bell notificationshomepageloginedit profileclubsdmBox

Read Ebook: Le moyen de parvenir tome 3/3 by B Roalde De Verville

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 497 lines and 41213 words, and 10 pages

LE BON HOMME. Vous pensez ? autre chose; je m'assure que vous songez autant ? ce que nous disons, que si vous n'?tiez pas ici.

ARCHIMEDE. C'est que j'avisois, & m'est avis que je vois, comme un jour j'?tois avec une dame qui cherchoit quelque chose en son cabinet; & elle avoit avec elle une sienne cousine qui la consid?roit fort. Cette dame ayant mis la main sur ce qu'elle cherchoit, en se retournant va dire: vraiment je suis une grande sotte. L'autre va dire: c'est ce que je voulois dire, madame.

LISET. Cette-l? m?me ?toit avec nous, quand nous parl?mes ? monsieur Champis d'aller ? la messe de minuit: je ne daignerois y aller; j'y ai ?t? plus de cinq cents fois.

SOCRATE. Or bien je vous avise donc que ce bon personnage a ses pens?es autre part qu'? nos discours.

MENOT. Il est possible int?ress?, & a volont? de pisser, comme avoit l'abb? de Grandmont; quand il vint voir madame l'amirale. Ce monsieur alors douanant sur son mulet, avec intention & pens?e d'en descendre pour pisser, quand il seroit ? la porte. Or madame qui avoit affaire de lui, & le vouloit gratifier, sachant qu'il approchoit, vint au-devant de lui, & le surprit; ainsi il remit sa pisserie ? une autre fois; de quoi il fut tromp?, d'autant qu'elle le mena en la salle, o? le souper ?toit pr?par?. Il se fallut asseoir & faire bonne chere. Cependant monsieur l'abb? ?toit en grand peine, ne pensant qu'? pisser; puis voyant que le discours seroit long, il r?solut de pisser en sa botte. Vous savez comme les abb?s les portent ouvertes par en haut, & larges d'embouchure. Ainsi qu'on apporta le bassin pour laver, il n'en pouvoit plus; parquoi il avoit mis la main ? son engin, & d?ja le d?chargeoit dans sa botte. Madame pensoit que ce f?t son couteau qu'il serr?t, & qu'il ne voulut pas laver avec elle. Vraiment, dit-elle, vous ne ferez point cette difficult?. Et ainsi elle lui tira la main, qui emporta aussi le virolet, qui acheva sa d?charge dans le bassin.

THIART. Le bassin fut un de ceux qui servirent aux ambassadeurs du duc, quand il envoya vers le pape, lui remontrer la disette du pays, & le prier de lui donner deux cueillettes, l'an d'apr?s. Il y avoit six ambassadeurs, notables seigneurs, & de cr?dit, qui, ?tant arriv?s, le firent savoir au pape, qui, sachant leur venue, fit mettre une oie en mue, mais toute nue. le plus sage d'entr'eux fut ?lu de tous pour porter la parole. Mais, dirent-ils, que donnerons-nous au pape? Il lui faut donner de ce qui abonde en notre pays; c'est de la cr?me, dont nous aurons chacun, dans un bassin d'argent, une belle & honn?te quantit?. Que voil? bien entendu! Mais, ce dit le pr?sident qui fut monsieur de Raconis, avisez bien tous ? faire comme je ferai, de peur que ne fassions les sots. C'est bien dit; nous le ferons. Le jour de l'audience venu, ces messieurs s'en viennent avec leur ?quipage. La porte ouverte, le premier entre; de fortune il y avoit un petit seuil ? bas, qu'il ne voyoit pas: il ?toit t?te nue, tenant ce bassin haut de ses deux mains, appuy? contre son estomac; il bailla du pied ? ce petit seuil, qui lui fit baisser la t?te, & donner du nez dans la cr?me: les autres, voyant sa barbe ainsi blanche, estimerent que ce f?t par biens?ance qu'il fall?t ainsi se pr?senter; parquoi chacun d'eux se torcha & repassa le museau dans sa cr?me; & ainsi le pr?senterent au pape, faisant leur requ?te, qui leur fut accord?e, moyennant que les ann?es auroient vingt-quatre mois.

