Read Ebook: Les aventures du jeune Comte Potowski Vol. 1 (of 2) Un roman de coeur par Marat l'ami du peuple by Marat Jean Paul Jacob P L Editor
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Ebook has 876 lines and 33996 words, and 18 pages
Ne voil?-t-il pas la laideur de Marat presque r?habilit?e?
Il ?tait loin de se croire laid, puisqu'il savait sa physionomie expressive:
<
Il se flattait donc que son ?me lui gagnerait les coeurs que sa figure e?t pu lui ali?ner.
L'?me de Marat!
On voit que d?s-lors, d?s l'ann?e 1775, il s'?tait occup? de la d?capitation, sans pr?voir les effets de la guillotine: <
Dans cet ouvrage si neuf et si extraordinaire, imprim? en 1775 chez le libraire-?diteur de Rousseau, Marc-Michel Rey, ? Amsterdam, on sent d?j? Marat qui perce, ou plut?t on pressent ce qu'il est capable de devenir sous l'influence des ?v?nements.
Le chapitre sur la Piti?, o? il r?fute un pr?tendu paradoxe de Voltaire, est une r?v?lation mena?ante du Marat sanguinaire cach? dans la peau du philosophe: <
Marat d?ifiait d?j? les h?ros des r?publiques grecque et romaine.
Imprudent Marat, qui avait os?, dans son discours pr?liminaire, ?num?rer les philosophes physiologistes sans nommer Voltaire, et qui ne l'avait nomm? dans son ouvrage que pour l'accuser de l?g?ret? et d'incons?quence!
Voltaire, ?g? alors de plus de 82 ans, se fit journaliste pour r?pondre ? cet adversaire qu'il invitait ? se consacrer ? ses malades plut?t qu'? la philosophie. Voltaire n'eut pas de peine ? mettre l'auteur hors de combat et son livre hors de cause.
Ce livre, qui devait placer Marat entre Lecat et Cabanis, tomba du ridicule dans l'oubli.
Voltaire ne ressuscita pas pour l'attaquer de nouveau, mais Marat trouva dans l'Acad?mie des Sciences une opposition non moins vive et plus compacte que nagu?re dans la litt?rature. Il avait d?livr? aux acad?miciens tant de brevets d'ignorance, que ce fut un parti pris de nier ses d?couvertes ou de les passer sous silence.
Tous les efforts de Marat ne r?ussirent pas ? vaincre cette ligue de savants qu'il combattit sans rel?che de 1779 ? 1785.
PAUL L. JACOB, bibliophile.
LES AVENTURES
GUSTAVE POTOWSKI A SIGISMOND PANIN.
A Pinsk en Pol?sie.
Quitte ces assembl?es tumultueuses, ces bruyants plaisirs, ces concerts, ces danses, ces f?tes et tous ces jeux auxquels tu as recours pour charmer ton ennui. Il est pour un coeur sensible, pour toi, cher Panin, une source de joie plus pure. Veux-tu la conna?tre, viens vers ton ami, et contemple son bonheur.
Quand la f?licit? daigne descendre sur la terre pour visiter les mortels, elle cherche, et ne trouve que le sein des amants o? elle puisse se reposer. Elle se pla?t avec deux coeurs unis, appuy?s l'un sur l'autre, et endormis ensemble dans une paix voluptueuse.
Que l'amour est un charmant d?lire! Dans sa douce ivresse, l'?me inond?e de plaisir s'?coute en silence: dans ses vifs transports, elle se fond et s'?coule. Malheureux qui ne l'?prouva jamais!
Habitu? d?s mon jeune ?ge ? vivre avec Lucile dans une douce familiarit?, je ne connaissais encore que l'amiti?, lorsqu'au milieu de nos amusements, les ris s'enfuirent tout-?-coup. Lucile devint r?veuse: peu ? peu les rubis de ses l?vres perdirent leur ?clat, les roses de ses joues p?lirent, le doux son de sa voix s'alt?ra. A sa vivacit? naturelle avait succ?d? une sorte de langueur, et l'on d?couvrait dans ses regards je ne sais quoi d'inquiet et de tendre.
Cette langueur passa de l'?me de Lucile dans la mienne. Un nouveau sentiment de plaisir semblait s'y arr?ter. Je me sentais attendri, et je ne savais pourquoi. Les jeux fol?tres, qui avaient amus? notre enfance, commen?aient ? m'ennuyer. Je n'aimais plus ? courir: les ris, le fracas, la lumi?re, la dissipation me d?plaisaient; et pour la premi?re fois mon ?me s'?coutait en silence.
Je n'?tais content qu'aupr?s de Lucile, et j'?tais chagrin d?s que je la quittais. M?me aupr?s d'elle la ga?t? parut m'abandonner, et je commen?ai ? ne me trouver bien nulle part. Sous les yeux de nos parents, je d?sirais d'?tre seul avec Lucile; loin des t?moins incommodes, je craignais de la trouver seule: je sentais que j'avais quelque chose ? lui dire, et ne pouvais d?m?ler quoi.
Un jour que j'?tais plus gai qu'? l'ordinaire, je voulus l'embrasser. Elle s'y opposa; et les efforts que je fis pour m'en rendre ma?tre, ayant d?rang? son fichu, j'entrevis sous la gaze deux petits charmes naissants que Cupidon semblait avoir plac?s lui-m?me. A cette vue, je sentis palpiter mon coeur.
Lucile parut f?ch?e, et allait s'?chapper; je la retins, et la fixai longtemps. Elle baissait la vue. A la fin je rencontrai ses yeux; et ce coup-d'oeil, lanc? et rencontr? au hasard, alluma dans mon sein la flamme qui le d?vore.
