d'un mercier: & avoit le mot du guet avec elle: il ne falloit que trouver le moyen & l'occasion:
H?RODOTE. Et voil? donc l'usage auquel est sujet, comme tout autre mari?, ce mercier, la femme duquel desiroit avidement l'accointance du chirurgien son voisin; mais on ne pouvoit y trouver ordre. Ils s'aviserent en parlant ? la boutique, les ?toffes les s?parant, & ex?cuterent leur dessein. Voil? ma commere la merciere, qui fait la malade; elle plaint sa t?te; elle fait semblant d'avoir des soulevemens de coeur: le mari, tout ?tonn?, envoie querir ma?tre Pierre; aussi-t?t qu'il est venu, il la visite. O mes amis, dit-il, & vous, mon compere, parlant au mari, voil? ma commere qui est bien malade; c'est la contagion: mais il y a moyen. ?? un peu de vinaigre; vous avez bien fait de venir au devant; si vous eussiez tard?, il n'y e?t plus eu de moyen. ??, venez ici, apportez cela; ici du feu; l? une ?cuelle; de l'eau, du linge, fermez ces huis un peu; l?, parlez bas; des ciseaux; je suis tout ?tourdi, tant j'ai h?te. Ainsi faisant l'emp?ch?, il fait un empl?tre fort l?ger, & dit au mercier: mon compere, il faut que vous mettiez cet empl?tre sur le bout de votre membre viril: & que vous le poussiez dans la nature de votre femme. Quoi! dit le mari, faites votre ?tat, ma?tre Pierre. Mais c'est votre femme. Faites votre ?tat, mon ami. A donc le barbier mit l'empl?tre sur le bout de son inconv?nient, & le porta ? la ruelle du lit; mais quand ce fut ? ficher, il ?ta le linge poiss?, qu'il pausichonna en sa pochette; & mit ma?tre cas dans la belouse, autrement dit, le trou de service, frais, vif & en bon point: & ainsi gu?rit madame la merciere; & qu'ainsi en puisse prendre ? toutes celles qui le desirent.
COMMITTIMUS.
MAHOMET. Comment voudriez-vous faire entre con & cul une muraille seche?
CESAR. Je ne sais.
MAHOMET. Il faudroit boire l'eau, & manger le mortier: achevez.
L'AUTRE. Etant de retour de fortune, mademoiselle du m?decin se trouvant chez une commere; vint qu'on parla de ma?tre Claude ce barbier. Vraiment, dit cette demoiselle, je suis marrie de son inconv?nient, il sera ladre dans deux ans; mon mari me l'a dit. Cela alla de bouche en bouche, ou de couche en couche, tellement que le barbier le sut, qui, tout scandalis?, vint trouver monsieur le docteur, auquel il fit sa plainte, & demanda s'il l'avoit dit, & pourquoi. Parce qu'il ne faut pas, vous qui ?tes jeune, que vous parliez devant ma femme, en ma pr?sence, de le faire six coups; & soyez sage.
BEROALTUS. Je connois ce barbier, il est honn?te homme: il a fess? un chien; il est Gascon & a demeur? ? Tours chez un de nos amis. Vraiment il fit un jour un trait notable. Une femme d'honneur ?toit malade, & il falloit, au car?me, avoir dispense, pour lui faire manger des viandes qui sont interdites en saint temps.
ARISTOTE. .
BEROALTUS. Or vela beau caur?? laissez-les dire: j'acheverai mon discours. Ma?tre Pierre le Grand, petit barbier de Tours, avoit chez lui ce compagnon qui se tenoit fid?lement ? la boutique. Ainsi qu'il fut avis?: ce ma?tre eut un certificat du m?decin, afin que l'official ou grand vicaire: Le certificat fait par le m?decin, le chirurgien le porte chez lui, & dit ? son homme: va faire signer cela ? monsieur l'Official. Le gar?on ouit de biais, & pensoit que le ma?tre e?t dit: va faire une saign?e chez monsieur l'official. Il prend son manteau & ses outils, & y va. Il heurte ? la porte, & le neveu de monsieur lui vint ouvrir, auquel il demanda comment se portoit monsieur. Il se porte fort bien. Si est-ce qu'il y a ici quelqu'un malade, que mon ma?tre m'a envoy? saigner, en voil? l'ordonnance. Le neveu, fort suffisant vit le papier, & ne pouvant rien conno?tre, pour faire le savant, dit: il faut que ce soit pour moi, d'autant que je suis morfondu; venez & entrez. Ce qu'il fit & le saigna bien & beau. Je m'?bahis qu'il n'en f?t mal, mais dieu fut aide aux innocens, & puis la ris?e lui racoutra le foie. Si le valet fut tromp?, le ma?tre le fut aussi. Il vit un vieil paysan, qui se plaignoit d'une douleur en la joue. O, lui dit-il, viens, je la gu?rirai, je t'arracherai la dent qui te fait mal. Pargoi, vous ne sauriez. Pardienne, si ferai. Je gage demi ?cu que non. Le voil?: je gage que si, or allons. Quand ils furent en la boutique, & que le patient fut sur la chaire, le barbier se met ? regarder en sa bouche, & n'y trouva aucune dent. Et qu'est-ce que cela? C'est que j'ai gagn?, dit le pied-gris. Il y a plus de trente ans que je n'ai pas une dent; & dis que tu en as, soulier ? belles oreilles.
CICERON. Je vous reprends, vous jurez. Etes-vous des consuls de Tours?