LE CHEVALIER SANS REPROCHE. Brusquet, un jour, contant cette histoire ? la d?funte roine, il y eut une de ses filles qui lui dit: Brusquet, vous n'avez pas ainsi blanchi votre barbe; mais votre mere, qui ?toit pauvre femme, vous l'a cousue de fil blanc. Il est vrai, mademoiselle, dit Brusquet; & lui montrant l'entr?e de son chapeau: mais aussi votre mere vous en a laiss? autant de d?cousu. Pourquoi y alliez-vous, mademoiselle, lui dit notre ami? Vraiment, vous avez rencontr?; aussi il y a une heure le jour, que l'on a tout ce que l'on desire & cherche.

FRACASTOR. T?moin le triste Augurel, qui se mit en une ?glise pour prier dieu, qu'il lui donn?t la pierre philosophale. Il y en a qui ne savent que c'est de la pierre philosophale, qui disent que c'?toit un gentilhomme qui demandoit cent mille ?cus; il y fut jusques ? l'autre midi sonn?, qu'il se d?pita fort, & va dire: dieu, donne-moi du bran. Et voil? un oiseau, qui lui va ?meutir dans la bouche. A! ha, dit-il, je n'avois plus que cet instant, que je n'ai pas bien rencontr?.

LISET. Cet instant fut propre ? notre ami l'?v?que de six poules, qui se sauva d'entre tous les pr?tres, qui se noyerent l'ann?e pass?e. H?las! que j'en eus de piti?! Et ce qui me faisoit d?pit, ?toit que ceux qui voyoient ainsi p?rir ces chastes ames, disoient: voil? belle chouse & grand piti?! Et chacun disoit: je prie dieu pour les marchands qui trafiquent sur l'eau, qu'ils ne puissent faire plus grande perte.

VIRET. Par la vertu, j'ai quasi dit tout outre; encore je m'en repens, pource que ces m?chans penseront que j'aie envie de devenir huguenot; ceux qui parloient ainsi ?toient h?r?tiques.

ALAIS. Je le crois, & en sais bien l'occasion; & autrefois j'eusse jur? sur mes oeufs de p?ques, qu'il n'y avoit point moyen de troubler la foi des Fran?ois; mais aujourd'hui je ne m'?bahis plus de rien. Si je savois que vous deussiez faire profit de ce que je dirai, & que vous ne m'accusassiez de ce que je dirai, je vous all?guerois quelque chose de rare & notable. Certes je d?plore la pauvre ?glise Romaine qui se d?molit, & sur tout pour un poinct & un acte qui se commet en France. Je vous le dirai, comme si j'eusse ?t? pr?sent ? ce bateau qui p?rit, lequel ?toit au fond charg? de sel; & je m'en rapporte ? messieurs du grand parti. A! ha, pauvre pr?trise, ton cr?dit s'en va. Or sachez que la raret? du sel, qui est aujourd'hui si rare & chere, est cause qu'il n'y aura plus gueres de bons catholiques, parce qu'? peine trouvera-t-on du sel pour faire l'eau b?nite ? bon march?. Que si elle devient chere en continuant, on n'en fera plus; & adieu mere sainte ?glise. Voil?, voil? une raison des h?r?sies en notre France.

CONCILE.

DIOGENES. Ce cur? en fit assez: je venois ainsi ? la traverse pour les faire oublier; mais puisqu'il est destin?, achevez.

L'AUTRE. Sur l'apr?s-din?e, on le pria de fiancer une belle fille; ainsi qu'il ?toit apr?s, & que d?ja il tenoit sa main, il se souvint de son valet & de son avertissement; parquoi, de peur de faillir, il demanda tout haut: lui en a-t-on rien fait?

