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Read Ebook: Une rencontre: roman de deux touristes sur le Saint-Laurent et le Saguenay by Howells William Dean Fr Chette Louis Honor Translator

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Ebook has 2013 lines and 65578 words, and 41 pages

Translator: Louis Fr?chette

LOUIS FR?CHETTE

UNE RENCONTRE

ROMAN DE DEUX TOURISTES

SUR LE SAINT-LAURENT ET LE SAGUENAY

TRADUCTION DE

-DE-

W. D. HOWELLS

MONTREAL SOCI?T? DES PUBLICATIONS FRAN?AISES, 25 RUE ST-GABRIEL.

UNE RENCONTRE

ROMAN DE DEUX TOURISTES SUR LE

SAINT-LAURENT ET LE SAGUENAY.

EN REMONTANT LE SAGUENAY

Sur le gaillard d'avant du bateau ? vapeur qui devait quitter Qu?bec le mardi, ? sept heures du matin, Mlle Kitty Ellison attendait le moment joyeux du d?part, tranquillement assise, et sans manifester trop d'impatience; car, en r?alit?, si l'image du Saguenay n'e?t brill? devant elle avec toutes ses promesses attrayantes, elle aurait trouv? le plus grand des bonheurs ? contempler simplement le Saint-Laurent et Qu?bec.

Le soleil versait une lumi?re chaude et dor?e sur la haute-ville ceintur?e de murs gris?tres, et sur le pavillon de la citadelle endormi le long de son m?t, tout en lustrant d'un rayon plein de caresses les toits en fer-blanc de la basse-ville.

Au sud, ? l'est et ? l'ouest s'?chelonnaient des monts ? teinte violette et des plaines parsem?es de maisons blanches, avec des effets d'ombres et de rayonnements humides ? r?jouir le coeur le plus morose.

En face, le fleuve ber?ait mille embarcations de toute sorte, et se perdait myst?rieusement, dans le lointain, sous des couches de vapeurs argent?es.

De l?gers souffles brumeux, ainsi que des flammes a?riennes et incolores, s'?levaient de la surface de l'eau, dont les profondeurs m?mes semblaient tout impr?gn?es de lueurs chatoyantes.

Non loin, un gros navire noir levait son ancre en d?ployant ses voiles, et la voix des matelots arrivait douce et triste--et pourtant pleine d'un charme ?trange--aux oreilles de la jeune fille pensive, dont le r?ve suivait par anticipation le vaisseau dans sa course autour du globe, et revenait instantan?ment sur le pont du vapeur qui devait la conduire au Saguenay.

Elle ?tait un peu pench?e en avant, les mains tombantes sur ses genoux; et ses pens?es vagabondes voltigeaient, suivant leur caprice, de souvenirs en esp?rances, autour d'une id?e principale: la conscience d'?tre la plus heureuse des jeunes filles, favoris?e au-del? de ses d?sirs et de son m?rite.

?tre partie, comme elle, pour une simple promenade d'une journ?e ? Niagara, et avoir pu, gr?ce ? la garde-robe d'une cousine, s'aventurer jusqu'? Montr?al et Qu?bec; ?tre sur le point de voir le Saguenay, avec la perspective de revenir par Boston et New-York; c'?tait l?, ? ses yeux, plus qu'un simple mortel p?t d?sirer; et, ainsi qu'elle l'avait ?crit ? ses cousines, elle aurait voulu faire partager son bonheur ? toute la population d'Eri?creek.

Elle ?tait bien reconnaissante au colonel Ellison et ? Fanny pour toutes ces belles choses. Mais comme ceux-ci ?taient en ce moment hors de vue, ? la recherche de cabines, elle n'associait point leur pens?e au plaisir que lui faisait ?prouver cette sc?ne matinale.

Elle regrettait plut?t l'absence d'une certaine jeune dame, leur compagne de voyage depuis Niagara, et ? qui elle aurait voulu en ce moment communiquer ses impressions.

Cette personne ?tait Mme Basil March. Et, bien que ce voyage f?t son tour de noces, et qu'elle e?t d? ?tre plus absorb?e par la pr?sence de son mari, elle et Mlle Kitty s'?taient jur? une amiti? de soeurs, et promis de se revoir bient?t ? Boston, chez Mme March elle-m?me.

En son absence, maintenant, Kitty songeait ? l'amabilit? de son amie, et se demandait si tous les habitants de Boston ?taient r?ellement comme elle, affables, affectueux et charmants.

Dans sa lettre, elle avait pri? ses cousines de dire ? l'oncle Jack qu'il n'avait aucunement surfait le m?rite de la population de Boston, ? en juger par M. et Mme March, et que ceux-ci l'aideraient certainement ? remplir ses instructions, aussit?t qu'elle serait arriv?e dans cette ville.

Ces instructions sembleraient sans doute h?t?roclites ? qui ne saurait rien de plus concernant cet oncle Jack. Mais elles para?tront certainement plus naturelles quand nous conna?trons un peu mieux le personnage en question.