BEORALTUS. Que voulez-vous dire des consuls de Tours?
CICERON. Rien que bien, sinon que mon compere le sire Fran?ois, je ne dirai pas son surnom, ?tant consul, condamna un marchand. Le marchand lui dit: par dieu, vous n'avez pas bien jug?. Le consul lui dit: vous payerez l'amende, par dieu, vous avez jur?. Et vous aussi, dit l'autre. Ha! dit le consul: tenez, greffier, voil? mon amende, recevez la sienne.
ARNOBE. Cela est aussi bon que le fait de monsieur de C?sar?e, ?v?que portatif, qui faisoit sa visite par le diocese d'un qui l'en avoit pri?, & o? il avoit autrefois tenu les ordres. Il se trouva qu'il interrogea un pr?tre qu'il trouva ignorant. O! dit-il, gros bedier, ?ne que tu es, qui t'a fait pr?tre? Qui est le veau d'?v?que qui t'a conf?r? cet ordre? C'est vous, monsieur. Par d?pit, b?dier, je paierai cent sols d'amende; & toi, dix francs. Mon secr?taire, faites vous payer.
ARISTOTE. Si c'?toit ? moi, je corrigerois bien tous ces abus-l?.
LE BON HOMME. En ma conscience, je le crois; ils s'arrousent bien le coeur; je pensois que cela f?t hors du monde.
REVERS.
APUL?E. Et que vous faut-il? Vraiment vous ?tes bien cruel de regarder ? des paroles, & non ? l'intention.
BUCHANAN. Je sais bien pourquoi vous le dites: c'est de peur que je ne parle de votre cousine de Malenoue.
NERON. Dites donc tout, puisque vous ?tes d?trav?.
BUCHANAN. Durant la ligue, il y eut un bruit qui courut qu'une nonnain de Malenoue avoit eu apparition d'ange. A cette nouvelle, quelques dames des plus grandes firent partie de l'aller voir: ce qu'elles accomplirent. Etant l? avec elle, voyant discourir des merveilles de cet ange, elles ?toient en extase de douceur; & comme cette fille les voyoit ainsi transport?es d'aise, elle leur amplifioit son discours du reste de la merveille, puis ajouta: j'?tois si contente, Madame, que jamais tant, ni plus. C'?toit le plus beau l'ange du monde; & puis, quand ce beau l'ange fut sorti, toute ma chambre ?toit si embaum?e, que c'?toit merveille, tant elle sentoit l'usc, & le membre vert & gris.
C?SAR. Quel ange? Je gage que c'?toit un esprit vital.
BUCHANAN. Comme vous dites. Au moins souvenez-vous de dame Catherine, qui, oyant parler de sa ma?tresse que l'on pensoit qui f?t morte, & que le m?decin disoit que les esprits vitaux y ?toient encore tous: elle r?pliqua: je ne dis que cela ne f?t, si c'?toit ? un homme, mais ? une femme, ce sont les esprits conaux.
C?SAR. Je ne sais quels esprits, si vous ne l'entendez ? l'antique, que l'engin & l'esprit sont tout un, ainsi que le pratiqua la chambriere d'une veuve. Je vous assure que cette garce ?toit jolie, mais un peu follette; sur quoi sa ma?tresse lui disoit toujours qu'elle n'avoit point d'esprit. Or est-il qu'il y avoit un jambon ? la chemin?e; & cette fille le voyant l? si long-tems, elle s'ennuyoit; elle demanda ? madame, si elle le mettroit cuire. Non, dit-elle, c'est pour les P?ques. Cette fille en fit le conte ? quelques autres de ses compagnes, qui s'en gaussoient en son absence. Mais le clerc du notaire Bard? ne fut point si sot, qu'il n'y pr?t garde pour ?prouver le sens de la fillette. Un jour que la bonne femme ?toit all?e ? sa m?tairie, & qu'elle avoit laiss? Mauricette toute seule, il vint heurter, & demanda madame. Mauricette dit qu'elle n'y ?toit pas. J'en suis bien marri, parce que je suis P?ques, qui ?tois venu qu?rir le jambon qu'elle m'a promis. Il passa; & la chambriere le laissa paisiblement entrer & prendre le jambon. Lui qui la voyoit si nicette & belle, pensoit ? meilleure aventure. Il faut, dit-il, que je voie si c'est ici mon jambon. Si ce l'est, j'ai un esprit qui me le dira. Il tire son chouart vif & glorieux. Quand la fille le vit: qu'est-ce que cela? C'est mon esprit. Je vous prie, donnez-m'en un peu: ma ma?tresse ne me fait que tancer, & dire que je n'ai point d'esprit. Il la prit, & lui en distribua autant qu'? lui, dont elle se trouva passablement bien; aussi en ?toit-elle toute r?jouie, comme celle qui disoit que Claude lui avoit farfouill? en son cul de devant. Quand sa ma?tresse fut venue, elle lui conta comme P?ques ?toit venu qu?rir le jambon: & d?, madame, vous ne me reprocherez plus que je n'ai point d'esprit, P?ques m'en a baill? ? bon escient.
REN?E. Elle ne dit pas ainsi; d?, je la veux d?fendre; elle dit: s'enlevit.
SOCRATE. Si vous y regardez de si pr?s, il n'y aura jamais plus de bien au monde.
LE BON HOMME. Vous pensez ? autre chose; je m'assure que vous songez autant ? ce que nous disons, que si vous n'?tiez pas ici.
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