R. ESTIENNE. Non, monsieur. Cettui-ci est fat, & a un frere fort docte, ma?tre des requ?tes, ce docte a force livres. Un jour qu'il d?logeoit, il les faisoit porter aux crocheteurs, depuis l'universit?, pour aller loger vers le louvre, ? cause du conseil. Le chemin est grand, si que les crocheteurs ?toient lass?s: & lui, desirant faire un peu d'?pargne, chargeoit les porte-faix le plus qu'il pouvoit. Il y en eut un, sur lequel il mit un peu trop de grands livres. Le crocheteur lui dit: monsieur, je vous prie, choyez-moi; vous en mettez trop. O! ha, ha, dit-il, te voil? bien g?t? d'en porter sept ou huit! Et s'il te les falloit tous porter en la t?te, comme moi, & que ferois-tu? Adonc le crocheteur se revire vers lui, & lui dit? par mananda, monsieur, vous y avez donc de beaux crochets. Je suis pris; j'ai belle femme. C'est tout un, il y a plus de quinze ans que j'ai chant? ma premiere messe.

LISET. Quoi! ce savant ?toit-il pr?tre?

R. ESTIENNE. Non; mais ? l'usage de France, les pr?tres se marient, & les gens la?ques disent messe.

LISET. Je ne puis entendre.

ESTIENNE. Vous n'avez donc gu?res vu de besogne parmi nous? Les Pr?tres, quand ils chantent leur premiere messe, ils disent qu'ils font leurs noces, & ainsi les voil? mari?s ? un br?viaire: & les gens mari?s, par d?pit, disent qu'ils chantent leur premiere messe sur l'autel velu, ou le sera.

OECOLAMPADE. Cela ne se devroit pas endurer. Et que tous les mille diables, pourquoi endurez-vous que l'on die la messe paresseuse, la messe s?che; &, ce qui est bien plus joli, que les pr?tres aient des amies sans fraude.

CUSA. Allez, monsieur, allez dormir, vous n'?tes pas assez sage pour renverser nos bonnes coutumes. Apprenez que, durant la famine, les gueux font les ?trons plus gros; & vous diriez qu'ils se retiennent de chier, plus qu'en bon temps. Faites vos affaires; & laissez les nonnains se donner du goupillon ? l'opposite des reins, parce que chacun veut vivre ? sa poste. Je prie dieu pour les marchands, qu'ils fassent si bien leurs affaires qu'ils ne puissent gagner ni perdre; pour les gentilshommes, qu'il n'aillent avant ni arriere; pour les gens de justice, qu'ils ne fassent ni bien ni mal; pour les femmes grosses, que l'enfant en sorte avec m?me plaisir qu'il est entr?; & pour le reste du monde, qu'il se puisse gratter o? il se d?mange sans danger.

BEZE. Vous nous parliez d'un savant officier: je l'ai connu. Hors la Table, il n'?toit guere qu'une b?te v?tue; au reste, chiche en cur? & ribaud, il y paroissoit, d'autant qu'il ne faisoit chez soi plus grand festin que de p?t?s d'hermite.

NERON. Qu'est ce que cette viande?

APICIUS. Noix, amandes, noisettes.

QUELQU'UN. Qui le conno?t mieux que moi. Ce fut lui qui vint consoler madame du Bois, apr?s la mort de son mari, qui ?toit d?c?d? ? Paris, s'?tant fait tailler. Il vint vers elle, durant ses grands pleurs. H? bien, madame, combien vous devez vous consoler, & remercier dieu de ce que monsieur votre mari est mort bon catholique, & qu'il a eu les droits de l'?glise? Soyez joyeuse de cela, madame, ma chere dame. Or combien ce vous est plus de joie qu'il soit ainsi mort, au prix que s'il e?t ?t? rompu sur une route, ou empal?, ou tir? ? quatre chevaux, comme tant de bonnes gens. Adieu & bon soir: mais qu'il ne vous d?plaise, ni ? moi aussi; bon v?pres, tant qu'? l'amander. Apprenez ici ? pr?cher, messieurs les savans, sans tant user de propos.