Longtemps nous nous en t?nmes ? de simples regards.
Je ne pouvais vivre un instant sans Lucile. Lucile ne s'accommodait pas mieux de mon absence, mais elle n'?tait plus aussi famili?re, aussi na?ve, aussi affectueuse; elle semblait se refuser ? mes innocentes caresses; lorsque je lui d?robais un baiser, la pudeur colorait ses joues; lorsque je la pressais contre mon sein, elle cherchait ? se d?gager; lorsque je la retenais dans mes bras, elle tremblait de crainte.
L'amour produisit sur le corps de Lucile un changement plus frappant encore que sur son ?me. A mesure qu'il se d?veloppait, chaque jour elle devenait plus belle: semblable ? une tendre fleur qui, sentant au matin l'influence des rayons du soleil, ouvre ses boutons, ?tend ses feuilles, ?panouit ses fleurs, et para?t avec un nouvel ?clat.
Un soir que nous ?tions sur le gazon fleuri au pied d'un arbre touffu, mille petits oiseaux s'?gayaient parmi le feuillage, et faisaient retentir les airs de leurs chants amoureux. Je sentais une douce ?motion parcourir de veine en veine tout mon corps. Je tenais une main de Lucile et n'osais lui parler; elle me regardait en silence: mais nos regards s'?taient tout dit, avant que notre voix s'en f?t m?l?e.
Enfin je hasarde de lui ouvrir mon jeune coeur. A chaque mot que je prononce, sa bouche sourit amoureusement, et un coloris plus anim? que celui des roses se r?pand sur son joli visage.
A peine lui eus-je fait l'aveu de l'?motion nouvelle que je ressentais, que j'obtins d'elle un pareil aveu pour r?ponse. Il n'?tait pas dans notre caract?re de dissimuler: d'ailleurs comme l'amour que nous ?prouvions l'un pour l'autre ne diff?rait gu?re de l'amiti? que par un sentiment plus vif, nous f?mes bient?t ? notre aise, et le myst?re de notre nouvelle situation fit place ? un retour de confiance.
L'amour per?ait insensiblement et faisait des progr?s. Nos entretiens devenaient plus fr?quents, plus anim?s, plus intimes. En nous entretenant de l'?tat de nos coeurs, nous avions toujours quelque chose ? nous dire, comme si nous eussions oubli? ce que nous nous ?tions dit tant de fois. Lorsque je l'assurais combien elle m'?tait ch?re, elle me faisait sentir qu'elle le savait: mais lorsqu'elle me parlait de sa tendresse, souvent je feignais de ne pas l'en croire, pour avoir le plaisir de l'ou?r de nouveau.
Quelquefois il s'?levait entre nous de petits d?bats, et toujours elle sc?lait ses tendres protestations par un baiser encore plus tendre. Alors je sentais couler dans mon ?me cette joie d?licieuse qui fait le bonheur des amants.
D?s-lors notre inclination mutuelle devint de jour en jour plus tendre.
Aujourd'hui elle est telle qu'il semble que nous n'avons qu'une vie et qu'une ?me. Nos coeurs s'entendent et s'entretiennent. Si j'attache les yeux sur Lucile, elle me regarde avec l'expression la plus vive du sentiment. Si je soupire, elle soupire ? son tour. Si je lui jure que je l'adore, elle me jure que je suis ador?. Si je lui dis qu'elle fait le bonheur de ma vie, elle me r?pond que je fais le charme de la sienne.
O tendre union! C?leste flamme! Six ans l'ont ?pur?e et nourrie dans mon coeur. Six ans j'en ai go?t? la douce ivresse.
Que te dire? Je ne trouve de plaisir qu'aux c?t?s de Lucile, et ce plaisir est toujours nouveau.
Quand je la vois me sourire tendrement, mon coeur palpite de joie. Quand je lui donne un baiser, je cueille sur ses l?vres de roses un nectar plus doux que celui que l'abeille exprime des fleurs. Mais, quand mollement pench? sur son sein je savoure le plaisir d'?tre aim?, je me crois au nombre des dieux.
Cher ami! depuis quelques ann?es tu as renonc? ? l'amour: que de temps perdu pour le bonheur!
De Varsovie, le 12 f?vrier, 1769.
SIGISMOND A GUSTAVE.
L'amour, dit-on, est un fruit d?licieux, que le ciel a accord? ? la terre, pour faire le charme de la vie. Cher Potowski! tu n'en connais que les douceurs; je n'en connus que l'amertume.
Comme toi, j'aimais autrefois ? soupirer aupr?s des belles: mais si souvent dupe de leur duplicit?, jouet de leurs caprices, j'ai enfin appris ? fuir leur commerce dangereux.
Pourrais-tu le croire? Je pr?f?re ? leurs fausses caresses, le plaisir d'en m?dire. D?voiler leurs artifices, publier leurs intrigues, et rire de leur tourment au milieu d'un cercle d'amis aussi d?go?t?s que moi; voil? le seul plaisir qu'il m'en reste.
Lorsque le feu de la conversation commence ? s'?teindre, nous prenons en main la coupe enchanteresse; un jus p?tillant vient au secours de l'esprit, ranime nos propos, nous inspire de nouvelles saillies, et fait rena?tre la joie parmi nous.
Au sortir de ces entretiens, je reviens au milieu des femmes, leur montrer mon m?pris et ma ga?t?.
De Pinsk, le 23 f?vrier 1769.
LUCILE SOBIESKA A CHARLOTTE SAPIEHA.
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