La m?re ?tait morte quelque temps apr?s, et le coeur du docteur Ellison s'?tait inclin? avec tendresse sur le berceau de l'orpheline.

Elle lui ?tait plus que ch?re, elle lui ?tait sacr?e comme l'enfant d'un martyr de la plus sainte des causes; et toute la famille l'entoura de son amour.

L'un des gar?ons l'avait ramen?e toute petite du Kansas; et elle avait grandi au milieu d'eux comme leur plus jeune soeur.

Pourtant le docteur, ne voulant pas, par un tendre scrupule, usurper, dans la pens?e de l'enfant, une place qui ne lui appartenait pas, ne lui avait point permis de l'appeler son p?re. Et pour ob?ir ? la r?gle qu'elle imposa bient?t ? leur affection, tous les membres de la famille finirent par l'appeler comme elle, l'oncle Jack.

L'oncle en avait fait sa favorite, et c'?tait sa meilleure amie. Elle l'accompagnait si souvent dans ses visites professionnelles, qu'elle devint bient?t, aux yeux des gens, une partie aussi int?grante de l'?quipage du docteur que son cheval lui-m?me.

Il l'instruisait dans les id?es extr?mes, temp?r?es de bonne humeur, qui formaient le fond de son caract?re et celui de sa famille.

Tous aimaient Kitty, et jouaient avec elle, mais aussi la plaisantaient ? l'occasion. Ils trouvaient moyen de s'amuser m?me des sujets sur lesquels leur p?re n'entendaient pas badinage.

Il n'y avait pas jusqu'? la cause de l'affranchissement qui ne f?t parfois pr?sent?e sous un aspect comique. Ils avaient plus d'une fois affront? le danger et souffert au service de cette cause, mais nul des adversaires de celle-ci ne s'?tait plus qu'eux amus? aux d?pens du f?tiche.

Le c?t? plaisant de leurs prot?g?s ?tait pour eux un sujet d'?tudes particuli?res, et plus d'un de ces derniers resta vivant dans les souvenirs de la famille, par quelque trait grotesque de caract?re ou de physique.

Ils avaient entre eux des sobriquets assez irr?v?rencieux pour chacun de ces orateurs abolitionistes trop s?rieux, qui ne manquaient jamais de loger chez le docteur, dans leurs tourn?es. Et ces "fr?res et soeurs," comme on les appelait, payaient par tout ce qu'il y avait de risible en eux, les faveurs substantielles qu'ils savaient se faire accorder.

Kitty, ayant les m?mes dispositions naturelles, commen?a d?s l'enfance ? prendre part ? ces innocentes repr?sailles, et ? envisager la vie ? travers le m?me prisme de gaiet?.

Cependant elle se rappelait un certain visiteur abolitioniste sur qui personne n'avait jamais os? plaisanter, mais que tout le monde, au contraire, traitait avec d?f?rence et respect.

L'oncle et lui avaient parl? d'un certain endroit myst?rieux et tr?s-?loign?, qu'ils appelaient Boston, en tels termes que l'imagination de l'enfant se repr?senta ce lieu, comme ?tant ? bien peu de chose pr?s, aussi sacr? que J?rusalem, et comme la patrie de tout ce qu'il y avait d'hommes nobles et bons, en dehors de la Palestine.

Le fait est que Boston avait toujours ?t? le faible du docteur Ellison.

--Un peu formalistes, un peu r?serv?s, disait il, mais d'excellents hommes polis, et certainement de principes irr?prochables.

Cela faisait rire les gar?ons et les filles, ? mesure qu'ils vieillissaient, et souvent provoquait chez eux certaines parodies, fort charg?es, de ces formalit?s bostoniennes ? l'adresse de leur p?re.

Les ann?es s'?coul?rent.

Les gar?ons partirent pour l'Ouest; et lorsque la guerre de S?cession se d?clara, ils prirent du service dans les r?giments de l'Iowa et du Wisconsin.

Un beau jour, la proclamation du Pr?sident, affranchissant les esclaves, arriva ? Eri?creek.

Dick et Bob s'y trouvaient en cong? d'absence.

Apr?s avoir laiss? le docteur Ellison donner libre cours ? sa joie, Bob s'?cria:

--Eh bien, voil? un terrible coup pour le docteur! Qu'allez-vous faire maintenant, p?re? L'esclavage, les esclaves fugitifs et tous leurs charmes envol?s pour jamais, tout vous est arrach? d'un seul coup. Voil? qui est rude, n'est-ce pas? Plus d'hommes ni de fr?res! Plus d'oligarchie sans ?me! Triste perspective, p?re!

--Oh! non, insinua l'une des jeunes filles, il reste encore Boston.

--Mais, en effet, s'?cria Dick, le Pr?sident n'a pas aboli Boston. Vivez pour Boston!

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