NERON. Que pensa cette pauvre dame?

QUELQU'UN. Que ce pr?tre f?t insens?. Aussi ressembloit-il mieux ? un fou qu'? un moulin ? vent. La pauvrette ?toit en douleur extr?me: & encore plus, depuis qu'elle eut reconnu le grand amour que son mari lui portoit, ce dont elle avoit ?t? ignorante; & elle l'apprit un an devant qu'elle l'en interroge?t. Une apr?s-d?n?e qu'ils devisoient, son mari & elle, elle s'avisa de lui dire: mon mignon, je te prie de me dire si tu m'aimes bien. Oui vraiment ma mie. Comme quoi, mon coeur? Comme un bon chier, ma chere soeur. Vraiment, vous ne faites gueres ?tat de moi. Il remarqua ce d?dain, & d?lib?ra y pourvoir. Un jour qu'il avoit affaire aux champs, il dit ? sa femme qu'il desiroit qu'ils allassent ensemble; ? quoi elle s'accorda: il la fit lever plus matin que de coutume, & que nature n'avoit encore appr?t? les matieres de l'?lection, si qu'elle n'alla point ? ses affaires, joint aussi qu'il la h?ta fort. Ils monterent ? cheval, lui sur son roussin, & elle sur le bon mallier, avec le valet qui la guidoit en croupe, lequel valet ?toit avis? de ce qu'il devoit faire. Comme ils eurent pass? deux lieues, la dame eut envie de fianter; mais le valet lui dit qu'il n'osoit s'arr?ter, & qu'il se falloit h?ter; si qu'elle se retint, & si bien qu'? l'arriv?e elle se sentoit assez press?e de faire ses affaires; & ce fut tout que d'aller jusqu'au purgatoire, o? elle s'?vacua abondamment, & avec tant de volupt?, qu'elle se souvint de l'amiti? que son mari lui portoit. Parquoi, ?tant revenue, elle dit: a, a, mon ami, je connois bien assur?ment que vous m'aimez beaucoup; je l'ai tant?t exp?riment?, & crois qu'il n'y a rien si bon qu'un bon chier. M?me j'ai ?t? en grand'peine; je suis fort marrie que je n'avois du papier pour me torcher le cul; je vous assure que je vous l'eusse bien gard?, tant cela est bon.

L'AUTRE. Elle e?t fait comme une demoiselle de Saumur, qui est si bonne m?nagere, qu'elle fait ? deux fois d'un torche-cul; apr?s que le premier coup, elle s'est torch? le cul, elle reploie le papier en sa pochette, o? il y a de la drag?e pour les mignons, qui fouillent aux pochettes des dames, pour avoir de la friandise, comme tu disois tant?t.

POSTEL. Fi! je crois que cette est l'occasion, pourquoi les Turcs ne se torchent pas le cul de papier, d'autant qu'ils sont friponniers; & ils enrageroient, s'ils trouvoient ainsi ?s pochettes des dames des papiers breneux.

SIMLER. Tu as dit vrai; tu t'y prends comme un moine ? fouler vendanges; tu l'entends comme une guenon ? faire des fagots: si la t?te vous fait mal, ce ne sera pas de cela. Je vous dirai la raison, pourquoi les Turcs ne se torchent point le cul de papier; c'est de peur que ce papier ne soit une bulle du pape, ou quelque relation de consistoire, ou conclusion de chapitre; de quoi si l'on s'?toit ?flair? le fondement, sans doute on auroit les h?morrho?des, ce que les Turcs craignent beaucoup: d'autant qu'ils croient que l'ame est au sang, & que le sang coulant ainsi par le cul, leur ame seroit toute breneuse.

CATON. Les pauvres Turcs avoient bien affaire que vous les tinssiez en vos contes. Mais, puisque vous en parlez, ? quoi conno?triez-vous un Turc d'un chr?tien, s'ils ?toient tous deux tout nuds?

GESNER. Et vous, ? quoi conno?triez-vous une vache au milieu d'un troupeau de brebis?

CATON. A le voir. ??, ??, r?pondez ? ma question.

SIMLER. Je vous le dirai bien; c'est qu'il faut sentir au cul, celui qui aura odeur de moust, sera le chr?tien; d'autant que le Turc ne boit point de vin.

INSTANCE.

CARDAN. Si le roi d?funt e?t su ces diff?rences, il n'e?t pas ?t? en peine de demander au grand prieur ce qu'il pensoit d'un beau cheval, qu'on lui vouloit vendre. Le roi lui faisant voir ce cheval, lui dit: monsieur le grand prieur, que dites-vous de ce cheval? Voil? un beau cheval, sire, & qui fera bon service. On me le veut vendre pour Turc; & je vous prie: vous qui vous y connoissez, de m'en dire votre opinion. Quoi! pour Turc? Par la double bierre des pays bas, sire, il est chr?tien, comme vous & moi. Afin que vous ne soyez plus abus?, nous r?mes, ce jour-l?, tout notre saoul; & monsieur le grand prieur fit, au soir, un trait autant plaisant, qu'il av?nt de long-temps ? la cour. Je remarquerai un peu le temps. On portoit des bas ? attacher; & n'avoit-on qu'un beau petit culot, si que les fesses paroissoient abondamment, & la mere des histoires ?tant soulev?e d'un pont-levis fait en fonte.

PLATON. Qu'est-ce que la mere des histoires?

L'AUTRE. Foin, que d'ignorance! C'est la pochette qui contient les histoires, c'est la couille. Voil? une grande difficult?! Qu'il faut peu ? ces philosophes, pour les faire badiner! Nous ?tions en la grand-chambre d'apr?s la salle du ch?teau, & monsieur le grand prieur faisoit un ?tat d'une belle ?p?e de damas qu'il avoit. Le roi lui dit qu'il ne croyoit pas qu'elle f?t si bonne qu'il disoit. L?-dessus le roi la prend, & ainsi nue la considere: vraiment, dit-il, cela ne coupe point. Quoi! dit le grand prieur, sire, j'en couperai, d'un revers, une douzaine de flambeaux. Le roi dit: vous ne sauriez seulement couper cettui-l?, que voil? sur le bout de cette table. Cette parole ne fut pas si-t?t dite, que le grand prieur va vers ce flambeau, & d'un revers la coupe en deux. Il y avoit le baron de Sault avec ses fesses, dont le proverbe en est venu, qui tendoit beau cul, sans y penser. La fin du coup va roide ? son cul, d'autant qu'il ?toit ainsi tourn? parlant ? d'autres; & partant il eut le cul coup?. Ha! ce dit-il, monsieur, qu'avez vous fait? Vous avez g?t? mon haut-de-chausse.

REN?E. Vraiment, ce cul coup? n'e?t pas lors serr? les fesses de peur de p?ter.

ASCL?PIADES. Vraiment non, non plus que Margot de chez nous, qui passoit par la salle, en portant un oeuf ? madame; comme elle fut au milieu de la salle, elle nous salua; & en cette action, elle eut faim de faire un pet, c'est-?-dire envie ou desir, elle voulut serrer les fesses de peur de peter; elle fit tout au rebours. Je vous assure qu'elle serra si fort le poing, qu'elle creva l'oeuf; & ouvrit tant les fesses, qu'elle fit un gros pet. Quoi! vous petez, lui dis-je? Vere, monsieur, dit-elle, c'est que j'ai mang? des pois.

ASCL?PIADES. Oui, elle avoit ?tudi? avec celles muses Aganippes, d'o? vient ce bel ?pithete.

ASCL?PIADES. N'allez point chercher d'?quivoque: cela est d?fendu par la pragmatique sanction. Ainsi que disoit un chanoine, disant: messieurs, depuis qu'il vous a plu me recevoir indigne chanoine, comme les autres, je n'ai point ou? parler que la pratique de l'ascension nous f?t contraire.

BUCANAN. Il ?toit d'une race de gens assez fins pourtant, t?moin son cousin germain, qui ?toit cur? du m?me village, auquel village depuis n'agu?res on avoit fait un crucifix tout neuf, & on avoit mis le vieil au grenier du presbitere. Le cur?, qui desiroit de manger d'une bonne oie, l'avoit fait engraisser, tuer & mettre ? la broche, pour cuire, toute farcie. Or, pour ?pargner son bois, il avoit mis le vieil crucifix au feu; &, conscience le d?vorant, ne l'avoit voulu rompre, si qu'il le mit tout entier au feu, & laissa son petit neveu r?tir l'oie, c'est-?-dire, tourner la broche. Quand le bras du crucifix fut br?l?, le corps tombe, la t?te sur le r?ti, & le petit gar?on de se lever & courir ? l'Eglise, o? il va crier: mon oncle, mon oncle, cet homme que vous avez mis dans le feu mange notre oie.

AGATOCLES. Qui conno?t mieux ce cur? que moi? Un jour, je d?nois chez monsieur du Mesnil, celui que monsieur de Gu?-H?bert fit porter, par le diable, avec sa femme, dans un champ ? deux lieues de sa maison. Le cur? d?na avec nous; puis en diligence s'en retourna; & aussi t?t nous ouimes sonner les cloches, comme pour un nouveau miracle. Le fait est tel, ainsi que nous savons exp?dier bri?vement avec grande tirelitantaine de paroles, nous autres Grecs. Un voisin de monsieur le cur? lui avoit d?rob? une oie & l'avoit mang?e. Ce cur? l'avoit tant cherch?e, qu'il en avoit d?pit. Enfin, par confession du paysan, il sut la v?rit?; & parce que c'est sacrement, il n'y a pas moyen de m'en venger en la d?couvrant. Pourquoi il d?lib?ra, pour l'attrapper, de lui en faire autant, selon que l'?vangile l'enseigne aux gens d'?glise: si on vous frappe en une joue, baillez une belle & forte jou?e en l'autre.

AGATOCLES. Il fit donc tant qu'il empoigna une bonne, grosse, grasse, ferme, d?licate oie du paysan; & se d?lib?ra d'en manger ? gogo; cou & tout; & pour cet effet, il la fit d?votieusement cuire au feu presbit?ral, comme dit est. Etant revenu de l'?glise, & d?lib?rant se mettre ? table, voil? que monsieur du Mesnil l'envoya querir. Quoi! perdre une repue franche? Ce seroit double perte ? un cur?; il perdroit ce qu'il mangeroit, & ce qu'on lui pr?pare. Le cur? d?lib?rant d'aller d?ner, dit au messager: mon ami, je vais apr?s vous.

MAROT. Il ne fit pas si dextrement que ma?tre Mac?, le cur? de la basse Athene, qui ?toit press? de la noblesse, qui sans cesse venoit chez lui l'?cornifler. Un jour qu'il y avoit sept ou huit haubereaux chez lui, il leur fit le meilleur visage du monde. Messieurs, soyez les biens venus; ??, que l'on se d?p?che; gar?on, au vin, au poulailler, au crochet, ? la fuye; serviettes blanches. Disant cela, il mouvoit & prend un surplis qui ?toit ? part sur une autre robe, que celle qu'il avoit rapport?e de l'?glise; & prenant un br?viaire en sa main, les rendit ?tonn?s. O? allez-vous, monsieur le cur?? Je viens incontinent, dit-il, messieurs; je ne ferai qu'aller & venir, tandis que le d?ner s'appr?tera, je vais r?concilier un pauvre pestif?r?, que j'ai confess? ce matin. Et ce disant, il sortit; & soudain, tout ces guillerets ?pouvant?s sortirent; & de treize semaines, n'y voulurent aller.

AGATOCLES. Cettui-ci se pr?para pour venir. Or il avoit envie de manger de l'oie, & disoit: je mangerai de l'oie par d?pit. De la laisser au logis, il n'y avoit point de moyen, parquoi il s'avisa de la cacher; & pour en ?ter la connoissance ? son valet & ? sa chambriere, il les occupa de message; puis prit les clefs de l'?glise, & y porta l'oie toute cuite, & la mit en un coffre; puis il cacha les clefs sous une tombe. Le valet, qui ?toit au guet, l'apper?ut; parquoi, sit?t que le cur? eut pris l'air; il s'en vint avec la chambriere & avec un de leurs familiers, & allerent manger l'oie, tant qu'ils p?rent: puis ils d?pendirent toutes les images, & les mirent autour de ce coffre, leur ayant graiss? le minois & les mains du reste. Il restoit encore une demi-cuisse, qu'ils mirent en la goule du diable qui est sous saint Michel; & s'en allerent, fermant l'huis, & remettant les clefs au m?me lieu o? elles avoient ?t? muss?es. Le cur? revenu, va droit aux clefs; & les ayant trouv?es comme il les avoit mises, dit: je mangerai de l'oie ? mon compere. Il entra en l'?glise; & voyant tant de saints autour de son coffre ? l'oie: ?, ho, dit-il; & qui, tous les diables, vous a mis l?? Etant approch?, & les voyant ainsi gras par le mufle & les mains, & la cuisse ? la gorge du diable, la lui arracha, disant: vilain que tu es, je ne me soucie pas des autres; mais toi, j'en aimerois mieux ?trangler, que tu l'eusse; & d?, j'en t?terai. Comme il la savouroit, il se va souvenir de sa faute; si qu'il sonna les cloches, pour appeller le peuple pour voir ce grand miracle.

PRODUCTION.

OECOLAMPADE. Non, s'ils l'avoient pris avec action de graces, comme le soldat qui ?chappa le pendre, aux premiers troubles. Monsieur le prince de Cond? avoit fait faire un ban, par lequel il ?toit d?fendu aux soldats, ? peine de la vie, de prendre chose aucune. Ainsi il sortit d'Orl?ans, en huguenoterie pour lors, avec une belle troupe. Il y avoit un jeune soldat, qui au partir ?toit ? pied, & le lendemain il parut mont?. Cela fut rapport?; parquoi il le fait venir devant lui, pour ?tre jug? & livr? au bourreau. Sentant cette approche, il fut f?ch? extr?mement d'?tre pendu, principalement quand on se porte bien. Il se jette ? genoux devant monsieur le prince, & lui dit: monseigneur, s'il vous pla?t ou?r ma raison, je vous rendrai satisfait. Dis-la. Monseigneur, nos ministres nous pr?chent que tout ce que nous prendrons, nous le prenions avec action de graces. Ayant trouv? cette monture, je me suis mis ? genoux, & l'ai prise avec action de graces. Va, va, n'y retourne plus, & ne sois plus larron.

BACON. Il ne l'appella pas larron; non da, non de pardieu, il s'en garda bien, d'autant qu'ayant connoissance de beaucoup d'honneur, il savoit bien qu'il n'y avoit pas raison de nommer un homme larron, sans faire tort ? beaucoup de sortes de gens, parce qu'il y a des larrons de toutes sortes de sectes, habits, qualit?s & autres nations de peuple.

CUSA. Vous n'exceptez rien.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

 

Back to top